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La campagne discrète du Hamas à Jérusalem
Patrick Saint-Paul

 


Le drapeau vert du mouvement radical Hamas flotte sur la maison d’Oum Tuba, un village palestinien appartenant à la municipalité de Jérusalem. Le poster de campagne prônant le « changement et la réforme » est affiché sur la porte. Keffieh à carreaux noirs et blancs noué sur la tête, portant une épaisse barbe rousse, Mohammed Abou Teir, le numéro deux sur la liste nationale du Hamas et candidat dans la Ville sainte, ne se cache pas. Il balaie d’un sourire l’interdiction israélienne de faire campagne à Jérusalem, imposée aux candidats du Hamas, pour les élections législatives palestiniennes du 28 mars.

« Cela ne nous empêchera pas de gagner à Jérusalem », assure Mohammed Abou Teir. D’après les derniers sondages, le Hamas, réputé pour sa bonne gestion à la tête des villes conquises lors des récentes municipales, remportera un tiers des suffrages dans les Territoires palestiniens, pour sa première participation à des élections législatives. Le Hamas s’imposerait ainsi comme la deuxième force politique palestinienne derrière le Fatah, le parti réputé corrompu du modéré Mahmoud Abbas. Les analystes estiment que le Hamas est en position de force à Jérusalem, où il dispose d’importants relais claniques et où les Palestiniens espèrent établir la capitale de leur futur Etat dans sa partie orientale.

Porte-à-porte

Israël, qui a annexé Jérusalem-Est en 1967, se dit opposé à toute négociation sur une division de la ville qu’elle considère comme « la capitale réunifiée et éternelle d’Israël ». Le gouvernement israélien serait néanmoins prêt à tolérer une « entorse » à sa souveraineté en laissant les Yerosolomitains participer au scrutin. Mais l’Etat Hébreu considère le Hamas, qui a revendiqué plusieurs dizaines d’attentats suicides en Israël depuis le début de la seconde intifada, comme un mouvement terroriste et n’a pas l’intention d’accepter que des « terroristes » battent campagne dans la Ville sainte. Le Hamas a donc renoncé aux tracts, aux affiches et aux meetings à Jérusalem et y mènera une campagne plus discrète. « Peu importe, affirme Mohammed Abou Teir. Nous ferons du porte-à-porte. Nous visiterons chaque maison. Nous parlerons aux chefs de famille. »

Les grands meetings électoraux du mouvement islamiste, avec leur floraison de drapeaux verts, seront organisés de l’autre côté des check points israéliens filtrant l’accès à Jérusalem. Malgré les menaces d’arrestation israéliennes, Mohammed Abou Teir a l’intention d’y participer. « J’ai déjà passé 25 ans dans les prisons israéliennes, pour appartenance au Hamas, explique-t-il. Comme l’ont montré les élections municipales, l’arrestation de nos candidats ne les empêche pas d’être élus. » Plusieurs candidats du Hamas, incarcérés en Israël, avaient été élus lors des élections municipales, au cours desquelles le mouvement avait effectué une percée.

Un nouveau succès du mouvement lors des législatives placerait le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, dans une position difficile. Le premier ministre israélien par intérim, Ehoud Olmert, a prévenu lors d’un entretien téléphonique avec le président américain George W. Bush que l’entrée du groupe radical Hamas au gouvernement palestinien entraverait tout progrès dans le processus de paix. Jusqu’à présent, Mahmoud Abbas s’est refusé à désarmer le Hamas, par crainte de provoquer une guerre civile.

Le « droit de résister »

Il a choisi d’intégrer le mouvement dans le système politique, espérant qu’il déposerait les armes dans une seconde phase. Et il pourrait ainsi conditionner sa participation au gouvernement à son renoncement à la lutte armée et à la destruction d’Israël.

Le Hamas a fait un premier pas en supprimant de son programme l’appel à la destruction de l’Etat hébreu, qui figure toujours dans la charte du mouvement rédigée en 1988. Mohammed Abou Teir juge qu’il est trop tôt pour parler d’une reconnaissance de l’Etat d’Israël par le Hamas, accordée selon lui « prématurément par l’OLP » en 1993 peu avant les accords d’autonomie d’Oslo. « Nous reconnaissons le droit du peuple juif de vivre et souhaitons cohabiter un jour en paix avec lui dans cette région, explique-t-il. Mais il est hors de question de déposer les armes tant que l’occupation israélienne se poursuivra. Nous avons le droit de résister. »

Le Hamas, qui revendique l’évacuation israélienne de la bande de Gaza, comme une « victoire de la résistance », estime que la lutte armée est le seul moyen de « libérer » la Cisjordanie et Jérusalem-Est de la présence israélienne. Mais le mouvement se dit prêt aussi à accepter une trêve de longue durée, laissant aux générations futures la responsabilité de reprendre ou non la lutte armée, en échange de la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967.

Patrick Saint-Paul
Le Figaro - 14 janvier 2006 - http://www.lefigaro.fr/internationa...


 Source : CCIPPP
 http://www.protection-palestine.org/article.php3?id_article=2022


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