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La presse israélienne est sous le choc et ne cache pas son inquiétude
sur l'avenir politique d'Israël après l'hospitalisation en urgence
du Premier ministre, Ariel Sharon, qui se trouve dans un état
critique.
"Que va-t-il arriver maintenant ? demande le Jerusalem
Post au lendemain de l'hospitalisation en urgence du Premier
ministre, Ariel Sharon, victime d'une hémorragie cérébrale dans
la nuit du mercredi 4 au jeudi 5 janvier. En effet, la brutale dégradation
de l'état de santé de Sharon a plongé Israël dans l'incertitude
politique, à trois mois d'élections législatives où son nouveau
parti Kadima était donné vainqueur. "La question est sur
toutes les lèvres : Que va-t-il arriver si Sharon ne se rétablit
pas ? Que va-t-il arriver si l'ère de Sharon dans la politique israélienne
arrive à son terme ?" s'interroge Ha'Aretz.
"Le Premier ministre avait déjà résisté, il y a trois
semaines [le 18 décembre], à une légère attaque cérébrale ;
son fils est accusé de fraude ; et lui-même faisait face à des
soupçons de corruption. Mais la popularité d'Ariel Sharon
continuait à grimper dans tous les sondages", souligne le
Jerusalem Post. Toutefois, le net avantage dont bénéficie Kadima
repose essentiellement sur la personnalité de son dirigeant.
"Sans Sharon, que restera-t-il de ce parti ? poursuit le
quotidien israélien.
Difficile, pour l'heure, de trouver une réponse à ces questions.
"Dans l'immédiat, c'est le ministre des Finances et
vice-Premier ministre, Ehoud Olmert, qui assure l'intérim à la tête
du gouvernement. Mais on ne sait pas avec certitude qui pourrait
prendre la direction de Kadima.
Outre Olmert, les noms qui sont avancés sont ceux des ministres de
la Défense, Shaul Mofaz, et de la Justice, Tzipi Livni. Il est même
possible que l'ancien Premier ministre [travailliste] Shimon Pérès
soit sollicité", signale Ha'Aretz. De toute façon, Sharon ne
pourra pas participer à la campagne électorale en vue des élections
prévues le 28 mars. Or, "le paysage politique israélien est
difficile à imaginer sans la présence de Sharon, souligne le
journal.
La nouvelle fait également la une de la presse palestinienne.
Al-Ayyam rappelle que "Sharon, qui avait récolté le surnom de
'bulldozer' à cause de sa stature imposante, était désigné ces
derniers temps par l'extrême droite israélienne et par les faucons
du Likoud par les termes de 'dictateur', de 'traître' et de
'menteur'. En effet, Sharon avait effectué un changement dans sa
stratégie politique qui l'éloignait de ces anciens alliés."
Le journal poursuit en citant l'ancien ministre de
l'Information palestinien, Nabil Chaath, selon lequel le
Premier ministre israélien n'avait pas encore clairement fait le
choix de la paix. Les dernières évolutions de son état de santé
ajoutent de l'incertitude à l'avenir du processus de paix. Sur le
plan strictement humain, nous sommes désolés pour lui.
Les quotidiens palestiniens Al-Hayat Al-Jadida et Al-Quds publient
également en première page les informations sur l'hospitalisation
de Sharon et sur son remplacement par intérim par l'ancien maire de
Jérusalem, Ehoud Olmert, sans autres commentaires.
A Washington, le président Bush s'est déclaré "bouleversé
par la dégradation de l'état de santé d'Ariel Sharon,
rapporte de son côté le New York Times. Bush a tenu à faire l'éloge
de Sharon, l'appelant "un homme de courage et de paix, et
a ajouté que "lui et sa femme Laura partageaient l'inquiétude
du peuple israélien et priaient pour le rétablissement de
Sharon".
Dans un éditorial titré "Une ombre plane sur le
Moyen-Orient", le Los Angeles Times souligne pour sa part que
"la défaillance de Sharon ajoute de l'incertitude au processus
politique déjà chaotique, tant en Israël que dans les Territoires
palestiniens". En attendant les résultats des
élections législatives qui devraient avoir lieu en janvier dans
les Territoires et en mars en Israël, "Washington devra
surveiller la situation de très près et être prêt à intervenir
si de graves problèmes apparaissent entre l'Etat juif et les
Palestiniens".
Enfin, Ha'Aretz publie en première page une prière "pour le
Premier ministre, l'homme qui ne peut pas être brisé. Une prière
pour notre présent qui vole en éclats et pour notre avenir qui est
bloqué".
Hoda Saliby
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