|
Ségolène Royal
Ségolène Royal achève son voyage
au Proche Orient
Ségolène Royal a achevé sa
visite officielle de plus de quatre jours au Moyen Orient, qui l'a
conduit tour à tour au Liban, en Israël et en Palestine. Ségolène
Royal a été accueillie à chaque étape par les plus hautes
autorités des Etats.
Alors que les tensions
politiques étaient très vives au Liban, une ample manifestation
étant prévue au centre de Beyrouth, vendredi, à l'appel des
partis pro-syriens, Ségolène Royal n'a pas souhaité modifier
d'un iota son programme, alors que certains lui conseillaient
jeudi, à son arrivée à l'aéroport, de quitter le Pays du Cèdre
pour des raisons de sécurité. « Je suis ici, j'y reste.
(...) Partir serait un mauvais signe, une atteinte portée à
l'image du Liban ».
"Dans la situation préoccupante que connaît aujourd'hui
le Liban, je viens affirmer ma condamnation de tout assassinat
politique, ma foi dans la démocratie", avait-elle affirmé
en quittant Paris.
Ségolène Royal a d'abord rendu visite, jeudi, à l'ancien président
Amine Gemayel et à son épouse Joyce, parents de Pierre Gemayel,
ministre de l'Industrie libanais assassiné le 21 novembre
dernier. Elle leur a présenté ses condoléances "profondément
attristées", a souhaité que cessent "les déchirements
tragiques" qui endeuillent ce pays et qu'intervienne au plus
vite la réconciliation nationale. "Le progrès du monde a
besoin d'un Liban réconcilié avec lui-même. (...) Notre
responsabilité commune (...) c'est de permettre aux jeunes de s'y
construire un avenir heureux, et de permettre à chaque enfant de
naître dans un pays en paix. (...) la France fera tout ce
qu'elle peut auprès du Liban pour permettre que se lève cette
espérance."
Ségolène Royal s'est ensuite entretenue avec Nabih Berri, président
chiite de la chambre des députés et chef du mouvement chiite
Amal, a été reçue par le Premier ministre libanais Fouad
Siniora puis a dîné avec le président du Parti socialiste
progressiste, Walid Joumblatt.
Ségolène Royal n'a pas exclu un dialogue sous conditions avec la
Syrie, accusée par la majorité libanaise de vouloir déstabiliser
le Liban. "Ce dialogue, dans son principe, ne doit pas être
fermé mais il doit être conditionné à des gestes tangibles
pour qu'il soit crédible et utile au Liban", a-t-elle
dit.
Vendredi, Ségolène Royal rendait visite à la Force intérimaire
des Nations unies au Liban (Finul) à Naqoura. La France est avec
1.650 Casques bleus le principal contributeur de la Finul, chargée
de consolider la trêve à la frontière libano-israélienne. Elle
a demandé que "cessent les survols" des positions de la
force des Nations unies par des avions israéliens. "J'ai
bien l'intention d'en parler aux dirigeants israéliens. Mon rôle,
là, est utile".
Sa rencontre avec 17 députés de la commission des affaires étrangères
de l'Assemblée nationale libanaise dans la soirée a suscité un
début de polémique en France. Pendant cette réunion, un député
du Hezbollah, Ali Ammar, a déclaré en arabe : "Le nazisme
qui a versé notre sang et qui a usurpé notre indépendance et
notre souveraineté n'est pas moins mauvais que le nazisme qui a
occupé la France". L'absence de réaction de Ségolène
Royal sur le moment a été critiquée en des termes très vifs
par des responsables de l'UMP."Je n'ai pas entendu cette
comparaison et si cette comparaison avait été faite, que ce soit
moi ou que ce soit l'ambassadeur de France qui était à mes côtés
et qui n'a pas non plus entendu ces propos, nous aurions quitté
la salle. Que les choses soient bien claires : ces propos qui
auraient été inadmisissibles, abominables, odieux, auraient
entraîné de notre part un départ de la salle. Nous n'avons pas
entendu ces propos" a déclaré Ségolène Royal le
lendemain. "Je continuerai à dialoguer, n'en déplaise à
certains, avec tous les parlementaires ou toutes les autorités démocratiquement
représentatives et je ne laisserai pas déformer le contenu d'une
réunion ou les propos pour m'empêcher de continuer à
parler."
