Opinion
La véritable nature du régime de Ben Ali

Jeudi 13 janvier 2011
L’immolation par le feu du jeune Mohamed Bouazizi a déclenché
en Tunisie une révolte sans précédent. L’immolation n’est pas un
suicide, il s’agit d’un acte de courage destiné à montrer à la
foule le rejet absolu des pratiques d’un pouvoir qui vous
empêche littéralement de vivre et c’est bien la raison pour
laquelle le peuple a décidé une fois pour toutes d’en finir avec
la dictature.
Ce document est destiné à informer le lecteur de la véritable
nature du régime mis en place par Ben Ali, un homme qui a
distribué à son entourage immédiat les ressources du pays et qui
joue le rôle d’arbitre entre les différents détenteurs des
richesses, retirant aux uns et donnant aux autres dans une valse
des allégeances qui l’a complètement éloigné des réalités de la
Tunisie.
Cette logique du pouvoir a entraîné une si grave
déliquescence des valeurs que la société dérive rapidement et
sûrement vers la décadence ou alors l’intégrisme religieux,
considéré comme le dernier refuge de la dignité.
Outre les mouvements de foule spontanés comme les révoltes de
Redeyef en 2009 et de Sidi Bouzid qui se sont étendues à toute
la république et où les slogans scandés par la foule sont
dirigés contre la corruption de la famille de Ben Ali, une
multitude d’écrits et d’articles ont condamné depuis 1988 les
dérives du régime, qu’elles soient politiques ou financières.
Concernant les dérives politiques, il suffit de lire la
déclaration du 7 novembre 1987 pour être convaincu de l’absence
totale de volonté politique et cette absence est confirmée par
le fait que Ben Ali accepte et couvre les pratiques mafieuses de
son entourage immédiat, et ce, au vu et au su de tout le monde
et avec la complicité de plusieurs membres de tous les corps de
l’État.
Le dossier que nous présentons cible les opérations réalisées
par l’entourage immédiat de Ben Ali. La liste n’est évidemment
pas complète car quelques proches du pouvoir opèrent par
l’intermédiaire de prête-noms et le suivi des opérations devient
plus difficile.
Bien que l’ensemble des secteurs de l’économie du pays ait
été touché par la rapacité des proches de Ben Ali, ce sont
évidement les gros marchés et les meilleures entreprises du pays
qui ont été visées en premier. Ainsi, les privatisations ont
toutes été opérées dans l’illégalité totale et en contradiction
flagrante avec la loi et les règlements.
La première grande victime de ces opérations est l’État
tunisien, un État qui a été complètement vidé de sa substance
par Ben Ali et son entourage, et ce, pour s’assurer de sa
main-mise sur le pays en éliminant toute voix discordante et en
allant jusqu’à créer de toutes pièces une opposition fantoche.
Le Comité de Salut Public
Concernant les « affaires » qui sont devenues la principale
activité de Ben Ali et de son entourage, nous vous présentons
ci-dessous une première liste des richesses accumulées par Ben
Ali et ses proches, et ce, avec une arrogance qui nous éclaire
sur la mentalité de ces individus qui n’ont aucune conscience
politique, qui sont convaincus que la Tunisie leur appartient et
qui se substituent à l’État.
Comme nous le verrons ci-dessous, le poids de Ben Ali et de
ses proches dans l’économie du pays est de plus en plus
important, ce qui fait que le jeu économique en est lourdement
affecté.
Le vérouillage de l’économie empêche tout investissement et
toute évolution dans les secteurs clés, ce qui entraîne un
nivellement de l’économie par le bas. En clair, la gestion
opaque de l’économie et la phagocytation des instruments
économiques entraînent le pays vers un désastre sans précédent
dans l’histoire de la Tunisie, surtout que la dénonciation de
cet état de fait est impossible à cause du verrouillage total de
l’information et du blocage – organisé par Abdelwahab Abdallah –
de toute émergence d’une société civile.
Cette dynamique concourt très rapidement à la désintégration
de la société tunisienne et à l’émergence des extrêmes.
LE SECTEUR BANCAIRE
Le clan Ben Ali a commencé son enrichissement par l’entremise
des crédits sans garanties accordés par les banques nationales
de développement. Ces pratiques, poussées à l’extrême, ont mis à
mal ces institutions. Alors, pour avoir les coudées franches, le
clan a décidé de s’approprier des institutions financières.
LA PRISE DE CONTRÔLE DE LA BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE
TUNISIE.
La prise de contrôle de la BIAT a été opérée d’une façon
complètement opaque par une famille proche du pouvoir. Les
frères Mabrouk ont opéré une prise de contrôle musclée de ladite
banque, l’un des fleurons du secteur bancaire tunisien. La
famille Mabrouk, qui était déjà fortunée sous l’ancien régime,
et même avant l’Indépendance, s’est toujours assuré des liens
privilégiés avec le pouvoir en place. Elle possède aujourd’hui
un empire commercial et financier qui a été bâti, depuis l’union
avec les Ben Ali, sur des passe-droits et des coups de pouce «
venus d’en haut ».
LA PRISE DE CONTRÔLE DE LA BANQUE DE TUNISIE
La Banque de Tunisie, l’une des plus anciennes institutions
bancaires du pays, connue pour son professionnalisme et son
excellente gestion, est tombée dans l’escarcelle de Monsieur
Belhassen Trabelsi, frère de Mme Ben Ali. La prise de contrôle
de la banque a été faite d’une façon qui s’apparente à un
véritable hold-up. Plusieurs grands actionnaires ont été mis
devant le fait accompli et la direction de la banque a été
accordée à Mme Abdallah, femme de Abdelwahab Abdallah, qui, avec
Abdelaziz Ben Dhia, est l’un des deux piliers du régime, et qui
est, comme nous le verrons plus loin, l’homme qui a bloqué toute
émergence d’une société civile en Tunisie.
DEUX NOUVELLES BANQUES
Alors que la Banque Mondiale et le FMI dénoncent dans leurs
rapports envoyés aux autorités tunisiennes le « surbanking » du
pays (trop de banques par rapport aux besoins de l’économie) et
évoquent la nécessité d’opérer des concentrations et des fusions
des institutions bancaires, le gouvernement, par l’intermédiaire
du gouverneur de la banque centrale, délivre deux licences de
banque à deux gendres du président, la Banque Zitouna pour M.
