28 décembre 2005
Détention administrative : une arme illégale pointée
constamment sur les Palestiniens
Le ministère palestinien aux affaires des prisonniers et libérés
a dénoncé, ce mercredi 28 décembre, la poursuite de la détention
administrative, et notamment pour de longues périodes, par
les forces de l'occupation.
Pour le ministère, la détention administrative est un crime,
du fait que les forces de l'occupation maintiennent en prison
des centaines de prisonniers, sans aucun jugement, cette
politique étant utilisée depuis les premières années de
l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, en 1967.
Le rapport du département de liaison, du ministère, montre que
la détention administrative a subi une légère baisse, en
1977, due à des pressions intérieures et extérieures, et elle
a été gelée en 1980, en libérant le dernier prisonnier, en
1982, Ali Awad Jamal, de Jénine, qui avait passé six ans et
neuf mois, sans aucune accusation ni aucun jugement,.
Le rapport montre que depuis le déclenchement de l'Intifada
al-Aqsa, en septembre 2000, la question de la détention
administrative a été appliquée de nouveau, avec force et sans
aucune mesure avec le passé, les détenus administratifs ayant
dépassé les plusieurs milliers. Le rapport indique que 950 détenus
administratifs se trouvent actuellement prisonniers, soit 10,3%
de l'ensemble des prisonniers, et ce sont pour la plupart des
intellectuels, professeurs, médecins, avocats, journalistes, étudiants,
hommes de religion, et plusieurs d'entre eux sont malades, âgés,
mais il y a aussi des mineurs.
Les femmes sont également visées par la détention
administrative. La plupart des détenus administratifs se
trouvent dans la prison du Naqab, avec 820 prisonniers, et tous
souffrent de conditions répressives en violation évidente avec
toutes les chartes internationales.
Selon le rapport, la plupart des prisonniers admnistratifs ont
subi de longs interrogatoires, sans qu'aucune charge ne soit
retenue contre eux. Il fait remarquer que les autorités israéliennes
ont transformé en détention administrative l'emprisonnement de
plusieurs prisonniers qui avaient fini de purger leurs
condamnations. Parmi les prisonniers ayant subi ce transfert
d'un statut à l'autre, il y a Saleh el Arouri, qui a fini sa
condamnation de 10 ans, mais qui n'a pas été libéré, et est
passé depuis mai 2003 à la détention administrative, et le
prisonnier Shukri Khawaja, qui a fini sa peine de 8 ans pour se
retrouver en détention administrative.
Il est de plus très fréquent que la détention soit renouvelée,
automatiquement, pour un prisonnier, alors qu'il s'attendait à
finir sa période de détention, de trois à 6 mois. Ce qui
constitue une sorte de pression morale très forte sur les
prisonniers. Le rapport indique que la semaine dernière, il y a
eu renouvellement de la détention administrative à plus de 140
détenus, principalement dans le Naqab, pour trois à six mois
de détention.
Les prisonniers malades détenus dans les
prisons israéliennes lancent un cri d'alarme aux institutions
internationales des droits de l'homme
Ils réclament leur intervention rapide pour mettre fin à leurs
souffrances. Le centre de Risalat al-Huquq, actif dans la bande
de Gaza, a délégué deux avocats aurpès des prisonniers, qui
ont pu établir un rapport accablant sur la situation des
prisonniers.
Les deux avocats ont déclaré que les prisonniers sont enfermés
dans des conditions qui sont loin d'être adaptées aux êtres
humains. Plusieurs prisonniers sont très malades, s'ajoute à
cela l'interdiction de recevoir des vêtements chauds alors que
les cellules sont extrêmement froides. Le prisonnier Muhammad
Abu Rabb, de la prison de Shatta, a déclaré que la direction
de la prison a interdit l'entrée des vêtements chauds, et les
prisonniers malades sont soignés au compte-gouttes. Il a affirmé
que dans la prison de Shatta, seuls un médecin généraliste et
un dentiste travaillent, en recevant deux malades tous les
quatre jours, affirmant qu'il attend son tour d'être ausculté
depuis plus de 20 jours, malgré son état critique.
De son côté, le prisonnier Mustafa Afana, de la prison de
Nafha, a affirmé qu'il souffre depuis trois ans de maux aux
oreilles, d'un sifflement aigu continu, le médecin l'ayant
ausculté ayant déclaré qu'il souffrait d'une inflammation du
nerf interne, il n'a toujours pas été admis aux soins la
direction de la prison refusant de le faire soigner.
Prisonnières de la liberté
De son côté, le ministère des affaires des prisonniers et libérés
a exprimé son inquiétude concernant les dures conditions dans
lesquelles sont détenues les prisonnières dans la prison de
Hasharon, où elles on subi des provocations et des mesures répressives
de la part de la direction de la prison.
Un communiqué du ministère affirme que les prisonnières ont
subi une privation de diverses choses quotidiennes, comme les
appareils électriques et les télévisions, tout comme elles
ont été privées de pratiquer des exercices physiques, en
signe de punitions.
Le communiqué précise que les conditions de détention sont déjà
très dures, et ces mesures furent prises sans raisons; les
prisonnières ont alors réclamé de rencontrer la direction qui
a fait des promesses d'amélioration de leurs conditions.
Il faut rappeler, ajoute le communiqué, que depuis 1967, des
milliers de femmes ont été arrêtées par les forces de
l'occupation, et au cours de l'Intifada, plus de 400 ont été
arrêtées, parmi elles des mineures. Actuellement, se trouvent
détenues 116 femmes, dont 6 mineures.
