Marie-George
Buffet
Marie-George
Buffet accueille Hind Khoury,
représentante de la Palestine en France
29 juin 2006
Chère Hind,
Je veux te dire, au nom de tous les communistes
français, combien je suis heureuse de t’accueillir ici, au siège
de notre Parti. Je veux te dire que tu es ici chez toi. Celles et
ceux qui portent le drapeau de la dignité humaine, de la paix et
du droit des peuples -et de leur peuple- trouveront toujours un
accueil chaleureux dans cette maison. C’est le cas en
particulier pour nos amis palestiniens. L’internationalisme fait
partie de notre identité profonde.
Avec cette soirée, nous souhaitons te montrer que
tu as beaucoup d’amis sur lesquels tu pourras toujours compter.
Je sais aussi que beaucoup de camarades ont envie
de te connaître. Nous souhaitons tisser, avec toi, ces liens qui
symbolisent toute notre solidarité avec le peuple palestinien et
qui nous permettront aussi, dans beaucoup de villes, de t’aider
à faire avancer la cause d’une paix juste et durable en France.
Chère Hind,
Je vais te laisser exprimer l’analyse et la
politique dont tu es porteuse en tant que Déléguée générale
de Palestine en France. Mais il est auparavant nécessaire que je
fasse quelques commentaires sur les évolutions actuelles qui
suscitent légitimement beaucoup d’émotion et d’inquiétude.
L’opération militaire israélienne à Gaza a
pris une dimension d’une exceptionnelle gravité : des
infrastructures, dont l’unique centrale électrique, ont été
bombardées et détruites ; 64 ministres et élus du Hamas
ont été arrêtés. Le principal négociateur palestinien, Saeb
Erekat, a parlé aujourd’hui du danger d’un « effondrement
total de la situation » dans les territoires occupés du
fait de l’offensive israélienne. Une telle situation constitue
un risque pour la vie même du soldat israélien prisonnier de
groupes armés, alors que cette opération a été officiellement
déclenchée pour le libérer.
Dans un rassemblement organisé dès hier à Tel
Aviv par l’organisation pacifiste Gush Shalom en protestation
contre l’opération militaire israélienne, Uri Avnery,
pacifiste respecté et connu, s’est exclamé à l’adresse du
gouvernement israélien : « si vous voulez jouer avec
la vie de nos soldats, alors, jouez avec la vie de vos propres
enfants ». Et le porte parole de Gush Shalom, Adam Keller, a
souligné : « il était important de manifester immédiatement
afin de montrer clairement qu’il y a une opposition à cette
entreprise et pour élever une voix contre la propagande qui
envahit les médias ».
Je saisis cette occasion, chers camarades, pour réaffirmer
ainsi notre pleine solidarité avec les pacifistes israéliens qui
agissent avec courage, dans un contexte des plus difficiles pour
une paix dans la justice, le droit et la sécurité pour tous.
Les autorités israéliennes se sont engagées
dans une logique de guerre. On ne peut en prévoir toutes les conséquences.
Celles-ci pourraient être tragiques. L’épreuve de force ainsi
engagée ne peut qu’aggraver encore l’impasse politique.
L’aviation militaire israélienne a même survolé Damas.
Jusqu’où va-t-on aller ?
Il est consternant que l’accord qui vient d’être
conclu entre l’ensemble des organisations palestiniennes, et qui
ouvre à une nouvelle situation politique, ne soit pas pris en
compte par l’ensemble des protagonistes et pays concernés. Cet
accord est une chance d’apaisement des relations israélo-palestiniennes.
Il doit permettre de favoriser la reprise du dialogue et de
choisir la voie politique pour résoudre la grave crise actuelle.
Nous nous adressons aux autorités françaises et
européennes afin qu’elles demandent une réunion d’urgence du
Conseil de Sécurité des Nations Unies, qu’elles appellent à
un sursaut de responsabilité, à l’arrêt des bombardements, au
retrait des troupes israéliennes. Immédiatement, tout doit être
entrepris avec détermination pour obtenir la reprise d’un
dialogue, la libération des ministres et élus palestiniens arrêtés
et celle du soldat israélien emprisonné, et l’engagement de la
reprise d’un processus de règlement politique du conflit.
