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Nouvelles d'Irak
L'AFP et la
«désintégration de l'armée syrienne»,
objectif des opposants pro-américains
Gilles Munier
Gilles Munier
Dimanche 29 mai 2011
Alors qu’en Syrie les manifestations marquent le pas -
et en raison de cela - certains opposants changent de
tactique et prennent leurs désirs pour des réalités. Ils tentent
maintenant d’organiser des séditions dans l’armée.
Dans une dépêche envoyée par le bureau de Washington de l’AFP
(1), reprise par de nombreux médias, Andrew Terrill,
enseignant à l’US Army War College, estime que certains
éléments de l’armée syrienne « pourraient » se rallier
aux manifestants. Toutefois, dit-il, un « groupe désordonné »
de mutins se heurterait à la Quatrième division et à la Garde
républicaine, et risquerait de provoquer une guerre civile
sanglante. Il pense « que ce n'est pas quelque chose qui se
produira du jour au lendemain ».
Pour y parvenir, déclare Ammar Abdulhamid, directeur de la
Fondation « pro-démocratie » Tharwa (Fortune),
basée à Washington, il faudrait que «les Etats-Unis et
d'autres puissances prennent directement position pour les
manifestants». Alors, croit-il, « les généraux
pourraient commencer à revoir leurs calculs et leurs liens avec
le régime Assad ».
Cas pathologique
Ammar Abdulhamid, source souvent citée par les agences de presse
occidentales, est un cas pathologique. Issu d’une famille
bourgeoise, il s’est d’abord tourné vers l’islam salafite au
cours d’un séjour d’études à Moscou. Horrifiée, sa mère –
célèbre actrice syrienne – l’envoie aux Etats-Unis, à
l’université du Wisconsin. En 1988, il y est recruté par un
proche Abdullah Azzam, mentor de Oussama Ben Laden, qui le
convainc d’aller en Afghanistan. Il accepte, mais change d’avis
en chemin, à Los Angeles, après avoir entendu des récits de
moudjahidine de retour du front. L’année suivante, employé dans
une mosquée de la ville, il est choqué par la fatwa émise par
l’ayatollah Khomeiny réclamant l’exécution de Salman Rushdie,
auteur des Versets sataniques, au point où ses
convictions religieuses s’en trouvent ébranlées. Aujourd’hui, il
dit que l’islam était « sa drogue, son crack », qu’il
est devenu athée, puis agnostique (2).
Au plan politique, Ammar Abdulhamid, se présente comme blogueur
syrien, porte-parole officieux de l’opposition. Expulsé de Syrie
pour avoir insulté le président Bachar al-Assad dans diverses
interviews et pour l’avoir accusé de l’assassinat de Rafic
Hariri, il retourne aux Etats-Unis. Nommé chercheur au Saban
Center for Middle East Policy du Brooking Institute ,
think tank pro-israélien (3), Ammar Abdulhamid
est l’auteur de Menstruation, un
roman, qui décrit l’islam en Syrie comme culturellement
et sexuellement répressif. Il adhère au Front de Salut
National (FSN), fondé en 2006 par l'ancien vice-président
syrien Abdul Halim
Khaddam, condamné par contumace, en 2008, pour avoir
« organisé un complot en vue de renverser le pouvoir politique ».
Fort de ses relations avec les néo-conservateurs, Ammar
Abdulhamid est autorisé à ouvrir un bureau du FSN à
Washington, malgré la présence, considérée comme sulfureuse, des
Frères musulmans dans l’organisation. En juin 2007, il
démissionne du FSM, dont il se dit déçu, pour fonder
Tharwa, think tank dédié à la promotion de la
démocratie au « Grand Moyen-Orient et en Afrique du nord ».
Dissidents cybernétiques
Autre source de l’AFP : Ahed al-Hendi, coordinateur
syrien des programmes en langue arabe de CyberDissidents.org
– site créé en 2009 - pour devenir, selon Kristen Silverberg,
ancien ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne,
« l’organisation de premier plan dans le monde
principalement consacrée aux dissidents démocratiques en ligne».
L’organisation est dirigée par Nathan Sharansky, ex-refuznik
soviétique, membre du Likoud après avoir créé Yisrael
Ba'aliyah - Israël pour l'aliyah - un parti
regroupant des juifs russes extrémistes.
Dans la revue Foreign Affairs, de mai 2011, Ahed al-Hendi
préconise des mutineries de soldats pour obliger les officiers à
renverser le régime. « Pour convaincre l'armée de changer de
camp », écrit-il, « les dissidents ont besoin de l'aide
de la communauté internationale ». Il faudrait, ajoute-il,
voter « des sanctions ciblées pour provoquer des
défections ».
Arrêté dans un cyber-café à Damas en 2006, emprisonné quelque
temps, Ahed al-Hendi s’enfuit de Damas et se réfugie aux
Etats-Unis où il s’est fait remarquer, en 2010, lors d’un
petit-déjeuner organisé à Dallas par l’Institut Bush -
en marge d’une conférence sur la cyber-dissidence - en
déclarant à l’ancien président W. Bush: « Vous nous
manquez » (4) !
En donnant quasi systématiquement la parole, en Syrie et en
Libye, à des opposants arabes liés aux Etats-Unis ou à Israël,
l’AFP participe – espérons-le à son corps défendant
- à une opération de manipulation de l’opinion internationale.
Elle ne devra pas s’étonner le jour où des extrémistes prendront
ses correspondants pour des espions.
(1)
Syrie : Assad n'est pas à l'abri
d'un revirement de l'armée syrienne, par Lachlan Carmichael
(Courrier international –
28/5/11)
http://www.courrierinternational.com/depeche/newsmlmmd.0ec26e5c4342c5892ecaefe553b7ed6e.411.xml
(2)
A Modernizer Challenges Syria's Old Order ,
par Nora Boustany
(Washington Post - 30/8/04)
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/articles/A26011-2004Jul29.html
(3)
Le Saban Center for Middle East
Policy a été fondé, en 2002,
par le milliardaire israélien Haim Saban, né à Alexandrie,
co-propriétaire de Fox TV.
Il est dirigé par Martin Indyk, ancien ambassadeur des
Etats-Unis à Tel-Aviv, co-fondateur de WINEP,
think tank
likoudnik. En 2010, Haim Saban, qui se dit
« travailliste »
en Israël,
envisageait d’acheter Al-Jazeera.
(4)
Miss Me Yet? The Freedom Agenda After
George W. Bush, par Bari Weiss
(The Wall Street Journal –
24/4/2010)
http://online.wsj.com/article/SB10001424052748703709804575202072055128934
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 29 mai 2011 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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