Nazlet Isa, au nord-ouest de la Cisjordanie, est traversé par le «
mur » israélien. Le bourg palestinien est construit sur l’aquifère
ouest, l’une des ressources en eau les plus riches de la région.
Pour les Palestiniens, il ne s’agit pas d’une coïncidence.
Devant les plaques de béton de 10 mètres de haut, couvertes de
graffitis dénonçant « le mur de l’apartheid » et appelant à
« la résistance », le maire de la commune divisée, Zeiad Saleem,
soupire : « Voyez, là nous marchons sur une réserve d’eau
extraordinaire. » L’aquifère ouest, qui traverse Nazlet Isa,
possède un taux de renouvellement exceptionnel dans cette région
semi-aride aux nappes surexploitées.
Sept maisons palestiniennes ont été détruites à Nazlet Isa. Six
sont isolées de l’autre côté du mur. Il a fallu construire avec
l’accord des autorités israéliennes des conduits spéciaux pour
les approvisionner en eau. « Le tracé du mur et celui des
ressources en eau coïncident, ces dernières étant, comme par
hasard, situées côté israélien », souligne Elizabeth Sime,
directrice de l’ONG Care pour Gaza et la Cisjordanie.
Abdul-Rahman Tamimi, directeur de l’ONG Palestinian Hydrology
Group (PHG) affirme que les deux tracés « coïncident à 100 % ».
« Les Israéliens veulent ainsi désintégrer les territoires
palestiniens tout en mettant la main sur des puits et des ressources
du sous-sol palestinien. Le mur coupe certaines communautés de leur
seule source d’eau, empêche les camions-citernes de circuler et a
fait monter le prix de l’eau en flèche », dit-il.
À Kalkilya, une vingtaine de puits qui représentaient 30 % de
l’offre de la ville ont été ainsi confisqués ou détruits selon
lui par le « mur ».
Comme le souligne Anne Le Strat, du Centre de recherche et
d’analyse géopolitique, basé à Paris, « l’eau fait partie
intégrante du conflit israélo-arabe depuis son origine ». « Avec
le mur, les Israéliens ont cherché de manière évidente à
prendre les ressources d’eau et à se débarrasser des villages »,
renchérit Hind Khoury, ancienne ministre palestinienne chargée de
Jérusalem désormais nommée représentante palestinienne à Paris.
« Sans eau, il n’y a pas de vie. La politique israélienne a
toujours consisté à pousser les Palestiniens vers le désert. »
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