Hassan Nasrallah à la Libération du
Liban :
« Israël est plus fragile qu'une toile
d'araignée »
Capture
d'écran PalSol
Dimanche 24 mai 2015
Discours du Secrétaire Général du
Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 25
mai 2000, au jour de la Libération du
Sud-Liban de l'occupation israélienne.
Ce 25 mai 2015
marque le quinzième anniversaire de la
Libération du Liban par le Hezbollah,
une faction armée libanaise de quelques
centaines d'hommes, soutenue par l'Iran
et la Syrie, qui infligea à Israël la
première défaite de son histoire. Une
déroute humiliante obtenue par la seule
force des armes, sans aucune négociation
– car le Hezbollah ne négocie pas avec
l'Occupant sioniste.
En attendant la déroute finale et la
Libération inéluctable de toute la
Palestine, revivons ces instants avec un
témoin direct des événements, le
journaliste Robert Fisk (dont les
ouvrages Pity the Nation et
The Great War for Civilization sont
incontournables), et avec le fameux
discours de la toile d'araignée prononcé
par Sayed Hassan Nasrallah le jour de la
Libération. Cette formule célèbre a eu
un tel impact que durant la guerre de
juillet 2006, Israël a subi de lourdes
pertes en essayant vainement de
s'emparer de Bint Jbeil, où Hassan
Nasrallah avait prononcé ce discours.
Robert Fisk,
Pity the Nation : « En mai 2000, Israël implémenta
enfin la résolution 425 de l'ONU, qui
appelait à un retrait total des forces
israéliennes du Sud-Liban. De l'aveu de
tous, ils sont partis avec 22 ans de
retard – la résolution 425 fut adoptée
en 1978. Mais personne ne pourrait dire
qu'ils ne sont pas partis
précipitamment. Au début du mois, les
hommes de l'Armée du Sud-Liban [ASL,
collaborationnistes avec l'occupant
sioniste] commencèrent à déserter
leurs positions le long de la ligne de
front israélienne. Ils abandonnèrent
artillerie, tanks et fortifications,
laissant les troupes israéliennes se
débrouiller seules. Les Israéliens
demandèrent un cessez-le-feu au
Hezbollah afin de permettre un retrait
en ordre. Le Hezbollah refusa. Ils
combattraient jusqu'au dernier instant.
Alors, durant une semaine entière, les
Israéliens se faufilèrent hors du Liban,
en tenant leur base du vieux château des
Croisés à Beaufort jusqu'à la fin.
Lorsque des milliers de villageois du
Sud-Liban revinrent en masse à leurs
domiciles, beaucoup d'hommes de l'ASL
s'enfuirent pour sauver leur vie.
Certains d'entre eux se livrèrent au
Hezbollah. Abandonnés par leurs alliés,
nombre d'Israéliens quittèrent leurs
postes sous le couvert de l'obscurité –
afin d'éviter des embuscades de guérilla
– et retournèrent chez eux, en Israël, à
travers champs. (...)
Durant les derniers moments de cette
retraite, les dernières forces
israéliennes furent extraites de
Beaufort par hélicoptère juste avant que
des jets israéliens apparaissent et
bombardent leurs bunkers. Des centaines
d'hommes de l'ASL cherchèrent asile en
Israël – deux furent abattus par des
troupes israéliennes paniquées en
essayant de traverser la frontière – et
nombre d'entre eux obtinrent refuge. A
Khiam, des foules forcèrent l'entrée de
la prison abandonnée et trouvèrent les
prisonniers toujours enfermés dans leurs
cellules. Submergés par l'émotion, ils
défoncèrent les portes. A l'intérieur,
il y avait des hommes qui avaient été
détenus sans procès depuis plus de dix
ans. Les câbles électriques employés
pour la torture étaient toujours en
place. Seuls les générateurs de courant
avaient été emportés. C'était une
véritable débâcle.
Et pour le Liban, ce fut une libération.
A Taibe, je vis un homme du Hezbollah
courir vers une maison recouverte de
vignes et se jeter dans les armes d'une
femme. Sa mère pleura sur son épaule. «
Je ne l'ai pas vue depuis 15 ans, me
dit-il. ».Je marchai avec les foules à
travers Taibe, avec des hommes du
Hezbollah et leurs familles – armés et
pleurant de joie –, des religieux
chiites, des villageois âgés, des
centaines d'enfants ; tous voulaient
rejoindre le sommet de la colline qui
surplombait la ville. Et lorsqu'ils y
parvinrent et purent voir la longue
route frontalière devant eux, ils se
tinrent tous debout, incrédules. Car
face à eux s'étendant Israël, la vallée
de Galilée baignée dans une pâle brume
bleue. Ils avaient attendu ce moment
durant tant d'années. En 1982, lorsque
l'armée israélienne se fraya un chemin
jusqu'à Beyrouth par la dévastation,
personne n'aurait pu rêver de cela. Le
Hezbollah avait dit que ce moment
viendrait. Je ne les croyais pas. Mais
je me trouvais maintenant avec eux à la
frontière, leurs drapeaux jaunes
flottant sous la brise. (...)
