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Les scénarios de l'après Sharon
Ha'aretz 5 janvier 2006


[alors qu¹Ariel Sharon est toujours entre la vie et la mort, il est déjà clair pour à peu près tout le monde que, quelle que soit l¹issue de son intervention chirurgicale, il ne reviendra probablement plus au pouvoir. Le premier effet visible de cet accident est le bouleversement du paysage
politique israélien, qui sera évidemment déterminant pour les relations futures avec les Palestiniens et pour le processus de paix. Les analystes politiques d¹Ha¹aretz élaborent ici scénarios et prédictions. Nous aurons bien entendu l¹occasion de revenir sur le bilan d¹Ariel Sharon. Et nous souhaitons que ces interrogations sur l¹avenir politique sans Sharon ne soient pas interprétées comme un manque de respect pour sa personne]

http://www.haaretz.com/hasen/spages/666777.html


1/ Yossi Verter

Désormais, plus rien n¹est sûr. Tout ce qui paraissait vrai jusque hier est aujourd¹hui largement remis en question. Si, avant mercredi dernier, Ariel Sharon et son parti Kadima étaient considérés comme les grands vainqueurs potentiels des élections, la journée de jeudi marque le retour de la compétition électorale.

Kadima demeurera probablement intact, et ses membres ne retourneront pas à leurs partis d¹origine, mais le soutien populaire et la force dont il a bénéficié ont été gravement frappés. Quel est le degré de gravité ? Les sondages qui paraîtront jeudi soir et vendredi en fourniront un début d¹indication, même si elle ne sera que partielle, car ces sondages auront été effectués alors que tout le monde est dans un état de choc et que l¹émotion est intense.

Les trois forces politiques principales du pays sont confrontées chacune à un défi : Kadima devra prouver qu¹il n¹est pas le parti d¹un seul homme ; Amir Peretz, le président du Parti travailliste, devra convaincre de nouveau que son parti compte dans le paysage politique, peut-être en accueillant quelques-unes de ses brebis égarées ; Benjamin Netanyahou, dirigeant du Likoud, devra faire de même. Dans tous les cas de figure, une période d¹incertitude absolue, quasiment sans précédent en Israël, s¹est ouverte ce jeudi.


2/ Aluf Benn

Suite à la détérioration de l¹état de santé de Sharon, les grands gagnants sur le plan politique sont les numéros 1 et 2 du Likoud, Benjamin Netanyahou et Silvan Shalom. Netanyahou revient sur la ligne de départ avec une bonne chance de redevenir Premier ministre, malgré le fait qu¹il avait été relégué au rang de dirigeant d¹un parti de droite marginalisé.

Shalom, qui est parvenu à convaincre les ministres du Likoud de ne pas quitter le gouvernement, restera ministre des Affaires étrangères et conservera un rôle déterminant au sein du Likoud.

Dans cette situation nouvelle, l¹un des grands perdants sera le ministre de la Défense Shaul Mofaz, qui a quitté de Likoud à la dernière minute pour rejoindre Kadima. Il n¹est pas certain qu¹il se batte pour accéder à la direction de Kadima, ni quelles seraient ses chances s¹il décidait de le faire.

Les autres nouveaux venus dans le jeu politique sont dans la même situation. Avi Dichter, l¹ancien patron du Shin Bet, et le professeur Uriel Reichmann ont rejoint Kadima parrainés par Sharon. Ils se poseront probablement la question de savoir s¹ils resteront à Kadima, au cas où ils auraient à se battre pour une place sur la liste du parti candidate à la Knesset.

Il est probable que Shimon Peres subira des pressions pour retourner au Parti travailliste, maintenant qu¹il n¹est plus lié par sa déclaration de soutien à Sharon en tant que candidat le plus approprié au poste de Premier ministre.

L¹ancien Premier ministre travailliste Ehud Barak, pour sa part, sera tenté de faire son come-back politique et de postuler au poste de ministre de la Défense d¹Amir Peretz, au cas où celui-ci accéderait au pouvoir.


Daniel Ben Simon

J¹espère, et je crains en même temps, que si l¹état du Premier ministre Ariel Sharon ne s¹améliore pas dans les deux prochaines semaines, il sera oublié et que son parti tournera la page.

Kadima sera tellement occupé à se chercher un nouveau président qu¹il en oubliera l¹ancien. C¹est la faiblesse de la politique intérieure israélienne, mais aussi sa force : elle est plus forte que n¹importe lequel de ses leaders.

La situation actuelle place trois nouveaux acteurs au-devant de la scène politique. Avec le travailliste Amir Peretz et Benjamin Netanyahou du Likoud, le Premier ministre par intérim, Ehud Olmert, rejoint lui aussi le devant de la scène. Ses idées en matière d¹économie et de société sont proches de celles de Netanyahou, mais ses positions en politique extérieure le rapprochent davantage de Peretz. Il va s¹agir d¹une fascinante bataille à trois, où trois "jeunes" quinquagénaires israéliens, dont deux "princes" et un nouveau venu, vont s¹affronter pour la direction du pays.


Akiva Eldar

Le parti Kadima va subir son grand test lors du choix du successeur de Sharon. S¹il s¹unit autour d¹un seul dirigeant (probablement Olmert) et parvient à créer les mécanismes permettant de choisir ses candidats à la Knesset, ce que Sharon n¹avait pas réussi à faire, il bénéficiera d¹un large soutien dans l¹opinion.

Cela sera le résultat d¹une certaine loyauté à l¹égard de la nouvelle voie choisie par Sharon, et cela même si le Premier ministre fait ses adieux à la scène politique, car il apparaît que le fait de mettre fin à l¹occupation sans l¹aide d¹un partenaire palestinien séduit l¹électorat israélien du centre, de la gauche et de la droite modérée.

Le défi auquel devra faire face Kadima sera de se trouver un leadership capable de "vendre" cela, et de convaincre l¹opinion que Sharon n¹est pas le seul capable de partager la terre sans diviser le peuple.

La disparition de Sharon donnerait à certaines personnalités anciennement travaillistes une chance de retourner à leur parti d¹origine et de travailler solidairement avec Amir Peretz, afin de constituer une alternative crédible à Kadima et au Likoud.

Shimon Peres a dit en quittant le Parti travailliste que seul Sharon pouvait faire avancer le processus de paix. Il n¹a pas parlé de Kadima, ni d¹Ehud Olmert, ni même de la ministre de la Justice Tsipi Livni. La situation nouvelle fournirait également une excuse à Peretz pour offrir à Ehud Barak une position importante au sein de son futur gouvernement, éventualité qui semble aujourd¹hui plus crédible qu¹auparavant.

Quant au Likoud, je ne m¹attends pas à voir un retour massif des électeurs traditionnels du Likoud aujourd¹hui séduits par Kadima vers leur parti d¹origine, car la plupart d¹entre eux l¹ont quitté à cause de Netanyahou et des "rebelles" (opposés au désengagement de Gaza, ndt). Ces électeurs ont cherché refuge dans un parti qui propose une approche plus pragmatique.
Ainsi, Netanyahou doit trouver un moyen de choisir des personnalités politiques et des positions qui donneraient une nouvelle image du Likoud, où celui-ci pourrait offrir au pays une certaine stabilité, même avec lui à sa tête.

Le Shinoui pourrait se révéler être l¹un des grands gagnants de la nouvelle donne, au cas où un Kadima sans Sharon ne réussirait pas à se positionner en véritable parti centriste.

 


 Source : La Paix Maintenant


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