Nouvelles d'Irak
La lutte des
Arabes du Golan (témoignage)
Gilles Munier
Gilles Munier
Vendredi 4 février 2011
Les nouvelles en provenance du Golan sont rares. Le témoignage de
Taiseer Maray, directeur de l’ONG « Golan for development », n’en
est que plus précieux. Résumé de l’interview qu’il a accordée au
site Electronic Intifada* :
Au début de l’année 1967, 130 000 Syriens vivaient sur
le plateau du Golan, répartis dans 139 villages et une
soixantaine d’exploitations agricoles. Après la guerre de juin
67, le Golan ne comptait plus 60 000 à 90 000 habitants. Les
forces israéliennes ont chassé la plupart de leurs maisons.
Après cela, il ne restait que 6 300 Syriens dans cinq villages,
principalement des agriculteurs.
Résistance culturelle
A l’époque, nous avions peur. Personne ne
s’intéressait à nous. Mais, quand Israël a annexé le Golan et
voulu nous forcer à prendre la nationalité israélienne, nous
avons refusé. Nous avons résisté. Des affrontements violents ont
eu lieu avec les forces d’occupation. Les résistants étaient
incarcérés avec les Palestiniens. La première Intifada
palestinienne s’est inspirée de la résistance des Syriens du
Golan.
Dans les années 1990, les Israéliens se sont aperçu
que la répression était sans effet, sinon celui d’augmenter
notre capacité de résistance, alors ils ont changé de tactique.
Maintenant, ils veulent nous assimiler.
Les Israéliens cherchent à détruire notre patrimoine
culturel. Ils tentent de contrôler le cerveau de la nouvelle
génération à travers l'éducation. Ils nous obligent à apprendre
l'hébreu, l'histoire sioniste, l'histoire juive. La culture
arabe est déformée. Heureusement qu’en Syrie, depuis l’empire
Ottoman et le Mandat français, nous savons comment résister aux
cultures étrangères.
Pommiers déracinés
Les colons volent nos ressources, exploitent nos
terres. L’eau minérale Eden Springs est mise en bouteille dans
le Golan et est exportée dans le monde entier. Les vins
israéliens proviennent de nos vignobles. Les fleurs du Golan
sont vendues dans le monde, y compris aux Pays-Bas.
Israël présente comme un exemple de normalisation
l’autorisation donnée aux paysans du Golan de vendre 10% de leur
récolte de pommes sur le marché syrien. Mais ce sont des pommes
syriennes, cultivées par des Syriens. Elles sont vendues au
gouvernement syrien qui est notre gouvernement… Qui sait que les
cinq dernières années, Israël a déraciné plus de 10 000
pommiers, prétendant qu'ils poussaient sur des terres
appartenant à l'État ? Nous les avons replanté.
Les agriculteurs dans les villages arabes du Golan
produisent 40% des pommes et 50% des cerises vendues sur le
marché israélien. Nous voulons exporter nos produits vers le
territoire occupé de Cisjordanie et de Gaza, ou en Europe, mais
Israël nous l’interdit.
A quoi peut donc rêver Taiseer Maray ? A la liberté,
dit-il, à la restitution du Golan à la Syrie, à la libération de
la Palestine, mais aussi au jour où le peuple juif se
débarrassera de l’idéologie sioniste…
* Golan Heights activist: “We dream of freedom” par Adri
Nieuwhof (The Electronic Intifada - 28/1/11)
http://electronicintifada.net/v2/article11747.shtml
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 4 février 2011 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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