Parti Communiste libanais
Section des relations internationales
Bulletin mensuel (12 et 13)
Photo : Wikipedia Commons
Beyrouth, le 2 juillet 2010
Ce
bulletin expose,
comme d’habitude,
la situation
politique
et
économique
dans le monde, et
analyse
les
répercussions
de
cette
situation sur la classe ouvrière
internationale
et les
peuples
de la
Planète,
en
particulier
le
peuple libanais.
•Le
bulletin met l’accent sur la situation en Europe, et au sein de
l’Union européenne notamment, à la suite de la crise grecque et
du nouveau rôle, important, occupé par le FMI dans les solutions
financières et économiques aux pays de la « zone euro ».
•Il
présente un parallèle concernant les répercussions des
politiques néolibérales sur les revenus et la répartition des
richesses aux Etats-Unis
•Il
étudie l’immixtion des Etats-Unis en Afrique, tant à travers les
manœuvres militaires qui se sont déroulées dans le Sahara qu’à
travers le problème des eaux du Nil ou, encore, la poursuite de
l’achat de terrains agricoles dans certaines régions africaines.
•Au
Moyen Orient, le bulletin tentera de prévoir les développements
à court terme, à a suite des décisions iraniennes sur le plan du
« nucléaire»
et les réactions de Washington. Il jette une lumière sur les
possibilités d’une guerre israélienne, ayant l’aval de
l’Administration Obama, contre le monde arabe, principalement en
Syrie et au Liban.
Le but:
tenter
de
résoudre
le
problème palestinien
à
l’encontre
des interest du people
palestinien.
•Enfin,
le bulletin donnera une image exhaustive de la situation
intérieure libanaise, tant sur le plan des élections municipales
que sur celui de la situation sociale ; il s’arrêtera, en
particulier, sur le Budget et les indices économiques et sociaux
qu’il renferme (Un communiqué détaillé fut publié par le PCL à
cet égard).
Introduction
Le
13 mai 2010, James
Cartwright, adjoint du chef des armées des Etats-Unis, déclarait
dans une conférence présentée au Centre des études
stratégiques : « Durant les dix prochaines années, les forces
étasuniennes auront à mener des combats semblables à ceux qui
furent menés en Irak et en Afghanistan ».
Cette déclaration laisse prévoir que l’Administration des
Etats-Unis tentera, une nouvelle fois, de sortir de la crise
dans laquelle elle patauge à travers des guerres et des conflits
destructeurs dans différentes régions de la Planète dont, en
particulier, les régions du Sud, de l’Afrique jusqu’au Moyen
Orient.
A la
lumière de cette déclaration, nous analyserons les événements
enregistrés dans le monde.
I.La
crise capitaliste et l’avenir de l’Union européenne
Le 27
avril 2010, la société « Standard and Poor’s » déclarait que le
Portugal et l’Espagne se retrouvent, eux aussi, dans l’impasse,
aux côtés de la Grèce. Il faut dire que ces chutes successives,
prévues ainsi que le recul de l’Euro devant le dollar (1,20),
sont à la base du changement enregistré dans la politique de
l’Allemagne qui avait, jusque-là, refusé d’accorder une aide
financière aux quatre pays euro-méditerranéens (La Grèce,
l’Espagne, le Portugal et l’Italie) afin qu’ils puissent faire
face à la chute prévue et, surtout, aux agissements des marchés
financiers internationaux avec les dettes de ces pays. Il faut
aussi noter une autre raison à ce changement : les mouvements
populaires et syndicalistes, qui avaient envahi la Grèce en
réponse à l’appel du Parti Communiste Grec et des syndicats
progressistes (PAME), et qui se sont propagés en Europe contre
ceux qui veulent faire payer à la classe ouvrière européenne et
aux peuples européens, en général, les conséquences de la crise
capitaliste et des politiques erronées.
Cependant, le succès enregistré dans cet affrontement avec les
forces capitalistes, notamment les sociétés financières et les
banques, ne suppriment pas l’existence de grands dangers pouvant
aboutir, dans le futur proche, à des changements qualitatifs sur
le plan européen.
•Le
premier danger
est l’immixtion du FMI dans la recherche de solutions à la
crise. Cette immixtion, renforcée par 200 milliards d’euros,
fera du FMI un élément incontournable dans toute décision
présente ou future, non seulement au niveau de la Grèce, mais
sur le plan européen. Cela veut dire plus clairement que les
Etats-Unis vont, par l’intérim du FMI, jouer un rôle décisif
dans les tendances à venir de l’économie européenne ; ce qui
leur permettra de contrôler les politiques monétaires et
économiques en Europe et de peser sur l’indépendance des
décisions politiques européennes, ou ce qui en reste encore,
surtout en ce qui concerne la Palestine ou les problèmes du
nucléaire qui occupent l’avant-scène politique internationale.
