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Cirepal
« La résistance,
c'est notre dignité, notre honneur, notre survie »
Discours de Sayyid Hassan Nasrullah*
Photo Al Manar
Jeudi 12 mars 2009
A l’occasion de la commémoration de la
naissance du prophète Muhammad, que la paix et la bénédiction
soient sur lui, sur sa famille et ses compagnons et à l’occasion
de la semaine de l’unité musulmane, sayyid Hassan Nasrullah,
dirigeant de la résistance islamique et secrétaire général du
Hizbullah, a prononcé un important discours dans lequel il a
abordé plusieurs sujets relatifs à la commémoration et à la
situation politique actuelle.
En voici de larges extraits :
L’année de l’éléphant
… Frères et sœurs, paix sur vous tous,
miséricorde et bénédictions de Dieu. Au début, je vous félicite
à l’occasion de cette commémoration, la naissance de l’honorable
messager de Dieu, que les prières et les saluts de Dieu soient
sur lui et sa famille. Ce messager, sceau des prophètes et
maître des messagers, la créature la plus aimée pour Dieu,
gloire à Lui. Nous célébrons en ces jours-ci la commémoration de
la naissance bénie et chère à nos yeux tous, pour apprendre en
présence du messager de Dieu, enseignant, pour être guidés en
présence du messager de Dieu, guide et annonciateur de
l’humanité, pour apprendre et être guidés vers la foi et
l’unicité, vers la bonne moralité, la moralité la plus noble,
vers la défense de la dignité et la liberté de l’être humain,
vers tout ce qui est bon pour l’être humain dans sa vie ici-bas
et tout ce qui est bien, réforme et action dans sa vie de
l’au-delà.
Comme il est connu, chez les musulmans, comme
il est aussi reconnu et admis, Muhammad b. ‘Abd-Allah, le
messager de Dieu, est né l’année de l’éléphant. Souvent, lorsque
nous lisons ou parlons à propos de la vie du Prophète, nous
passons cette période de la naissance pour aborder les
événements au cours de la vie du Prophète, mais, concernant un
des aspects de cette commémoration, je voudrai m’arrêter quelque
peu sur la phase de la naissance, l’année de l’éléphant, année
connue par les Arabes avant et après l’Islam, et jusqu’à
présent. Les livres d’histoire, de hadîths, les biographies et
tous les livres qui ont rapporté les événements historiques
d’une manière globale en parlent et parlent également de
l’événement qui a eu lieu en cette année, et c’est à cause de
cet événement que l’année fut appelée année de l’éléphant. C’est
un événement admis par tous, dans l’histoire, il n’est nié ou
ignoré par personne, que ce soit au niveau de l’événement
lui-même ou au niveau de ses détails.
L’année de l’éléphant, ou l’année de la
naissance du messager de Dieu, correspond, par rapport à la
datation musulmane, à quarante ans avant la révélation du
message. L’histoire est connue, je la raconterai cependant
rapidement, pour m’arrêter sur quelques faits significatifs car
je ne voudrai pas parler de l’histoire pour l’histoire, mais
pour la signification et les orientations qu’elle peut nous
fournir, pour l’époque que nous vivons aujourd’hui.
En cette année, le roi éthiopien Abraha qui
possédait un royaume puissant et dominait des parties de la
péninsule arabe, dont le Yémen, a décidé d’attaquer la Mecque,
d’y entrer et de détruire la Kaaba, jugeant que la Kaaba est le
centre d’intérêt des cœurs et des esprits des gens, il voulait
la remplacer par un autre lieu, vers lequel se dirigeraient les
cœurs, les esprits et les caravanes, ce qui signifie qu’il avait
des visées idéologiques, cultuels, politiques mais aussi
économiques et commerciaux, car la Mecque et la Kaaba à la
Mecque étaient perçus à partir d’angles différents. Toutes les
tentatives d’attirer les cœurs et les esprits des gens, ainsi
que les caravanes, vers un autre lieu, avaient échoué, la raison
étant que la Maison sacrée de Dieu, à la Mecque, et la noble
Kaaba, ont une place et une sacralité particulières auprès des
Arabes et auprès des prophètes antérieurs, que les prières et la
paix soient sur eux, et c’est le lieu de l’appel de notre
prophète Ibrâhim.
