Opinion
« L’imam
Khamena’i, un dirigeant exceptionnel de
notre nation »
« Le
peuple palestinien possède une volonté
inébranlable de résistance »
Sayyed
Hassan Nasrullah - Photo: RIA Novosti
Dimanche 12 juin
2011
Allocution de sayyed Hassan Nasrullah,
inaugurant le congrès consacré
au « renouvellement et ijtihad dans la
pensée chez l’imam Khamena’i »,
Beirut, 6 juin 2011
Je me réfugie auprès de
Dieu contre Satan le lapidé. Au nom de
Dieu, le Clément, le Miséricordieux, et
louanges à Dieu, Maître des mondes.
Prières et saluts sur notre maître et
prophète, le dernier des prophètes, Abu
Qassem Mohammad b. Abd-Allah et sur les
membres de sa famille, justes et purs,
ainsi que sur ses compagnons élus et
tous les prophètes et messagers.
Paix, miséricorde et
bénédictions de Dieu sur vous .
Je suis honoré de devoir
inaugurer votre congrès que je considère
comme étant un pas qualitatif et
fondateur dans son domaine. C’est
probablement la première fois que se
réunit un congrès intellectuel et
scientifique hors d’Iran qui aborde la
pensée et la personnalité de son
excellence, l’imam sayyed Khamena’i,
dans plusieurs dimensions. Je remercie,
au début, tous les responsables de ce
congrès, ses fondateurs et ses
organisateurs, toute l’assistance et les
participants à notre séance aujourd’hui,
la séance d’ouverture, et les autres
séances de discussion, tout comme je
remercie tous ceux qui nous ont honorés
de leur présence et qui sont venus au
Liban et ont supporté la fatigue du
voyage.
Ma connaissance
personnelle, directe et proche de son
excellence l’imam Khamena’i remonte à
1986, où mes nombreuses rencontres m’ont
permis de connaître beaucoup de ses
idées et opinions, les bases et les
méthodes de sa réflexion et de son
analyse des événements, sa méthode de
direction, de gestion et de décision,
ainsi que les sublimes caractéristiques
morales dont il est paré, la modestie,
la souplesse, la miséricorde, la
bienveillance, l’ouverture d’esprit,
l’ascétisme, la vie
simple, ainsi que d’autres mérites
moraux.
J’ai lu nombre de ses
livres et je peux prétendre avoir
parcouru la majeure partie de ses
livres, dialogues et communiqués, depuis
son accession à la direction, après la
mort de l’imam Khomeiny, jusqu’à
aujourd’hui. Je dis cela pour en
témoigner. J’ai même écouté un grand
nombre de ses leçons jurisprudentielles,
relatives à plusieurs domaines du Fiqh.
Après avoir parcouru les témoignages de
nombreux parmi ceux qui l’ont connu de
près, qu’ils soient jurisconsultes,
penseurs, dirigeants ou élites
politiques et culturelles, et après
m’être intéressé à sa biographie
personnelle, scientifique,
intellectuelle, militante et politique,
nous pouvons affirmer, en toute
sincérité et fidélité, que nous nous
trouvons devant un imam prestigieux,
tant au niveau de la direction ou de la
bonne gouvernance, qu’au niveau de la
piété et l’ascétisme, un grand imam dans
le Fiqh et l’ijtihad, un grand imam dans
la pensée, l’analyse et le
renouvellement. Nous sommes entre les
mains d’un imam qui jouit d’une vision
globale, profonde, solide, qui s’appuie
sur les bases suivantes :
1) des fondements
intellectuels et scientifiques
authentiques
2) une connaissance des
besoins contemporains et des problèmes
actuels.
3) une connaissance des
capacités humaines et matérielles
disponibles dans notre nation.
4) une connaissance des
solutions adéquates et conformes aux
fondements et bases islamiques.
C’est pourquoi son
approche des événements, évolutions et
sujets est claire et clairvoyante, à
partir de cette vision globale, qui
prend en compte toutes les explications
qu’il reçoit, différentes quant à leur
spécialisation ou leur préoccupation.
Nous nous trouvons devant un dirigeant
qui embrasse le sujet tel un savant,
jusqu’aux moindres détails, qui en parle
comme un spécialiste, et qui y introduit
la nouveauté, et cela en permanence.