•Le
second danger
reside dans
une
implosion possible de
l’Union Européenne, à partir de nouvelles secousses qui
pourraient ébranler son unité économique et monétaire, surtout
que certaines des solutions proposées avaient caché des
tentatives, sérieuses, pour se débarrasser des pays
« faibles » en les poussant
à quitter le système de la monnaie unique et à retourner à leur
anciennes monnaies nationales, sous prétexte qu’un tel plan
atténuerait les conséquences explosives de la crise sur les
autres pays, l’Allemagne et la France notamment… Alors que, dans
de telles conditions, le meilleur moyen de résorber la crise
aurait dû être une plus grande coordination des politiques
économiques et une contrôle plus poussé de la part des
organismes politiques élus et des représentants de la classe
ouvrière et des forces actives.
•Le
troisième
danger
provient
du fait
que
la crise a
atteint
des
niveaux tels qu’il n’est
plus possible
d’éviter l’effondrement
dans
certains secteurs
financiers
ou productifs,
y
compris
en
Allemagne
et en France,
même si
des pays
comme
le Portugal, la
Grèce ou l’Espagne sont mis
à
l’écart
du
système
de la
monnaie
unique.
En
plus clair, les plans d’austérité se succèderont et auront des
répercussions très profondes sur la situation sociale des masses
populaires, à commencer par les tentatives qui viseront à
diminuer les salaires (déjà certains pays ont franchi ce pas),
remettre en cause les retraites (en France) et les prestations
sociales. Et la crise, dans sa nouvelle phase, ne pourrait
qu’engendrer plus de récession qui, à son tour, ne manquerait
pas de prolonger la crise au-delà des cinq ans prévus par
certains économistes.
•Le
quatrième
et dernier danger
réside,
quant à
lui,
dans
une
possible recrudescence
de la repression
(l’exemple
de la
Grèce est bien
evident),
mais
aussi du
retour
de
certaines
politiques
coloniales.
Le
but: empêcher les mouvements de masses, dans le premier cas, et
ouvrir de nouvelles possibilités et de nouveaux marchés devant
le capital mondialisé, dans le second. De telles politiques ne
manqueraient pas d’aboutir à de nouveaux conflits qui
provoqueraient un surplus de dégâts sans résoudre pour autant la
crise capitaliste. Surtout que les prévisions économiques
parlent, toutes ou presque, d’une faillite européenne à la fin
de la première décennie du 21ème siècle, si les
mesures nécessaires ne sont pas prises à temps.
Ces
appréhensions exigent de la part des
forces du changement,
tant sur le plan
européen qu’international, les
Communistes en premier lieu, des
actions dans le sens
d’empêcher l’avancée impérialiste et
de faire front commun
face à l’OTAN. Ce
qui exigerait l’union
de la classe ouvrière
européenne sur un
programme politiques et socio-économique
avancé ayant pour objectif, en plus de trouver des solutions
économiques et financières à court terme afin de stopper la
dégradation, de mettre un projet visant à unifier les forces de
la gauche et les forces démocratiques dans le but de mettre fin
au gouvernement des banques et des sociétés financières.
II.Les
politiques néolibérales et leurs répercussions sur la
répartition des richesses aux Etats-Unis
Un
énorme changement est à noter en ce qui concerne la situation
économique et la répartition des richesses entre les années
1947-1973 et celles qui précédèrent de près la grande crise
(2005).
Tout
d’abord, la Révolution technologique, survenue, surtout, durant
la présidence de Bill Clinton, n’a pu compenser ni les grands
problèmes économiques ni le phénomène de la disparition des
épargnes, fait non remarqué depuis « la grande récession ».
Ensuite, la majorité de la croissance enregistrée depuis
l’époque reaganienne fut engloutie par 10% des Américains, les
plus riches.
Enfin,
les politiques aboutissant à ces grands changements sont à la
base de la l’augmentation de l’inégalité au sein du peuple
étasunien. Nous en citons les plus caractéristiques :
-L’importance des bourses et de l’économie fictive représentée
par les stocks d’actions accumulés par les riches : 77% sont la
propriété des 10% déjà mentionnés et 1% des Américains les plus
riches possèdent 33% de ces stocks…
-Le
renchérissement des prix de l’immobilier d’une manière
vertigineuse, ce qui accrut encore davantage les richesses
accumulées par les plus riches qui possèdent maisons, immeubles
et propriétés exemptés d’impôts.