Finalement, comme tous les tyrans du monde,
il forme une puissante armée et l’équipe de toutes les armes et
moyens disponibles à cette époque, se fait aider par un grand
nombre d’éléphants, et annonce son départ pour la Mecque. Le
long de son trajet, les tribus et les clans arabes étaient
défaits devant cette armée éthiopienne (demain, ils diront
voilà, il parle des Arabes, mais nous sommes Arabes, nos pères
et nos aïeux sont descendants de ces tribus et clans), ils
fuyaient, les cœurs emplis de crainte et de panique, ce qui
facilita la marche de cette armée, qui arriva aux portes de la
Mecque. On s’attendait à ce que Quraysh, maître de la Mecque,
protecteur et résidant dans la Mecque, les premiers à profiter
de la Mecque, sur le plan religieux, politique, commercial,
moral, matériel, Quraysh, avec toutes ses clans et ses tribus,
on s’attendait à ce que Quraysh défende la Maison sacrée de Dieu
et la noble Kaaba. Mais ce que raconte l’histoire, Quraysh prit
la décision de se retirer de la Mecque pour se réfugier à
proximité, et la Mecque fut vidée. Ils ont quitté la Mecque et
l’ont abandonnée, les portes ouvertes, face à l’armée d’Abra.
Dès lors, Abra prend la décision et ordonne d’y entrer. Il y
entre, alors que personne ne défendait la Mecque. L’équation
était : la Maison a un Seigneur pour la défendre, tous les gens
l’ont abandonnée, mais son Seigneur l’a protégée. Comme il est
connu dans l’histoire, aussi, et tel que le raconte le saint
Coran, Dieu, gloire à Lui, envoie les oiseaux d’Ababil portant
dans leurs becs des petits cailloux de Sijjîl, qui font pleuvoir
ces cailloux sur les soldats, les chevaux et les éléphants,
semant la panique et la crainte au sein de cette armée. Ce fut
la défaite (ce fut probablement le premier bombardement aérien
précis dans l’histoire de l’humanité), l’armée d’Abra est
défaite, humiliée, vaincue. Quraysh revient à la Mecque que son
Seigneur a protégée.
Cet événement, en cette année, j’y
reviendrai, c’est l’année de la naissance de Muhammad b.
‘Abd-Allah b. Abdul Muttalib b. Hâshim, que les prières et les
salutations soient sur lui, sur sa famille et tous ses
compagnons. Le messager de Dieu est né l’année où a eu lieu ce
grandiose événement divin. Personne ne conteste ni l’événement,
ni ses détails. Donc, en cette année, deux faits, reliés les uns
aux autres, se déroulent, deux événements divins qui ont changé
la face de l’histoire, le premier étant lié au second, le
premier est la protection de Dieu de Sa Maison, par un miracle
clair et imposant, et le second, relié au premier, est l’envoi
d’un messager, pour tous les gens, les blancs, noirs, jaunes,
rouges, et non pour Quraysh ou aux Arabes seulement, l’envoi
d’une miséricorde aux mondes, qui clorera, par sa prophétie, les
prophéties et par son message, les messages, pour offrir à
l’humanité un messager éternel et divin, jusqu’au jour de la
Résurrection.
Pour le premier événement, nous y voyons deux
significations. La première est l’impuissance des Arabes,
quelles que soient leurs entités, clans, chefs de clans ou de
tribus, alliances tribales, etc.. leur impuissance à faire quoi
que ce soit, non pour défendre la terre, l’eau, le pétrole ou la
dignité personnelle, mais défendre la plus sainte de leurs
sacralités, qui est la Maison sacrée de Dieu et la noble Kaaba.
Malgré l’importance de la Kaaba et ce qu’elle signifiait pour
les habitants de la péninsule arabe, nous n’avons aucune
information sur un acte héroïque, et même Quraysh s’est enfui.
La seconde signification est l’intervention divine, ceci à
l’adresse de ceux qui nient lorsque nous parlons d’intervention
divine, d’aide divine ou de victoire divine. L’intervention
divine claire et manifeste, qui n’a besoin d’aucune explication,
car il n’y en a pas d’autres, en ce qui concerne la défense de
la Kaaba et de la Maison sacrée. Même dans les détails, nous
trouvons que Dieu, gloire à Lui, a voulu humilier ces puissants
agresseurs, Il ne leur envoie pas Ses créatures les plus
puissantes et les plus fortes, mais des oiseaux qui lancent sur
eux des cailloux de Sijjîl pour les vaincre, car ils ne méritent
pas plus. Il faut que nous gardions toujours cette signification
dans nos esprits, Dieu gloire à Lui, intervient quand Il veut,
protège lorsqu’Il veut.
