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Planète non violence
États-Unis contre l'Iran: Hold-up sur le marché des combustibles
nucléaires
Rudo de Ruijter
Jeudi 26 avril 2007
Dans les coulisses du jeu diplomatique sur l'Iran,
quelques pays veulent former un nouvel ordre mondial. Ils prennent
possession du marché mondial des combustibles nucléaires. De
nouvelles règles de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique
(AIEA) doivent empêcher le venue de nouveaux concurrents. Les États-Unis,
le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, la Russie, la Chine et le
Japon deviendront les stations d'approvisionnement nucléaire du
monde. Sous l'égide de l'AIEA ces fournisseurs dicteront les règles,
fixeront les prix et détermineront dans quelle monnaie ils
voudront être payés. L'Iran est le prétexte et le test pour
leurs plans. Les problèmes de l'économie mondiale de demain sont
créés aujourd'hui.
Contenu :
1. L'Iran et le Traité de Non-Prolifération
2. L'histoire nucléaire de l'Iran
3. De chah Reza jusqu'à Khomeini
4. Les accusations contre l'Iran : 130 grammes d'uranium
5. L'agenda des États-Unis : le pétrole, le dollar et la dette
extérieure
6. Chercher des alliés
7. E3: L'étrange délégation européenne
8. La Russie et la Chine
9. Pourquoi l'Iran veut-il de l'énergie nucléaire?
10. Est-ce que l'enrichissement dans des pays sans arme nucléaire
est dangereux ?
11. La naissance d'un nouvel ordre mondial
12. Des éléments inquiétants
13. Le théâtre des Nations-Unies
1. L'Iran et le Traité de Non-Prolifération
Le président des États-Unis, George Bush, veut nous faire
croire que l'Iran a des plans pour fabriquer des armes nucléaires.
Pour prouver la mauvaise foi de l'Iran, le pays a été
accusé de ne pas avoir déclaré une importation d'uranium
datant de 1991. Et bien, souvenons-nous qu'en 2002 Bush a
accusé l'Irak d'avoir des Armes de Destruction Massive.
Ceci s'est avéré être une tromperie. Donc, avant de
croire les accusations contre l'Iran de Monsieur Bush junior
et ses échos dans la presse, regardons les faits de plus près.
L'Iran est un Etat membre du Traité de non-Prolifération,
et ce depuis le tout début en 1968. [1] Le TNP est un traité
qui vise non seulement à empêcher la prolifération
d'armes nucléaires, mais aussi à ce que les membres
s'entraident pour développer l'énergie nucléaire civile.
[2] Dans le traité, les Etats à armes nucléaires (États-Unis,
Russie, Chine, France, et Grande Bretagne) ont promis le démantèlement
de ces armes. (Jusqu'ici ils n'ont pas tenu leur promesse.)
Les autres membres ont dû signer des accords avec l'Agence
Internationale à l'Energie Atomique (AIEA), le chien de
garde du TNP, pour l'établissement de contrôles. L'accord
entre l'Iran et l'AIEA a pris effet le 15 mai 1974. [3]
2. L'histoire nucléaire de l'Iran
A cette époque le chah Réza régnait sur l'Iran. Grâce à
l'opération Ajax (de l'Angleterre et des États-Unis) en
1953 il était toujours sur le trône. En 1957 le chah
voulait développer de l'énergie nucléaire en Iran. [4]
Les États-Unis offraient toute l'aide et tout le matériel
qu'il souhaitait: un réacteur de recherche, de l'uranium
enrichi et du plutonium. Le réacteur de recherche était
mis en route en novembre 1967, mais tomba en panne
rapidement. C'est alors que les Français interviennent en
promettant de réparer le réacteur de recherche. Le chah prête
1 milliard de dollars à la France pour la construction
d'une centrale d'enrichissement à Tricastin, dans la vallée
du Rhône, dans le Sud de la France. A partir de 1974 de
plus en plus de pays offraient leurs services. De nombreux
contrats ont suivi: cinq pour des réacteurs et des
combustibles venant de France, deux réacteurs et des
combustibles venant des États-Unis, des achats réguliers
d'uranium venant d'Australie et deux réacteurs venant
d'Allemagne de l'Ouest. Le Danemark livrait 10 kilos
d'uranium hautement enrichi et 25 kilos d'uranium naturel.
Du personnel technique arrivait de l'Argentine et des Indes,
pendant que des étudiants iraniens allaient au Royaume-Uni
et en Allemagne. Des conversations étaient menées avec le
Pakistan et la Turquie pour une coopération régionale. Le
budget iranien pour l'énergie nucléaire allait de 30
millions de dollars en 1975 jusqu'à 1 milliard l'année
d'après et un nombre croissant de réacteurs étaient
commandés aux États-Unis. Vers la fin de 1978, le chah
n'avait plus d'argent, tandis qu'aucun des réacteurs n'était
achevé. Entre temps la résistance de la population contre
l'oppression sanglante du chah arrivait à son point
culminant.
3. De chah Réza jusqu'à Khomeini
La résistance contre le chah avait grandi depuis 1953,
quand le héros du peuple et Premier Ministre, Mossadeq,
avait été déposé par un coup à la fois de la CIA, des
Anglais et du chah. [5] Mossadeq s'était battu avec succès
pour la nationalisation de l'Anglo Iranian Oil Company (BP).