Matri et la MEDIOBANCA pour M. Slim Zarrouk.
la privatisation de la banque du sud
Il ne s’agit pas ici de la prise de contrôle d’une banque,
mais d’un délit d’initié qui a privé l’Etat d’un revenu
considérable au profit de la famille. Il faut rappeler que la
vente de la Banque du Sud au groupe hispano-marocain ATTIJARI
BANK s’est faite à travers un délit d’initié coopté par l’État :
Sakhr el Matri, gendre de Ben Ali a acheté à bas prix une part
des actions de la Banque du Sud et les a revendues, avec une
grosse plus value, au moment de l’OPA lancée par le groupe
hispano-marocain.
Commision de contrôle des transferts a la banque centrale
D’énormes abus ont été constatés en matière de transfert
d’argent à l’étranger, des mouvements de fond de plusieurs
centaines de milliards sont effectués en totale contradiction
avec la loi tunisienne des transferts de devise.
Une commission d’enquête doit être organisée pour arrêter ce
fléau de fuite de devises dont bénéficient Ben Ali et ses
proches.
L’Effacement des dettes, un privilège du prince
Comme nous allons le voir dans cet exemple, le pouvoir
utilise les institutions bancaires nationales pour des raisons
purement familiales. C’est ainsi qu’après le refus des parents
Mhenni de voir leur fille épouser un membre de sa famille, Ben
Ali, pour les « forcer » à accepter ce mariage, a annulé toutes
les dettes de M. Raouf Mhenni, qui a aussitôt admis l’alliance !
Le secteur des transports
la société ennakl :
Volkswagen – audi – porsche – seat – KIA
La société nationale Ennakl a été quasiment offerte au gendre
de Ben Ali, Sakhr el Matri, qui sans aucun apport personnel, par
l’intermédiaire de crédits accordés (sans aucune garantie) par
la BNA, s’est retrouvé à la tête de cette entreprise. Aux
dernières nouvelles, le chèque de 17 millions de dinars déposé
par Sakhr el Matri en garantie au ministère des Finances
n’aurait pas été versé à ce jour.
Il faut également mentionner le fait que selon les experts,
la valeur réelle de l’entreprise serait au minimum de 300%
supérieure à la valeur de la transaction.
Dès la prise de contrôle de cette société par M. Matri, les
licences d’importation de véhicules, qui étaient accordées au
compte-gouttes selon les besoins du pays, ont été données à tour
de bras et on en est même arrivés à importer des Porsche qui
coûtent un peu moins de 500 mille dinars ! Ce qui constitue une
absurdité absolue dans un pays comme la Tunisie.
Concernant KIA, des industriels coréens sont venus pour
monter en Tunisie une industrie de fabrication de pièces
détachées, et encore une fois, c’est un proche de Ben Ali, Sakhr
el Matri, qui s’est approprié la licence d’importation et de
distribution des véhicules.
LA SOCIÉTÉ LE MOTEUR
mercedes – fiat…
La Société LE MOTEUR, l’un des fleurons de l’État,
propriétaire des « cartes » MERCEDES et FIAT, entre autres, a
été privatisée dans des conditions très obscures au bénéfice de
Cyrine Ben Ali et de son époux Marouane Mabrouk.
La décision de privatisation a été suivie par la mise à
l’écart du Secrétaire d’État a la privatisation à cause du fait
qu’il ait défendu un prix de cession beaucoup plus élevé.
Peugeot
En décembre 2008, la fille cadette de Ben Ali a été promise à
un jeune garçon de la famille Ben Gaied. Le jeune homme a alors
été immédiatement coopté comme P.D.-G. de la Société STAFIM
PEUGEOT, dont les actions ont été achetées au rabais, sinon au
nominal, auprès de la BIAT, banque du groupe Mabrouk, allié à
Ben Ali.
FORD – range rover – jaguar – hyunday – man
La privatisation à très bas prix de la société étatique qui
détenait la licence Ford a été réalisée par Belhassen Trabelsi,
frère de Mme Ben Ali, et son ami Hamadi Touil.
Ils ont réussi à imposer à tout le secteur public l’achat de
leurs véhicules.
Plusieurs « cartes » de marques leurs sont attribuées, comme
Range Rover, Jaguar et Hyundai, sans compter l’assemblage des
véhicules MAN.
Les seules taxes qui baissent sont celles des voitures !
Le marché automobile étant trusté par les familles proches de
Ben Ali, les seules taxes qui baissent sont celles des voitures.
Ces baisses des taxes ne concernent pas seulement les
voitures populaires, mais aussi des voitures de luxe dont le
montant dépasse parfois le prix d’une usine.
TUNISAIR
La compagnie Tunisair, fleuron historique de l’aérien
tunisien, a subi sous l’ère Ben Ali un harcèlement sans
précédent de la part de la famille.
La Présidence de la République, comme si elle n’avait pas
d’autres chats à fouetter, s’est immiscée dans toutes les
décisions de la Compagnie, et ce, de la désignation des hôtesses
à l’achat d’avions, principalement depuis l’arrivée à la tête de
la Compagnie du tristement célèbre Rafaa Dekhil qui s’est donné
corps et âme à la famille.
Parmi les scandales, deux sont d’une dimension légendaire.
L’un concerne l’achat par la compagnie, pour le compte de la
Présidence, d’un Boeing 737/600 comportant salons, chambres à
coucher, bureaux (on se demande pourquoi).
Nonobstant le fait que ces achats pèsent très lourd sur les
comptes de la compagnie, on se demande pourquoi Ben Ali a besoin
d’un luxe pareil alors que, depuis l’Indépendance, un simple
réaménagement des avions existants était suffisant pour les
voyages officiels.
Si M. Ben Ali avait développé une diplomatie active, cet
achat surdimensionné par rapport à la taille du pays aurait pu à
la limite se justifier, mais la politique internationale de la
Tunisie s’est complètement désintégrée durant le règne de Ben
Ali qui n’est plus reçu que par des dictateurs ou, au meilleur
des cas, des présidents honorifiques.
Or, cet avion gouvernemental sert surtout pour les voyages
privés de la famille qui part régulièrement calmer son avidité
au Boulevard St Honoré et va frimer aux frais de l’État à St
Tropez ou ailleurs.
Comme si cela ne suffisait pas, voici que Ben Ali décide de
faire acheter par Tunisair un nouvel avion, un A340 qui coûte,
au prix catalogue d’Airbus, 280 millions d’euros ; auxquels il
faut ajouter les frais de réaménagement qui font que cet avion
coûtera, à sa livraison, à peu prés 600 milliards. De quoi
relancer le développement de plusieurs régions du pays et donner
du travail à des dizaines de milliers de chômeurs.
Pour comparaison, l’achat par le gouvernement français d’un
A320 usagé a provoqué un tollé général en France. Or, l’avion de
M. Ben Ali coûtera le prix de 8 (huit) A320, et ce, pour un pays
dont le PIB est des centaines de fois inférieur à celui de la
France.
Il faut également ajouter qu’à la suite de cet achat noyé
dans une grosse commande de Tunisair, messieurs Sakhr el Matri
et Belhassen Trabelsi ont acheté deux avions privés.
carthago airlines & nouvelair
Concernant les licences accordées aux compagnies aériennes :
Licence accordée à Slim Chiboub et Aziz Miled pour Nouvelair.
Licence accordée à Belhassen Trabelsi pour Carthago-airlines
et fusion de Carthago et de Nouvelair après la disgrâce de Slim
Chiboub.
LA GESTION DES SERVICES DE L’AEROPORT DE TUNIS
La concession du premier opérateur privé pour la gestion de
la logistique des services de l’OPAT a été accordée dans une
opacité totale à la société MAS. Encore une fois, c’est un
gendre de Ben Ali, M. Slim Zarrouk, qui en est le bénéficiaire.
Dans quelles conditions financières et pourquoi lui ?
Appel d’offreS pour la privatisation des free-shops
La société qui a été retenue pour l’attribution de la licence
des Free-Shops est la Sté Weitnauer qui était chapeautée par
Sofiene Ben Ali et Abderahmane Tlili. Ce dernier a ensuite été
mis hors-circuit.
La Compagnie Tunisienne de Navigation
La CTN, compagnie de navigation historique, qui a joué depuis
l’Indépendance un rôle exceptionnel dans l’économie du pays, est
aussi visée par les proches de Ben Ali, surtout depuis que le
jeune Sakhr el Matri a ouvert son village pour croisiéristes.
Avant la privatisation prévue de la CTN, la compagnie a reçu
l’ordre de commander à coup de centaines de milliards de
nouveaux navires qui ne seront livrés qu’une fois la CTN
privatisée, et ce, pour le bénéfice des futurs preneurs qui sont
déjà choisis par le pouvoir.
Imed trabelsi et la CTN
Imed Trabelsi, connu pour ses frasques dont le vol et recel
de yachts et une multitude d’opérations douteuses, a également
créé à lui tout seul une nouvelle ligne pour la CTN reliant Sfax
à Tripoli. Il a laissé une ardoise de plusieurs centaines de
milliers de dinars à la CTN.
téléphonie
tunisiana
L’État tunisien se fait voler des centaines de millions de
dinars par les « Premières Dames » de Tunisie et de Palestine.
Pourquoi la deuxième concession de téléphonie mobile a-t-elle
été accordée à El Sawiress, un ami de Mme Arafat ? Parce que Mme
Arafat a demandé à son amie, Mme Ben Ali d’intercéder en sa
faveur contre une somme faramineuse.
Encore une fois, dans cette affaire, c’est l’État tunisien
qui s’est fait voler une somme d’à peu près 400 millions de
dinars.
L’ouverture des offres pour la licence de téléphonie mobile a
révélé que VIVENDI était le mieux placé pour l’emporter. Mais
pour leur propre intérêt, les proches de M. Ben Ali ont averti
ORASCOM pour qu’il fasse une contre-offre supérieure à celle de
VIVENDI.
Six mois après avoir obtenu la licence, ORASCOM n’avait
toujours pas réglé le gouvernement tunisien. Après plusieurs
menaces du ministère des Télécoms pour annuler la transaction,
les proches de Ben Ali et à leur tête Mongi Safra ont concocté
une solution miracle qui restera dans les annales de l’histoire
des détournements de biens public de la planète : un groupe de
financiers s’est réuni pour accorder à Orascom un crédit avec un
pool bancaire 100% tunisien. Et la licence, accordée à une
société étrangère, a donc fini par être payée avec un chèque en
dinars tunisiens ! Ce sont donc les banques tunisiennes qui ont
offert Tunisiana à Orascom !
Cette affaire a provoqué des remous jusqu’à la Banque
Mondiale qui, constatant ces irrégularités flagrantes, a décidé
d’annuler un crédit bancaire à long terme de 250 millions de
dollars au bénéfice de la Tunisie. Cette institution financière
internationale qui depuis l’Indépendance a toujours soutenu le
développement de la Tunisie, se méfie désormais de toute
opération concernant notre pays.
L’affaire TUNISIANA n’est qu’un épisode des frasques des deux
« Premières Dames » qui ont également défrayé la chronique par
la création de l’ISC.
L’AFFAIRE WATANIA-QTEL / SAKHR EL MATRI
La téléphonie mobile étant une activité délicate pour la
sécurité du pays, la Tunisie n’a pas manqué, comme cela se fait
partout ailleurs, de conditionner la vente de parts des
entreprises de téléphonie à approbation préalable.
Watania-Qtel, propriétaire de 50% de Tunisiana, a décidé
d’acquérir les 50% restants. Or, pour obtenir l’aval du
gouvernement tunisien, Watania Qtel a« offert »à Skhar el Matri
25 % de l’affaire en contrepartie de l’aval du gouvernement et
de la promesse d’obtention d’une licence 3G.
Tout le montage financier dont on parle dans les médias
tunisiens est pur mensonge, nous publierons ultérieurement les
documents prouvant la malversation.
ORANGE
Les opérations se suivent et se ressemblent, la licence du
troisième opérateur téléphonique a été accordée à la fille du
président, Cyrine Ben Ali, qui est également, à travers Planet
Tunisie, le principal fournisseur d’accès Internet du pays.
ORANGE, suite :
Le contrat signé entre ORANGE et l’État tunisien prévoyait
une clause de non concurrence d’une année concernant la licence
3G.
Ce contrat stipulait que si la licence 3G était accordée dans
l’année à un autre opérateur, l’État se verrait obligé de
rembourser 70 millions de dinars du montant de la licence.
Il est étonnant que l’État n’ait pas su attendre une année
avant d’accorder à un autre opérateur une licence 3G. La Tunisie
a ainsi perdu 70 millions de dinars.
MEDIAS
La famille Ben Ali est aujourd’hui à la tête d’un empire
médiatique sans précédent dans l’histoire. Cet empire couvre
tous les secteurs médiatiques, de la presse écrite à la
télévision.
RADIO MOSAIQUE FM
Il était clair que les médias aussi allaient subir la razzia
de la famille de Ben Ali. Non seulement pour des raisons
économiques, mais aussi pour des raisons d’influence politique.
En effet, dans leur folie des grandeurs, les proches de Ben Ali
se sont crus aptes à prendre le pouvoir, c’est ainsi qu’ils ont
investi à tour de bras dans les médias. Radio, journaux, agences
de publicité. Nous nous en tiendrons ici aux grands médias.
C’est ainsi que la licence de la première radio privée a été
accordée à un groupe d’hommes d’affaires dont Belhassen
Trabelsi, majoritaire, est comme par hasard le frère de Mme Ben
Ali.
Pour couper court aux rumeurs, la licence a été accordée au
nom de M. Boutar, prête-nom et P.D.-G. de ladite radio.
CHAMS FM
Autre radio privée, mais même système : la licence de CHAMS
FM a été accordée à la fille Ben Ali épouse Mabrouk. Le
prête-nom est Fathi Bhouri, ancien directeur général de Planet
Tunisie, dont elle est également propriétaire.
ZITOUNA FM
L’imagination ne fait pas partie des proches du régime : la
licence de ZITOUNA FM a été accordée à Sakhr el Matri, gendre du
président qui, à travers cette radio « islamisante », veut se
faire passer pour un « véritable musulman » et acquérir les
faveurs du peuple.
JAWHARA FM
Pour ne pas être en reste, évoquons la radio FM du Sahel. La
licence a été donnée à M. Néji Mhiri, ami personnel de Ben Ali
et administrateur à la Banque Centrale de Tunisie alors qu’il
doit environ 600 millions de dinars aux banques tunisiennes !
EXPRESS FM
Quant à la toute nouvelle radio économique, EXPRESS FM, elle
appartient au frère de Mme Ben Ali, Belhassen Trabelsi, encore
lui, associé à M. Ben Rayana, de la société MAC, qui a présidé à
l’entrée en bourse de Carthage Cement, l’un des plus gros
scandales du pays, nous y reviendrons.
Toujours dans le paysage audio-visuel tunisien, évoquons :
CARTHAGE TV
Non content d’avoir, avec leur société de production CACTUS,
complètement phagocyté la télévision nationale avec la vente de
programmes achetés clé en main et la production de séries
vendues à l’avance avec l’appropriation des plages
publicitaires, Belhassen Trabelsi et Sami Fehri décident de
créer leur propre chaîne de télévision.
Il faut noter que Cactus production s’est approprié, ces
dernières années, 60 % des revenus de la chaine nationale TV7.
Les directeurs de la chaîne ont ainsi contribué à l’effacement
de toute une génération de producteurs en achetant au seul
Cactus l’écrasante majorité des programmes.
HANNIBAL TV
Même procédé complètement illégal d’accord de licence que
pour les radios.
Monsieur Mohamed Nasra, époux d’une proche de Mme Ben Ali a
obtenu la première licence privée de télévision. Il a d’ailleurs
contribué de façon exceptionnelle à l’abêtissement de la société
tunisienne en présentant des débats nerveux qui ne concernent
jamais les questions essentielles que tous les Tunisiens se
posent.
Il faut également mentionner qu’Hannibal TV doit au fisc
tunisien plus de 5 millions de dinars et que les ordres de
laisser faire partent directement de la Présidence de la
République !
D’autre part, comme si tout ceci ne suffisait pas, le patron
d’Hannibal TV jouit d’une immunité de fait devant les tribunaux.
Il ne paie aucun fournisseur de sa chaîne et ne verse aucun
droit de retransmission à la Fédération tunisienne de football,
privant ainsi les clubs de football d’une source de revenus très
importante.
groupe dar assabah
A la suite d’une dispute au sein de la famille propriétaire
du groupe de presse Dar Assabah, Sakhr el Matri a racheté
l’affaire.
Le groupe Assabah publie, entre autres titres, les journaux
Assabah et Le Temps.
Le contrôle des médias en Tunisie est complété par le système
mis en place par l’un des piliers du régime, M. Abdelwahab
Abdallah, qui contrôle tout le reste des médias grâce à une
agence d’État :
L’ATCE
L’Agence Tunisienne de Communication Extérieure est
l’organisme mis en place par Abdelwahab Abdallah pour mettre au
pas les médias qui aspireraient à une quelconque liberté
d’expression et contrôler ainsi toute émergence d’une société
civile.
L’ATCE gère le budget publicitaire de toutes les entreprises
étatiques et l’utilise pour soumettre les médias à l’autorité de
M. Abdelwahab Abdallah.
Exemple : un média tunisien s’exprime d’une façon qui ne
plait pas au régime. Immédiatement, le service des commandes
publicitaires de l’ATCE est averti et retire à ce média toutes
les publicités étatiques qui lui sont dévolues. Il ne reste
alors qu’un seul choix au responsable du média en question : se
limiter aux insertions du secteur privé. Or, Abdelwahab Abdallah
et ses sbires vont jusqu’à influencer les choix publicitaires
des entreprises privées en appelant les responsables pour leur
conseiller de retirer leur budget au média en question.
Mais il ne faut pas croire que l’essentiel de cet argent va
aux médias amis. Plusieurs millions d’euros de l’ATCE (donc des
entreprises publiques) sont destinés à financer la communication
extérieure de M. Abdelwahab Abdallah en payant à tour de bras :
• des médias réputés indépendants (Jeune Afrique, Arabies,
Tunisie PLUS…)
• des responsables politiques étrangers.
• des auteurs de livres qui font l’apologie du régime, comme
ceux du journaliste-mercenaire Salvatore Lombardo qui présente
Ben Ali comme une grande personnalité politique internationale,
porteuse d’un grand message humanitaire.
En même temps, l’ATCE compte, partout dans le monde, des
protégés, des agents qui, à la première alerte politique,
écrivent des articles et produisent des reportages soulignant
l’excellente gouvernance de la Tunisie. Il est utile de préciser
que ce ne sont que les médias nationaux qui reproduisent
l’essentiel de ces articles et reportages, et ce, pour mieux
tromper les Tunisiens en voulant leur faire croire que les
médias internationaux parlent de la « réussite de la Tunisie de
Ben Ali » alors qu’il ne s’agit que de journalistes payés.
La communication politique de M. Abdallah s’évertue
également, envers l’opinion publique étrangère, à présenter Ben
Ali comme un bouclier contre l’islamisme radical. A chaque
crisette ou crise, ses journalistes-agents véreux crient au loup
: « Les islamistes veulent prendre le pouvoir » ! Or la
population tunisienne dans son écrasante majorité a toujours
renié l’islamisme radical. Seul le comportement indigne et
irresponsable des proches du régime pousse les Tunisiens vers
l’extrémisme.
D’ailleurs, nous avons appris que face à la révolte actuelle,
les conseillers politiques de Ben Ali ont évoqué la nécessité
d’une grande manipulation destinée à détourner la population de
ses revendications légitimes. En effet, une action terroriste
islamiste commanditée par le pouvoir serait en gestation. C’est
tout ce que ces conseillers de Ben Ali auraient trouvé pour
salir cette révolte non violente et légitime. Cette recette
consistant à brandir l’épouvantail de l’islamisme radical est
une recette vieillotte qui ne trompe plus personne et qui
renvoie à chaque fois aux calendes grecques les réformes
nécessaires au pays.
Les manœuvres de désinformation à grande échelle sont subies
par la Tunisie depuis les premières années du régime de Ben Ali.
Mais la nullité de la communication politique tunisienne a
détourné l’ensemble de la population vers les chaînes
étrangères, Al Jazera en premier lieu.
En fait, la politique de communication dirigée par M.
Abdallah est un véritable désastre national : l’ensemble de la
population ne fait plus aucune confiance aux médias nationaux
qui ont par ailleurs été durement visés par les slogans des
manifestants de l’hiver 2010/2011 qui font l’apologie d’Al
Jazeera.
Il faut aussi rajouter à l’actif de M. Abdelwahab Abdallah
l’une des plus stupides opérations de censure de toute la
planète. En effet, à la fin des années 90, un livre dénonçant
les dérives de Ben Ali étant paru à Paris, Monsieur Abdallah
donna l’ordre d’acheter tous les exemplaires. C’est ainsi qu’il
propulsa ce livre au top des ventes, lui donnant un succès et
une notoriété inespérés.
Cette leçon n’a même pas servi à Monsieur Abdallah, car une
autre version de la même bêtise a été renouvelée une décennie
plus tard concernant le livre « La Régente de Carthage ». La
plainte déposée sans base juridique devant le tribunal des
référés à Paris par Me Samia Maktouf, dont l’habileté s’est
limitée à l’obtention des faveurs de Mme Ben Ali, a donné au
livre un coup de pouce publicitaire sans précédent puisque tous
les journaux en ont parlé. Autre conséquence des limites
intellectuelles de ces deux conseillers politiques de Ben Ali :
la campagne de fouilles opérée durant des mois aux aéroports
tunisiens à la suite de la publication de « La Régente de
Carthage » restera dans les annales : les douaniers et policiers
avaient reçu l’ordre de demander à tous les arrivants en Tunisie
: « Avez-vous des livres dans vos bagages ? ». Beaucoup ont dû
croire que les livres, comme la drogue ou les explosifs, étaient
interdits en Tunisie.
Triste résultat pour l’un des rares pays au monde ayant 3000
ans de civilisation.
l’immobilier
Faire une liste des biens et opérations immobilières
concernant la famille élargie de Ben Ali est une opération de
longue haleine.
Nous citerons, dans le tas, la razzia opérée par Belhassen
Trabelsi sur les maisons de Sidi Bou Said et l’acquisition au
dinar symbolique du village touristique construit autour du port
de Sidi Bou Said et le groupe des hôtels Carthago vendu
dernièrement au libyen Leico.
A Gammarth, Slim Chiboub et Aziz Miled ont construit une
marina.
La zone « Les Côtes de Carthage » a été presque entièrement
distribuée par l’Agence Foncière Touristique aux Ben Ali,
Trabelsi, Mabrouk, etc…
La plupart des opérations immobilières du pays sont aux mains
de la famille. Ben Ali leur distribue des zones entières. Il l’a
fait pour Montassar Maherzi (époux de la sœur de Mme Ben Ali)à
Gabès, pour lui-même à la Baie des Anges au Kantaoui, il a
distribué à tour de bras des dizaines de milliers d’hectares de
terres agricoles à ses proches (Utique, Zagouan etc…).
L’agence fonciere d’habitation
L’AFH, agence étatique qui a garanti, durant des décennies,
aux foyers tunisiens à revenu faible ou moyen l’accès à la
propriété est devenue une véritable pompe à fric au bénéfice des
proches du pouvoir qui en usent pour soudoyer tous ceux qui les
soutiennent.
C’est ainsi que les proches du pouvoir mettent en danger l’un
des meilleurs acquis de l’histoire sociale de la Tunisie :
l’accession à la propriété.
LES TERRAINS DE LA SATPEC A GAMMARTH.
La SATPEC, organisme fondé pour la promotion du cinéma
tunisien, a été concédée à une société appartenant à Tarak Ben
Ammar. Mais là où le bât blesse, c’est qu’avant cette opération,
tous les terrains compris dans la concession ont été retirés et
vendus pour promotion immobilière, toujours en faveur de la
famille.
les TERRAINS De la steg
Suite à la privatisation de la Société Ennakl, celle-ci s’est
illégalement approprié un terrain public de plusieurs hectares
rendu accessible suite à la fermeture de la centrale électrique
de La Goulette. Sur ce même terrain qui possède une berge sur
les rives du Canal de Tunis, à quelques centaines de mètres du
port, M. Matri a fait construire un village touristique
comprenant un quai destiné aux bateaux de croisières et un
centre commercial de plusieurs dizaines de boutiques, le tout
bâti sur un terrain appartenant à l’État et concédé au Holding
PRINCESS (appartenant à hauteur de 90% à Ben Ali et 10% à Matri)
sans aucune consultation ni appel d’offres.
Cette véritable razzia sur les croisières, dont profitait
auparavant l’État par l’intermédiaire de l’OPAT, touche
également l’ensemble des commerçants du tourisme qui voient
petit à petit les croisiéristes limiter leur visite au port
touristique de M. Matri.
Drôle de façon de promouvoir le tourisme tunisien en limitant
la visite des touristes aux berges du canal de Tunis, alors que
le parc archéologique de Carthage, l’un des plus prestigieux de
la Méditerranée, est juste à côté.
les terrains de la sonede
Le même M. Matri n’a pas trouvé mieux pour élever un palais
des 1001 nuits que de le bâtir à Sidi Bou Said, sur un terrain
appartenant à la Compagnie tunisienne des Eaux : la SONEDE.
Comment ce terrain est-il sorti du patrimoine de la SONEDE
pour aboutir dans celui de M. et Mme Matri, les Tunisiens
aimeraient bien le savoir. Mais le vol manifeste des biens de
l’État ne suffit pas, car par la construction de ce palais, la
famille de M. Ben Ali, certainement frustrée par la richesse des
familles royales du Golfe, a exposé à tous les regard sa folie
des grandeurs car cette habitation de 8 000m2 construits
contient – outre une mosquée et un garage de plusieurs milliers
de m2 – une chambre à coucher de 700m2, sans compter les fauves
dans le jardin. L’ambassadeur des USA n’a pas manqué de le
préciser avec un humour moqueur dans un câble révélé par
Wikileaks.
Bref, la bêtise et l’avidité sont telles que la famille de M.
Matri – une digne famille tunisienne dont un ancêtre est un
héros de l’Indépendance du pays – renie les frasques du rejeton
qui s’est acoquiné avec un pouvoir dont les pratiques doivent
faire se retourner dans sa tombe le grand et digne Mahmoud el
Matri.
jardin public au bénéfice
de la famille
La Tunisie compte peu de lieux de loisirs mythiques. Il a
fallu raser le dernier d’entre eux, une boîte de nuit qui a fait
la notoriété internationale de l’ambiance nocturne tunisienne.
On a détruit cet endroit pour construire un jardin public
parsemé de lieux de loisirs tout à fait privés. En effet, un
club privé et un centre de thalassothérapie gérés par Mme Ben
Ali et sa sœur ont été édifiés sur ce terrain public.
L’investissement a été financé par le frère de Mme Ben Ali,
Belhassen Trabelsi, et son associé Hamadi Touil.
On se demande une nouvelle fois comment les mairies – qui
sont si souvent tatillonnes sur leurs privilèges – accordent
avec autant de passe-droits des concessions et des permis de
bâtir sur leurs propres domaines sans aucune consultation ni
appel d’offres.
En fait, il s’agit encore du phénomène de deux poids, deux
mesures ». Les biens de la communauté sont entièrement dévolus
aux proches de Ben Ali en faveur desquels aucune loi ne
s’applique, à part celle du plus fort.
La grande distribution
Carrefour
Licence obtenue par l’entremise de Slim Chiboub qui a
conditionné son intervention contre une somme faramineuse.
Géant
Licence obtenue par la famille Mabrouk grâce à Mme Mabrouk,
fille de Ben Ali.
Monoprix
Egalement entré dans le patrimoine des Mabrouk.
Bricorama
Affaire entièrement réalisée par M. Mahbouli puis carrément
confisquée par Imed Trabelsi.
INDUSTRIE
Outre les briquetteries qui ont fait l’objet d’une
concentration aux mains du discret mais néanmoins actif Slim
Zarrouk, époux de Ghazoua Ben Ali, il est utile de mentionner le
plus grand scandale de l’histoire financière de la Tunisie :
Carthage cement
En matière de détournement de biens publics, l’affaire
Carthage Cement est celle où les excès les plus incroyables ont
été réalisés.
Un pool industriel international mené par des Italiens a
proposé à l’État tunisien l’achat de la cimenterie de Tunis.
Après plusieurs mois de travail et après avoir obtenu
l’essentiel des autorisations nécessaires, au moment de signer
le contrat définitif avec l’État tunisien, les industriels sont
contactés par Belhassen Trabelsi qui conditionne l’accord de
l’État à 20% de l’affaire (80 millions de dinars).
Choqués par ces pratiques, les industriels se retirent,
laissant à Belhassen Trabelsi l’affaire qu’ils avaient montée.
Celui-ci procède alors à l’appropriation de plus de 400ha de
terrain (acquis au dinar symbolique) appartenant à l’État et en
flagrante irrégularité avec toutes les règles, fait entrer en
bourse Carthage Cement qui n’a aucun bilan, et ce, grâce à des
banquiers irresponsables. Pour couronner le tout, la Société
Tunisienne des Chemins de Fers se permet de financer, pour
Carthage Cement, 15 kms de voies de chemin de fer. Le ministère
des Transports et l’Assemblée Nationale n’y voient aucun
inconvénient. Ne citons pas la Cour des Comptes, la Commission
de contrôle des opérations de bourse ni tous ces organismes de
contrôle mis en place par le régime pour mieux tromper son monde
et qui harcèlent tous les Tunisiens sauf ceux qui mettent le
pays sous leur coupe réglée.
Carthage Cement constitue certainement le plus gros scandale
de l’ère Ben Ali, et ce, avec la complicité active de plusieurs
hauts responsables.
DIVERSES AFFAIRES
L’International School of Carthage.
Un terrain et une subvention d’à peu près 2 millions de
dinars du ministère de l’Education nationale accordés
gracieusement à Mmes Ben Ali et Arafat pour la création d’une
école privée !
Alors que les écoles tunisiennes subissent un manque flagrant
de budget de fonctionnement, alors que les classes sont dans un
état de délabrement avancé, un budget national est alloué à une
école élitiste privée !
Comme si tout cela ne suffisait pas, pour obliger les
Tunisiens à inscrire leurs enfants dans son école, Mme Ben Ali a
usé de tout son pouvoir pour fermer la principale institution
concurrente. Le fondateur de cette institution, M. Bouabdeli, a
été obligé de mener une véritable campagne de presse
internationale, ponctuée par la publication d’un livre, pour
pouvoir recouvrer ses droits. Sans succès.
Comme l’a révélé Wikileaks, Mme Ben Ali s’est même frottée à
l’Ecole américaine de Tunis en ordonnant au ministère des
Finances d’annuler le régime de faveur fiscale dont bénéficiait
l’institution américaine. Il faut préciser que suite à la
petitesse de ces pratiques, le gouvernement américain a revu à
la baisse ses aides économiques à la Tunisie.
Les bananes de la république
Comme cela devait se faire dans une république devenue
bananière, l’importation des bananes a été retirée à l’une des
plus prestigieuses sociétés de développement tunisienne, la
STIL, qui avait lancé, au début de la Tunisie indépendante, un
exceptionnel plan de développement du Sud et qui bénéficiait de
plusieurs monopoles d’État. L’un de ces monopoles concernait
l’importation de bananes qui été soustrait à cette société
nationale de développement pour être accordé aux membres de la
famille Trabelsi, Moncef, ancien photographe de rue et M. Jaraya,
son acolyte.
Il faut préciser que les ministres du Commerce se pressaient
pour leur signer les licences d’importation et obtenir ainsi les
faveurs du pouvoir.
La sucrerie de Bizerte
L’importation du sucre était un monopole d’Etat, mais pour
mieux se sucrer, M. Belhassen Trabelsi, frère de Mme Ben Ali, a
décidé de se substituer à ce monopole d’Etat en créant sa propre
usine à Bizerte. Il s’est même approprié une partie du port de
Bizerte pour y installer ses silos. Et ce, avec l’homme
d’affaires prête-nom Lotfi Abdenadher.
LES ALCOOLS
Comme tout État en développement, les monopoles juteux
avaient été accordés, comme nous l’avons vu plus haut, à des
Sociétés de Développement destinées à mettre à niveau l’économie
tunisienne. C’est ainsi que le monopole d’importation et de
distribution des alcools appartenait, lui aussi, à la STIL. Mais
la liquidation de cette entreprise particulièrement juteuse ne
s’est pas fait attendre et les Trabelsi ont immédiatement mis la
main sur ses divers monopoles et même sur le marché noir de
l’alcool, dont la distribution passe obligatoirement par Imed
Trabelsi.
Et c’est ainsi que l’œuvre de développement de la Tunisie a
été abandonnée au profit de quelques personnes sans envergure,
pour leur seul profit.
Des régions entières sont ainsi tombées en désuétude,
complètement abandonnées par un État devenu soucieux du seul
enrichissement de Ben Ali et de ses proches qui à leur tour
récompensent les agents véreux de l’État en leur accordant des
postes en haut lieu. L’explication de la déchéance de tout un
pays apparaît alors dans toute sa simple vérité.
Les Trabelsi et Les Ben Ali se substituent à la douane
Une multitude de sociétés officient depuis des années au vu
et au su de tout le monde pour permettre à certains commerçants
tunisiens d’importer des produits sans droits de douane avec un
prix fixe au mètre cube importé.
Les conteneurs passent la douane sans aucun contrôle. Cette
pratique avait créé un scandale en décembre 2006 à la suite
d’une attaque intégriste à Soliman. Tout le monde se demandait
si les intégristes n’avaient pas fait entrer les armes dans ces
conteneurs non contrôlés.
Cette pratique d’importation sauvage contribue à appauvrir
tout le tissu industriel tunisien, alimente le marché parallèle
de produits et d’objets volés et provoque la faillite des
honnêtes commerçants.
Les principaux bénéficiaires de ce trafic sont Jalila
Trabelsi, sœur de Madame Ben Ali, et Hayet et Kaies Ben Ali,
sœur et neveu du président et d’autres membres de la famille que
nous citerons la prochaine fois.
Imed trabelsi kidnappeur
Un homme d’affaires tunisien opérant en Libye ayant été
approché par Imed Trabelsi à propos d’un gros contrat avec la
Libye a refusé de partager l’affaire avec lui. Imed a promis
qu’il se vengerait et c’est ainsi que quelques jours plus tard,
le petit-fils de l’homme d’affaires a été enlevé.
L’affaire – grandement médiatisée – a pris des proportion
nationales, mais l’intervention de Mme Ben Ali a sauvé son neveu
du scandale.
LE THON TUNISIEN, MONOPOLE DE M. MOURAD TRABELSI, FRERE DE
MME BEN ALI
L’exportation du thon est depuis quelques années devenue
monopole personnel de Mourad Trabelsi qui est également le seul
individu autorisé en Tunisie à en faire l’élevage et à
l’exporter.
Pêche au Lac de Tunis
Le même Mourad Trabelsi a obtenu, par l’intermédiaire d’un
Italien prête-nom, le monopole de la pêche au Lac de Tunis. Son
unique contrepartie : nettoyer les algues du Lac.
Quel est le prix de la concession ; comment a-t-elle été
accordée ? Mourad Trabelsi paye-t-il des impôts en contrepartie
de ces énormes privilèges ?
La friperie
Même système, mêmes bénéficiaires. La friperie n’a pas
échappé aux proches de Ben Ali, dont elle est devenue une chasse
gardée !
Conclusion
Cette énumération est rébarbative tellement le manque
d’imagination des proches de Ben Ali est éprouvant en matière de
détournement de biens publics et autres enrichissements
illégaux.
Nous préparons un second dossier où nous poursuivrons
l’énumération de ces scandales qui ne doivent jamais être
oubliés pour que ces gens qui ont mis le pays à genoux puissent
payer un jour tous leurs méfaits.
Nous tenons également à avertir les Tunisiens des arnaques
qui sont déjà en cours de préparation, tel le déclassement du
terrain de l’ IHEC à Carthage. En effet, les proches du
Président considèrent que ce terrain, merveilleusement placé sur
le versant de l’historique Carthage, conviendrait bien mieux à
la construction de dizaines de villas pour leur compte. La même
logique a été adoptée pour le stade Zouiten, situé sur les
hauteurs du Belvédère et de Mutuelleville. La même logique a été
adoptée pour le versant sud de la colline de Gammarth où les
constructions vont très bientôt être entamées par un certain
Imed, clone de son homonyme trabelsien et prête-nom de certains
membres de la famille et qui a déjà loti un terrain
archéologique entre Carthage et La Marsa, terrain déclassé par
un ancien dirigeant de l’Institut du Patrimoine et par des
complicités au sein du ministère de la Culture, nous y
reviendrons aussi.
Nous parlerons également du neveu de Ben Ali, Monsieur Mehdi
Mlika, et de sa politique d’embellissement de l’environnement
qui s’est soldée par la simple exécution d’une « Avenue de
l’environnement » dans chaque ville de Tunisie. L’embellissement
de ces artères, qui a consisté en quelques bacs à fleurs et
terre-pleins gazonnés et quelques horreurs artistiques, a coûté
des fortunes dont les principaux bénéficiaires sont Mehdi Mlika
et Ben Ali, par l’intermédiaire d’entrepreneurs véreux qui n’ont
ramassé que des miettes. Bref ce sont les budgets des
municipalités et du ministère de l’Environnement qui en ont
pâti.
Nous évoquerons aussi le hold-up réalisé au profit de Sakhr
el Matri et du fils de Ben Ali par l’achat au nominal des
actions du groupe Nestlé détenues par la Banque Nationale
Agricole depuis une cinquantaine d’années. Nestlé International
a violemment réagi devant ces pratiques dignes des pires
républiques bananières.
Nous évoquerons aussi l’acharnement avec lequel la famille de
Ben Ali se réserve tous les marchés publics du pays, contribuant
ainsi à appauvrir l’État en imposant des prix qui n’ont rien à
voir avec la réalité des offres.
Nous parlerons du monopole accordé à Moncef Trabelsi dans le
transport des produits pétroliers dans tout le pays, nous
évoquerons les malversations ayant eu lieu autour des projets
immobiliers géants de Sama Dubai et de Boukhater et qui ont
engrangé de telles commissions qu’ils ont fini par couler malgré
des terrains acquis parfois au dinar symbolique et alors que nos
propres entrepreneurs sont écartés de ces projets juteux.
Sans oublier la résidence de St Tropez, acquise par Ben Ali
et sa femme sous la médiation de Sakhr el Matri et François
Benaceur.
Nous n’évoquerons pas la saga Imed Trabelsi/Faouzi Mahbouli
concernant Bricorama car elle est étalée en large et en travers
sur Internet.
Par contre, nous reviendrons sur l’affaire de l’aéroport des
pèlerins, construit sans appel d’offres ni consultation et ayant
coûté 10 fois son prix.
Nous parlerons aussi de l’aéroport international d’Enfida et
de la concession remportée par la Société turque TAV. Cette
société, représentée par Belhassen Trabelsi et Youssef Zarrouk,
n’était pas en mesure de payer la concession. Belhassen Trabelsi
leur a concocté, avec l’intervention de Ben Ali, un concours
bancaire en dinars tunisiens alors que le paiement était prévu
en dollars. Comment ce crédit sera remboursé alors que
l’aéroport reste désespérément désert ?
Nous dévoilerons également dans le prochain dossier d’autres
détournements de milliards de dinars à l’OACA, à la Poste, à
Tunisie Télécom, au groupe chimique, au ministère de
l’Environnement, etc.
Nous appelons les responsables honnêtes, s’il en demeure, de
réagir le plus vite possible en désignant une commission
d’enquête indépendante qui devra faire la lumière sur toutes ces
affaires.
Nous appelons également tous les responsables politiques à
saisir la gravité de la situation et à s’entendre pour déposer
Ben Ali et procéder à l’arrestation de toute la clique qui a
procédé à un véritable dépècement du pays.
Il faut avoir présent à l’esprit que ces personnes sans
scrupules sont prêtes à mettre le pays à feu et à sang pour
glaner encore quelques mois au pouvoir, de quoi leur permettre
de finaliser leurs opérations en cours.
Il faut que les consciences s’éveillent, que les responsables
politiques et ceux de la sécurité du pays, militaires compris,
cessent de faire allégeance à des individus sans foi ni loi qui
utilisent le prestige du pouvoir pour faire ce que bon leur
semble sans aucun sens des responsabilités ni même de la mesure.
Tous les responsables savent que tout ce qui est écrit ici
est vrai et nous tenons à les avertir que s’ils continuent à
faire la sourde oreille, ils se mettrons dans la position
définitive de complices de la mise à sac du pays.
Nous appelons également les responsables de la sécurité du
pays de refuser de s’engager dans des complots qui visent à
faire changer l’opinion des Tunisiens et à les garder sous un
régime qui ne peut aboutir qu’à la désintégration du pays.
Nous remercions de tout cœur tous ceux qui nous ont permis de
réaliser ce dossier, ils ne l’ont fait sans aucun calcul,
simplement par nationalisme, pour défendre ce pays qui ne mérite
pas ses dirigeants actuels.
Nous tenons encore une fois à évoquer ceux qui se sacrifient
pour que la Tunisie ne soit plus jamais à la solde de tristes
individus. Tous ceux qui défilent, se battent, parlent et
écrivent sont le fer de lance de notre pays car ils le font tout
en sachant qu’ils se battent contre l’une des pires dictatures
de notre temps.
Nous appelons tous les Tunisiens à continuer à manifester
pacifiquement leur ras le bol, à ne pas toucher aux biens
communs.
Nous appelons enfin une nouvelle fois les responsables à se
comporter avec force et honneur et à réagir à la mise à sac du
pays en déposant Ben Ali, le premier responsable de cette
situation.
Nous proposons comme alternative politique l’élévation du
premier ministre actuel, M. Mohamed Ghanouchi, au poste de
Président de la République pour une période d’une année pendant
laquelle aura lieu la consolidation de la société civile née des
événements actuels et l’organisation d’un tribunal spécial.
Nous appelons la convocation d’une Assemblée Nationale
Constituante pour un changement constitutionnel relatif au rôle
et au mandat du chef de l’État dans le sens de leur réduction
pour que plus jamais aucun individu ne confisque aux Tunisiens
leur pays.
Plus d’un demi-siècle de dictature et de culte de la
personnalité suffisent. Nous proposons que chaque futur
dirigeant de la Tunisie n’ait la possibilité de gouverner que
durant un unique et court mandat, pour laisser à la société
civile tunisienne, qui durant ces dernières semaines a
merveilleusement résisté au terrible système de Ben Ali, la
possibilité d’émerger définitivement.
Au nom de tous les Tunisiens dignes.
F.L.B.L.Q.A.Y.
Le dossier
Tunisie
Dernières mises à
jour
 |