Donc, l’année où sont exprimés l’impuissance,
la faiblesse et l’éparpillement arabes, l’année où se manifeste
un miracle divin évident, naît Muhammad. Le miracle de l’année
de l’éléphant n’est pas séparé de la naissance, ni du rôle
dévolu et de la fonction historique et divine prévue pour ce
nouveau-né. Dès le début, Muhammad était englobé dans la
sollicitude, la miséricorde, l’éducation et la protection
divines.
…
Unité des Arabes, Soudan, résistance
J’aborderai à présent les questions
politiques, et j’affirme :
oui, nous sommes avec toute rencontre arabe,
toute rencontre musulmane, toute réconciliation arabe entre
deux, trois, quatre ou cinq pays, la réconciliation arabe est
exigée, il faut qu’elle soit soutenue. Il n’y a rien, dans les
réconciliations, qui suscite l’inquiétude, comme le prétendent
certains. Toute rencontre arabe et toute réconciliation arabe
sont une force pour nous tous, nous la soutenons, l’appuyons, et
n’y voyons rien d’inquiétant. Nous appelons même les Arabes,
alors que nous sommes au seuil du prochain sommet arabe de Doha,
de tendre la main vers les autres pays et Etats qui soutiennent
les droits arabes, comme l’Iran et la Turquie. Quelques-uns des
Arabes sont étonnants. Tout peuple qui a des droits et qui est
opprimé cherche dans le monde qui le soutient, et nous, lorsque
viennent à nous des gens qui nous aident, nous inventons à leur
égard des projets de conflits et d’inimitié, des projets
d’adversité et d’éloignement. N’est-ce pas une force pour les
Arabes que le Vénézuela vienne, par exemple, pour soutenir le
droit arabe ? Devons-nous susciter une hostilité avec le
Vénézuela pour plaire à Bush (maintenant, il est parti..), si un
Etat dans ce monde, quelle que soit sa pensée religieuse,
culturelle, politique, vient et déclare soutenir le droit arabe,
déclare vouloir soutenir le peuple palestinien et les questions
arabes. Comment pouvons-nous repousser ces pays au moment où
nous cherchons qui soutient les droits et les questions arabes ?
L’Iran est aujourd’hui dans cette position, et la nouvelle
Turquie également, il y a des Etats dans le monde qui le sont
également et ces Etats iront croissant, mais nous, peuples et
gouvernements arabes, devons tendre la main de l’amitié et de la
coopération à ceux-là, et non les accuser ou se quereller avec
eux.
Dans ce cadre, le dialogue qui se déroule
aujourd’hui au Caire entre les frères palestiniens, les
différentes organisations, est soutenu par tous. Bien sûr,
certaines complications surgissent, mais c’est aux frères
palestiniens eux-mêmes à les surmonter et les régler, par la
sagesse, le courage et la souplesse nécessaires. Mais certains
viennent, d’outre-mer, accusant tel ou tel Etat, tel ou tel
allié, de réduire à néant ces efforts. Il s’agit là d’une grande
injustice, nous le savons, nous au Hizbullah, de par notre
expérience. Que ce soit l’opposition libanaise, ou les
organisations palestiniennes, nous sommes accusés (de vouloir
mettre des bâtons dans les roues dans les pourparlers) ; des
organisations palestiniennes, qui sont nos alliées, alliées de
l’Iran ou de la Syrie, sont accusées, mais personne n’intervient
ou n’impose ses choix. Personne ne leur dicte leur conduite, ce
sont elles qui décident, qui acceptent, qui refusent. C’est un
témoignage pour Dieu, gloire à Lui, c’est la vérité. Nous, le
Hizbullah, nous rejoignons toutes les voix qui appelent et qui
réclament que tous les efforts soient faits pour parvenir à
l’unité, à la coopération, au rapprochement, à la rencontre et à
sortir de l’état de division déplorable qui existe entre les
Palestiniens. Dans ce cadre, aussi, j’aimerai attirer
l’attention sur un point, suscité par certains médias, même
libanais, accusant le Hizbullah d’intervenir dans Gaza, de
lancer des fusées à partir de Gaza, etc.. Nous sommes en
relation avec toutes les organisations, et le Hizbullah n’a
aucune formation à Gaza, nous coopérons avec toutes les
formations, nous échangeons dans le respect mutuel et la
confiance, et nous n’intervenons pas dans leurs affaires. C’est
eux-mêmes qui décident ce qu’ils doivent faire et comme nous
n’aimons pas que des parties interviennent et nous imposent quoi
que ce soit, il est évident que nous n’intervenons pas et nous
n’imposons à personne quoi que ce soit, ni en grand, ni en
petit. Nous nous considérons dans la position du frère qui a un
devoir d’aider lorsque son frère le lui demande et pas plus.