Je citerai quelques
exemples, rapportés dans les médias,
lors de ses rencontres :
-
Avec les savants et les
professeurs des écoles (hawza)
scientifiques : lorsqu’il rencontre les
savants, les professeurs et les
étudiants des hawza scientifiques, il
parle de la hawza comme un expert, sur
les programmes scolaires, les méthodes
d’enseignements et les moyens de les
développer, et sur la préservation de
l’authenticité, les aspects positifs
dans les programmes traditionnels et
classiques, et la manière d’adopter ce
qui est contemporain.
-
Avec les penseurs, intellectuels,
professeurs et étudiants d’université :
il parle des programmes universitaires,
des problèmes et les horizons des
universités, comme n’importe quel
professeur universitaire expert en la
matière.
-
Avec les diverses associations
féminines : il présente, lors de ces
rencontres, sa vision concernant la
femme, sa place, son rôle et sa
responsabilité dans les défis
contemporains.
-
Avec les économistes et les
institutions économiques : il parle du
domaine économique en présentant une
vision et des politiques générales et
appelle le régime islamique à s’y
conformer.
-
Avec les directeurs et
enseignants scolaires, les médecins, les
ingénieurs, les agriculteurs et
paysans ; il y a peu de temps, il a
rencontré les industriels, avec lesquels
il a longuement parlé de l’industrie.
-
Avec les cinéastes, il a parlé
des films, de la production
cinématographique, des objectifs, de
l’évolution et du développement.
-
Avec les artistes, il a parlé de
poésie, musique, peinture et de
publication.
-
Avec les récitateurs du noble
Coran, et ceux qui célèbrent les
louanges du prophète et de sa famille.
-
Dans le domaine de
l’environnement, avec les dirigeants
politiques et même dans le domaine
militaire : j’étais moi-même présent
dans une séance où, par hasard, j’ai
appris qu’il connaissait toutes sortes
d’armes, de stratégies militaires, de
tactiques de combat et l’utilisation des
armes.
En réalité, nous sommes
devant une personnalité éminente et
exceptionnelle, et nous réalisons que
beaucoup dans notre nation en
connaissent peu de choses. Nous
réalisons combien cet imam et ce
dirigeant est injustement traité et
demeuré inconnu, dans sa nation, et même
en Iran - que les frères iraniens
m’autorisent à le dire- même dans la
dimension la plus visible et la plus
claire de sa personnalité, qui est celle
de la direction politique, en assumant
la responsabilité de la direction de la
nation depuis 22 ans. En réalité, parce
que nous nous trouvons face à une
personnalité qui a été encerclée par les
ennemis, et à laquelle les amis ne
rendent pas son dû, avec tout ce
qu’implique cette expression. Les
ennemis l’encerclent, voilent sa vérité
et sa lumière sur le monde et la nation,
et les amis ne lui rendent pas son dû.
Notre responsabilité
consiste à faire connaître à la nation
ce grand imam afin de profiter des
bénédictions de la présence d’un tel
jurisconsulte et penseur, pour le bien
de son présent et de son avenir, pour
son monde ici-bas et son au-delà, elle
qui affronte des défis à tous les
niveaux, des défis qu’elle n’avait
jamais affrontés depuis des décennies et
les siècles passés. C’est la
responsabilité extrêmement importante et
sensible de ce congrès.
Je voudrai, dans le laps
de temps qui m’est imparti, livrer un
bref témoignage sur la dimension
dirigeante et politique de la
personnalité de l’imam, à travers des
positions et des expériences directes
que j’ai eues avec son excellence, et
qui montrent l’ampleur de ses
connaissances, sa précision, sa
perpicacité, la justesse de ses analyses
et de ses prévisions à propos de
quelques événements au Moyen-Orient, et
notre région plus précisément. Et, par
conséquent, l’exactitude des positions
sages et courageuses qu’il a prises et
qu’il continue à prendre.
Je citerai quelques
exemples, et il y en a beaucoup, mais je
me contenterai de certains, à cause du
manque de temps, et prenant en compte la
prudence nécessaire et les conditions
politiques, ce qui veut dire que même ce
que je dirai, je le ferai sans livrer
tous les détails, en me contentant du
peu qui n’ira pas au-delà de la
prudence, et tiendrai compte des
conditions politiques libanaises et
régionales.
