Naplouse – CPI
"Je ne peux réellement
qualifier les prisons de l'occupation israélienne que par
"les cimetières de vivants". Oui, elles sont ainsi, les
prisons sionistes… Il est normal que la libération soit le
premier souhait de tous les captifs, bien qu'ils sachent qu'à
l'extérieur des murs des prisons, ils ne se retrouveront que dans
autre prison, un peu plus grande. En effet, l'occupant a transformé
les villes, les villages et les localités en des prisons dans
lesquelles les Palestiniens vivent sous le terrorisme et
l'agression sioniste…"
Avec ses mots, le captif libéré Djihad Nichatta fait la
distinction entre une prison fabriquée par l'occupant et une
patrie emprisonnée par lui…
Djihad Nichatta, 36 ans, est originaire du village de Qablin, à
proximité de la ville de Naplouse. Il possède une histoire
particulière avec la prison et les chaînes sionistes. A trois
reprises, il a été arrêté pour y passer au total treize ans de
sa vie.
La première fois, il a été interné, le 15 décembre 1992, pour
une période de 34 mois, y compris le temps de déportation vers
Mardj Al-Zohour, au sud du Liban.
La deuxième fois, il a été emprisonné, le 20 août 1996, pour
une période de 34 mois.
Le 5 avril 2000, il a été arrêté pour la troisième fois pour
être condamné à 74 mois de détention. Il vient d'être libéré,
il y a peu de temps.
Un témoin oculaire
Etant un témoin oculaire et ayant une grande expérience avec les
prisons sionistes, il affirme que les conditions d'incarcération
dans les prisons sionistes ont connu des changements considérables.
En effet, durant la première période de détention, les
conditions étaient catastrophiques. Les interdictions étaient
multiples. Les captifs luttaient pour améliorer les conditions de
leur impossible vie, dit-il.
Durant la deuxième période, les captifs goûtaient les fruits de
leur lutte, leurs grandes grèves. La prison désertique d'Al-Naqab
a été fermée et ses prisonniers ont été transférés à celle
de Majdo qui était dirigée par l'armée de l'occupation israélienne.
Les captifs ont continué leur travail et ont obtenu beaucoup
d'autres fruits de leur lutte, ajoute Djihad Nichatta.
Durant la troisième détention, il a été témoin d'une amélioration,
dans un premier temps, et puis d'une grande détérioration de
toutes les réalisations obtenues, dans un deuxième temps !
En fait, après 99 jours d'interrogations acharnées, il a été
interné dans la prison d'Asqalane. L'administration pénitentiaire
de cette prison accordait aux captifs certains de leurs droits.
Les internés dans les cellules d'isolement les quitteraient.
Leurs parents du premier degré pourraient leur rendre visite pour
une journée. Ils auraient le droit à quelques communications téléphoniques
limitées avec le monde extérieur. Mais, avec le déclenchement
de l'Intifada d'Al-Aqsa, l'administration sioniste a ravalé tous
ses accords avec les captifs, affirme le captif libéré Djihad
Nichatta.
Il poursuivit en disant que les conditions avaient été
acceptables jusqu'au moment où les l'administration carcérale a
commencé à accuser les détenus de faire entrer à l'intérieur
des cellules des téléphones portables. Puis, il y a eu cette célèbre
tentative d'évasion effectuée par les détenus Al-Rachaq et
Ramadan. Elle a été la bonne excuse recherchée par
l'administration pour rompre toutes les relations avec les détenus.
Elle a commencé à pratiquer des mesures répressives de tous
genres. Elle a recommencé à mettre des captifs dans des cellules
d'isolement. Les conditions d'emprisonnement se sont détériorées
de plus en plus jusqu'au moment où le service de renseignements
israélien (Chabak) a reçu la direction de la prison désertique
d'Al-Naqab, le 1er mars 2006. A partir de cette date,
toutes les réalisations effectuées par la lutte historique des
captifs ont été annulées. Les prisons sionistes ont retrouvé
leurs conditions des années quatre-vingts du siècle dernier.
Etat de déception
Djihad Nichatta parle de l'état psychique trop difficile à
supporter de ces captifs condamnés à vie ou à de longues périodes.
Bien que ceux-là organisent leur vie autour de cette donne, il
ressent une grande déperdition. Ils ont raison de croire que le
monde entier les avait oublié, notamment que les accords faits
avec les autorités israéliennes ne parlent jamais d'eux.
Condition spéciale
Le captif libéré vit actuellement une histoire difficile causée
par l'occupation israélienne. En fait, il s'était marié avec sa
cousine venant de la Jordanie, sept mois seulement avant sa dernière
arrestation. Sa femme s'est trouvée obligée d'aller en Jordanie
pour quelques démarches officielles. Mais depuis cette date-là,
elle est interdite de revenir rejoindre son mari qui vient d'être
acquitté de son injuste condamnation.
La souffrance de Djihad Nichatta est double. Il ne peut voir sa
femme. Il ne peut non plus embrasser son fils Hamza qu'il n'a
jamais vu depuis de sa naissance. "Je suis menacé de ne
jamais voir mon enfant", dit-il tristement. Il sent une
grande déception, son affaire étant si difficile à résoudre.
Un problème général
Le problème du captif libéré Djihad Nichatta n'est guère le
seul de ce genre. Nombreux sont les captifs qui ne peuvent
rencontrer leurs petites familles après leur libération.
Plusieurs d'entre eux se trouvent obligés de se remarier, ne
trouvant aucune solution pour leurs cas.
"J'ai personnellement poursuivi cette affaire de l'intérieur
de la prison en contactant plusieurs représentants des
associations juridiques et humanitaires, sans pour autant qu'elles
puissent ramener ma famille à moi, de la Jordanie",
souligne-t-il.
Le grave problème des familles palestiniennes déchirées exige
l'intervention de tous les établissements humanitaires et
internationaux, croit-il.
En effet, le père se déplace entre les petites prisons sionistes
et la patrie devenue à son tour une grande prison. Le petit
Hamza, son fils, n'est guère en mesure de comprendre la difficile
position de son père qui supplie toutes les institutions
humanitaires aussi bien locales qu'internationales afin que cette
situation prenne fin avant que le petit enfant grandisse et se
rende compte de la dure réalité du terrain.
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