Cité en justice par l'Angleterre, Mossadeq avait obtenu
gain de cause devant la Cour de Justice Internationale de la
Haye. [6] Au cours du coup contre Mossadeq le chah s'était
d'abord enfui, mais était revenu, après que l'armée avait
réussi à abattre les protestations de la population. En
1960, pour faire plaisir à ses amis américains, il offrait
l'immunité diplomatique à tous les citoyens des États-Unis
travaillant en Iran. Un jeune opposant, Ruhollah Khomeini,
osait critiquer le chah pour cette décision. La première
fois il a eu une peine d'emprisonnement, mais quand,
quelques années plus tard, il récidivait, il était expulsé
d'Iran. L'oppression du chah s'intensifiait au fil des années,
et les émeutes causèrent la mort de centaines d'opposants
et de milliers blessés. En 1977 tous les mouvements
d'opposition s'étaient unis et en janvier 1979 le chah
fuyait le pays définitivement. Khomeini revenait en
triomphe et le 1er avril 1979 la République Islamique
d'Iran était proclamée par référendum. En novembre 1979,
quand des étudiants apprenaient que le chah était allé
aux États-Unis, ils prenaient d'assaut l'ambassade des États-Unis
à Téhéran pour exiger son extradition afin de le traduire
en justice. Un long drame d'otages en suivait. Une tentative
des États-Unis pour libérer le personnel de leur ambassade
échouait. Le président Saddam Hussein d'Irak, à cette époque
ami des États-Unis, pénétrait en Iran et proclamait qu'il
serait à Téhéran en trois jours. Cependant, la guerre
entre l'Irak et l'Iran durerait 10 ans et coûterait des
centaines de milliers de vies.
Pendant la première année de cette guerre, le 7 juin 1981
Israël bombardait la centrale nucléaire presque achevée
d'Osirak, en Irak.(7) Israël dispose d'armes nucléaires et
n'est pas membre du TNP. De nombreux pays se sentent menacés
par l'arsenal nucléaire Israélien. Depuis 1981 plusieurs
pays, dont l' Iran, se sont rencontrés pour envisager
l'obtention d'armes nucléaires pour faire face à la menace
israélienne.
En 1989 le Pacte de Varsovie se disloquait. A la même période
Saddam Hussein commettait l'erreur d'envahir le Kuweit.
L'attitude des États-Unis envers l'Irak tournait alors à
180 degrés. Depuis ce temps-là les États-Unis considèrent
l'Iran et l'Irak comme des ennemis.
Ces pays détiennent respectivement 10,5 et 10 pourcent des
réserves de pétrole mondiales et comme les États-Unis
sont les plus gros consommateurs de pétrole (25 pourcent de
la consommation mondiale), il était prévisible que les États-Unis
ne se contenteraient pas d'ignorer ces pays. Les États-Unis
disposent de moins de 2 pourcent des réserves de pétrole
mondiales ,leur dépendance de pétrole importé augmente
rapidement, et selon Bush elle était déjà de 60 pourcent
en 2006. [8]
4. Les accusations contre l'Iran: 130 grammes
d'uranium
Le 16 juin 2003 l'Agence Internationale de l'Energie
Atomique annonçait, que l'Iran n'avait pas déclaré une
importation d'uranium de 1991, ni le stockage et le
traitement de cet uranium, ce qui est exact. Mais, un
document confidentiel de l'AIEA du 6 juin 2003 nous apprend,
que cette importation ne contenait que 130 grammes
d'uranium. [9] D'après l'article 37 de l'accord officiel
entre l'AIEA et l'Iran, en force depuis le 15 mai 1974, les
matériaux nucléaires contenant moins d'un kilo d'uranium,
sont dispensés des règles de l'AIEA. [10] Les «accusations
» de l'AIEA devaient faire croire au monde, que l'Iran
avait transgressé les règles.
Des jeux similaires ont eu lieu à propos du Protocole
Additionnel. A l'époque de l'embargo contre l'Irak, quand,
soi-disant, des preuves devaient être trouvées comme quoi
l'Irak disposait d'Armes de Destruction Massive et que
Saddam Hussein ne voulait pas donner davantage de droits aux
inspecteurs des Nations Unies, l'AEIA avait développé des
règles supplémentaires pour faciliter ses inspections. Les
nouvelles règles permettaient aussi de discriminer encore
plus entre les différents membres du TNP: des règles
excessives pour l'un et des règles amicales pour l'autre.
En juin 2003, seulement 33 des 188 membres avaient signé le
Protocole Additionnel. Néanmoins les États-Unis et une délégation
de l'Union Européenne (formée par la France, l'Allemagne
et le Royaume Uni) voulaient forcer l'Iran à signer le
Protocole Additionnel. En échange les trois pays européens
(E3) promettaient de préparer des propositions commerciales
intéressantes. L'Iran voulait bien écouter ce qu'ils
avaient à proposer. Ceci n'est pas si étonnant: 30 pour
cent du pétrole iranien va vers l'Europe et 40 pour cent de
ses importations viennent de l'Europe. Depuis le printemps
2003 l'Iran vendait même son pétrole en euros au lieu de
le vendre en dollars, ce qui est bien pour l'Europe et moins
bien pour les États-Unis, puisque ceci affaiblit le dollar.
En fait, ces pays de l'E3 sont précisément les pays européens,
qui participent au hold-up sur le marché des combustibles
nucléaires, qui se concrétise, à peine remarquez, derrière
le rideau de fumée des accusations contre l'Iran. Nous y
revinedrons dans un instant.
Pendant les pourparlers sur les offres commerciales, l'Iran
avait, de son plein gré, convenu d'arrêter provisoirement
ses programmes de recherche pour l'enrichissement d'uranium
et, devançant la signature éventuelle du Protocole
Additionnel, le pays acceptait des inspections étendues de
ses installations nucléaires. Cependant, après des
demandes iraniennes répétées, il s'est avéré que l'E3
n'avait nullement l'intention de tenir ses promesses
concernant les offres commerciales. En réalité l'E3
voulait faire durer les pourparlers le plus longtemps
possible et, de ce fait empêcher que l'Iran enrichisse de
l'uranium. L'Iran a alors repris son programme de recherche
et a rétabli les règles contractuelles pour les
inspections de l'AEIA. Il en est résulté une tentative des
États-Unis et de l'E3 pour faire condamner l'Iran devant le
Conseil de Sécurité des Nations Unies.