-Les
politiques appliquées en matière d’impôts. En effet, les
tranches supérieures ont baissé de 90% à 35% ; tandis que
l’impôt sur les successions, qui touche en particulier les
quelques 2% des américains les plus riches, est suspendu par
Georges W Bush jusqu’en 2011.
-Les
problèmes posés par l’émigration illégale et ses répercussions
sur le chômage et la pauvreté.
-Il ne
faut pas oublier, non plus, les importations et les sociétés
« offshore ». Les délocalisations et les importations ont influé
de toute leur force sur les niveaux des salaires dans tous les
secteurs.
-La
faiblesse du mouvement syndical, déjà contrecarré par
l’administration de R. Reagan.
-La
propagation de la culture de l’inégalité sociale, surtout en ce
qui concerne les salaires. Un exemple : aujourd’hui, le salaire
d’un directeur exécutif dans une grande entreprise est 300 fois
plus grand que le salaire moyen des employés (la différence
était de 1 à 30 dans les années soixante).
Quand
nous passons en revue ces politiques et que nous voyons à quoi
ont-elles abouti, il nous faut tirer la sonnette d’alarme. Parce
que ces mêmes politiques sont celles que préconisent la Banque
mondiale et le FMI pour « résoudre » la crise en Europe et que
les oligarchies financières de nombreux pays du Tiers Monde,
dont le Liban, tentent d’appliquer, sous la direction des
Etats-Unis.
IV.L’immixtion des Etats-Unis en Afrique
Parler du problème des conflits et de leur extension, ainsi que
de la nécessité d’y faire face, revient, en plus de l’extension
des bases militaires étasuniennes en Amérique latine et les
menaces que les politiques bourgeoises en Europe font peser sur
les populations dans le vieux continent, à parler de
l’agressivité croissante de Washington en Afrique.
Cette agressivité se manifeste sur tous les plans :
-Sur le plan militaire, nous devrions citer les manœuvres qui
ont eu lieu, durant les trois premières semaines de mai, au
Sahara occidental sous l’égide des Etats-Unis et auxquelles
participèrent, en plus de forces européennes, celles de 10 pays
africains de la région. Ces manœuvres furent accomplies sous le
mot d’ordre de « la lutte contre le terrorisme et les crises
régionales ( !). Elles visèrent, en fait, à former des troupes
africaines dans le but d’empêcher, le cas échéant, des
changements possibles dans certains pays africains qui possèdent
des matières premières nécessaires aux industries capitalistes
(dont le pétrole, le gaz, l’uranium…). Le ministre de la défense
de Burkina Faso a bien
explicité les visées de ces manœuvres en disant : « Elles
constituent une grande opportunité pour avoir un maximum
d’expérience nous permettant de faire face aux défis qui se
profilent dans le monde d’aujourd’hui ». Cependant que le
premier défi aurait dû être d’aider à la recherche de solutions
à la crise capitaliste et ses répercussions sur les peuples du
continent africain, surtout que le milliard de personnes qui y
vivent doivent affronter des taux de chômage de plus en plus
élevés, en particulier parmi les jeunes qui constituent 70 % de
l’ensemble de la population. Il est à noter que la pauvreté va
croissant : 51 % de la population de l’Afrique centrale et
méridionale vivent avec moins d’un dollar par jour ; la faim et
la malnutrition touchent surtout les femmes et les enfants.
Et, si certains investissements se sont axés, durant la dernière
décennie, sur certaines industries dont, en particulier,
l’industrie agroalimentaire, il n’en reste pas moins que ces
projets sont de peu d’importance, tant sur le plan des capitaux
que sur celui de l’étendue des projets ou le nombre de
travailleurs embauchés. C’est que ces industries n’ont pu donner
un emploi qu’à 10 % seulement de ceux qui en demandaient et
n’ont, par suite, pas pu arrêter la plaie ouverte de
l’émigration croissante des jeunes, vers l’Europe surtout.
