Ramallah – CPI
Avec impatience, la fillette Sajida Al-Khawaja, 13 ans, et sa
petite sœur Saja, 9 ans, attendaient le jour de 18 mai. C'était
le jour de la libération de leur père Chokri Al-Khawaja, 38 ans,
envolé et emprisonné par les Israéliens occupants. Mais les
nouvelles n'étaient pas bien bonnes. Un jour seulement avant
cette date-là, il a été expédié, pour la quatrième fois, à
la fameuse et affreuse "détention administrative".
Sajida n'avait que trois ans et Saja n'était qu'un fœtus que
tout le monde se préparait pour l'accueillir, lorsque les autorités
de l'occupation israélienne ont arrêté, pour la deuxième fois,
le père Chokri. C'était le 5 novembre 1996. Ainsi, la petite
Najat n'a pas eu le temps afin que le mot "papa" ait été
ancré dans son dictionnaire de mots.
Une affreuse interrogation
En fait, la première fois, Al-Khwaja a été arrêté pour la
première fois en décembre 1992. Suite à une investigation de
deux mois, il a été interné pour 37 mois. Dix mois seulement
après sa libération, il a encore une fois été interpellé en
novembre 1996.
"Durant l'interrogation dans la première arrestation, on m'a
accusé d'être membre du mouvement de la résistance islamique
"Hamas" et de sa branche militaire… Ils ont usé avec
moi toute sorte d'affreuse interrogation militaire. Ils me
frappaient sur les parties sensibles de mon corps. Ils m'étouffaient
en me serrant le coup. Ils arrachaient les poiles de ma barbe. A
certains moments, il ne me restait pas de poils sur mon visage.
Ils ont même interpellé ma femme, mon frère, et mes parents
pour les interroger. Surtout pour pratiquer des pressons sur moi
afin que je fasse des aveux et signe des accusations. Malgré tout
cela, je n'en ai fait aucun…", raconte-t-il.
Même sans aveux, il a été condamné à 37 mois.
Une deuxième arrestation
Après sa deuxième arrestation et une interrogation musclée de
deux mois, Chokri a été condamné à neuf ans de prison ferme
pour la simple raison d’être membre du mouvement du Hamas et
sans aucun aveu.
Bien qu’il ne soit jamais entré à aucune université
palestinienne et n’ait pas fait d'études universitaires, les
Israéliens l’ont accusé d’être derrière des activités
organisées par le Groupe Islamique d’étudiants.
Pendant un mois durant cette deuxième arrestation, dans le centre
d’interrogation de la prison de ‘Asqalane, les Israéliens lui
imposaient l’affreuse torture d’Al-Chabah (fixant le captif
dans une position impossible pour des heures durant !). Ils
mettaient des lunettes noires sur les yeux et le privaient de
sommeil pour un temps insupportable.
Et après de courts séjours dans plusieurs prisons israéliennes,
Al-Khawaja a enfin échoué dans celle de Majdo où ses yeux ont
commencé à souffrir.
Un incendie et problème aux yeux
Un incendie est venu sur la division 5 de cette prison de Majdo.
Les captifs, dont Al-Khawaja, y ont mis tous leurs biens, des
objets personnels, des livres très chers à leurs cœurs…
Le soir même de l’incendie, les prisonniers ont été transférés
à la prison désertique d’Al-Naqab. Depuis ce jour-là, notre
captif Al-Khawaja souffre de douleurs affreuses à l’œil droit.
La négligence médicale pratiquée par les Israéliens envers les
captifs palestiniens pourrait lui coûter son œil !
Son histoire fait rappeler celle du célèbre arabe qui était
doublement enfermé : derrière les barreaux d’une prison et
derrière sa cécité !
Al-Kawaja croit que le problème est survenu après la pulvérisation
d’un produit suite à l’incendie de la division 5.
L’administration de la prison ne voulait rien entendre. Mais
c’est l’intervention des « Médecins sans frontières » qui
les a fait fléchir. Et dans l’hôpital de Barzalaï, le médecin
consulté l'a informé que son œil a besoin d’une opération
chirurgicale urgente. Sachant qu’il allait quitter la prison
dans quelques mois, il a attendu sa sortie pour l’effectuer.
Son œil droit a en fin de compte rendu l’âme. Le problème ne
s’arrête pas là. L’autre œil souffre aussi de graves symptômes.
Et l’administration pénitentiaire refuse toujours de le laisser
se soigner.
Pas de libération
La femme de notre captif Chokri a reçu, il y a quelques temps,
une convocation de l’autorité de la prison sioniste d’Ofar.
Ils l’ont informée que son mari ne quittera jamais la prison, même
s’il purge sa peine, qu’elle ne le verra plus, que sa fille
sera interdite de quitter la Cisjordanie !
A tout venant, les Israéliens jurent par leur honneur de soldats
que « je ne verrais jamais la liberté tant que j’ai un souffle
sur cette terre ! », dit Chokri. Il ne comprend toujours pas la
raison de cet acharnement, cette prolongation sans arrêt, après
plus de dix ans de multiples interpellations.
L’homme du Hamas
Les agents de renseignements sionistes se sont fait pour idée que
Chokri est l’homme de la sécurité du Hamas à l’intérieur
de leurs prisons. Ils répètent tout le temps dans les séances
de leurs tribunaux qu’il est un homme dangereux pour la sécurité
de la région et des gens, qu’ils possèdent un dossier secret
dont ni l’intéressé ni son avocat ne peuvent prendre
connaissance !
Pas de parenté avec son père !
Tout peut arriver avec cette occupation abusive, même les choses
les plus absurdes. Les Israéliens ont, à titre d’exemple,
refusé à son père de lui rendre visite. En dessous de la
notification de leur refus, ils ont marqué : « pas de lien de
parenté » !!!
L’âge de ce père octogénaire n’a pas pu faire fléchir ces
agents de renseignements sionistes pour qu’il puisse voir son
fils avant de quitter ce bas monde si tyrannique.
Ainsi, la famille du captif Chokri Khawaja, qui aurait dû quitter
les murs de la prison, le 9 mai 2006, ne croit plus en sa libération,
sauf si un miracle provient d’Allah le Tout Puissant.
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