5. L'agenda des États-Unis : le pétrole, le
dollar et la dette extérieure…
Donc, si les soi-disantes preuves contre l'Iran paraissent
inventées, qu'elle est alors l'issue réelle? Je pense que
l'idée globale est claire pour tout le monde. Avec sa
consommation d'énergie excessive les États-Unis pensent
qu'il est nécessaire d'avoir des gouvernements pro-États-Unis
en Irak, en Iran et, pour les projets de pipelines de l'UNOCAL,
également en Afghanistan. [11] Pendant la guerre froide
Saddam Hussein en Irak et le chah en Iran étaient des alliés
utiles, mais plus maintenant. Grâce à Bush, nous avons des
guerres en Afghanistan et en Irak. L'Iran se trouve entre
les deux. Etant donné la réputation des États-Unis en
Iran, un gouvernement pro-américain ne s'établira pas
spontanément très prochainement.
La deuxième cause qui explique l'attitude agressive de Bush
à l'égard de l'Iran, c'est la part prise par celui-ci dans
l'affaiblissement du dollar. L'hégémonie mondiale des États-Unis
se base en grande mesure sur la demande mondiale de dollars.
Voici comment cela fonctionne: depuis 1971 quasiment tout le
pétrole et le gaz dans le monde sont vendus en dollars.
Ceux-ci resteront en service en permanence en dehors des États-Unis.
Pour les U.S.A., livrer des dollars à l'étranger, cela
veut dire qu'ils peuvent imprimer des dollars et acheter des
marchandises, services et investissements à l'étranger.
[23] Comme les étrangers ont besoin de ces dollars pour
acheter du gaz et du pétrole et qu'ensuite ces dollars
disparaissent dans tous les coins du monde, les États-Unis
n'ont pas besoin de livrer quelque chose en retour. Livrer
des dollars, qui restent en permanence à l'étranger, équivaut
à des achats gratuits pour les États-Unis. Aujourd'hui
cela représente la moitié de toutes les importations des
États-Unis. Bien entendu, cela fait monter la dette extérieure,
mais tant que la demande étrangère de dollars continue à
augmenter, ils se moquent de cette dette. Ainsi celle-ci est
montée jusqu'à 3.200.000.000.000 dollars en 2006. Et si,
un jour, le monde en a assez de cet abus et ne veut plus des
dollars, l'offre massive de dollars inonderait les marchés
d'échange et ferait immédiatement chuter le cours. Dans le
cas extrême le dollar ne vaudrait plus que sa valeur en
vieux papier et la dette extérieure (c'est à dire la
valeur des dollars hors des États-Unis) se serait dissoute.
Il est donc très intéressant de livrer de la monnaie qui séjournera
en permanence à l'étranger.
L'avantage des achats gratuits fonctionne tant que l'étranger
a besoin de dollars additionnels. C'est le cas lorsque, par
exemple, le prix du pétrole augmente sur les deux marchés
mondiaux principaux : l' International Petroleum Exchange (IPE)
à Londres et le New York Mercantile Exchange (NYMEX). [22]
D'ailleurs, les deux sont contrôlés par les États-Unis.
Comme 85 pourcent du commerce mondial de pétrole a lieu en
dehors des États-Unis, pour chaque dollar supplémentaire
dont les États-Unis ont besoin, sept fois autant sont nécessaires
en dehors des États-Unis. Ceux-ci sont, bien sûr, imprimés
aux États-Unis [23] et mis à la disposition des étrangers
par des achats gratuits.
Pour accroître la demande étrangère, la Réserve Fédérale
des États-Unis vend des Bons du Trésor aux étrangers, ce
qui diminue la quantité de dollars à l'étranger. Cela
diminue donc l'offre de dollars sur les marchés d'échange
et fait monter le cours. Pour éviter que le cours ne cesse
de grimper, de nouveaux dollars devront être « livrés »
à l'étranger, résultant de nouveau en des achats
gratuits. Quand les États-Unis veulent faire baisser le
cours du dollar, ils n'ont qu'à importer davantage. En
fait, tant que la demande de dollars dans le monde continue
de croître, les États-Unis peuvent déterminer le cours du
dollar eux-mêmes et profiter d'achats gratuits. En 2004
cela représentait un avantage de 2,167 dollars par habitant
des États-Unis.
On peut le représenter également d'une autre façon: pour
deux containeurs importés, les États-Unis n'en exportent
qu'un seul. Pour le deuxième containeur rien n'est livré
en échange. Sa valeur est juste rajoutée à la dette extérieure,
qui ne sera jamais acquittée. En fait, les Etats-Unis
chaque deuxième containeur est considérée gratuit. On
peut appeler cela de l'escroquerie, du vol ou une taxe impériale.
Mais avec les dettes gigantesques le dollar est devenu vulnérable.
C'est devenu évident lorsque Saddam Hussein changeait du
dollar à l'euro le 6 novembre 2000. [13, 14] En premier
lieu les marchés d'échange étaient submergés par les
dollars qui n'étaient plus nécessaires pour le commerce du
pétrole avec l'Irak. Simultanément 10 milliards de dollars
du Fonds de Réserve Irakien étaient mis sur le marché
pour être échangées en euros. A ce moment-là le voisin
de l'Irak, l'Iran, avait déjà annoncé son intention de
commuter également ses ventes de pétrole de dollars en
euros et les initiés craignaient, que d'autres pays de
l'OPEP suivent. [15] Une baisse de confiance dans le dollar
et une longue descente du cours suivait [16]. Malgré les
interventions de la banque centrale de Chine [17], le dollar
finit par se trouver en très mauvaise posture. Le 5 juillet
2002 le dollar avait perdu 16 pourcent de son cours de
novembre 2000 [20] et Horst Koehler, le chef du Fonds
International Monétaire, lançait un avertissement, le
dollar risquait de s'écrouler. [18] Deux semaines plus
tard, les plans d'attaque contre l'Iraq étaient discutés
à Downing Street (Londres.) [19] Fin décembre 2002 la
baisse du dollar était déjà de 25 pourcent, ce qui
explique probablement pourquoi les États-Unis ont agi en
grande hâte et passaient même outre les règles des
Nations Unies en attaquant l'Irak le 18 mars 2003, sans
attendre un feu vert du Conseil de Sécurité. Le commerce
de pétrole irakien a été de nouveau en dollars à partir
du 6 juin 2003. [21]
La descente du cours n'a été stoppé que temporairement.