Dans un tel processus, la priorité doit être à
la levée des sanctions iniques qui frappent le peuple
palestinien. Tous les financements internationaux de l’Autorité
palestinienne doivent être rétablis au plus vite comme le
demande avec insistance le Président Mahmoud Abbas. Nous savons
combien la suspension de ces financements étrangle la Palestine
et alimente, toujours davantage, la crise sociale, la pénurie
alimentaire mais aussi la désespérance et la colère. Je veux le
redire avec force : ces sanctions sont inacceptables et
irresponsables.
Chère Hind,
Tu es donc aujourd’hui, dans notre pays, la voix
de la Palestine. Tu es la porte-parole d’un peuple dont les
droits sont systématiquement bafoués, d’un peuple qui se bat,
depuis des décennies, pour sa liberté, pour sa terre, pour sa
souveraineté.
Tu n’ignores pas combien la cause palestinienne
a toujours été populaire en France. Le président Arafat
jouissait ici d’un grand prestige. Et nous savons aussi combien
il aimait notre pays. Ta tâche n’en est pas facile pour autant.
Depuis quelques mois, la sensibilité de l’opinion à ce juste
combat paraît troublée. La situation semble à beaucoup
tellement dure, tellement compliquée notamment avec l’accession
du Hamas au gouvernement.
La Palestine a pourtant rarement eu autant besoin
du soutien de toutes celles et de tous ceux qui, dans le respect
du droit international et dans l’intérêt des peuples de
Palestine et d’Israël, militent aujourd’hui pour la création
d’un Etat palestinien indépendant, dans les frontières de
1967, avec Jérusalem-est pour capitale, mais aussi pour la
reconnaissance du droit au retour des réfugiés palestiniens. Un
droit dont l’application concrète sera négocié comme l’Autorité
palestinienne s’y est engagée depuis longtemps.
Chère Hind,
Nous mesurons évidemment les dangers d’une
situation de plus en plus violente, chaotique et imprévisible,
avec l’accumulation de faits accomplis très graves. Je pense en
particulier au mur d’annexion et au tramway colonial de Jérusalem
pour la construction duquel deux entreprises françaises sont
engagées en contradiction directe avec le droit international.
Ceci confirme la poursuite du processus de colonisation qui est à
la racine même du conflit.
Je veux donc exprimer avec force l’indignation
que suscite une telle situation et la carence d’initiatives réelles
de la communauté internationale et en particulier de la France et
des Européens. Nous ne pouvons pas nous résoudre à un tel
silence, à une telle inaction. Nous ne pouvons pas laisser faire.
Naturellement, nous devons nous adresser aux autorités françaises
et européennes afin d’exiger d’elles des actes qui
correspondent à leurs engagements et aux résolutions qu’elles
ont voté aux Nations Unies. Je viens d’écrire au Premier
Ministre afin d’appeler notre pays à l’initiative pour
contribuer à la reprise d’un processus politique de règlement.
D’autres organisations, je le sais, ont pris des initiatives
semblables. Soyons nombreux ensemble pour faire tomber ce mur du
laisser-faire et de l’hypocrisie qui profite si bien aux intérêts
des plus forts. Il n’y a pas de fatalité à la logique de
guerre, à la violence et à l’injustice. Une solution est
possible. Nous en connaissons tous et toutes les conditions et les
formes. Tout est sur la table. Tout est écrit noir sur blanc.
Agissons pour le respect des résolutions de l’ONU. Disons le
tous ensemble : assez de guerre et assez d’injustice.
Solidarité avec le peuple palestinien et avec les pacifistes israéliens !
Chers amis et camarades,
J’en termine maintenant. Mais je veux vous
informer de ceci : avec d’autres organisations ici présentes,
nous proposons l’organisation d’un rassemblement unitaire de
solidarité et de protestation, dimanche prochain, place du Châtelet
à 16 heures.
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