Prisonniers palestiniens : les arrestations et la répression
sauvage se poursuivent
Rapports de Nadi al-asir al-Filistini du 6 au 12
septembre 2005
Le directeur de Nadi al-asir en Cisjordanie, M. Issa Qaraqi', a déclaré
que l'occupation israélienne n'est pas achevée dans la bande de Gaza
tant qu'Israël maintient 650 prisonniers de la bande de Gaza dans ses
prisons, et qu'il refuse leur libération. Le refus israélien de libérer
les prisonniers de Gaza signifie que l'occupation vit toujours dans
les coeurs et la tête de toute mère, tout père, toute épouse et
tout enfant palestiniens, qui attendent le retour de leurs fils. Il a
affirmé que le gouvernement israélien essaie de donner l'impression
que son retrait de la bande de Gaza est conforme aux lois
internationales, mais ce n'est pas vrai. Selon les lois
internationales, le gouvernement israélien est tenu à libérer immédiatement
tous les prisonniers, lorsque l'occupation s'achève. Pour M. Qaraqi',
le gouvernement militaire israélien est toujours en place, même de
façon indirecte, tant que les prisonniers de la bande de Gaza sont en
fermés dans les prisons israéliennes, affirmant qu'il ne suffit pas
de chars et de soldats pour définir un gouvernement militaire, mais
ce sont ces lois militaires qui empêchent que les prisonniers soient
libérés et rendus à leurs familles.
M. Qaraqi' a mis en garde sur le fait que la question des prisonniers
prenait un tournant dangereux, car les prochains mois seront très
sensibles. Ce sera probablement la question qui fera tout exploser,
expliquant que la poursuite de la politique de la répression, des
arrestations et des pratiques criminelles dans les prisons, la
poursuite des comportements avec les prisonniers comme s'ils étaient
des criminels, l'humiliatin de leurs familles, tout ceci va créer une
tension extrême dans la rue palestinienne. Il a appelé la communauté
internationale à faire pression sur le gouvernement de l'occupation
afin de lui faire respecter les droits de l'homme envers les
prisonniers palestiniens.
Il a appelé le gouvernement palestinien à activer la question des
prisonniers, à tous les niveaux, pour mettre fin à leur souffrance.
Dans un communiqué du 12 septembre, Nadi al-asir al-Filistini rapporte
que l'avocat Raed Mahamid a rencontré les prisonnières dans la prison
de Telmond : il a déclaré que celles-ci subissent des châtiments
collectifs et des provocations permanentes de la part de la direction de
la prison. Maître Raed Mahamid a rencontré l'enfant Samah Khalil
Abdallah, 16 ans, de Naplouse, qui a lui a raconté que la police de la
prison les insulte sans cesse, que la nourriture est infestée de
bestioles et que les rats circulent dans les cellules. Samah a déclaré
que la direction des prisons impose des châtiments comme l'isolement
dans des cellules individuelles, des amendes et l'interdiction de visite
des familles.
La prisonnière Yusra Mahmoud Abdo de Naplouse a raconté que les
prisonnières subissent des fouilles humiliantes à nu lors de leur
sortie pour les tribunaux ou pour passer d'une section à l'autre, elle
a précisé que la direction de la prison insiste à ce que les châtiments
soient collectifs, c'est-à-dire si une prisonnière ne se lève pas
pour le comptage, ou s'est mise en retard pour la promenade, toutes les
prisonnières sont punies.
La prisonnière Yusra a lancé un appel à toutes les institutions
juridiques et humanitaires, réclamant une mobilisation pour empêcher
la séparation de l'enfant Nour, enfant de la prisonnière Manal Ghanem,
de sa mère. Dans 30 jours, l'enfant Nour devra être libéré puisqu'il
aura deux ans, mais la direction de la prison ne compte pas libérer sa
mère en même temps. Pour la santé mentale de l'enfant Nour, il faut
exiger la libération de sa mère aussi.
Par ailleurs, l'avocat Jamal Ibtli a rapporté que les prisonniers de
Qaddoumim sont soumis à de mauvais traitements humiliants, et des
agressions. Les prisonniers se sont plaints de la situation dans le
centre de Qaddoumim, disant que la nourriture est mauvaise, la plupart
du temps les prisonniers ne reçoivent que de la nourriture avariée,
les soldats crient et insultent tout le temps, les prisonniers sont
constamment soumis au shabeh (postures où le prisonnier est tendu de façon
à susciter des maux de dos).
Le prisonnier Nabil Issa Bidu de Tulkarm s'est plaint de la négligence
médicale de la part de la direction du centre de détention, tous les
prisonniers étant soignés par des cachets d'aspirine.
Les prisonniers, Umri Khalil Muhammad Sharghab, de Tulkarm, 24 ans, arrêté
le 18 août 2005 et Ali Muhammad Abdallah Daoud, de Qalqylia, 19 ans,
arrêté le 13 août 2005 ont été agressés lors de leurs arrestation.
