•Les nouvelles guerres colonialistes
s’étendent à tout le Sud de la Planète, rappelant la période
allant de la fin du XIX° siècle jusqu’à la fin de la seconde
guerre mondiale (au milieu du XX° siècle), c’est-à-dire la
période de la distribution des parts du « marché mondial »
entre les grandes puissances et, surtout, la mainmise de ces
puissances sur les sources d’énergie et de richesses que
recèle le terre.
•Cette crise et ces guerres sont très visibles dans la
région arabe, dans ses deux parties orientale et
occidentale, tant par la situation en Palestine qu’au Liban
ou, encore, en Irak et, nouvellement, au Yémen et au Soudan.
I. La crise
capitaliste
A. Les Etats-Unis
La plupart des rapports et des analyses parus au début de
2010 s’accordent pour dire que les résultats de la première
année de l’administration du nouveau président étasunien
Barak Obama fut, pour tous ceux qui l’avaient appuyé et
s’étaient enthousiasmé de sa venue au pouvoir, une déception
générale et sur tous les plans. En effet, il est très vite
apparu la grande différence entre les promesses tenues par
le candidat à la présidence et les politiques entreprises
par Obama en tant que président des Etats-Unis, et qui ne
manquent pas de rappeler son prédécesseur George W. Bush ;
faits attendus, vu que ce n’est, généralement, pas le
président qui peut, à lui seul, prendre les grandes
décisions, surtout en matière de politique économique.
-Ces rapports économiques, tant officiels
que privés, mettent en avant des changements dangereux dans
deux indices importants :
•Le premier est l’indice des saisies immobilières
qui se sont élevées à 3 millions ; les Etats de la Floride,
de l’Arizona, de la Californie et du Nevada venant au
premier rang.
De plus, il est noté que plus d’un million de jeunes, qui
avaient acheté un appartement durant la seconde moitié de
l’an 2009 ou qui ont besoin d’un appartement, vont, soit
céder leur logement, soit s’abstenir d’en avoir un, à cause
de l’exacerbation de la crise et de ses répercussions
sociales prévues.
•Le second, le plus important, a rapport avec la
crise de l’emploi.
Le chômage croît à vue d’œil. Le rapport du « Bureau de
statistique sur l’emploi » a noté une réelle augmentation du
chômage déclaré et camouflé dont le taux est devenu 16,9% de
l’ensemble de la population active ; il se répartit comme
suit : 14,7 millions de chômeurs qui n’ont aucune
possibilité de trouver du travail (9,8% de la population
active) ; 9 millions qui ont un travail partiel ; 2,3
millions ont un travail intermittent dont le revenu est très
loin d’être
Suffisant.
-En plus de ces indices, qui avaient
constitué les détonateurs de la crise économique, il est
nécessaire d’attirer l’attention sur deux autres points :
•Le premier, et malgré des déclarations très «
rigoureuses », l’administration de Barak Obama continue à
accorder une aide financière importante aux banques, dont,
dernièrement, un prêt de 90 milliards de dollars.
•Le second réside dans la poursuite de l’escalade
des dépenses militaires, à commencer par les nouvelles bases
en Amérique latine, en passant par les nouvelles
intervention militaires, tant au Yémen qu’à Haïti (sous
prétexte d’apporter aide et assistance au peuple haïtien
sinistré) ou au Soudan, pour aboutir à l’escalade en
Afghanistan où de nouvelles troupes sont envoyées (30
mille), renforcées par un budget illimité aux opérations de
la CIA, parmi lesquelles des assassinats menés à partir de
drones très performants nouvellement créés.
Tous ces aspects réunis montrent que la
nouvelle administration aux Etats-Unis poursuit les
politiques néolibérales sauvages. Elle va dans le sens
d’imposer des tendances économiques et militaires nouvelles
aux alliés de Washington, dont : des aides imposées aux pays
arabes pétroliers, la baisse du prix du dollar et des
intérêts sur le dollar, les nouvelles guerres qui feraient
travailler les usines d’armes et permettraient aux sociétés
transnationales d’asseoir leur mainmise sur le monde.
