La presse continue de suivre attentivement l'état
de santé du Premier ministre, A. Sharon, qualifié ce matin de «
grave mais stable ». Selon l'un des médecins de l'hôpital
Hadassah à Jérusalem, les dégâts causés par l'hémorragie cérébrale
seraient importants, même s'ils ne seront mesurables que dimanche
ou lundi, lorsqu'A. Sharon sortira du coma dans lequel il est
volontairement maintenu.
Sur le plan politique, le parti Kadima affirme son soutien au
Premier ministre par intérim, Ehoud Olmert. La presse estime que si
Olmert parvient à empêcher dans les prochains jours le retour dans
leurs partis respectifs de « poids lourds » comme T. Hanegbi, M.
Shittrit et S Peres, il renforce ainsi ses chances d'être élu
Premier ministre. Le Yédiot précise par ailleurs qu'Olmert bénéficie
du soutien de l'Administration américaine, qui voit en lui le
successeur naturel de Sharon. Enfin, d'après les sondages,
l'hospitalisation du Premier ministre ne semble pas affecter la
popularité du parti qui devance toujours ses rivaux.
La presse se fait également l'écho des réactions internationales
suite à l'attaque cérébrale dont a été victime A. Sharon. Le président
de l'Autorité palestinienne, M. Abbas, a téléphone à E. Olmert
et souhaité que le Premier ministre se rétablisse rapidement.
France enfin, avec un portrait du père Desbois, responsable des
relations avec le judaïsme au sein du comité épiscopal, publié
dans le Haaretz.
L'état de santé du Premier ministre israélien reste « grave et
stable » selon le dernier communiqué de l'hôpital Hadassah de Jérusalem.
Ce matin, Ariel Sharon subira un nouvel examen scanner cérébral
pour vérifier que l'hémorragie n'a pas repris.
Cité par le quotidien populaire Maariv, un médecin de l'hôpital
Hadassah a estimé que les dommages causés par l'hémorragie cérébrale
seraient importants.
« Nous ne pouvons l'affirmer avec certitude, mais selon l'endroit
où se situe la lésion, nous estimons que le Premier ministre
pourrait souffrir de paralysie et peut-être d'un certain
dysfonctionnement de la parole, mais probablement pas de ses
capacités cognitives », a-t-il déclaré. Ce spécialiste a
toutefois souligné qu'on ne pourrait connaître l'étendue des
dommages avant dimanche ou lundi, quand Ariel Sharon sortira du
coma dans lequel il est volontairement placé. Le directeur de l'hôpital,
le Professeur Shlomo Mor-Yossef, a expliqué que le Premier
ministre était plongé dans un coma artificiel et se trouvait
sous assistance respiratoire afin de faire baisser la pression
intracrânienne et permettre au cerveau de récupérer. Ce
traitement dure entre 24 et 72 heures, explique le journal et
Ariel Sharon ne peut pour l'heure subir d'examens moteurs.
« Kadima resserre ses rangs », titre le quotidien à grand
tirage Yédiot Aharonoth en annonçant que tous les hauts
responsables de la formation centriste ont publiquement manifesté
leur soutien au Premier ministre par intérim Ehoud Olmert.
Ce dernier s'est entretenu hier soir avec la ministre de la
Justice, Tzipi Livni, qui lui a assuré qu'elle se tiendrait à
ses côtés pour prendre les bonnes décisions et qu'elle ne lui
contesterait pas la direction du parti. Cité sous couvert de
l'anonymat par le journal, un éminent responsable de Kadima a
estimé que sa formation pourrait devenir la plus importante au
lendemain des élections si elle avait l'intelligence de ne pas se
laisser entraîner dans des luttes intestines.
Une autre membre haut placé du parti centriste a confié au
quotidien de tendance gauche libérale Haaretz que si Ehoud Olmert
parvenait ces prochaines jours à empêcher le retour dans leurs
partis respectifs de Tsahi Hanegbi, Méïr Shetrit et Shimon Peres,
ses chances d'être élu Premier ministre israélien s'en
trouveraient accrues.
Ehoud Olmert s'entretiendra ce soir avec Shimon Peres et lui
certifiera que son statut particulier au sein de Kadima sera préservé.
Selon le Haaretz, le Premier ministre par intérim va tenter de
torpiller les efforts déployés par le numéro un travailliste,
Amir Peretz, pour convaincre M. Peres de « retourner au bercail
». Pour ce, souligne la presse, M. Olmert pourrait offrir à
l'ancien travailliste un portefeuille ministériel de première
importance ainsi que le titre de vice-Premier ministre.
Selon les commentateurs israéliens, l'Administration américaine
voit en Olmert le successeur naturel d'Ariel Sharon. La Maison
Blanche et le Département d'Etat envisagent une étroite
collaboration avec le Premier ministre par intérim, qui pour
Washington fut l'un des principaux lieutenants d'Ariel Sharon dans
la mise en oeuvre du plan de désengagement, note le Yédiot.
Sondages
L'hospitalisation du Premier ministre israélien Ariel Sharon ne
semble pas affecter la popularité de son parti, créé il y a six
semaines après sa défection du Likoud, selon des sondages publiés
aujourd'hui par les quotidiens Yédiot Aharonoth et Haaretz.