A
la faim et au chômage viennent s’ajouter les tentatives des
Etats-Unis de créer de nouveaux conflits dans de nouvelles
régions africaines afin de continuer à exploiter à outrance ce
continent. Dans ce sens, nous devrions attirer l’attention sur
le soi-disant traité publié le 14 mai passé à propos des eaux du
Nil. Ce traité, fait sous l’égide de Washington et signé par
quatre pays seulement (dont l’Ouganda et l’Ethiopie), constitue
le point de départ d’une « guerre de l’eau ». N’a-t-il pas
marginalisé deux grands pays afro-arabes, le Soudan et l’Egypte,
créant ainsi, à l’exemple des crises du Darfour et du Sud du
Soudan, une nouvelle tension entre l’Afrique noire et l’Afrique
arabe et poursuivant, dans ce sens, le rôle joué par l’Ethiopie
conte la Somalie… Sans oublier « l’initiative » militaire dite
« Pan Sahel Initiative » et dont le but est de regrouper les
pays allant de la Maurétanie au Tchad et de renforcer la
présence des bases militaires étasuniennes, dont celle érigée à
Djibouti.
Pendant ce temps, les grandes sociétés étasuniennes ou à capital
américano-coréen, les sociétés qui portent les emblèmes de
l’Arabie saoudite, de l’Egypte, de la Chine et du Japon
continuent à acheter, chacune, des dizaines de millions
d’hectares de terres cultivables et à pousser des centaines de
milliers de paysans loin des terres fertiles, bouclant, par là,
la boucle de la mainmise, militaire et économique, sur
l’Afrique.
IV.Le Moyen Orient :
De l’Iran au Monde arabe et à la Palestine
Durant les deux mois passés, le Moyen Orient a vécu des
développements rapides et imprévus, pour certains d’entre eux.
Nous notons cela parce que nous pensons que ces nouveaux
développements ne manqueraient pas de provoquer un nouveau
rapport de forces, surtout à la lumière du dernier crime contre
l’humanité commis par Israël à l’encontre de ressortissants
turcs et autres, mais aussi des déboires de la guerre menée
soi-disant contre le terrorisme en Afghanistan et des nouvelles
sanctions prises contre l’Iran.
Les développements les plus significatifs peuvent se résumer
dans les points suivants :
1-Israël
poursuit son escalade contre l’Iran et le Liban, poussant les
Etats-Unis à prendre des mesures plus restrictives contre ce
qu’il appelle « l’infiltration iranienne » vers les frontières
israélo-libanaise, tant à travers les positions prises par la
Syrie que par la présence des militants du Hezbollah et des
armes « nouvelles » qu’il détient… Et, si nous ajoutons à cela
les articles parus dernièrement dans les journaux américains à
propos d’une possible attaque israélienne qui se prépare (à
partir de certaines bases de l’OTAN en Géorgie) ou, encore, les
manœuvres qui ont eu lieu, au milieu du mois de mai près de la
frontière Sud du Liban, ou, enfin, les menaces lancées par Tel
Aviv contre le Liban à la suite de la découverte du pétrole dans
les eaux territoriales libanaises, nous pouvons dire que les
possibilités d’une agression sont devenues très claires, même
si certains milieux dirigeants israéliens essaient de montrer
une patte de velours envers la Syrie en appelant, selon
« Maariv », au retour des négociations bilatérales et, même, à
un traité de paix avec Damas afin de l’extirper de « l’axe du
mal, d’isoler le Hezbollah et de sauver le Liban ». Ces
milieux, toujours selon « Maariv »,
partent
d’un
état de fait qui dit que « l’axe des pays tempérés
[entendre : à la solde de Washington]
s’est écroulé et que tous se trouvent au pied du mur, craignant
ce qui pourrait se passer ».
2-D’un
autre côté, il est nécessaire de faire le point sur les points
cumulés par le régime syrien dans le face-à-face qui l’oppose à
Israël. Le président syrien Bachar Assad a pu obtenir de
nouvelles armes, dont des bombardiers, sophistiquées en
provenance de la Russie dont e président, en visite dans la
région, avait déclaré que son pays ne « croisera pas les bras si
le Moyen Orient est soumis à une nouvelle agression ». Medvedev
a, de plus, assené un second coup dur à Washington et à Tel Aviv
en rencontrant Khaled Meshaal, représentant du Hamas, et en
déclarant ouvertement son appui à la nouvelle coalition
économique formée par la Syrie, l’Iran et la Turquie ;
d’ailleurs, au lieu de tenir compte des nouvelles sanctions
prises par le Conseil de sécurité contre l’Iran, Medvedev a
déclaré son intention de poursuivre l’exécution du contrat
concernant la vente des missiles sophistiqués à ce pays… Cette
position, ajoutée à celle de la Turquie à propos de l’uranium
iranien, fut peut-être à la base du crime commis contre la
flottille de la liberté.