Le premier a été agressé lors de son transfert au camp de Salem, après
qu'il ait été attaché, plusieurs soldats se sont jetés sur lui et
l'ont piétiné bien qu'il ait une fracture à la colonne vertébrale,
et le second a été agressé lors de son transfert à Qaddoumim, il a
eu la tête recouverte d'un sac en tissu et a reçu des coups sur la tête,
sur le cou et la poitrine.
Nadi al-asir al-Filistini annonce qu'une décision préliminaire a été
prise contre l'expulsion d'Irina Sarahna, palestinienne d'origine
russe.
Irina Sarahna, palestinienne d'origine russe, a été détenue pendant
trois ans et demi suite à l'arrestation de son mari, détenu à perpétuité.
La décision préliminaire du tribunal central prend en compte que la
jeune Ghazale, leur fille, a besoin de sa mère. Irina vit dans le camp
de Dhayshe, près de Bethlehem. Elle avait été arrêtée parce qu'elle
a refusé son expulsion, il y a trois ans et demi.
L'avocat de Nadi al-asir al-filistini, Ma'moun Hashim a rencontré
plusieurs prisonniers dans la prison de Moskobiya, le 9 septembre, qui
lui ont rapporté que les forces du Nakhshoun, la force spéciale des
prisons, a mené un raid dans les cellules des prisonniers et se sont
mises à tabasser les prisonniers. Le prisonnier Ayed Houshieh de
Bethlehem, âgé de 34 ans et arrêté le 25 juillet 2005 a déclaré
que cette unité a mené un raid dans la cellule où se trouvaient 15
prisonniers, elle les a sortis hors de la cellule et les a agressés un
à un. Housheih a déclaré qu'après cette agression, l'unité a jeté
le pain, la nourriture et les vêtements des prisonniers dans les
toilettes. Plusieurs prisonniers ont été blessés, dont Houshieh lui-même,
qui a été blessé à la tête et au pied, ainsi que Ibrahim Bayoumi,
de Ramallah, Ibrahim Sheikh, de Tulkarm, Mounir Abu Ghosh, de Ramallah,
Sulayman Skafi, d'al-Khalil et Fathallah Saadi, de Tulkarm.
Les prisonniers ont été frappés et agressés parce qu'ayant terminé
avec les interrogatoires, ils étaient toujours détenus dans le centre
Moskobiyya. Ils avaient protesté en menant une grève de la faim, afin
qu'ils soient transférés dans les prisons centales.
D'autre part, l'avocat Fawaz Shaloudi, après avoir rencontré plusieurs
prisonniers de Beer Saba', section d'Eshel, le 6 septembre dernier, a déclaré
que les prisonniers de cette section souffrent de conditions médicales
très dures, et qu'ils ont besoin de soins urgents, certains d'entre eux
d'interventions chirugicales. Les prisonniers visités sont : Ibrahim
Aliyan, d'al-Quds, représentant des prisonniers. Ibrahim a témoigné
de la négligence médicale, disant que les prisonniers se sont plaints
contre le médecin de la prison qui affirme que les prisonniers sont en
bonne santé.
Sulayman Fathi Sulayman Shalouf, 24 ans, de Gaza, qui est arrêté
depuis le 17 février 2004. Le prisonnier souffre de douleurs aigues à
la poitrine, ayant été blessé avant son arrestation. Il souffre
d'inflammations à la main à cause d'une ancienne blessure et surtout
à cause des coups reçus après son arrestaiton. Il souffre aussi
d'insuffisance respiratoire, mais la direction de la prison refuse de le
transférer à l'hôpital et le médecin refuse de le soigner.
Jaser Afif Muhammad Radad, 31 ans, de Tulkarm, condamné à perpétuité
et 50 ans. Le prisonnier souffre d'une cassure au nez avant son
arrestation, d'une insuffisance respiratoire. Le médecin lui a déclaré
avoir besoin d'une intervention chirurgicale, mais que celle-ci ne
pourra se faire car elle met sa vie en danger.
Tha'er Kayed Qudwa Hamed, 25 ans, de Ramallah.
De son côté, l'avocat Raed Mahamid a visité la prison de Damoun le 7
septembre dernier, et a déclaré que le prisonnier Ibrahim Ali Ahmad
Zahra, de Tulkarm, souffre d'un problème aux yeux. Le prisonnier a
besoin d'une intervention chirurgicale rapide. Il avait été transféré
il y a deux mois à l'hôpital de la prison de Ramleh, il a été
ausculté et remis à la prison de Damin. Aucun soin ne lui est dispensé.