Conduit par le Premier ministre par intérim, Ehoud Olmert, la
nouvelle formation centriste obtiendrait 42 sièges sur 120 au
Parlement, devançant ainsi le Parti travailliste d'Amir Peretz
(20 mandats), et le Likoud de Binyamin Nétanyahou, crédité de
16 sièges.
Dans le cas où le parti serait conduit par l'ancien Premier
ministre Shimon Peres, il emporterait 42 sièges, alors qu'il en
obtiendrait 36 si la ministre de la Justice, Tzipi Livni, était
à sa tête.
Par ailleurs, 23% des Israéliens souhaiteraient que Shimon Peres
succède à Ariel Sharon à la direction de Kadima, l'octogénaire
devançant ainsi Ehoud Olmert, crédité de 21% des suffrages et
Tzipi Livni (14%). Le ministre de la Défense, Shaoul Mofaz et
l'ancien chef des services de sécurité intérieure, Avi Dichter,
n'arrivant qu'en quatrième et cinquième position avec
respectivement 8% et 5% des intentions de vote.
Les élections maintenues en mars
Les journaux font le point sur les dispositions de la loi
concernant les différents scénarios qui pourraient avoir lieu en
fonction de l'évolution de l'état de santé d'Ariel Sharon.
Le quotidien de tendance gauche libérale Haaretz explique ainsi
que la loi fondamentale sur le Gouvernement établi une
distinction entre l'incapacité temporaire et l'incapacité
permanente du Premier ministre à assurer ses fonctions.
Dans le premier cas, selon l'article 16 (b), le vice-Premier
ministre remplit les fonctions de Premier ministre pendant une période
ne pouvant excéder les 100 jours. C'est la situation actuelle :
mercredi soir le Conseiller juridique du Gouvernement et le Secrétaire
du Gouvernement ont décrété que provisoirement Ariel Sharon ne
pouvait assumer ses fonctions, souligne le quotidien.
Dan le cas où le Premier ministre serait dans l'incapacité
permanente d'assumer ses fonctions, le gouvernement devrait selon
l'article 30 (c) se réunir immédiatement et élire un Premier
ministre par intérim qui restera en fonction jusqu'à la
formation d'un nouveau gouvernement. Ce Premier ministre par intérim
doit répondre à trois conditions : être ministre, être député
et appartenir au même groupe parlementaire que le Premier
ministre. Cinq personnes répondent aujourd'hui à ces conditions
: Ehoud Olmert, Tsipi Livni, Meir Shitrit, Guideon Ezra et Avraham
Hirchson. La loi ne fixe pas qui décrète l'incapacité
permanente, mais il a été décidé que ce rôle incomberait au
Conseiller juridique du Gouvernement Ménahem Mazouz. En cas de décès
du Premier ministre, la procédure est la même. Théoriquement,
en cas de décès du Premier ministre, le Président de l'Etat
doit confier la formation d'un nouveau gouvernement à un député
dans les 14 jours, mais dans la situation actuelle, étant donné
que la Knesset a été dissoute et que des élections sont prévues,
il serait illogique de former un nouveau gouvernement.
Concernant un éventuel report des élections, précise la presse,
le Conseiller juridique du Gouvernement a déclaré que le décret
de dissolution de la Knesset était entré en vigueur et qu'il était
désormais impossible de modifier la date des élections. Par conséquent,
celles-ci auront bien lieu le 28 mars prochain.
Chute des cours
Les marchés financiers ont fortement réagi aux événements
d'hier mais le Maariv estime qu'ils ont fait preuve de maturité
et qu'on n'a pas constaté de panique chez les investisseurs. Les
principaux indices boursiers ont chuté d'environ 4%.
Réactions
Le quotidien Haaretz rapporte que le monde arabe suit de très près
l'état de santé d'Ariel Sharon. Toutes les grandes chaînes télévisées
arabes ont posté des correspondants devant l'hôpital Hadassah.
Les chaînes d'information Al-Jazira et Al-Arabiya ont envoyé des
journalistes de premier plan pour couvrir l'événement.
Selon le journal Maariv, le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad
aurait déclaré à des personnalités religieuses chiites : «
j'espère que les nouvelles selon lesquelles le criminel de Sabra
et Chatila a rejoint ses ancêtres sont définitives ». Le
porte-parole du Hamas à Gaza, Mouchir Al-Misri a déclaré pour
sa part : « la scène politique sera changée après la mort de
Sharon, et la région toute entière se portera mieux sans lui »,
a-t-il déclaré.
Chez les dirigeants palestiniens, les réactions étaient très
différentes. Selon le Maariv, le Président palestinien Mahmoud
Abbas a téléphoné à Ehoud Olmert et a exprimé l'espoir
qu'Ariel Sharon se remettrait rapidement. Le Premier ministre
palestinien sortant Ahmed Qorei estime qu'avec le départ d'Ariel
Sharon, les Israéliens perdaient un dirigeant capable de prendre
des décisions importantes.