Et, si nous nous arrêtons quelque peu sur les nouvelles
positions de la Turquie, surtout celle concernant le vote contre
les nouvelles sanctions au Conseil de sécurité, nous pouvons
prévoir dans l‘immédiat deux situations contradictoires :
-Le premier est que les nouvelles positions prises par la
Turquie ne manqueraient pas, pour un certain temps, de mélanger
les cartes influant positivement sur la Syrie et l’Iran, mais
aussi sur l’équilibre des forces au Moyen Orient, né durant la
deuxième présidence de Georges W. Bush. En même temps, ces
changements intervenus feront d’Ankara un adversaire réel à
l’Arabie saoudite ou à l’Egypte dans le monde arabe.
-Le deuxième est que, malgré le crime commis par les commandos
israéliens contre des ressortissants turcs, la tension entre la
Turquie et Israël ne pourra pas aboutir, comme certains le
pensent, à la rupture des liens diplomatiques et économiques
entre les deux Etats, surtout si nous prenons en considération
l’importance des échanges commerciaux entre les deux pays, mais
aussi les projets militaires et industriels formés par eux.
Ces situations contradictoires laissent prévoir, à leur tour,
que le conflit turco-israélien ne dépassera pas le stade du
momentané, même si on a l’impression du contraire. C’est que le
conflit sur le pouvoir entre le gouvernement et l’armée n’a pas
penché la balance d’un côté ou d’un autre ; de plus, l’idéologie
religieuse du Hizb Al-Adala au pouvoir ne fait pas le poids
devant les intérêts économique d’un régime qui cherche de
nouveaux marchés et de nouvelles alliances vers le Sud et l’Est
après que
l’Union européenne ait fermé
ses
portes devant lui.
3-Par rapport
à
l’Iran, le
pouvoir de
Mahmoud Ahmadinidjad
a
réussi à
enregistre rune petite
victoire face à
‘administration des Etats-Unis, en
donnant au
Brésil et à la
Turquie le
trophée
concernant l’uranium enrichi; ce qui fait que la balle est
passée dans la cour de Washington qui tente, en vain ou presque,
d’imposer de nouvelles restrictions contre le
gouvernement de
Téhéran afin de
le
pousser à des
positions plus flexible en ce qui
concerne l’Irak
et l’Afghanistan dans lesquels
patauge
l’administration de Barak Obama.
Voilà pourquoi il
est à
penser que la
dernière résolution du Conseil de sécurité constitue un péché
mortel de la part des Etats-Unis, puisque ni la Chine ni la
Russie ne résilieront aucun accord fait avec ce pays, ce qui
veut dire que l’application est loin d’être faite.
4-A
partir de
cette vision des
choses,
nous disons que
la
politique
suivie par l’administration des Etats-Unis tente de faire la
difference entre la Syrie et l’Iran: retour à la normale avec le
premier pays (et retour de l’ambassadeur étasunien) et
preparation d’une agression contre le second, selon un plan mis
au point par Robert Gates et qui englobe la région
moyenorientale toute entière, à commencer par l’Irak et l’Iran
et jusqu’au Liban.
Tout cela nous ramène à la question que nous nous étions posée,
dans le bulletin précédent, sur un possible retour de notre
région à la guerre, à commencer par la Palestine, où les
solutions politiques sont au point mort malgré les grandes
concessions faites par le régime de Mahmoud Abbas qui a consenti
de revenir à la table des négociations indirectes, pendant trois
mois, puis directes, à partir de septembre, compte non tenu de
la poursuite par le gouvernement israélien du blocus de Gaza ou
de la politique de colonisation en Cisjordanie et dans la région
d’Al Quds.
Dans cet objectif, il est nécessaire de dévoiler les conditions
nouvelles posées par Benjamin Netanyahu et Yuci Belin (chef des
négociateurs é Oslo) et qui peuvent se résumer comme suit :
-Retarder la recherche d’une solution finale jusqu’à ce que les
Israéliens soient prêts à l’accepter.
-Retarder la discussion des problèmes essentiels, à commencer
par ceux concernant la domination des forces de sécurité
israéliens sur les territoires contrôlés par le pouvoir
palestinien et, surtout, l’avenir d’Al Quds. En même temps, le
gouvernement israélien a réaffirmé clairement son refus du droit
au retour de plus de 100 000 réfugiés palestiniens dans leurs
terres, la possibilité de se retirer d’Al Quds ou d’accepter un
Etat palestinien armé.