L’intérêt est ce que décide la direction de la résistance
palestinienne, c’est elle qui décide la trêve, le tir des
fusées, les opérations, et toute intervention de quiconque sur
la ligne est plutôt un acte de sabotage de l’intérêt
palestinien. Non seulement nous sommes respectueux de cette
question, mais nous pensons aussi que toute intervention est
trahison, rupture de la confiance et un acte illégal.
Dans le même cadre arabe, nous devons nous
arrêter à la décision du procureur général du tribunal pénal
international visant l’arrestation du président soudanais Umar
al-Bashir. Evidemment, au Hizbullah, nous avons dénoncé cette
décision et à cette occasion, je renouvelle la dénonciation. Je
vous le dis, en toute franchise, ce tribunal pénal international
n’a jamais prouvé, un jour, qu’il est un tribunal équitable ou
qu’il est un tribunal qui agit hors des critères politiques,
afin que nous respections l’une de ses décisions. Concernant le
président al-Bashir, ils disent qu’ils sont allés, qu’ils ont
enquêté et cherché à Darfour, qu’il y a des femmes et des
enfants qui ont été assassinés par l’armée soudanaise ou les
milices soudanaises, sous l’ordre du président al-Bashir, c’est
ce qu’ils prétendent. Mais ce tribunal pénal international n’a
pas besoin d’enquêter, car il y a un ensemble de crimes commis
et qui sont continuellement commis, tous les jours, devant les
écrans des télés, au cours de la guerre de juillet, 33 jours sur
les écrans, où les crimes israéliens sont transmis, les meurtres
des femmes, des enfants, des vieillards, les destructions, les
démolitions de villages en entier, et non seulement des
quartiers, ces crimes ont été commis sous l’ordre et clairement
revendiqués par Olmert, Livni, Halutz et d’autres, mais personne
n’a bougé, personne n’a enquêté au sujet d’une responsabilité
directe ou indirecte. Et
ce qui se passe à Gaza, devant le monde entier, plus de
1300 martyrs, la majorité ou plus de la moitié sont des femmes
et des enfants, et ces crimes sont revendiqués par Israël, nous
n’avons pas vu le procureur général du tribunal pénal
international, ni aucun juge de ce tribunal « oser ouvrir la
bouche ». Le massacre de Cana, le premier, a-t-il besoin
d’enquête ? Le second massacre de Cana, a-t-il besoin
d’enquête ? Parlons aussi de Bush et des dirigeants militaires
américains, tous les jours, 30 ou 40 tués, 50 victimes ou 100
victimes civiles en Afghanistan, au Pakistan ou parfois en Irak,
et après : « excusez-nous, ils ont été tués par erreur !! » Les
renseignements étaient faux. Erreur de renseignements ?? Cette
faille dans les renseignements permet, pendant cinq ans, de tuer
des centaines de milliers de civils irakiens, Afghans et
Pakistanais, et ce tribunal pénal international ne fait rien.
C’est pourquoi la discusssion n’est pas au niveau des détails,
et ne concerne pas le président al-Bashir, mais c’est une
discussion sur le principe. Est-ce que cette partie est apte,
est-elle une partie juridique indépendante réellement ? Ou bien
n’est-ce qu’une de ces institutions internationales qui sont
utilisées pour régler des comptes politiques et mises au service
de grands projets politiques dans le monde ? Le Soudan se trouve
visé depuis de longues années, son unité est visée, ses
ressources sont visées, son eau, son pétrole, le Soudan est visé
à plusieurs niveaux et il a tenu tout au long des années
passées. A présent, intervient une nouvelle phase du complot. Il
faut que la question soit claire, il ne s’agit pas de dénoncer
la décision du procureur général du TPI, mais de proclamer qu’il
s’agit d’un grand scandale du TPI et du procureur général, un
immense scandale de ceux qui ferment les yeux sur des massacres
dont ont été victimes des centaines de milliers dans plus d’un
pays arabe et musulman, et qui poursuivent un président par des
accusations qui restent à prouver. C’est cela, le scandale. Cela
peut se renouveler, et toute personne visée par les
administrations américaines et le projet sioniste doit regarder
avec doute et scepticisme ce genre d’institutions
internationales qui ne se comportent pas en tant qu’institutions
juridiques ou légales mais en tant qu’institutions purement
politiques, recherchant des autorisations légales pour agir.
