Nouvelles d'Irak
France-Libye: inhospitalité française
Gilles Munier
Gilles Munier
Vendredi 13 mai 2011
Vendredi 6 mai, le Quai
d’Orsay a déclaré persona non grata 14 diplomates libyens à qui
l’on reprochait « des comportements et activités non
compatibles avec les résolutions de l'ONU pertinentes et
notamment la 1973 et contraires à la protection des populations
civiles libyennes ». Suivant les cas, ils avaient « 24
ou 48 heures pour quitter le territoire national ».
Certains se sont réfugiés en Belgique – qui reconnaît
toujours le gouvernement libyen - pour retourner dans
leur pays dans des conditions normales. Non sans raison…
Diplomate libyenne
« enlevée »
à son domicile
En effet, le
12 mai au petit matin, une vingtaine de policiers a fait
irruption au domicile de Toraia Ben Saleem, une de leurs
collègues, restée à Paris avec ses enfants, dont un fils
handicapé. Elle refusait de partir dans les délais prescrits et
avait déposé un recours devant la justice.
Impressionnée
par le déploiement de force, elle s’est effondrée et a perdu
connaissance quand l’officier lui a annoncé son expulsion
immédiate. Traînée hors de son domicile devant ses enfants
terrifiés, elle a été emmenée par les pompiers appelés
d’urgence, sous haute surveillance.
Suite à
l’intervention d’un membre de l’Observatoire international
sur la Guerre en Libye et de Maître Philippe Missamou, sa
trace a été retrouvée à l’hôpital de Neuilly-Courbevoie. Une de
ses filles s’y est rendue, mais n’a pu voir sa mère, des
policiers lui interdisant d’entrer.
Maître Missamou
affirme que les policiers n'avaient « pas de mandats ».
En conséquence, il dénonce une « violation de domicile »
suivie d’ « un enlèvement » et envisage d’attaquer
Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, et Alain Juppé, ministre
des Affaires étrangères, « pour voie de fait ». La
Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), avait donné
au gouvernement français jusqu’au 12 mai, à 17 heures, pour lui
indiquer les recours dont disposaient les diplomates refusant de
quitter le territoire français de leur plein gré.
Menottée sur un
fauteuil roulant
Dans
l’après-midi, Toraia Ben Saleem a enfin été autorisée à
téléphoner à ses enfants pour leur annoncer qu’elle était à
l’aéroport, menottée à un fauteuil roulant pour l’obliger à
monter dans un avion à destination de la Tunisie. Un membre de
l’Observatoire international sur la Guerre en Libye est alors
entré en contact avec le pilote, un Tunisien, qui a refusé de la
laisser embarquer dans de telles conditions. Ceux des trois vols
suivants également.
Saada al-Sabri,
une des filles de la diplomate, étudiante, a enfin été autorisée
à la rejoindre. Elle l’a trouvée « dans un état très
difficile psychologiquement et physiquement ». Elle a
constaté « des marques d'ongles sur les bras » de sa mère,
« des bleus sur son dos », et un « pied droit gonflé ».
Témoignage de Saada al-Sabri,
à La Voix des Opprimés
http://news.stcom.net/...
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 13 mai 2011 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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