Et, au moment même où les représentants de ‘opinion
internationale continuent leurs actions contre les ambassades
d’Israël et des Etats-Unis ( le parti Communiste libanais avait
appelé à une manifestation de la gauche devant les bureaux de
l’ambassade américaine é Aoukar), au moment où de nouvelles
flottilles se préparent à appareiller pour Gaza, les Israéliens
poursuivent leur politique agressive et criminelle, avec l’appui
de Washington, à commencer par les positions prises à l’ONU
contre la formation d’une commission d’enquête internationale,
ou encore les déclarations de Barak Obama et, surtout, de l’ex
conseiller de G< W< Bush, Eliot Abrams qui vit dans la
condamnation par certains pays du crime israélien « une position
encourageant les terroristes » ( ?), d’où la nécessité pour
l’administration étasunienne de la combattre…
5-En
plus de ces problèmes essentiels, n’oublions pas :
-Qu’au Yémen, la tension se poursuit et s’étend au Sud cette
fois où le gouvernement yéménite tente de porter un coup de
grâce à l’opposition, de la gauche surtout.
-Qu’en Egypte, les préparatifs aux présidentielles se
poursuivent entre deux candidats « sérieux » : Omar Souleiman
(responsable de l’espionnage et du contre-espionnage et ayant
l’aval des milieux politiques aux Etats-Unis, et Mohammad
Baradei (appuyé,
lui aussi, par certains milieux étasuniens, mais surtout par le
courant des Frères musulmans égyptiens).
-Qu’au Soudan, la répression est revenue à l’avant-scène à la
suite des élections législatives ; l’exemple le plus flagrant en
est la détention et la torture des chefs du comité de grève des
médecins, la fermeture du journal « Al Midan » pro communiste.
-Qu’en Irak, enfin, la formation d’un gouvernement tarde, tant à
cause de la politique étasunienne qu’à celle de l’Iran vis-à-vis
de ce pays. Ce retard a déclenché une nouvelle vague de
violence, de vols et d’instabilité.
V.La situation au Liban
De l’escalade israélienne aux élections municipales
1-La
situation intérieure libanaise est caractérisée, depuis le début
de mai, par une tension croissante due à l’escalade politique
israélienne qui a débuté avec le premier jour des élections
municipales et qui s’est concrétisée par des actions subversives
presque quotidiennes : violation des airs, incursion terrestres,
enlèvement de bergers… A cela s’ajoute la découverte de nouveaux
nids d’espions, surtout dans les postes-clés des sociétés du
« téléphone cellulaire ».
Le
but du retour aux tambours de guerre vise la réalisation de
plusieurs objectifs tant militaires qu’économiques :
•Le
premier consiste à faire, à nouveau, pression sur le
gouvernement libanais afin de le pousser à appliquer les clauses
des résolutions 1559 et 1701 en ce qui concerne les armes de la
Résistance, dont la campagne faite à propos des « nouveaux
missiles » envoyés soi-disant par l’Iran et la Syrie.
•Le
second vise à faire pression sur ce même gouvernement dans le
but de lui faire intégrer la table des n♪0gociations
bilatérales, tant directes qu’indirectes.
•Le
troisième est lié à l’arrêt de toute poursuite contre les nids
d’espions découverts (et peut-
être à prémunir d’autres) à l’intérieur des territoires
libanais.
•Le
quatrième est lié au pétrole et au gaz découverts dans les eaux
territoriales libanaises. Israël a signé des contrats pour
l’extraction du pétrole sans tenir compte du droit du Liban,
volant ainsi, après l’eau, une autre source d’énergie.
2-Au
lieu de raffermir ses positions vis-à-vis des menaces et des
violations israéliennes, l’alliance de la bourgeoisie et du
féodalisme politique au pouvoir a profité d’un tel état de fait
pour faire pression afin de former des listes communes,
confessionnelles, aux élections municipales et, ce, dans le but
d’empêcher, comme ce fut le cas durant les dernières élections
législatives, les forces démocratiques de percer le ciment des
confessions.
