Palestine - Solidarité

 

Retour :  Sommaire élections  -  Accueil Analyses  - Ressources  -  Mises à jour


 

Pas besoin de paniquer à cause de la victoire du Hamas
Daoud Kuttab
 

"La victoire du mouvement de résistance islamique Hamas aux élections législatives palestiniennes ne devrait pas provoquer une telle panique dans les capitales occidentales. C’est le fruit naturel de la poussée démocratique au Moyen-Orient et l’échec des politiques et de l’opacité des régimes arabes pro-occidentaux." 
 

Le respect de la démocratie exige le respect du choix du peuple, quel que soit ce choix. La victoire du Hamas sera naturellement un test de la capacité du mouvement à diriger de façon pragmatique face aux nombreux défis auxquels est confronté le peuple palestinien.

La victoire du Hamas, cependant, devrait ouvrir les yeux à beaucoup. Une victoire si éclatante d’un mouvement idéologique islamique est inquiétante pour les Arabes et les musulmans, laïcs et libéraux, pour ne pas dire les Arabes chrétiens. Si on peut analyser ces résultats comme une victoire sans précédent de la démocratie, il y a lieu de se soucier quand les dirigeants politiques privilégient le droit divin sur les droits du peuple. Les Palestiniens s’inquiètent beaucoup à propos du programme du Hamas pour l’éducation et le culturel, et même le social. Ils auront des moments difficiles avec un gouvernement qui essayera de repousser des acquis sociaux gagnés par des femmes et des progressistes.

Il y a aussi motif à se soucier avec la charte politique du Hamas, surtout sur sa position à l’égard d’Israël. Le Hamas ne pourra pas se voiler la face et ignorer les réalités politiques du conflit israélo-palestinien.

Mais malgré ces problèmes, il n’y a aucune raison pour se lancer dans la paranoïa. Les dirigeants du Hamas ont déclaré officiellement qu’ils n’avaient pas l’intention d’imposer leur programme social contre la volonté des Palestiniens. Ils ont également exprimé leur bonne volonté de traiter avec Israël, bien qu’ils n’aient pas encore accepté clairement la demande d’Israël pour une reconnaissance sans condition avant que les frontières définitives d’Israël ne soit définies.

La participation du Hamas, comme d’autres partis palestiniens et d’indépendants dans le processus politique, est une énorme avancée qui manquait à la politique palestinienne depuis 40 années. Le partage du pouvoir.

Maintenant que le Hamas a participé et gagné, il est attendu pour qu’il apporte des réponses à beaucoup de questions qu’ils ont soulevées contre le gouvernement du Fatah. La victoire du Hamas exprime probablement plus un rejet du monopole détenu par le principal parti de l’OLP qu’un soutien franc au mouvement islamique. Avec cette victoire, ce qui est important c’est de leur donner une chance équitable pour gouverner, à une seule condition : ils ne doivent pas changer les règles qui leur ont permis d’accéder au pouvoir. Sans changement de ces règles démocratiques, les Palestiniens pourront décider si finalement ils décident de les laisser au pouvoir ou pas.

La victoire du Hamas est aussi une occasion importante pour tester les puissances occidentales qui ont choisi les valeurs démocratiques et ont l’intention de les instaurer dans ce que George Bush appelle le Grand Moyen-Orient. Les USA et l’Europe, comme Israël, qui ont prêché la démocratie, sont mis au défi de répondre à une question simple : leurs propres intérêts l’emporteront-ils ou pas sur les valeurs et les principes démocratiques ? Pour être juste, il faut reconnaître que Mahmoud Abbas et les Américains ont insisté pour que les dernières élections aient lieu, en dépit du risque de voir le Hamas gagner. Mais quand les dirigeants occidentaux et israéliens déclaraient refuser de traiter avec un gouvernement palestinien avec le Hamas, ou de soutenir le peuple palestinien à travers un tel gouvernement, ils ont probablement aidé à la victoire électorale du Hamas plutôt que le contraire.

L’électorat palestinien a agi comme l’aurait fait n’importe quel autre peuple en écartant le gouvernement dirigé par le Fatah alors qu’il le blâmait pour sa corruption, financière autant que politique, qu’il lui reprochait de l’avoir amené à une situation de misère pendant des années d’occupation et de résistance.

Les puissances occidentales ne devraient pas exagér en réagissant à ce rebondissement de la vie politique palestinienne, elles devraient plutôt s’en servir pour prouver que leur propre engagement pour la démocratie et pour les droits de l’homme est réel, indépendamment des résultats. Plus vite l’Amérique et ses alliés reconnaîtront le choix des Palestiniens, plus vite les peuples du Moyen-Orient pourront les écouter et écarter leurs régimes autoritaires. Les vrais alliés de l’Amérique et de l’Europe doivent être les peuples de la région et non pas les régimes corrompus. En fin de compte, tel est le défi de la démocratie.

Daoud Kuttab
Daoud Kuttab a obtenu le prix du Journalisme palestinien. Mel : info@ammannet.net
Imemc & agences - jeudi 2 février 2006 - http://www.imemc.org/content/view/1...
Traduction : JPP


 Source : CCIPPP
 http://www.protection-palestine.org/article.php3?id_article=2140


Avertissement
Palestine - Solidarité a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient.
L' auteur du site travaille à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui lui seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas Palestine - Solidarité ne saurait être tenue responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont elle n'a pas la gestion, Palestine - Solidarité n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.

Retour  -  Ressources  -  Analyses  -  Communiques  -  Accueil