Au printemps 2003, l'Iran a commencé à vendre son pétrole
en euros, dans les deux années suivantes, le cours du
dollar perdrait encore 12 pourcent supplémentaires. En 2006
la demande de dollars était si faible, qu'une nouvelle
bourse de pétrole iranienne, annoncée pour le 20 mars
2006, pouvait, en cas de succès, former une menace sérieuse
pour le dollar malade et donc pour l'hégémonie des États-Unis.
[12] Cette menace avait plusieurs facettes.
En 2004 les étrangers ne voulaient plus faire tourner le
manège féerique du crédit des États-Unis. Les États-Unis
ont d'abord essayé de les séduire avec des intérêts plus
élevés, mais la demande étrangère pour des bons de trésor
restait basse. La seule issue pour obtenir assez de nouveau
crédit et pour financer les guerres de Bush, c'était de
faire monter le cours du dollar par une montée des prix de
pétrole sur l'IPE et le NYMEX. Ces prix ne s'établissent
pas simplement en fonction de l'offre et de la demande, mais
surtout par des spéculations sur des développements
futurs. L'exagération des prix se fait toujours à l'aide
de spéculations sur un approvisionnement insuffisant. En
2004 la spéculation à la hausse recevait de l'aide de
l'hurricane Katherina. Les dommages aux installations pétrolifères
dans le Golfe du Mexique occasionnaient une petite pénurie
et les prix spéculatifs au marché mondial doublaient.
Une bourse de pétrole indépendante en Iran limiterait sérieusement
les possibilités de faire monter les prix de pétrole de façon
spéculative sur les marchés d'IPE et NYMEX . En conséquence
pour les États-Unis lorsque la demande étrangère de
dollars et de bons du trésor serait de nouveau à la
baisse, ils n'auraient plus ou quasiment plus de moyens de
faire augmenter la demande mondiale de dollars.
Puis, la bourse iranienne ne vendrait pas le pétrole en
dollars, mais en euros, d'où diminution de la demande de
dollars.
En vendant le pétrole en euros, la bourse iranienne
pourrait avoir une influence sur le cours d'échange entre
le dollar et l'euro. Quand le prix du pétrole serait plus
bas en euros, la demande d'euros augmenterait et
inversement. Pour l'Europe et pour les États-Unis cela
comportait des risques.
Puisque l'ouverture de la bourse avait été annoncée pour
le 20 mars 2006, avant cette date l'Iran a subi des
pressions de plus en plus menaçantes. Officiellement il n'y
a pas eu un seul mot sur le projet de bourse ou sur le
commerce de pétrole en euros. Bush n'allait tout de même
pas expliquer la faiblesse du dollar. Ensemble avec des
chefs d'état de l'E3, il répétait ses accusations, que
l'Iran avait sûrement l'intention de fabriquer des armes
nucléaires. C'est une accusation avec une forte charge émotionnelle,
qui ne manque pas de mobiliser les journalistes! Les
sensations, ça vend bien. Et, biensûr les gens aiment se
faire mener par le bout du nez. (Et je peux vous dire
confidentiellement, même des trois chefs d'état de l'E3,
il y en a eu un qui l'a cru. Chut.)
Finalement, le 20 mars 2006, la bourse iranienne ne s'est
pas ouverte. En avril 2006 l'ouverture était annoncée pour
la première semaine de mai 2006. [25] Pendant cette semaine
le ministre de pétrole iranien a donné une licence à la
bourse, mais les activités étaient différées.
Le président Putin de Russie a alors annoncé des plans
pour une bourse de pétrole russe en roubles [26] et l'a réalisée
à toute allure. [le 8 juin 2006]. Le marché russe
d'exportation de pétrole et de gaz est beaucoup plus grand
que celui de l'Iran. L'intérêt de la bourse iranienne en
est devenu beaucoup plus relatif et on n'en a guère entendu
parler depuis.
6. Chercher des alliés
Pour lutter contre l'Iran les États-Unis ont besoin d'alliés,
qui sont utiles pour partager les coûts et pour déblayer
les décombres, comme en Afghanistan et en Irak. Le meilleur
procédé pour obtenir des alliés consiste à faire
condamner l'ennemi visé par une résolution du Conseil de Sécurité
des Nations Unies. Cela implique cependant, que les États-Unis
doivent convaincre les autres pays au droit de veto. Bien
entendu, cela ne réussirait pas, si les États-Unis
racontent leurs vrais motifs. Ils devaient trouver quelque
chose de mieux pour les aligner. Eh bien, les pays à droit
de veto sont les états vainqueurs de la Deuxième Guerre
Mondiale. Ils ont en commun, d'être tous des Etats à armes
nucléaires et de disposer d'installations d'enrichissement
d'uranium. Alors, que diraient-ils d'un plan pour s'octroyer
des droits exclusifs pour l'enrichissement d'uranium et pour
sa livraison à tous les pays non-détenteurs d'armes nucléaires?
[27]
7. E3 : l'étrange délégation européenne
Dans la pièce de théâtre diplomatique nous voyons alors
le Royaume Uni, la France et l'Allemagne, le soi-disant E3,
se ranger du côté de Bush. L'E3 serait une délégation de
l'Union Européenne. Cette composition étrange d'une délégation
européenne commence à prendre du sens, lorsqu'on remarque,
que ce sont précisément des pays, qui disposent
d'installations d'enrichissement. Camouflés sous le drapeau
européen, ces pays représentent leurs propres intérêts
dans l'enrichissement et le traitement d'uranium.
