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Nouvelles d'Irak
Libye: les djihadistes de Conseil national de transition (CNT)
Gilles Munier
Gilles Munier
Dimanche 27 mars 2011
Interviewé par le quotidien italien Il Sole 24 Ore,
Abdel-Hakim al-Hasidi, un des chefs militaires de la rébellion
anti-Kadhafi, a confirmé que des Libyens, « aujourd’hui sur
la ligne de front à Adjabiya », ont fait partie d’un groupe
« d’environ 25 » djihadistes recrutés, à partir de
2005, dans la région de Darnah, pour combattre en Irak aux côtés
de la résistance irakienne. Ces combattants, dit-il, «sont
des patriotes et de bons musulmans, pas des terroristes».
Il a ajouté, sibyllin, que les «membres d’Al-Qaïda sont
également de bons musulmans et se battent contre l’envahisseur ».
La présence de djihadistes libyens dans les rangs de l’Etat
islamique d’Irak, est connue depuis la découverte par les
Forces spéciales américaines, le 11 septembre 2007, de fichiers
informatiques dans un campement bédouin près de Sindjar, non
loin de la frontière syrienne. Sur plus de 600 djihadistes
étrangers recensés, entrés en Irak entre août 2006 et août 2007,
137 étaient libyens, pour la plupart originaires des régions de
Darnah et de Benghazi (1). Ils étaient proches du
Groupe islamique combattant en Libye (GIGL -
Al-Jama’a al-Islamiyyah al-Muqatilah bi-Libya), en guerre
contre les troupes gouvernementales libyennes entre 1995 et
1996. Cette organisation était dirigée par Abou Laith al-Libi,
mort fin janvier 2008, tué par un drone américain tiré sur une
maison d’un village du Waziristan (zones tribales du
Pakistan). Le Libyen, dont la tête était mise à prix cinq
millions de dollars, était proche de Ayman Al-Zawahiri,
idéologue musulman présenté comme le « n° 2 d'al-Qaida ».
Des missiles sol-air dans le Ténéré ?
Abdel-Hakim al-Hasidi qui commande actuellement la région de
Darnah a précisé qu’il n’en est pas l’« Emir ». C’est
un ancien d’Afghanistan, arrêté en 2002 à Peshawar, au Pakistan,
incarcéré quelques mois à Islamabad, puis en Libye jusqu’en
2008.
Dans les milieux djihadistes, combattre ailleurs que dans son
propre pays soulève des controverses. La résurgence du
Groupe islamique combattant en Libye au sein du
regroupement appelé Emirat islamique de Barqa, se
distingue principalement de la branche locale d’Al-Qaïda
par le fait qu’elle estime devoir lutter, prioritairement,
contre le régime libyen. Son alliance tactique avec les
dirigeants du Comité national de transition (CNT) ne
durera pas. Il n’y a rien de commun, idéologiquement parlant,
entre les anciens ministres kadhafistes de la Justice ou de
l’Intérieur et ceux qu’ils ont durement réprimé.
Dès le 24 février dernier, Abdelmalek Droukdel, chef d’AQMI
(Al-Qaïda au Maghreb islamique) a apporté son soutien à
l’opposition anti-Kadhafi. Cela inquiète le président tchadien
Idriss Deby car, selon lui, «les islamistes d’Al-Qaïda ont
profité du pillage des arsenaux en zone rebelle pour
s’approvisionner en armes, y compris en missiles sol-air, qui
ont été par la suite exfiltrés dans leurs sanctuaires du
Ténéré ». Il dit être certain, à 100%, de ces affirmations
(2). On aimerait bien savoir ce que Nicolas
Sarkozy pense de cette déclaration et si la guerre de Libye
ouvre la voie au transfert de la composante navale Commandement
militaire des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom) de
Naples à Benghazi.
(1) Al-Qaïda’s foreign fighters en Iraq – A first look at the
Sinjar records
www.ctc.usma.edu/harmony/pdf/CTCForeignFighter.19.Dec07.pdf
(2)
Interview de Idriss Deby - Jeune
Afrique (28/3/11)
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 28 mars 2011 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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