Le prisonnier a déclaré que la prison de Damoun a été réouverte à
cause du nombre important de prisonniers, mais les bâtiments de cette
prison sont tellement débabrés qu'il a fallu la fermer il y a quelques
années. Les murs sont prêts à s'effondrer à tout instant, l'humidité
est très élevée, et il n'y a pas d'aération. L'eau est polluée. Il
a aussi déclaré que plusieurs prisonniers sont malades et leurs cas nécessitent
des remèdes et des interventions rapides. De plus, plusieurs
prisonniers sont interdits des visites familiales, pour causes de
"sécurité".
Le représentant des prisonniers dans la prison d'Ohali Kedar, Sharif
Naji, de Ramallah, a déclaré à l'avocat de Nadi al-asir, Fawaz
Shaloudi le 6 septembre, que les prisonniers souffrent de la propagation
de maladies de la peau, 70 prisonniers sont atteints, plusieurs d'entre
eux ont été isolés et ne peuvent pas se rendre aux promenades, par
crainte de la propagation de la maladie. La direction de la prison n'a
pas soigné les prisonniers atteints, ne prenant pas très au sérieux
ce mal.
Pour Naji, les causes de la propagation de cette maladie est due à
l'absence d'un appareil de séchage des vêtements, les prisonniers sont
contraints de porter leurs vêtements encore humides, ainsi qu'à
l'absence de soleil dans les cellules. Naji a également évoqué que
les prisonniers sont privés de nouveaux vêtements, la direction de la
prison refusant que les vêtements apportés par les familles puissent
entrer, bien que les familles aient reçu l'autorisation.
Il a ajouté que les prisonniers souffrent de pressions psychologiques
importantes, car les familles sont soumises à des fouilles humiliantes
lors des visites.
Maître Shaloudi a pu rencontrer les prisonniers suivants :
Raymond Shibli Rizqallah, 44 ans, de Beit Jala, arrêté depuis le 24
avril 2004
Muhammad Mahmoud Ismaël Darwish, 32 ans, d'Egypte, arrêté depuis le
21 mai 2003
Bilal Abu Hussayn, 37 ans, d'al-Quds, condamné à perpétuité et
interdit de visite familiale, l'interdiction prenant fin au mois
d'octobre prochain.
Rami Hamad, 20 ans, de Ramallah.
Dans cette même prison, les prisonniers suivants ont témoigné à
l'avocat Mundhir Abnu Ahmad de leurs conditions de détention :
Jaafar Qasim Abu Hananya, de Arraba, Jénine, arrêté le 1 juin 2004.
Il se trouve dans la prison de Beer Saba', section Ohali Kedar, depuis
le 18 mai 2005. Il se trouve avec 8 prisonniers dans une même cellule,
de 3x5x3 mètres. Les prisonniers ne reçoivent les journaux que deux
semaines après leur parution. Ils ont mené une grève de la faim pour
protester contre les conditions de détention. Ils demandent à
l'Autorité Palestinienne de se préoccuper de leur situation et de réclamer,
lors des négociations, leur libération en même temps que le retrait
de Gaza. Ils déclarent que l'Autorité ne fait pas ce qu'il faut pour
la cause des prisonniers. Ils s'étonnent de l'attitude des pays arabes
et islamiques courant après la normalisation des relations avec Israël.
Les prisonniers, d'après Jaafar, sont déçus de la négligence de leur
cause par les organismes humanitaires et judiriques, et notamment du
ministère aux affaires des prisonniers, ils déclarent avoir envoyé
plusieurs appels au ministre, lui demandant d'intervenir plus activement
pour leur cause.
Le prisonniers a rapporté que les fouilles des cellules étaient
permanentes, sans motifs, que les châtiments collectifs et la torture
des prisonnies étaient courants. Il cite le cas du prisonnier Salameh
Rashayde, qui a perdu la vue, des suites de la torture.
Muhammad Issa Qawasmeh, de la ville d'al-Khalil, arrêté depuis le 23
juin 2003, et condamné à 14 ans de prison. Le prisonnier a évoqué
les fouilles humiliantes des familles qui viennent en visite. Le
prisonnier souffre de plusieurs maux, et le médecin qui l'a ausculté
il y a plus d'un mois ne lui a donné qu'une sorte d'aspirine.
Il a parlé d'un prisonnier, Alaa Hasouna, qui a été transféré
d'urgence à l'hôpital, il y a un mois, par suite d'une complication au
coeur.
Le prisonnier a lancé un appel aux institutions des droits de l'homme
d'intervenir pour mettre fin à l'isolement de Jamal Abul Hayga et
Abdallah Barghouty, qui se trouvent en isolement depuis une période très
longue et dont la santé se détériore de jour en jour.
Ibrahim Ahmad Ahmad Sulayman, d'Irbid, en Jordnaie, 20 ans, arrêté le
22 mars 2004. Il est entré au pays avec un passeport jordanien, en
1998, et depuis son arrestation, il n'a été ni jugé, ni condamné, il
ne sait pas pourquoi il est arrêté. Sa situation psychologique est très
dure, il a perdu tout contact avec la réalité.
Traduit par : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine |