Mahsom
Les
destructions de maisons se poursuivent dans le Néguev
Aujourd’hui :
le village d’Attir Oum al-Hiran
Fatma
Nasser
Un village bédouin - Photo AFPS
Mahsom, 25
juin 2007
www.mahsom.com/article.php?id=5609
D’importantes forces de police
et garde-frontière s’organisent à proximité de la localité
de Lahavim. L’importance de ces forces fait comprendre que le
projet est la destruction du village tout entier. Hussein
al-Refayah : « Cette politique n’a qu’un seul but :
faire de la place pour les Juifs, par l’expulsion et de la déportation
des citoyens arabes, propriétaires d’origine des terres ».
Des
centaines de policiers et de soldats, appuyés par des membres de
l’unité d’intervention spéciale de la police et des soldats
de la garde-frontière, des cavaliers, des bulldozers et des
camions, stationnent depuis les petites heures du matin près de
la localité de Lahavim, dans le Néguev, en préparation de la démolition
de maisons dans un des villages arabes de la région. Le président
du Conseil régional des villages non reconnus du Néguev, Hussein
al-Refayah, a fait savoir que le gouvernement avait l’intention
d’opérer une destruction de maisons dans le village d’Attir
Oum al-Hiran, proche de Lahavim, et qu’à voir l’ampleur des
forces, il doit s’agir de la destruction et de l’évacuation
du village tout entier. Il y a déjà un certain temps que des
ordres de destruction ont été distribués dans le village,
contre des maisons que les autorités ont déclaré avoir été bâties
sans permis. La destruction et le refus d’octroyer des permis de
bâtir constituent un pas supplémentaire dans le projet des
autorités de détruire des centaines et des milliers de maisons
arabes dans les villages non reconnus, dans le but de forcer leurs
habitants à aller dans les localités permanentes, dans la
circonscription du conseil local d’Abou Basma.
Les
villageois, qui appartiennent tous à la famille al-Kra’ayn, ont
été déportés de leurs terres lors de la création d’Israël
et ils résident dans ce village depuis des décennies. Ces dernières
années, ils ont fait l’objet de pressions et de harcèlements
incessants de la part des autorités, visant à les contraindre à
s’en aller de leur lieu de vie pour aller dans le village de
Hora ou l’un des villages de la circonscription du conseil local
d’Abou Basma.
« J’en
appelle aux leaders des citoyens arabes pour qu’ils agissent immédiatement,
qu’ils ne se contentent pas de condamner, car la situation dans
le Néguev a dépassé le stade où l’on peut se satisfaire de
protestations verbales », dit Hussein al-Refayah. « Il
y a un danger réel pour la vie des citoyens arabes dans le Néguev,
dont les autorités convoitent ce qu’il leur reste de terres et
ne reculent devant aucun moyen pour leur bannissement qui fait
partie d’une politique de transfert déclarée dans le cadre du
développement du Néguev, de l’école de Shimon Peres à celle
d’Ehoud Olmert. Cette politique n’a qu’un seul objectif :
faire de la place pour les Juifs, par l’expulsion et de la déportation
des citoyens arabes, propriétaires d’origine des terres.
Les maisons seront rebâties dans le village d’Attir
Oum al-Hiran
Fatma Nasser
Mahsom, 26
juin 2007
www.mahsom.com/article.php?id=5618
Une journée spéciale de travail
aura lieu samedi prochain dans le village non reconnu, journée au
cours de laquelle les maisons qui ont été démolies hier, sur
ordre du Ministère de l’Intérieur et de l’Administration des
terres d’Israël, seront rebâties.
Une
journée spéciale de travail aura lieu samedi prochain dans le
village non reconnu d’Attir Oum al-Hiran dans le but de rebâtir
les maisons démolies hier (lundi) sur ordre du Ministère de l’Intérieur
et de l’Administration des terres d’Israël. Le cheikh Halil
Farhoud, chef de la tribu Abou al-Qia’an qui réside dans le
village depuis 1956, a déclaré que l’opération de destruction
d’hier témoignait de ce que le gouvernement a décidé de les
expulser de leurs terres et de les concentrer dans des localités
déterminées, afin de libérer de la place pour l’établissement
de colonies réservées aux Juifs. Halil Farhoud a insisté sur le
fait que les villageois n’étaient pas d’accord d’être évacués
de leur lieu d’habitation et que pas l’ombre d’une déclaration
de l’Administration des terres d’Israël faisant offres de
compromis n’avait été adressée aux habitants.
« Les
destructions d’hier étaient un crime et une tentative de rayer
un village entier de la surface de la terre. Nous sommes déterminés
à rester là où nous sommes et de reconstruire les maisons qui
ont été démolies dans une opération aux allures d’opération
militaire destinée à expulser des gens de leurs maisons »,
a dit le cheikh Farhoud.
Le
député Talab el-Sana a dit que la police avait agi de sa propre
initiative en décidant de démolir les maisons. Selon lui, les
directives de l’Administration des terres d’Israël parlent
d’ « expulsions forcées » et pas de destruction de
maisons. Le député Talab el-Sana a expliqué que les ordres de démolition
ont été délivrés à la demande des commissions de
l’urbanisme et de la construction via le tribunal et que dès
lors, les ordres dont disposait la police n’étaient pas légaux.
En décidant de démolir les maisons, la police a empêché les
propriétaires des maisons de se tourner vers les tribunaux afin
d’obtenir des ordonnances provisoires, gelant les démolitions.
Talab
el-Sana a indiqué que vendredi, aurait lieu dans tout le Néguev
une prière de protestation au cours de laquelle des dons seront
mobilisés en faveur des propriétaires des maisons détruites.
« Il s’agit d’une guerre d’usure dont le vainqueur
sera celui qui aura la patience, la fermeté et la volonté la
plus forte pour conserver les terres. C’est pourquoi la
reconstruction des maisons constitue la réponse adéquate »,
a dit Talab el-Sana.
L’organisation
Ittijah (l’union des associations civiles arabes d’Israël) a
fait savoir que « ce qui s’est passé hier dans le Néguev
constitue un nettoyage ethnique institutionnalisé et cohérent ».
Le président de l’organisation, Amir Mahoul, a dit que la
politique de démolition n’était pas nouvelle mais que la
nouveauté résidait dans son intensité et sa brutalité.
« Il semble que le gouvernement cherche à faire passer aux
citoyens arabes le message que l’Etat ne veut pas d’eux et
souhaite les expulser et les dépouiller de leur citoyenneté et
de leurs terres. Il est important que les citoyens arabes
comprennent que la politique de destruction et d’expulsion dans
le Néguev constitue un nettoyage ethnique aux termes des
conventions internationales. Dans tout pays du monde, pareil acte
serait déclaré être un nettoyage ethnique, mais lorsqu’il
s’agit d’Israël, on ferme les yeux », a dit Amir Mahoul.
De
son côté, le député Ibrahim Sarsour (de la coalition
Ra’am-Ta’al) a dit qu’il fallait mettre sur pied un fonds
national arabe pour financer la reconstruction de chaque maison
arabe qui serait démolie dans le Néguev et en Galilée. Selon
lui, l’Etat d’Israël a déclaré la guerre à la présence
arabe dans le Néguev et les citoyens arabes doivent réagir en
conséquence.
(Traduction
de l'hébreu : Michel Ghys)
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