B. L’Europe et l’Union européenne
Quant à la situation en Europe et, plus spécifiquement, dans
la zone de l’Euro, elle ne va guère mieux. Au contraire ;
les dirigeants de l’UE sont de plus en plus impliqués dans
les objectifs militaristes étasuniens, en particulier dans
les pays du Moyen et de l’Extrême Orient (l’Afghanistan, le
Yémen, l’Iran) : ils dépensent beaucoup d’argent dans des
guerres qui ne sont pas les leurs, tandis que les économies
des pays relevant de l’Union vivent une forte
récession et un chômage qui touche des millions de
personnes.
Les rapports parlent de difficultés
économiques, financières et monétaires pouvant aboutir à des
crashs, tant en Espagne qu’en Grèce, au Portugal et en
Italie. Ils ajoutent aussi que le chômage a grimpé jusqu’au
seuil de 10% (9,89%) de l’ensemble des forces actives, ce
qui donne le chiffre de 23,519 millions de personnes.
Ce taux de chômage est le plus élevé
depuis 10 ans ; d’ailleurs, il faut noter que l’augmentation
mensuelle enregistrée durant la seconde moitié de 2009, fut
de 1%. La Banque centrale espagnole, quant à elle, ajoute
que le chômage en Espagne est près de 17% ; ce chiffre ira
augmentant pour atteindre, à la fin de 2010, 19,4%. Les
femmes actives sont celles qui subissent le plus de
pression, vu que les répercussions de la crise se traduisent
parmi elles par le taux de chômage le plus élevé ; elles
sont suivies de près par les jeunes et les nouveaux venus
dans le monde du travail. Ce qui laisse supposer que le
chômage ne manquera pas d’avoir des répercussions sur la
sécurité sociale et les autres caisses complémentaires.
II. La situation
arabe
Le monde arabe et la région
moyen-orientale sont considérés comme zones principales pour
l’exécution des directives étasuniennes dans les domaines
économiques et militaires.
Pour asseoir leur mainmise sur la région
arabe, les Etats-Unis ont recours à la politique dite « de
la carotte et du bâton », fixant leurs priorités à court
terme et selon leurs intérêts tactiques. Voilà pourquoi
Washington, tout en poussant vers l’escalade militaire sur
le front du Yémen, de « La corne africaine » et du Soudan, a
eu recours à calmer la situation sur le front syrien
et libanais, d’abord, en aidant à la réconciliation entre
l’Arabie saoudite et la Syrie, en acceptant le rapprochement
syrien avec la Turquie et, ensuite, en déclarant, par la
voix de leur envoyé spécial au Moyen Orient, Georges
Mitchell, que la « Syrie a un important rôle à jouer »
dans le projet étasunien visant à normaliser les relations
entre Israël et les pays arabes.
A. Le problème palestinien
Le retour de Georges Mitchell dans la région et ses
déclarations concernant la Palestine marquent un accord
complet entre les Etats-Unis et Israël en ce qui concerne la
solution de ce problème. Pour Mitchell, à l’instar de sa
ministre des affaires étrangères, les négociations entre
palestiniens et Israéliens doivent reprendre sans conditions
préalables, mais, surtout, dans une atmosphère de calme et
de non violence (sous entendre : l’arrêt de toute forme de
résistance de la part des palestiniens). De plus, une grande
partie de sa tournée est consacrée au retour des
négociations indirectes entre la Syrie et Israël.
De plus, certains journaux (dont « Al
Qods al arabia ») ont fait état d’un nouveau projet
étasunien, mis au point par la CIA, préconisant la création
d’une « Confédération des terres saintes » entre la
Jordanie, Israël et l’Etat palestinien (s’il est proclamé).
Ce projet se base sur les des idées déjà avancées, en 1982,
par Shimon Pérès ; il prend comme point de départ le fait
que l’avenir de la ville d’Al Qods et le droit au retour
constituent les deux problèmes à résoudre et que ces deux
problèmes ne peuvent trouver une solution stable qu’au sein
d’un Etat confédéral qui déclarerait Al Qods « ville ouverte
» et chercherait à mettre au point des solutions à long
terme au retour des Palestiniens dans leur patrie!...
Partant de ce projet, qui pourrait
aboutir -s’il est adopté- à liquider la cause palestinienne,
Israël mène sa nouvelle agression contre les habitants de
Gaza ainsi que les mesures visant à l’étrangler (la
construction du mur d’acier ou le blocus maritime). De plus,
le gouvernement israélien hausse le ton contre les
Palestiniens de 1948 et poursuit la « judaïsation » de
la partie orientale d’Al Qods. Tout cela à un moment où les
divisions palestiniennes intestines s’exacerbent et
affaiblissent les forces qui auraient dû œuvrer, ensemble,
afin de faire face au nouveau projet américano-israélien.
