Sleiman intervient dans la formation du
gouvernement et Siniora fait monter les exigences.
Le sommet spirituel qui s’est tenu hier à Baabda, le
discours d’ouverture du président, la déclaration commune de
ce sommet dans sa dimension folklorique, et le déjeuner qui
l’a suivi, ont clairement révélé trois vérités :
Premièrement : Le
climat d’entente qui régnait lors du sommet qui a réuni 15
personnalités religieuses n’a pas dépassé les murs du palais
présidentiel malgré que la déclaration commune de ce sommet
appelle à rejeter la violence, à soutenir le nouveau mandat
et à former un gouvernement au plus vite …
Deuxièmement : Il
faudrait plus qu’un sommet spirituel pour réduire l’écart
important entre les aspirations spirituelles déclarées et la
réalité politique condamnée par l’absence de confiance entre
le parti du 14 mars et l’opposition.
Et troisièmement :
Le président de la république a pris conscience de la
nécessité de son intervention dans la formation du nouveau
cabinet qui se complique et de sa participation à lever les
obstacles par ce qui a été qualifié de « tentative
bâtisseuse » pour sortir de cette crise qui corrompt l’image
du nouveau mandat et rappelle celle des derniers jours du
mandat du président Lahoud.
Le paysage
politique qui a accompagné ce sommet s’est caractérisé par
une montée de l’obstination de la majorité qui a porté un
coup au climat d’entente et de modération souhaité, et
notamment à l’issue des incidents sécuritaires graves
auxquels a assisté le pays les dernières en date étant les
affrontements violents entre Kabbe et Jabal Mohsen dans la
capitale du Nord. La majorité a refusé toutes les
propositions faites pour résoudre la situation. Elle a ainsi
rejeté la proposition faite par le chef du Bloc du
Changement et de la Réforme consistant à attribuer le
ministère des Affaires Etrangères à un maronite que
désignerait le général Aoun et le ministère de l’intérieur à
un chiite que choisira le président de la république et a
insisté pour que ce dernier choisisse un sunnite pour le
ministère de l’intérieur et un chiite du 14 mars pour les
Finances. Elle a également refusé que le général Aoun nomme
un chiite pour les Affaires Etrangères, a refusé de lui
donner un portefeuille souverainiste, et n’a pas donné son
accord à lui attribuer le ministère des télécoms, ce qui
montre que le premier ministre désigné n’est pas prêt à
négocier les deux ministères des Télécoms et de la Justice
sous prétexte qu’ils sont directement concernés par
l’enquête internationale sur la mort de Hariri. La première
détenant des informations sur les communications qui ont
précédé l’attentat et celles qui l’ont suivi et la deuxième
pour sa relation avec la justice et les tribunaux concernés
par l’enquête. Il faudrait pourtant rappeler que toutes les
informations et documents détenus par ces deux ministères
sont entre les mains de la Commission d’Enquête
Internationale et que l’opposition ne s’oppose pas au
Tribunal International et encore moins le Général Aoun qui
était le premier à le demander.
Le Président du
parlement, Nabih Berry a qualifié ce climat créé par la
majorité de « situation qui n’encourage pas et ne rassure
pas» tandis que Siniora parle de « petite tempête » ignorant
que les tempêtes sécuritaires qui ont secoué Beyrouth, la
Bekaa, Kabbe et Jabal Mohsen sont le résultat de l’escalade
sur le plan politique et du confessionnalisme que le sommet
a tenté de résoudre. Ceci confirme les doutes de certains
observateurs qui pensent que le parti du 14 mars a voulu
faire d’une pierre deux coups : rejeter ce qui a été fait
lors du sommet et couper la route au Président de la
République qui veut intervenir dans la formation du
gouvernement. Dans ce contexte, les paroles de Nabih Berry
sont très représentatives de la situation : « l’argent
récolté lors du sommet de Vienne ne suffit pas pour
reconstruire ce qui a été détruit à Tripoli pendant que se
tenait ce sommet ».
Le processus de
formation du gouvernement ressemble à un champ de mines. La
majorité tient à garder des ministères souverainistes à des
fins électorales sous prétexte qu’ils sont concernés par
l’Enquête Internationale sur laquelle les libanais n’ont
pourtant plus aucun pouvoir ou possibilité de nuisance. Tout
ceci vise à embarrasser le général Aoun et l’opposition en
leur donnant les restes et les qataris ne semblent pas prêts
d’intervenir.
Quant aux « Idées
bâtisseuses » précédemment évoquées, elles dépendent de deux
choses : la première étant la capacité et l’efficacité du
président de la république à lever les obstacles qui
bloquent la formation du gouvernement avant que l’image de
son mandat ne soit entièrement ternie, et la deuxième étant
la volonté du parti du 14 mars à soutenir le mandat et à se
plier à la déclaration du sommet spirituel sachant que les
déclarations d’intentions de ce parti sont contradictoires
avec leurs agissements.
Le président de la
république : Appelle à construire les capacités de l’Etat
pour que règne la loi
Siniora : Je ne me
limiterai pas à un délai et je reste le candidat de la
majorité
Minbar el Wehda :
Que le premier ministre désigné se retire s’il est incapable
de former un gouvernement
Ayoub Hmayyed :
Le conflit itinérant ne supporterait aucun délai
Hussein El Hajj
Hassan : Siniora accuse gratuitement et la majorité devrait
éviter le conflit
Ibrahim Kanaan :
A demandé aux « forces libanaises » de prendre une position
concernant de la loi électorale
Nagib Mikati :
Nous craignons que le mandat ne s’use trop tôt. La situation
précaire dans le Nord est aggravée par le retard dans la
formation du gouvernement
Le président
Karami : A appelé le Mufti Kabbani à suivre l’exemple du
Mufti Chaar
Boutros Harb : Le
sort du pays est relié à la formation du gouvernement
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Publié le 28 juin 2008 avec l'aimable autorisation du RPL