A quel degré ces pays de l'E3 sont-ils européens ? En
fait, c'est plutôt étrange, qu'en tant que représentants
de l'Europe, ils cherchent à faire condamner leur
partenaire commercial, l'Iran, par une résolution du
Conseil de Sécurité des Nations Unies. Cela indique,
qu'ils jouent au poker pour des gains élevés. Ils sont
conscients qu'ils prennent le risque de déranger leurs
rapports commerciaux avec l'Iran et, avec cela,
l'approvisionnement de pétrole en euros. Leur jeu de poker
peut finir en un conflit direct avec l'Iran ou en un embargo
commercial, comme le souhaitent les États-Unis.
Si les États-Unis n'obtiennent pas leur embargo contre
l'Iran, ils ne seraient probablement pas contre, si les
installations nucléaires Iraniennes étaient bombardées,
de manière à ce que l'Iran consomme son pétrole au lieu
de l'exporter en euros.
Et le Royaume Uni, quel rôle joue-t-il dans cette délégation
dite Européenne? Le Royaume Uni est toujours du côté des
États-Unis. Il n'a pas adopté l'euro. Pour cela l'intérêt
de sa bourse de pétrole IPE, jouant en symbiose avec le
NYMEX, est beaucoup trop grand. Il n'a aucun intérêt dans
la vente de pétrole iranien en euros. A l'époque des
soi-disantes préparations d'offres commerciales intéressantes
pour l'Iran, Tony Blair et George W. Bush entretenaient des
contacts intensifs. A part son propre intérêt dans
l'enrichissement d'uranium, le Royaume Uni paraît surtout
être le garçon de course de la Maison Blanche.
Le ton des conversations de l'E3 avec l'Iran n'est pas celui
qu'on attendrait normalement entre des partenaires
commerciaux désireux d'améliorer leurs rapports. Les
comptes rendus des pourparlers sont de longues litanies
d'obligations, que l'E3 estime devoir imposer à l'Iran.
L'Iran est traité comme l'écolier méchant, qui devra obéir
coûte que coûte. [28]
En janvier 2006 le président français Chirac menaçait en
termes couverts d'une attaque nucléaire contre l'Iran.
Menacer d'une attaque nucléaire est contraire au Traité de
Non Prolifération.
8. La Russie et la Chine
Pour atteindre une résolution avec des sanctions contre
l'Iran, les États-Unis, la France et le Royaume Uni
devaient s'assurer, que la Russie et la Chine
n'utiliseraient pas leur droit de veto. Comme ces derniers
sont aussi des pays disposant d'installations
d'enrichissement, cela avait l'air facile, mais en vain
jusqu'à présent. Ni l'un ni l'autre ne veulent une
intervention armée contre l'Iran.
La Russie est marquée par la catastrophe de Chernobyl en
1986, avec des centaines de milliers de citoyens irradiés,
une nouvelle génération de déformations génétiques et
des problèmes non résolus de radiation de plutonium pour
les siècles à venir. En vingt ans elle n'a pas construit
de nouveaux réacteurs. En plus, elle dispose encore de
stocks d'énergie fossile importants. Elle n'a aucun intérêt
à une nouvelle invasion des États-Unis au Moyen Orient.
La Chine a de bonnes relations avec l'Iran, qui lui livre du
gaz et du pétrole pour les décennies à venir. Si la Chine
veut laisser tomber l'Iran, elle devra trouver des
alternatives pour combler ses besoins élevés en énergie.
La Chine ne semble pas non plus partager les positions
agressives des États-Unis et de l'E3.
9. Pourquoi l'Iran veut-il de l'énergie nucléaire?
Cela peut paraître étrange, qu'un pays disposant de pétrole,
veut de l'énergie nucléaire. L'Iran exporte du pétrole,
mais importe des produits de pétrole raffinés. Ceux-ci
sont nécessaires à l'éclairage, au chauffage, au
transport et à l'industrie de sa population croissante.
Pour beaucoup d'Iraniens le prix réel de ces produits
serait trop élevé. C'est pour cela qu'ils sont vendus bon
marché, et à perte pour le trésor iranien. La commutation
à l'électricité devra fournir une énergie à un prix
raisonnable pour toute la population. L'Iran a besoin des
revenus de ses exportations de pétrole pour financer
l'importation d'autres produits dont elle a besoin.
10. Est-ce que l'enrichissement dans des pays
sans armes nucléaires est dangereux ?
L'uranium naturel contient 0,7 pourcent d'atomes U-235,
contre 99,3 pourcent majoritairement d'atomes U-238. Pour
l'utiliser comme combustible nucléaire, la part d'atomes
U-235 doit être augmenté jusqu'à 3 à 5 pourcent. Pour ce
faire, l'uranium doit d'abord être purifié et transformé
en gaz. En passant ce gaz dans de grandes séries de
centrifuges, on peut faire sortir quelques-uns des atomes
U-238 plus lourds, dans un processus qui est long et avale
énormément d'énergie. Les risques dans le processus sont
ceux de l'industrie chimique et non pas la faible radiation.
Cet uranium n'est pas apte à faire des bombes nucléaires.
Pour des bombes il faut un enrichissement d'au moins 90
pourcent. [29] Si un pays, comme par exemple l'Iran, décide
de développer de l'uranium si hautement enrichi, il
faudrait entre 3 et 5 ans pour produire suffisamment pour
une bombe. En outre, selon les scientifiques, il faut des
installations beaucoup plus grandes pour cela. L'opinion
souvent répétée, mais fausse, qu'on pourrait fabriquer en
douce de l'uranium hautement enrichi dans des installations
d'enrichissement civiles, sert maintenant de maxime à Bush,
pour que l'enrichissement d'uranium reste dans les mains des
pays à armes nucléaires.