Cependant, la position du PCL contre le retrait du gouvernement
sur le plan des réformes promises dans la loi électorale,
l’appel qu’il a lancé pour des alliances entre les forces
de gauche et l’action des organisations communistes dans les
villes et les villages afin de former des listes composées de
personnalités compétentes et honnêtes en même temps ont pu
réaliser des succès notoires dans plusieurs grandes villes et
dans toutes les régions. L’alliance des forces de gauche et de
la démocratie ont pu enregistrer des pourcentages de 25 à 33%,
malgré les menaces, l’abus de pouvoir et le rôle de l’argent ;
ce qui constitue une revanche certaine sur ce qui s’était passé
durant les élections législatives et un nouveau point de départ
pour la campagne visant à réformer le système électoral, à
commencer par l’imposition du vote à 18 ans et du quota féminin…
VI.La situation socio-économique au Liban
Cette partie étudiera, les derniers développements de la
situation socio-économique et certains indices parus durant le
mois passé à propos de :
1-Le Budget de 2010
2-Les impôts indirects qui touchent les plus démunis
3-La politique du gouvernement contre les enseignants et les
salariés, en général
4-
La violation de la Constitution
5-
Les privatisations et la corruption dans le secteur public
1-Le Budget de 2010
Le
Bureau politique du PCL a caractérisé le projet du Budget de
2010 comme étant « un projet exprimant d’une manière flagrante
les intérêts de classe de l’alliance au pouvoir au Liban, tant
par les parties se rapportant aux dépenses que celles concernant
les rentrées ». De plus, le projet montre une défection de la
part du gouvernement de trouver des solutions aux problèmes
cruciaux qui sont vécus par la majorité des Libanais dans toutes
les régions et de toutes les confessions.
De
plus, le Bureau politique considère que le Budget, malgré
l’augmentation de l’aide promise à certains secteurs et services
publics (l’agriculture, l’électricité…), ne peut en aucun cas
constituer un pas en avant vers la réalisation des promesses
faites par le gouvernement dit « d’unité nationale » ; bien au
contraire, c’est une continuation de la politique adoptée par
tous les gouvernements précédents et dont les deux directives
furent : privatiser et s’endetter. Ce qui emmène à dire qu’il
est plus facile pour le peuple libanais de remporter une
victoire contre Israël que contre l’alliance formée par les
représentants de l’oligarchie financière et les leaders
confessionnels qui ne prennent aucun cas de la situation de la
majorité des Libanais, surtout les jeunes et les plus pauvres.
2-Les impôts indirects
Ce
qu’il y a de pire dans le Budget, c’est la part prise par les
intérêts de la dette publique (soit 4,4 milliards de dollars ou
35% de l’ensemble des dépenses). Cet état de fait reflète
l’influence au sein du gouvernement des représentants des
banques et des sociétés financières qui continuent à soutirer
annuellement des milliards sous formes d’intérêts. Ajouter à
cela les taxes et les impôts indirects dont les recettes ont
doublé durant les deux dernières décennies.
Ainsi, et depuis la fin de la guerre civile en 1992, les
Libanais pauvres ou faisant partie de la classe moyenne
supportent la majeure partie des rentrées de l’Etat sous formes
d’impôts indirects et de taxes sur la consommation, puisque les
rentrées de la TVA et de l’impôt sur l’importation et le
commerce constituent à elles seules 60% de l’ensemble de tous
les impôts. Et, si nous ajoutons les autres impôts et taxes sur
la consommation, telles les taxes sur les télécommunications et
l’essence, ce pourcentage dépassera de lin toutes les limites
connues mondialement. Par contre, les impôts directs, surtout
l’impôt sur les revenus et les profits, qui touchent les riches,
sont restés stables ne dépassant que de peu le seuil de 20%.
Ajouter à cela que l’impôt sur l’immobilier qui, dans le projet
du Budget est moins de 10%.
A
la lumière de ce qui précède, le PCL réaffirme que cette
politique s’oppose aux intérêts de la classe ouvrière et de
larges tranches des plus démunis et, même, de la classe moyenne,
et qu’elle va dans le sens des dépenses non productives et
répartit les richesses et le PIB produits sur des bases
profitant aux seuls représentants de l’alliance au pouvoir et
de l’oligarchie financière qui détient les points
essentiels de l’économie nationale.
En
un mot, nous disons que les impôts pris seulement dans les
poches des pauvres sont mis au service de la dette publique,
c’est-à-dire au service des banquiers, des agioteurs et riches
propriétaires fonciers.