…
A propos des informations publiées récemment,
concernant la nouvelle attitude américaine, sur une possibilité
de dialogue avec le Hizbullah ou Hamas, en posant deux
conditions : la première est la reconnaissance d’Israël et la
seconde, le rejet de la violence. Lorsque les Etats-Unis
acceptent d’entamer des dialogues, avec ou sans conditions,
surtout lorsque ces conditions reculent et se réduisent, ils le
font non pour des motivations morales, mais à cause de l’échec
des Etats-Unis à assurer leurs projets dans la région. Toutes
les tentatives d’isoler ou de punir la Syrie, de changer le
régime ou le comportement, de boycotter la Syrie, n’ont abouti à
rien, c’est pourquoi ils veulent un dialogue, la question n’est
pas morale, mais c’est parce que la Syrie a tenu, parce que la
Syrie est un fait réel et influent dans les équations dans la
région.
L’Iran a trente ans, huit ans de guerre et 22
ans de blocus. Il accroît cependant sa puissance, sa force de
résistance, sa présence, il monte dans l’espace, fabrique ce
dont il a besoin, sur les plans civil et militaire, et l’on
craint ses capacités nucléaires. L’isolement, la lutte et la
pression contre l’Iran ont été vains. Ils veulent discuter dans
la région, ils doivent discuter avec ces Etats présents et
influents, dont l’Iran et la Syrie, et toute attitude d’orgueil
ne peut que les entraîner vers l’échec. C’est le problème avec
les Etats, mais aussi avec les forces politiques, les mouvements
politiques et notamment ceux de la résistance.
Le mouvement de la résistance, s’il est
faible, vaincu et branlant, pourquoi discuteraient-ils avec
lui ? Il n’y a pas de dialogue avec le faible, le vaincu ou
l’écrasé. D’autre part, lorsque nous abordons les conditions, le
Hizbullah est mis sur la liste du terrorisme, en tant que parti,
plusieurs institutions du Hizbullah également, même la
télévision, même Waed (institution de reconstruction) sont sur
la liste du terrorisme, j’y suis également, et beaucoup
d’autres, comme le martyr hajj ‘Imad Mughnieh. Que veulent les
Américains ? Ils disent : Vous êtes accusés d’actes terroristes,
nous vous pardonnons le passé, donc ils nous pardonnent
l’écoulement du sang d’Américains, ils nous pardonnent les actes
terroristes, tout le passé. A présent, reconnaissez Israël,
c’est ce qu’ils veulent, c’est la politique américaine dans la
région ! Il y a Israël dans la région ! Reconnaissez Israël et
rejettez la violence ! Que signifie rejeter la violence ? Cela
signifie rejeter la résistance, ce qui veut dire : reconnaissez
Israël et abandonnez la résistance, et nous vous pardonnons le
passé.
Ceux qui se réjouissent des délégations
américaines qui viennent au Liban, il faut qu’ils sachent que si
nous entamons un dialogue avec les Américains et reconnaissons
Israël et rejettons la violence, ces derniers ne quitteront plus
la banlieue sud. Les Américains poursuivent leurs intérêts, ils
n’ont pas d’amis éternels ni d’ennemis éternels, ni principes
moraux directeurs, mais et en toute franchise, la question est :
avant que les Etats-Unis ne posent leurs conditions au Hizbullah,
pour entamer un dialogue, il faudrait poser la question au
Hizbullah, êtes-vous prêts à un dialogue avec les Etats-Unis ?
Si oui, y at-il des conditions ou non ? Les conditions
américaines sont d’ailleurs refusées.