A partir de ce qui précède, le Parti
Communiste libanais trouve qu’il est indispensable, pour les
forces de la gauche arabe, de revenir aux décisions prises
lors de la conférence internationale extraordinaire de Damas
(septembre 2009) et, en premier lieu, à la proclamation
unilatérale, de la part des forces palestiniennes, de l’Etat
palestinien autonome, à mettre un programme visant à lever
le blocus imposé à Gaza et, enfin, à imposer à Israël la
mise en exécution de la résolution 194 des Nations-Unies,
notamment ce qui a rapport avec le droit au retour.
B. Les deux problèmes du Yémen et du
Soudan
Concernant le problème yéménite, une nouveauté est à prendre
en considération : l’entrée directe de l’Arabie saoudite,
pour la première fois de son histoire, dans le conflit armé
du Yémen. Ce développement nouveau montre l’importance du
Yémen dans la stratégie future des Etats-Unis dans la
région, tant parce qu’il constitue un lieu de passage vers
l’Afrique (détroit de Bâb El Mandab), vers Djibouti, la
Somalie et l’Ethiopie que par les longues frontières qu’il
possède avec l’Arabie saoudite et, aussi, par l’importante
influence iranienne sur une partie de sa population
(chiite). C’est pourquoi nous avons vu Washington et Londres
se hâter, à la suite de l’échec militaire saoudien, à
adopter une politique d’escalade, profitant, pour ce faire,
de l’affaire de « l’avion américain », venue à point pour
donner l’alibi nécessaire à Washington et lui permettre de
rappeler ce qui s’était passé le 11 septembre 2001 et de
déclarer qu’il va prendre toutes les mesures nécessaires
afin de « sauvegarder » le Yémen contre le terrorisme.
Pendant ce temps, le président étasunien Barak Obama «
promettait » de renforcer la sécurité dans le monde tandis
que le premier ministre britannique Gordon Brown haussait le
ton contre « le danger croissant du Yémen et du Soudan «,
appelant à mettre ce problème à l’ordre du jour du Conseil
des affaires générales de l’Union européenne.
Concluons en disant que ce qui se passe
aujourd’hui au Yémen, au Sud (où il est à nouveau question
pour certains de recourir à une politique scissionniste)
comme au Nord, confirme le fait que les Etats-Unis et
la Grande Bretagne tentent de morceler ce pays, à la manière
de l’Irak. De même, les Etats-Unis œuvrent dans le sens du
morcellement du Soudan en trois Etats antagonistes, ce qui
leur facilitera de mettre la main sur les richesses minières
découvertes à Darfour et dans le Sud.
III. La situation
au Liban
Nous avions déjà précisé que le Liban se
trouve, momentanément, dans une zone de non-conflit par
rapport à la stratégie des Etats-Unis ; cependant, cette
situation est très fragile et peut changer à tout instant si
Washington ou Tel Aviv trouvent le besoin de faire pression
sur l’Iran ou sur la Syrie pour les emmener à accepter
certains aspects de la solution préconisée pour la
Palestine. C’est dans ce sens que nous devrions comprendre
les menaces lancées par Netanyahu et les nouvelles manœuvres
qu’Israël prépare sur nos frontières.
Le gouvernement libanais, quant à lui,
profite de cette accalmie pour renforcer, généralement, sa
mainmise sur l’économie et la situation sociale.. Pendant ce
temps, chacune des différentes parties de l’alliance
bourgeoise au pouvoir tente d’agrandir sa part au sein
du régime, tant à travers le retour aux projets de
privatisations préconisés durant la troisième conférence de
Paris que par le biais de nouveaux projets économiques liant
plus encore le Liban à la politique du Fonds monétaire
international. Nous nous contenterons de citer, en plus de
la diminution des retraites toujours pris comme exemple, le
projet dit de « la couverture sociale » qui constitue, en
fait, une tentative nouvelle pour liquider la Caisse
nationale de sécurité sociale. Sans oublier, non plus, le
projet qui se prépare sur le plan des anciens loyers.