Le Hezbollah a démontré que la reddition
n'est pas nécessaire, que l'armée la
plus puissante du Moyen-Orient peut être
humiliée. Les Libanais l'avaient
démontré durant le siège de Beyrouth en
1982. Les Palestiniens ont compris la
leçon. A Gaza, je découvris que la
plupart des Palestiniens regardaient la
chaîne satellite du Hezbollah, Al-Manar,
qui émettait depuis Beyrouth. Elle
montrait des vidéos de leurs propres
attaques contre des bases israéliennes,
filmées par leurs combattants. Elle
exhortait les Palestiniens à combattre
comme les Libanais avaient combattu.
Elle leur disait que Dieu était de leur
côté. »
Cette victoire,
nous l'offrons à notre peuple opprimé en
Palestine occupée, et aux peuples de
notre communauté arabe et islamique. Et
depuis ce lieu, depuis la ville de Bint
Jbeil libérée (de l'occupation
sioniste), je m'adresse au peuple
Palestinien opprimé, persécuté et
torturé : ô notre peuple en Palestine,
ton destin est entre tes mains. Ton
destin est entre tes mains. Tu es
capable de récupérer ta terre par ta
volonté, par le choix de Izzedine al-Qassam
[martyr contre l'Occupation coloniale
britannique et sioniste], par le sang de
Fathi Chiqaqi et Yahya 'Ayyach [cadres
du Jihad Islamique et du Hamas
assassinés par Israël], tu es capable de
récupérer ta terre, sans attendre que
ces sionistes t' « accordent » telle
petite place, ou tel petit village. Vous
pouvez rapatrier vos familles dans leurs
maisons avec fierté et honneur, sans
solliciter l'intercession de quiconque.
Vous êtes capables d'obtenir votre terre
et vos droits légitimes, même si le
monde entier vous a abandonnés.
Laissez ces excuses
et prétextes de côté. Car la voie vers
la Palestine, ô peuple Palestinien...
Votre voie vers la liberté est la voie
de la Résistance et de l'Intifada, de la
Résistance sérieuse et de l'Intifada
authentique. Non pas l'Intifada limitée
au cadre des accords d'Oslo, ni
l'Intifada au service des négociateurs
défaitistes de Stockholm, mais
l'Intifada et la Résistance
(authentiques) qui n'acceptent rien
d'autre que l'ensemble de vos droits,
tout comme le Liban. Au Liban, tout le
Liban refuse de laisser ne serait-ce
qu'un petit morceau de son territoire
sous l'occupation (sioniste).
Ce modèle libanais
glorieux, nous l'offrons à notre peuple
en Palestine. […]
Oui, vous les
Palestiniens opprimés, vous les
Palestiniens abandonnés et isolés, vous
les Palestiniens assiégés, vous êtes
capables d'imposer aux envahisseurs
sionistes de retourner d'où ils
viennent. Que les Falachas (Juifs
éthiopiens) retournent en Ethiopie – il
y a beaucoup de place en Ethiopie, il y
a des coins sympas –, que les Juifs
russes retournent en Russie, etc.
Quoi qu'il en soit,
le choix est entre vos mains, et le
modèle à suivre est sous vos yeux. Une
Résistance sincère et authentique peut
vous permettre de façonner l'aube de la
Libération, ô nos frères, nos bien-aimés
et chers frères de Palestine.
Je vous déclare,
ô notre peuple en Palestine, cet Israël,
qui possède des armes nucléaires, et la
plus puissante force aérienne de la
région, je le jure par Dieu, Israël est
plus fragile qu'une toile d'araignée.
Par Dieu, Israël est plus fragile qu'une
toile d'araignée.
Mais si vous voulez
vous en remettre à l'Union Soviétique
comme c'était le cas auparavant, vous
n'obtiendrez aucun résultat. Si vous
attendez une intervention de la
communauté internationale, vous
n'obtiendrez aucun résultat. Si vous
comptez sur les diverses équations
(régionales et internationales), vous
n'obtiendrez aucun résultat.
Mais, ô peuple
de Palestine, « Si vous défendez la
cause de Dieu, il vous soutiendra et
affermira vos pas. » (Coran, 47, 7). O
peuple de Palestine, « Si Dieu vient à
votre secours, nul ne pourra vous
vaincre. » (Coran, 3, 160) […]
A nos peuples
arabes et islamiques, nous déclarons : ô
communauté arabe, ô notre monde arabe et
islamique, la honte, la défaite,
l'humiliation et le déshonneur
appartiennent au passé. Cette victoire
fonde une nouvelle ère historique, et
met fin à une ère historique passée.
Débarrassez-vous du découragement et
armez-vous de l'espoir. Débarrassez-vous
de la faiblesse et rassemblez votre
force et votre détermination.
Aujourd'hui, au nom
de tous les martyrs du Liban, au nom de
tous les opprimés du Liban, je demande
aux gouvernements arabes, au minimum, de
mettre fin à tout processus de
normalisation avec Israël, de couper
leurs relations avec Israël, d'imposer
leur position et leurs décisions à
Israël.
Et je demande aux
peuples arabes de se tenir aux côtés de
la Palestine et du peuple Palestinien,
et de rejeter toute forme de
normalisation des relations avec cet
ennemi. Le projet de Grand Israël a été
vaincu par la Résistance (libanaise), et
le projet d'Israël Puissant est en train
d'être vaincu par la Résistance, et
l'une des méthodes importantes est la
résistance à toute normalisation des
relations avec Israël.
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