3-La politique du gouvernement contre les enseignants et les
salariés
Les négociations entre la « Ligue des enseignants du
secondaire » et le gouvernement sont arrivées à un croisement
très dangereux. Le gouvernement, qui avait reconnu, le 22 avril,
les droits des enseignants à 7 échelons (qui constituent la
valeur des 60% accordés par la loi 53/66 contre l’augmentation
des heures du travail hebdomadaires, puis retirés). Mais,
s’étant rétracté depuis, ce qui a obligé les intéressés à
recourir à a grève générale, le gouvernement tente de donner une
image déformée de cette grève tout en essayant de la casser sous
prétexte qu’il lui est impossible de négocier « sous la menace
de la grève ».
Cette position de classe risque, si elle se poursuit pour
longtemps, de prendre en otage 44 000 lycéens qui attendent les
résultats des examens officiels afin de pouvoir s’inscrire dans
les universités libanaises et étrangères.
De
même, un nouveau Code de travail est en préparation, qui va dans
le sens de la diminution de la couverture gouvernementale et
syndicale accordée aux ouvriers vis-à-vis des patrons et
permettant à ces derniers de violer tous les droits déjà acquis
ainsi que toutes les conventions arabes et internationales
signées par le Liban en matière de travail.
De
plus, le nouveau projet contient d’autres failles, dont les plus
importantes sont : :
-Il accentue les formes de discrimination contre la femme
ouvrière.
-Il ne préconise aucune solution contre le travail des enfants.
-Il approfondit les problèmes liés à l’absence de la protection
du droit et du temps du travail, puisqu’il ajoute de nouvelles
clauses à celles déjà existantes en matière de ruptures des
contrats de la part du patronat et sans rémunération adéquate.
-IL ne contient aucune sanction contre les patrons qui fraudent
le Code du travail.
-Il ne met pas fin à l’immixtion du ministère du travail dans
les affaires des syndicats et ne fait aucune allusion quant aux
droits des fonctionnaires à former des syndicats dans le but de
défendre leurs intérêts face à l’Etat.
4-La violation de la Constitution
Le
gouvernement a violé la Constitution quand il a permis et voté,
par 16 voix seulement
[1]le contenu des articles 31 et 32
du projet du Budget, dans lesquels il est dit que le Liban
permet aux sociétés, y compris celles qui s’occupent du foncier,
des exemptions d’impôts très importantes. De plus, le projet
contient une proposition de baisser l’impôt sur les bénéfices
que ces sociétés ont pu
acquérir à cause de l’élévation vertigineuse des prix de 15% à
3%, ce qui constitue un beau cadeau de plusieurs centaines de
millions de dollars. Un exemple : la société SOLIDERE, créée par
feu Rafic Hariri pour reconstruire le centre-ville de Beyrouth,
a fait main basse sur ce centre et possède encore, aujourd’hui,
quelques 1,9 millions de mètres carrés à vendre ou à faire
fructifier ; ces terrains furent pris à leurs propriétaires pour
des prix allant de 150 dollars à 600 dollars/m². Les prix, ayant
connu des poussées vertigineuses, le mètre carré se vend
actuellement à plusieurs milliers de dollars sans que l’Etat
puisse en profiter pour taxer ces nouveaux riches et diminuer,
par suite, ses dettes.
5-Les privatisations et la corruption dans le secteur public
…
Et la comédie se poursuit dans les arguments, parfois
surréalistes, avancés pour imposer les privatisations, dont, par
exemple : l’incapacité du secteur public à administrer et à
développer les services de base, dont l’électricité par exemple.
Cependant, il faut clamer haut que ce sont les gouvernements
successifs, formés par la bourgeoisie et les leaders des
confessions, qui ont affaibli le secteur public et permis la
corruption au sein de ce secteur. Ce sont aussi ces mêmes
gouvernements qui, contrairement aux lois et à la Constitution,
ont eu recours aux emprunts intérieurs et extérieurs, aidant à
la création de nouvelles fortunes et permettant aux banquiers
des taux de bénéfices phénoménaux, en plus de la vente des
propriétés de l’Etat sous forme de sociétés mixtes.
Voilà pourquoi, le PCL pense que la nécessité de développer les
infrastructures doit se faire en parallèle d’un plan qui
mettrait fin à la corruption répandue dans le secteur public et
à l’abus de pouvoir des leaders des confessions. A ce moment-là
seulement, il serait possible de dessiner une image réelle du
potentiel de secteur.
Beyrouth, le 22 juin 2010
(Traduit le 1er juillet 2010)
Le Comité des relations internationales
Du Parti Communiste Libanais
[1]
la Constitution
préconise la majorité des deux tiers, c’est-à-dire 21
voix dans le cas du gouvernement actuel.
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