Aujourd’hui, en cette date de commémoration
de la naissance du prophète, en 2009 ou 1430 de l’hégire,
aujourd’hui, demain, dans un an, dans cent ans, dans mille ans,
jusqu’au jour de la résurrection, nous, nos enfants, nos
petits-enfants et nos générations suivantes, tant que nous
sommes le Hizbullah, nous ne pouvons pas reconnaître Israël. Que
signifie Israël ? C’est l’entité spoliatrice, un Etat illégitime
et illégal, un Etat raciste, agresseur, un Etat terroriste.
Selon quel critère, un musulman ou un Arabe, peut-il reconnaître
une entité de ce genre et venir en toute simplicité et dire,
oui, c’est Israël, un Etat qui a été donné à des gens venus du
monde entier, alors que les ayant-droit légaux et les maîtres de
la terre et du pays, les ayant-droit sur les lieux saints, les
Palestiniens, musulmans et chrétiens, devraient s’en aller,
quitter, abandonner et se soumettre ! Indiquez-moi le critère,
qu’il soit religieux, moral, humain, national, nationaliste,
quel est ce critère ? Il y a un seul, celui des tribus et des
clans arabes qui ont été défaits face à l’armée d’Abra, celui où
il est dit : que pouvons-nous faire, c’est Israël qui est
soutenu par les Etats-Unis, comme ceux qui avaient dit : c’est
l’armée de l’Ethiopie, nous ne pouvons pas affronter les
éléphants, nous devons fuir et abandonner le plus sacré de nos
lieux sacrés à Abraha. Il n’y a que cette logique, la logique de
l’année de l’éléphant, qui proclame que nous ne pouvons rien
contre Israël, qui est soutenu par les Etats-Unis, nous n’avons
pas le choix, le réalisme, la réalité, la logique, la
coexistence, etc. etc. ils cherchent les expressions appropriées
pour nous imposer d’accepter cette situation.
Le seul critère qui pousse à reconnaître
Israël c’est le sentiment de défaite et de bassesse chez tout
être qui reconnaît et se considère impuissant. Mais si nous
pensons que nous ne sommes pas faibles, que nous ne sommes pas
impuissants, que nous sommes capables et forts, que nous pouvons
tenir sur nos jambes, que nous pouvons rassembler nos énergies
et nous rassembler, épaules contre épaules, nous sommes capables
de vaincre cette entité et même capables de la supprimer. Ils
disent : les Américains les soutiennent, mais nous disons : Dieu
nous soutient, Dieu nous a soutenu au cours de la guerre de
juillet, Dieu nous a soutenus pendant la guerre à Gaza. Ils
parlent des Etats-Unis, mais où sont-ils à présent ? Nous ne
savons même pas où ils vont, avec une situation financière et
économique pareille, et leur présence dans le monde. C’est cela,
l’histoire du dialogue. Mais considérons aussi que les
Etats-Unis ne peuvent rien faire, ces deux années à venir, et
qu’il ne s’agit qu’un moyen de passer le temps, le temps qu’ils
règlent leur situation financière et économique. C’est aussi une
possibilité.
C’est pour cela, à ceux qui nous posent des
conditions, nous disons : pour toutes les raisons citées, nous
ne reconnaissons pas l’existence d’un Etat qui s’appelle Israël.
Est-ce que le fait de ne pas reconnaître Israël signifie faire
la guerre ? Personne ne réclame d’aller faire la guerre, mais si
tu ne peux pas faire la guerre, ne reconnais pas, si tu ne peux
pas combattre, ne reconnais pas, n’entérine pas cette réalité et
ne lui donne pas une légitimité. Si notre génération ne peut
combattre, la prochaine peut le faire, ou la génération après.
Pourquoi devons-nous admettre la défaite, si nous ne pouvons pas
affronter ? N’affrontons pas, mais pourquoi devons-nous
légitimer l’occupation, la spoliation et le terrorisme ? C’est
dans cette logique que nous parlons. Tant qu’il y a une entité
terroriste, agressive, la résistance n’est pas seulement une
chose que nous ne pouvons rejeter, mais elle est notre dignité,
notre honneur, notre survie et la plus chère de nos sacralités.
Dans tous les cas, lorsque les conditions
sont supprimées, nous verrons à ce moment-là si nous sommes
prêts pour un dialogue, et quelles sont nos propres conditions
pour le dialogue. Qui a dit que nous acceptons un dialogue sans
conditions ?
Sayyid Hassan
Nasrullah,
Secrétaire général du Hizbullah et dirigeant de la résistance
Traduction CIREPAL
Centre d'Information
sur la
Résistance en Palestine
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