Samedi, Ségolène Royal s'est rendue en Jordanie, où elle a été
accueillie par le premier ministre jordanien puis le directeur de
cabinet du roi à Amman.
Arrivée en Palestine dimanche, Ségolène Royal a été reçue à
Gaza par le Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud
Abbas, devant qui elle a formé le voeu que "se lève une
paix durable et de nouvelles forces de vie. Le progrès du monde a
besoin d'un Proche-Orient réconcilié avec lui-même". Ségolène
Royal était la première personnalité française à rendre
visite au Président palestinien depuis la victoire du mouvement
Hamas aux élections de janvier. Devant la presse, elle a déclaré
que "le peuple palestinien a droit à un Etat souverain
et viable et Israël à une sécurité durable (...) La tâche
est difficile, la tâche est complexe mais les énergies humaines
et la volonté finiront par l'emporter".Elle s'est déclarée
également préoccupée par la montée "du
fondamentalisme" dans la région.
Ségolène Royal a apporté son plus vif soutien à M. Abbas: "Je
suis impressionnée par sa force, sa volonté et son optimisme
dans un contexte que je sais critique, mais en même temps plein
d'espoir suite aux récentes déclarations d'Ehud Olmert (...) Je
tiens M. le président à vous rendre un hommage particulier pour
vos efforts pour la constitution d'un gouvernement palestinien qui
manifesterait un progrès substantiel vers la reconnaissance des
principes du quartette".
Plus tard, lors d'une rencontre à huis clos avec des étudiants
palestiniens, elle s'est prononcée en faveur d'une reprise des
aides directes à l'Autorité palestinienne, suspendues après
l'entrée en fonction du Hamas fin mars. "Il faut reprendre
l'aide internationale aux Palestiniens".
Après avoir passé une partie de l'après midi de dimanche en
compagnie de la ministre israélienne des Affaires Etrangères,
Tzipi Livni, à Jérusalem, Ségolène Royal s'est rendue, dans la
matinée de lundi, au mémorial de l'Holocauste à Yad Vashem.
Elle y a allumé la flamme du souvenir perpétuel, en mémoire des
victimes de la Shoah, puis déposé une couronne de fleurs sur la
dalle de béton recouvrant des cendres provenant des camps de
concentration. "On est secoué au plus profond de soi
et l'on partage l'insubmersible volonté d'Israël et la soif de
justice. Ceux et celles qui sont revenus et qui ont reconstruit
les racines, en portant malgré tout cela les forces de vie, sont
les véritables héros de notre temps", a-t-elle écrit
sur le livre d'or.
Dans l'après midi, Ségolène Royal a rencontré le chef du Parti
travailliste israélien Amir Peretz puis le Premier ministre israélien
Ehoud Olmert, ce dernier ayant souligné leur convergence de
position vis à vis de son engagement "à plaider dans les
instances internationales pour l'interdiction d'accéder au nucléaire
civil pour l'Iran".
Son voyage s'est achevé ce lundi soir, par une conférence de
presse au cours de laquelle Ségolène Royal est revenue sur la
question du nucléaire iranien."Je considère que là se
trouve le plus grand danger pour la sécurité d'Israël et du
monde, et pas seulement d'Israël d'ailleurs, de toute cette
partie du monde, et qu'il ne faut pas laisser l'Iran accéder au
nucléaire civil.Je considère en effet que laisser l'Iran maîtriser
cette technologie et l'enrichissement de l'uranium, si cette première
étape est franchie, alors il sera quasiment impossible d'empêcher
l'accès au nucléaire militaire. Il ne serait pas responsable
d'imaginer qu'il y aurait un échec de la communauté
internationale sur le franchissement de cette première étape du
nucléaire civil".Et d'ajouter: "Vous avez
devant vous la seule responsable politique française qui s'est
clairement exprimée contre l'accès de l'Iran au nucléaire civil".
|