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L'EXPRESSIONDZ.COM
VERS
UN CONTRAT DE VENTE D’ARMES ENTRE MOSCOU ET TRIPOLI
La France face à un «Waterloo» en Libye
Ali Titouche
Le Rafale - Photo Aerospaceweb
26 décembre 2007 Après
son échec au Maroc, la France, en négociations pour la vente, à
la Libye, de 14 avions de combat Rafale, pourrait voir encore ce
deuxième marché tomber à l’eau, face, cette-fois-ci, aux
Russes. La France risque de perdre la mise
sur un deuxième marché de vente d’armes au Maghreb. Avec le
Maroc, l’aviateur français Dassault a perdu face aux F-16 américains
de type Block 50/52. La France, en négociations pour la vente, à
la Libye, de 14 avions de combat, Rafale, pourrait voir encore ce
deuxième marché tomber à l’eau, face, cette-fois-ci, aux
Russes qui commencent bel et bien à reprendre du poil de la bête.
La Russie qui tente de mettre à profit le mauvais souvenir d’El
Gueddafi avec la diplomatie française, a annoncé la visite,
bientôt, de Vladimir Poutine en Libye. Ce n’est point un jeu
d’enfant.
Certes, Nicolas Sarkozy, en quête de quelques dollars de plus,
n’a pas voulu céder le terrain aux «donneurs de leçons»
(les opposants à la visite de Mouamar El Gueddafi), lors de la récente
visite du guide libyen en France, mais le souvenir de la mauvaise
passe avec les diplomates français, risque de peser lourdement
sur les prochains pourparlers franco-libyens. Contrairement aux
Français, les Russes, forts en diplomatie et tractations
militaires, ont soigneusement calculé le temps et les situations.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, en déplacement
à la Jamahiriya pour préparer la visite de Vladimir Poutine, a
annoncé que «les dirigeants des deux pays ont l’intention
de discuter plusieurs accords concernant la coopération économique,
politique et dans la technique militaire».
Pour un secret dit «de défense», la nature des contrats
militaires qui seront signés par Vladimir Poutine et Mouamar El
Gueddafi n’a pas été encore annoncée. Mais l’ouverture, à
nouveau, du marché libyen à la concurrence ressemble à un
semblant de contrat acquis. Car les Britanniques -très actifs
auprès du régime libyen, avec qui ils ont également passé un
accord- ou encore les Russes seront à nouveau en lice pour le
renouvellement de l’armement libyen.
Seuls absents de cette compétition -pour le moment!- les
Etats-Unis d’Amérique, qui maintiennent encore un embargo sur
les armes «létales» à destination de la Libye, mais les
Français ne sont pas, non plus, en bonne posture. Entre les Français
et les Russes, la concurrence sera ouverte aussi sur un autre
front dont la France espérait conserver le monopole en Libye, «le
nucléaire civil».
Le ministère russe des Affaires étrangères avait déjà affirmé
que Moscou était «prêt à aider» la Libye à accéder
au «nucléaire civil». Tripoli, par la voix de son chef
de la diplomatie, a répondu qu’il était, de son côté, «ouvert
aux discussions» sur ce dossier. Et de préciser: «Il y a
concurrence dans ce domaine et nous sommes ouverts aux
discussions.» Cela intervient en dépit de la signature par
la Libye, le 10 décembre dernier, des contrats pour plusieurs
milliards d’euros avec la France, notamment sur la vente d’un
réacteur nucléaire à Tripoli. La France aura donc éventuellement
affaire à un concurrent de renom, mais elle pourrait surtout
perdre sur le marché de vente d’armes. Mouamar El Gueddafi
n’a finalement pas signé le contrat, pourtant attendu, pour
l’achat de 14 Jets de combat avec Dassault Aviation. Cela dit,
rien n’est encore joué sur cette roulette qui s’avère être
évaluée à plusieurs milliards de dollars. Les Russes avaient
tendance à être souvent invincibles sur le jeu de la roulette.
Et paraissent très décidés à aller au fond des choses,
profitant d’un flou qui règne encore sur les contours des
tractations franco-libyennes concernant le marché de
l’armement. La France aura encore 6 mois pour convaincre les
Libyens puisque la date-butoir du mémorandum de coopération, par
lequel la Libye «s’engage à entrer en négociation
exclusive avec la France pour acquérir des équipements»
militaires, aurait été fixée au mois de juillet 2008. Mais les
conventions, estimées à environ 4,5 milliards d’euros,
pourraient connaître le même sort que celles qu’allaient
signer les Français avec le Maroc. Est-ce la fin d’une époque
au Maghreb pour les Français? Une chose est sûre, si les Russes
décident d’enfoncer un clou, ils vont toujours jusqu’au bout.
En Libye, les Russes sont déjà présents et surtout dans le
secteur énergétique à travers l’installation du géant gazier
Gazprom et la compagnie pétrolière russe, Tatneft. Droits de
reproduction et de diffusion réservés © L'Expression
Publié le 26 décembre avec l'aimable autorisation de l'Expression
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