11. Naissance d'un nouvel ordre mondial
L'idée de limiter les capacités d'enrichissement aux pays
qui en disposent déjà n'est pas nouvelle. Les accusations
contre l'Iran, la tromperie réussie des journalistes,
politiciens et des diplomates ont créé les circonstances
idéales pour hâter la réalisation de ces plans. L'idée
apparaissait dans un dépliant des Nations Unies en 2004.
[30] A l'époque c'était encore sous forme d'un appel pour
un moratoire volontaire et limité dans le temps pour ne pas
construire de nouvelles installations d'enrichissement et de
traitement d'uranium. En février 2005 l'idée fut développée
davantage par l'ONU comme l'Approche Nucléaire Multilatérale,
en anglais le Multilateral Nuclear Approach (MNA) [31]. Déjà
au mois d ‘avril 2005 l'ambassadeur aux Nations Unies du
Japon posait la question « si la NMA ne limitait pas à
tort l'usage pacifique de l'énergie nucléaire par des états
sans armes nucléaires, qui exécutent leurs activités nucléaires
d'une façon fiable et transparente en accord avec leurs
obligations dans le cadre du Traité de Non Prolifération.
»
Le 6 février 2006 le Departement of Energy des États-Unis
publiait sa version de l'idée dans leur plan pour le Global
Nuclear Energy Partnership (GNEP). Le lendemain, à la Conférence
Ourai au Japon, ce GNEP est présenté comme une idée du
chef de l'AIEA ElBaradei et une proposition de Bush. [32]
Et, bien entendu, une telle idée sublime ne doit pas
manquer d'éclat. Donc, quelques jours plus tard le DOE se
complimente lui-même comme suit : « Finalement la mesure
de partenariat entre les états à « cycle de combustibles
» et les états à « réacteurs seuls », comme envisagée
par le GNEP, participera à fournir au monde une électricité
propre, en offrant aux nations sans cycle de combustibles un
accès au combustible nucléaire, intéressant en prix et
fiable, en échange de leur obligation de renoncer au développement
des technologies d'enrichissement et de recyclage. »
12. Des éléments inquiétants
Le nouvel ordre mondial vient sous forme de nouvelles règles
de sécurité dans le système de contrôle de l'AIEA. Si
nous considérons l'esprit du Protocole Additionnel, nous ne
devons pas compter sur des droits égaux ou des rapports
honnêtes.
Parmi les pays du Traité de Non Prolifération seuls les
pays à armes nucléaires, plus l'Allemagne, les Pays-bas et
le Japon ont des installations d'enrichissement. [33] Les
autres membres devraient renoncer à leur droit d'enrichir
de l'uranium. En échange, ils recevraient la promesse
solennelle des pays à armes nucléaires, que ces derniers
fourniraient toujours du combustible nucléaire. Promesses ?
N'était-ce pas les pays qui, en 1968, avait promis de démanteler
leurs armes nucléaires ? Comme nous savons, ils n'ont
toujours pas tenu leur promesse. Pire, la France a développé
une nouvelle génération d'armes nucléaires, progressives,
qui devra faciliter le démarrage d'une guerre nucléaire.
Encore en 2006 les États-Unis et la France ont utilisé
leur arsenal nucléaire pour menacer le monde. Et maintenant
les pays sans armes nucléaires devraient renoncer à leur
droit d'enrichir de l'uranium pour devenir dépendants du
club de l'AIEA des fournisseurs de combustibles nucléaires?
Pour séduire les pays sans armes nucléaires, ce plan
promet des prix d'électricité plus bas. Les installations
déjà existantes auraient le double de la capacité nécessaire
aux besoins du monde. En empêchant la construction de
nouvelles installations, on pourrait faire un meilleur usage
des installations existantes. Et donc le prix de l'uranium
enrichi, et avec cela le prix de l'électricité, pourrait
baisser… Est-ce que nous devons croire ces paroles ?
L'industrie d'enrichissement n'est pas animée par l'intérêt
de faire baisser les prix d'électricité du monde. Malgré
la sur-capacité prétextée les Européens s'affairent à
étendre considérablement leurs capacités de production au
Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Allemagne. Ils ambitionnent
une part de marché plus grande pour plus de bénéfices !
Et si d'autres compétiteurs ne sont plus admis sur ce marché,
cela ne pourra que donner des prix d'uranium enrichi
excessifs, et donc de l'électricité.
Les nouveaux plans prévoient un système de distribution
pour les livraisons des combustibles, étroitement régulé
et contrôlé. L'AIEA serait l'intermédiaire entre les
membres fournisseurs et les membres consommateurs du
combustible. A première vue cela peut sembler une
construction fiable, puisque l'AIEA est un organe de l'ONU.
Cependant, l'AIEA est également le policier dans le système.
Il n'est pas sage de laisser les policiers commercer avec
les partis qu ‘ils doivent inspecter. En outre, l'ONU
n'est pas un genre de gouvernement intègre, qui serait
capable de garantir l'impartialité de ses policiers.
Les plans pour le système de distribution prévoient des
stocks nationaux minimaux et des stocks-tampon collectifs
dans de différents pays « hôtes ». Étrange, n'est-ce
pas ? Le but des stocks minimaux à l'intérieur des pays ne
peut guère être défendu comme une mesure de sécurité. Même
avec des stocks gigantesques d'uranium enrichi à 3 – 5
pourcent on ne peut fabriquer une arme nucléaire. Pourquoi
l'AIEA voudrait-elle, que des pays ne disposent que de
stocks minimaux ? Il n'y a qu'une réponse plausible à
cette question: pour tenir ces pays en tenaille. Cela fait
beaucoup de pouvoir pour notre chien de garde nucléaire. Ce
pouvoir va bien plus loin que nécessaire pour ces
inspections. Ceci est du pouvoir pur pour mettre hors jeu la
souveraineté des nations. Quand une nation fait quelque
chose, que le chien ou son maître ne veut pas, le robinet
de combustible peut simplement être fermé pour obtenir la
soumission immédiate. Ceci sent la dictature au niveau
mondial. Et bien entendu, les fournisseurs de combustible ne
seront jamais dupes. Ceux-ci produisent leur propre
combustible nucléaire.