L'isolement : une pratique barbare
Dans la prison de Haddarim, les forces de l'occupation
poursuivent l'isolement de 20 prisonniers dans des cellules
souterraines. La famille de l'un des prisonniers, de Toubas, a
affirmé : les geôliers de Haddarim, section 01, maintiennent
leur fils avec 19 autres prisonniers, dans des cellules
souterraines. Cette famille a réussi à entrer en communication
avec son fils qui a expliqué leur situation.
La famille du prisonnier Ahmad Lutfi Daraghme a porté plainte
au bureau israélien des plaintes, ainsi qu'au comité
international de la Croix-Rouge et autres institutions
internationales, pour tenter de sortir ces 20 prisonniers
de l'isolement.
Condamnations injustes
Le tribunal militaire de Ofer a condamné à la prison plusieurs
prisonniers, au moment où la direction des prisons continuait
à transférer des prisonniers de Ofer vers la prison du Naqab
et de celle-ci vers Ofer (deux prisons militaires).
Le prisonnier Muhammad Aruri, 22 ans, de Aroura, au nord de
Ramallah, a été condamné à 17 mois de prison ainsi qu'à
2000 shekels d'amende (pratique de vol légalisé par
l'occupant, confirmant le statut d'otages des prisonniers),
le prisonnier Muhammad Hamed Shalash, 23 ans, du village Shabqa,
à 12 mois de prison et 5000 shekels d'amende, Issa Subhi
Halayqa, de Shuyukh, près d'al-Khalil, à 10 mois de prison et
2000 shekels.
D'autre part, les prisonniers Farid Sara, 25 ans, de Nablus, a
été libéré après avoir passé 24 mois en prison, ainsi que
le prisonnier Hani Asimi, de Beit Laqya, et Mus'ab Fahmi Nassar,
après une arrestation de 14 jours.
Les transferts des prisonniers dr. Muhammad Ghazal et dr. Naser
Dine Sha'er, professeurs à l'université an-Najah, de Nablus,
arrêtés au mois de septembre dernier, de la prison de Ofer
vers celle du Naqab, visent à empêcher les prisonniers d'avoir
une situation relativement stable et leur permettre d'agir. Ils
ont été transférés avec d'autres prisonniers qui sont Bilal
al-Masri, Isma'il Shaqqour, Ihab Ajami, Idris Muhammad Hajja,
Muhammad Jawda Natshe, Sulayman Baraq'a et Muammar Ayad, ainsi
que Ya'qub Shawabika et Amjad Masri.
Prisons israéliennes : des conditions humiliantes
Les prisonniers se sont plaints à l'avocat de Nadi al-asir
al-filistini des conditions qui se dégradent à l'intérieur de
la prison de Damoun. Les prisonniers ont expliqué à Raed
Mahamid que l'eau contient une part importante de chlore et de
sable, que les pièces sont très humides et non aérées.
Plusieurs prisonniers sont interdits de visites familiales. Ils
se sont plaints des multiples provocations menées par la
direction de la prison, qui fouille les pièces à tout moment,
même en pleine nuit. Les prisonniers ne peuvent pas, de plus,
utiliser l'eau chaude, pendant plus de deux heures, ce qui
signifie que l'ensemble des prisonniers ne peuvent se laver.
Plusieurs prisonniers sont malades, et leur état nécessite
l'hospitalisation, comme Ra'fat Amine Turkman, de Jénine,
Muhammad Mahmoud Samara, de Jénine, et Shadi Mahmoud Muflih, de
Nablus.
D'autre part, des prisonniers détenus dans la prison de
Hasharon (Telmond) ont fait part à l'avocat Raed Mahamid que
plusieurs d'entre eux sont atteints d'une maladie de peau (Scabies)
qui sévit depuis plus de trois semaines. Plusieurs prisonniers
se sont inscrits pour être auscultés mais les visites sont
rares. Les prisonniers se plaignent de la surpopulation à l'intérieur
des cellules, 9 prisonniers se trouvent dans une même cellule,
ce qui oblige certains à dormir sur le sol.
De plus, le vol organisé que représentent les amendes soutirées
par l'administration pénitentiaire israélienne est incessant,
chaque prisonnier est obligé de payer 400 shekels et est privé
de visites chaque fois que l'administration veut punir un
prisonnier.
Touché par balles, ils lui refusent les soins
Depuis le 4 décembre, Amjad Ata Warid, 30 ans, de Nablus, est
arrêté et détenu dans la prison du Naqab. Il mène une grève
de la faim pour être soigné. Amjad a une main paralysée, après
avoir été atteint d'une balle lors de son arrestation; il a également
deux balles logées dans son épaule et trois balles dans la
poitrine, ce qui lui cause des douleurs insupportables. Son état
nécessite une intervention chirurgicale, mais la direction de
la prison, prétextant le coût de son hospitalisation et de
cette opération, refuse. Lorsque le prisonnier a proposé de
payer lui-même, la direction a encore refusé.
Le prisonnier Amjad est soigné juste avec des analgésiques. Il
réclame aux institutions des droits de l'homme de s'occuper de
son cas et de le faire admettre dans un hôpital pour se faire
soigner.
Dirigeants palestiniens emprisonnés
Abdel Rahim Mallouh, dirigeant du FPLP, avait été agressé il
y a quelques semaines dans la prison de Ofer, et transféré à
la prison de Haddarim, après avoir été hospitalisé, ayant été
blessé. Le député Wasil Taha, du Rassemblement national démocratique,
lui a rendu visite à la prison de Haddarim, et a discuté avec
lui les derniers développements politiques palestiniens. Le
responsable du FPLP a déclaré que les élections législatives
palestiniennes sont une nécessité pour la construction d'un
système politique pour le peuple palestinien. Il a mis en garde
contre le fait de ne pas faire participer les habitants d'al-Quds
à de telles élections, ce qui représenterait un grave danger
pour le projet national palestinien.
Traduit par Centre d'Information
sur la Résistance en Palestine