En réalité, les
témoignages concernent un jurisconsulte,
un penseur musulman et un dirigeant qui
vit en Iran mais qui traite les
événements dans notre région, avec
précision et clarté. C’est un signe
distinctif et fondamental. Nous ne
parlons pas d’un homme qui vit au Liban,
en Syrie, en Palestine, en Egypte ou en
Jordanie, sur la scène directe du
conflit. J’ai choisi des
exemples révélateurs à propos de
situations que nous avons tous vécues au
cours des deux décennies passées.
Je commence par la
conférence de Madrid en 1991. Nous nous
rappelons tous comment les Américains
sont venus, après la « tempête du
désert » et le changement des équations
dans la région et dans le monde qui a eu
lieu et comment les Etats-Unis sont
devenus la seule grande puissance. Pour
la première fois, des délégations de
tous les pays arabes, y compris le Liban
et la Syrie, se tiennent autour d’une
même table (avec les sionistes), suite
aux nouveaux équilibres dans le monde et
dans la région. Par ailleurs,
l’administration américaine avait
affirmé être déterminée à réaliser ce
qu’ils appelent « paix juste et
globale », et que nous appelons
règlement imposé. Beaucoup ont cru, et
même un état d’unanimité ou
semi-unanimité a prédominé dans notre
région, disant que nous sommes aux
abords d’un règlement, devenu
inévitable, car les Américains vont
imposer des conditions pour une solution
à tous les Etats concernés par ce
règlement. Ce jour-là, je me souviens
que l’Imam Khamena’i était d’un autre
avis, hors de l’unanimité ou
semi-unanimité.
Ainsi vous le
remarquerez, avec les autres témoignages
que je citerai. Il avait dit que cette
conférence n’aboutira à rien, et que les
Etats-Unis ne peuvent imposer un
règlement aux gouvernements et peuples
de la région.
Aujourd’hui, près de
vingt ans plus tard, nous entendons les
parties ayant participé aux négociations
et certaines personnalités qui s’y
trouvaient et qui ont poursuivi la
négociation. Nous les entendons évoquer
deux décennies de déception, de
démoralisation, de perte et d’égarement,
qu’ont entraîné ces soi-disant
négociations.
En 1996, tout le monde
se rappelle l’évolution ou la grande
percée dans les négociations
israélo-syriennes, ce qui s’est dit à
propos de la promesse de Rabin et son
intension de se retirer, tout comme ils
avaient parlé à cette époque de la ligne
du 4 juin 1967, ce qui signifie le
retrait du Golan
syrien occupé. L’état d’esprit dominant
dans notre région, au Liban, en Syrie,
en Palestine, en Jordanie et en Egypte
fut de dire : un règlement sera réalisé,
d’autant plus qu’en 1993, les accords
d’Oslo avaient été signés et que
l’Autorité palestinienne poursuivait les
négociations.
Donc, c’est terminé en
Egypte, la Jordanie signe l’accord de
Wadi Araba, l’Autorité palestinienne
signe les accords d’Oslo, et il ne reste
que le Liban et la Syrie. La condition
première pour réaliser un règlement
entre Israël et la Syrie était qu’Israël
admette son retrait jusqu’à la ligne du
4 juin. C’est ce qu’a admis Rabin. Donc,
les choses étaient à leur fin, et il ne
restait qu’un ensemble de détails qu’il
était possible de régler au cours des
étapes des négociations.
Je me rappelle
l’hégémonie de cette ambiance à
l’époque. Beaucoup sont venus nous dire,
à partir de lieux différents : ne vous
fatiguez pas – vous savez qu’en 1996, la
résistance était sur une ligne
ascendante -, les choses sont achevées,
il n’est pas besoin d’offrir du sang et
des martyrs, de vous battre, de vous
sacrifier et d’affronter. Certains même
nous ont conviés à nous préparer sur la
base que le règlement a été réalisé
et à revoir, non seulement notre
identité en tant que résistance, mais
également notre appellation, notre
structure, notre discours politique et
notre programme, à réfléchir sur ce que
nous ferions de nos armes et de nos
capacités militaires qui étaient alors
les nôtres, sur la base que les choses
étaient terminées.