En théorie, le maître de l'AIEA c'est l'ONU. Mais est-ce
que cela fonctionne ainsi dans la pratique ? L'AIEA a une tâche
difficile, parce qu'elle doit tenir compte des tensions et
des conflits d'intérêt entre les membres du Traité de Non
Prolifération. L'indépendance de l'AIEA à l'égard des
intérêts nationaux se trouve en permanence sous pression.
Son budget limité l'oblige à faire des choix, qui sont
influencés par les conflits qui ont lieu. Pendant l'embargo
contre l'Irak, nous avons vu comment l'AIEA était mise sous
tension par Bush, qui exigeait chaque fois plus de contrôles
et des plus intensifs. Chaque fois à nouveau le chien de
garde était envoyé pour être certain que l'Irak pouvait
être envahi sans danger. Bien que l'AIEA soit obligée de
garder toutes les informations de ses inspections
confidentielles, l'armée des États-Unis recevait ces
informations confidentielles en permanence et s'en servait
pour préparer l'invasion de l'Irak. (Et, finalement, au
moment de l'invasion les États-Unis mettaient l'ONU hors
jeu.)
Nous observons la même chose pendant les inspections de
l'AIEA en Iran. Bush crie, et le chien court après le bâton.
Les règles du nouvel ordre mondial sont présentées comme
« une idée de ElBaradei et une proposition de Bush. » Il
est à croire que les deux projets, le Multi-National
Approach (NMA) de l'AIEA et le Global Nuclear Energy
Partnership (GNEP) de Bush, se fondront en une seule version
dictée par les États-Unis.
Bien entendu, c'est un coup de maître stratégique
d'obtenir une prise de fer sur tous les pays sans armes nucléaires,
dès qu'ils deviennent abonnés à l'énergie nucléaire.
Mais il y a encore beaucoup plus d'avantages pour les
fournisseurs de combustible nucléaire. Sous l'égide de
l'AIEA le marché sera entièrement régulé. Tous les
producteurs coopèreront ensemble dans les mêmes
organisations et seront intéressés dans le bénéfice le
plus élevé possible. Ensemble ils fixeront le prix du
combustible nucléaire. Tout comme maintenant les prix du pétrole
sont fixés sur les marchés de l'IPE et du NYMEX, les prix
du combustible nucléaire seront fixés par une petite élite.
Nous voilà arrivés à un point important. Le combustible
nucléaire devra être payé. La question est de savoir, en
quelle monnaie (ou quelles monnaies) les clients devront régler
? Ces monnaies seront les plus demandées au monde. On peut
le comparer au dollar d'aujourd'hui.
Il semble que ces monnaies n'aient pas encore été décidées.
Mais, si chaque fournisseur veut être réglé dans sa
propre monnaie, la demande mondiale de yens japonais, de
Yuan renmimbi chinois, de roubles russes, de pounds anglais
et de dollars des USA augmentera. Probablement il s'établira
un ordre de préférence, relaté à la quantité de
combustible nucléaire, que chacun des producteurs pourra
livrer. Chacun de ces pays connaîtra les avantages, qui
sont liés à la livraison de leur monnaie à l'étranger.
Bien entendu, à la longue, chacun connaîtra également les
effets négatifs sur sa propre économie, et, après
quelques décennies laissera sa monnaie s'écrouler pour se
libérer des dettes extérieures gigantesques. C'est ce qui
peut arriver lorsque chaque fournisseur demande le paiement
dans sa propre monnaie.
Cependant, le fait que le projet mentionne, que l'AIEA
devrait devenir l'intermédiaire entre fournisseurs et
clients, peut vouloir dire, que l'AIEA décidera de la
monnaie de paiement. Bush espère sans aucun doute, que ce
sera le dollar-US. Si le combustible nucléaire doit être réglé
exclusivement en dollars, la demande de dollars, et avec
cela l'hégémonie des États-Unis, sera assurée encore
pour des décennies.
13. Le théâtre de l'ONU
Avec un projet pour un nouvel ordre mondial, préparé discrètement
dans les coulisses, nous avons maintenant une alliance
anti-Iranienne des États-Unis et de l'E3. Ils sentent
l'opportunité d'un coup pour prendre possession du marché
mondial des combustibles nucléaires. Pour réussir, il leur
suffit de trouver une sauce légale sur la prohibition de
l'enrichissement de l'uranium, avec l'Iran comme exemple. Et
une résolution du Conseil de Sécurité des Nations serait
suffisante, si celle-ci approuve l'opinion de l'AIEA, que
l'AIEA peut interdire l'enrichissement à des pays.
Évidemment, dans ce cas, l'Iran ne pourrait plus rester
dans le Traité de Non-Prolifération. Pour réussir, les
Etats-Unis et l'E3 devront procéder prudemment pour éviter
que l'Iran quitte le TNP avant qu'une résolution ait été
conclue. Car, si l'Iran quitte le Traité avant cette résolution,
il n'y a plus de raison pour une resolution. En effet, les
pays qui ne font pas partie du Traité de Non Prolifération,
comme l'Israël, l'Inde, le Pakistan, le Cuba et le Brésil,
sont libres d'enrichir de l'uranium et de faire ce qu'ils
veulent.
Est-ce que la Russie et la Chine, finiront-ils par
participer au hold-up au détriment de l'Iran?
Si le hold-up des états à armes nucléaires réussit, il y
aurait probablement des tensions énormes au sein du Traité
de Non-Prolifération. L'organisation pourrait perdre toute
sa crédibilité et voir partir beaucoup de membres sans
armes nucléaires. Le résultat pourrait bien être le
contraire du but du traité.
Par Rudo de Ruijter, Chercheur indépendant Pays-Bas. Mai
2006/Avril 2007
[1] Les membres du Traité de Non-Prolifération
http://www.carnegieendowment.org/files/Tracking_Ch02map.pdf
[2] Texte du Traité de Non-Prolifération:
http://disarmament2.un.org/wmd/
npt/npttext.html (Voir article IV)
[3] Convention entre l'AIEA et l'Iran: http://www.iaea.org/Publications/Documents/Infcircs/Others/infcirc214.pdf
[4] Histoire nucléaire de l'Iran: http://www.nti.org/e_research/profiles/1825_1826.html
[5] L'opposition croissante contre le chah: http://www.countriesquest.com/middle_east/iran/history/
growing_opposition_to_the_sjah.htm
[6] Mossadeq: http://www.iranchamber.com/history/oil_nationalization/
oil_nationalization.php
[7] L'attaque israélienne contre la centrale d'Osirak en
Irak en 1981: http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/june/7/newsid_3014000/3014623.stm
[8] Dépendance des États-Unis de pétrole importé
atteignant 60 pourcent en 2006: http://www.bloomberg.com/apps/
news?pid=10000087&sid=ar4D7HVGikXo&refer=top_world_news
[9] 130 grammes d'uranium: http://www.fas.org/nuke/guide/iran/iaea0603.html
(dernière ligne)
[10] L'article 37 de la Convention entre l'AIEA et l'Iran:
http://www.iaea.org/Publications/Documents/Infcircs/Others/infcirc214.pdf
[11] Pipelines vers le 11 septembre www.courtfool.info
[12] Comment le dollar peut-il s'écrouler en Iran? http://www.studien-von-zeitfragen.net/Zeitfragen/__Collapse_in_Iran/
__collapse_in_iran.html
[13] Fred Eckhard annonce l'autorisation de la commutation
irakienne vers l'euro: http://www.un.org/News/briefings/docs/2000/20001031.db103100.doc.html
[14] Statistiques des exportations de pétrole irakiennes en
euros: http://www.un.org/Depts/oip/background/oilexports.html
[15] Colin Nunan, Petrodollar or Petroeuro:http://www.feasta.org/documents/review2/nunan.htm
[16] Graphique de l'évolution du cours de l'euro versus le
dollar: http://www.studien-von-zeitfragen.net/Zeitfragen/__Collapse_in_Iran/
__collapse_in_iran.html
[17] Promesse d'aide de la banque centrale de Chine http://www.centralbanking.co.uk/newsmakers/archive/2001/apr24.htm#China
[18] Avertissement de Horst Koeler du Fonds Monétaire
International, que le dollar risque de s'effondrer: http://news.bbc.co.uk/1/hi/business/2097064.stm
[19] Downing Street Memo http://www.timesonline.co.uk/tol/news/uk/article387374.ece
[20] Cours du dollar, dates historiques: http://fx.sauder.ubc.ca/data.html
[21] Financial Times, le 5 juin 2003
[22] Marché du pétrole, exemple: http://www.nationalreview.com/nrof_leuffer/leuffer200410010726.asp
(Note : Logiquement, la spéculation et l'angoisse peuvent
être influencées.)
[23] A vrai dire, “imprimé” n'est pas correcte.
Aujourd'hui la part la plus importante de tout l'argent
n'existe qu'en tant que chiffres sur des comptes bancaires.
[24] Sur les effets du commerce de pétrole en dollars ou en
euros, voyez aussi l'article sur ce site : Coûts, méfaits
et dangers du dollar.
[25] La Bourse de pétrole iranienne, mai 2006: http://www.iribnews.ir/Full_en.asp?news_id=212013&n=32
[26] La Bourse de pétrole russe: http://en.rian.ru/russia/20060510/47915635.html
et http://en.rian.ru/russia/20060522/48434383.html
(Pour les effets sur le dollar, voyez [12])
[27] GNEP: http://www.gnep.energy.gov/
[28] Rapport E3: http://www.iaea.org/Publications/Documents/Infcircs/2005/infcirc651.pdf
[29] Enrichissement de l'uranium: http://www.uic.com.au/nip33.htm
[30] Dépliant ONU 2004: http://www.un.org/secureworld/brochure.pdf
[31] Groupe d'experts NMA, février 2005: http://www.iaea.org/OurWork/ST/NE/NENP/NPTDS/Downloads/
SMR_CRP1_SRWOSR/2005/RCM1/Add%20materials/mna-2005_web.pdf
[32] L'idée d'ElBaradei et la proposition de Bush, le 7 février
2006: http://www.jaea.go.jp/04/np/documents/sym05_01_endo_en.pdf
[33] Mappemonde des stations d'approvisionnement nucléaire:
http://www.wise-uranium.org/umaps.html?set=enr
Lecture:
Petrodollar Warfare: Dollars, Euros and the
Upcoming Iranian Oil Bourse,
William R. Clark (5 août 2005)
http://usa.mediamonitors.net/content/view/full/17450
Killing the dollar in Iran, Toni Straka,
"With the world facing a daily bill of roughly $5.5
billion for crude oil at current price levels,"
http://www.atimes.com/atimes/Global_Economy/GH26Dj01.html
America's Foreign Owners,
http://www.thetrumpet.com/index.php?page=article&id=1712
The Proposed Iranian Oil Bourse, Krassimir Petrov, Ph. D.,
January 17, 2006
http://www.321gold.com/editorials/petrov/petrov011706.html
Trading oil in euros - does it matter?
Cóilín Nunan, publié le 30 janvier 2006 par Energy
Bulletin.
http://www.energybulletin.net/12463.html
http://www.courtfool.info/fr_Hold_up_sur_le_marche_des_combustibles_nucleaires.htm
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