En dehors de ces projets, le nouveau
gouvernement n’a présenté que des solutions partielles pour
résoudre le problème des coupures du courant électrique
comme pour le déficit du budget… par contre, les coupures du
courant augmentent et les impôts indirects sur les
carburants ont augmenté vingt fois en un an, entre 2008 et
2009, puisque les rentrées sont passées de 44,8 milliards de
livres libanaises (2008) à 925,4 milliards (2009). Ajoutons
à tout cela que la dette publique continue à augmenter ainsi
que les intérêts exorbitants que l’Etat paie aux banques et
qui vont dans quelques poches bien choisies.
D’un autre côté, le chômage poursuit sa
montée, surtout parmi les jeunes et les nouveaux venus sur
le marché du travail qui ne trouvent pas où se placer, y
compris dans les pays arabes pétroliers très touchés par la
crise du capitalisme. Et les régions libanaises, en dehors
de la capitale et d’une ceinture environnante de 200 km
carrés, vivent de plus en plus pauvrement.
Sur le plan de l’administration, on note
la présence de 20 000 postes vacants ; cependant, les
parties au pouvoir se déchirent pour augmenter leurs parts
dans ce gâteau : ce qui remet aux calendes grecques l’étude
de la fonction publique. Pendant ce temps, certains postes
sont remplis en ayant recours à des moyens détournés.
Enfin, sur le plan politique, des
tentatives visent à supprimer la décision prise par l’ancien
parlement sur le vote à 18 ans aux élections législatives
prévues pour le mois de juin ( ?). D’ailleurs, le nouveau
projet, présenté par le ministère de l’intérieur, ne prévoit
ni la suppression de la mainmise de ce ministère sur les
municipalités ni la suppression de la dépendance de ces
municipalités vis-à-vis du ministère des finances. En même
temps, des batailles rangées se font autour de la formation
de la haute commission pour supprimer le confessionnalisme
en politique.
IV. Les positions
du PCL et son programme de lutte
Le Parti Communiste libanais trouve qu’il
est indispensable de faire face aux tentatives du
gouvernement de mettre à profit la réconciliation entre
l’Arabie saoudite et la Syrie, le calme précaire qui règne
dans les régions frontalières Sud, mais, surtout, la
faiblesse du mouvement syndical (divisé par les dissensions
confessionnelles) pour faire passer des projets déjà refusés
par le mouvement populaire.
A partir de cet état de fait, les
Communistes, syndicalistes ouvriers ou enseignants, ou,
aussi, étudiants, ont mis au point un programme qui sera
présenté dans les différents secteurs dans lesquels ils sont
actifs. Ils visent, à partir de ce programme, à regrouper
les comités syndicaux, les secteurs des métiers libéraux et
ce qui reste des comités de locataires, à organiser des
débats dans les corps des métiers et dans les régions, ainsi
qu’une manifestation d’ouvriers et de salariés (début mars)
pour défendre les droits des masses populaires qui sont en
prise avec une situation très critique, pouvant détruire ce
qui leur reste de dignité.
Les mots d’ordre essentiels seront ceux
de son votés lors du X° Congrès, en plus de ceux décidés en
commun avec les partis communistes et ouvriers durant la
tenue du Congrès extraordinaire de Damas et du XI° Congrès à
New Delhi.
Les priorités seront :
A) Sur le plan politique libanais régional et international:
1. La lutte pour une nouvelle loi municipale et le vote à 18
ans.
2. L’opposition, par la résistance, à toute tentative
d’agression nouvelle de la part d’Israël.
3. La mise au point d’un plan d’action contre la poursuite
de l’agression israélienne à Gaza et dans les autres régions
palestiniennes ainsi que contre la construction,par
l’Egypte, du « Mur de la honte3.
4. L’organisation d’une campagne nationale contre
l’agressivité des Etats-Unis et de l’OTAN dans la région
arabe et contre la présence des bases militaires dans la
Méditerranée et le monde.
B) Sur le plan socio-économique :
1. Organiser une campagne contre la nouvelle loi sur les
loyers qui aura pour effet de mettre plus de 100 mille
familles dans la rue.
2. La majoration des salaires minimum et des allocations
familiales.
3. Poursuivre la campagne déjà commencée en novembre contre
les impôts indirects et les tentatives de liquider la
sécurité sociale et médicale au profit des sociétés
d’assurance.
Le Comité des relations internationales
Du Parti Communiste libanais