Evidemment, toute erreur
d’estimation à cette époque aurait eu de
graves conséquences, car si la
résistance avait été atteinte de
paralysie ou d’une vision floue, ou si
elle s’était arrêtée, la réalisation
après 1996, c’est-à-dire la victoire de
2000, n’aurait pas eu lieu.
Cette vision était non
seulement adoptée unanimement au Liban,
mais de nombreux responsables en Iran la
partageaient, dans une grande mesure.
Lorsque nous sommes allés chez son
excellence l’imam Khamena’i, moi et
plusieurs frères, j’ai présenté cette
vision, lui disant c’est que c’est ce
qui est proposé dans la région. L’imam
Khamena’i a clairement répondu : « je ne
pense pas que cela se réalisera, je ne
pense pas que ce règlement entre Israël
et la Syrie, et par conséquent avec le
Liban, se réalisera. Je vous propose, -
et cela fait partie du savoir-vivre de
sayyed le dirigeant, il parle toujours
de cette manière,- je vous
propose donc de poursuivre la résistance
et le jihad, et même d’accentuer les
opérations pour réaliser la victoire. Ne
prêtez ni attention ni vos oreilles,
à toutes ces éventualités,
possibilités ou appels. Bien sûr, ces
paroles, nous les considérions à
l’époque comme situées hors de toutes
les analyses et les données, et tous les
processus que nous voyions au Liban et
que beaucoup voyaient dans la région.
Peu après notre retour,
je me rappelle qu’il s’agissait de deux
semaines ou trois, tout au plus, Isaac
Rabin, se faisait abattre par un
extrémiste juif, - tous sont des
extrémistes - alors qu’il prononçait un
discours à Tel Aviv. Il est remplacé par
Shimon Pérès.
A cette époque, les
mouvements du Hamas et du Jihad
islamique, plus particulièrement,
avaient été exposés à de coups tellement
durs que certains ont pensé qu’il n’y
avait plus rien à faire, et que la
résistance palestinienne n’avait pas la
capacité d’exécuter des opérations. Ce
furent les opérations martyres dans al-
Qods et Tel Aviv, qui ont ébranlé
l’entité israélienne à cette époque,
puis vint la tension au Sud-Liban, puis
le sommet à Sharm el-sheikh qui a
rassemblé les dirigeants du monde, en
1996, pour protéger « Israël » et
dénoncer ce qui fut appelé « le
terrorisme », en précisant qu’il
s’agissait de Hamas, du Jihad islamique
et du Hezbollah. Les menaces ont été
proférées, les décisions prises pour
encercler ces mouvements « terroristes »
et assécher leurs sources de financement
et faire pression sur eux. Puis ce fut
la bataille « raisins de la colère », en
avril 1996, suite à laquelle Shimon
Pérès est battu aux élections, il est
remplacé par Netanhyahu. Ils reviennent
alors à zéro, à la ligne de départ.
Comment l’imam Khamena’i était-il
parvenu à ce résultat, à penser
clairement et fermement, au moment où
toutes les élites politiques et les
analystes et dirigeants politiques dans
la région pensaient que les choses
allaient dans le sens contraire ? Voici
le second témoignage.
Le troisième témoignage
concerne la résistance au Liban. Il
parlait toujours de la victoire de la
résistance, mais sans en préciser le
moment. Il parlait du principe de la
victoire, et disait toujours qu’il avait
foi dans la victoire de la résistance, à
partir de sa conception doctrinaire,
tirée de la parole divine : « si vous
soutenez Dieu, Il vous assistera ! ».
Pour la première fois, j’ai entendu
quelqu’un nous dire : est-ce que vous
pensez que Dieu dit des blagues ? Dieu
ne blague pas. Aussi simple que cela,
Dieu nous parle sérieusement et nous
dit : « si vous soutenez Dieu, Il vous
assistera ». Cette résistance soutient
Dieu et Dieu l’assistera certainement.
Après 1996, il disait que l’Israélien se
trouve suspendu dans la boue, il ne peut
ni avancer et envahir le Liban à nouveau
ni se retirer vers la Palestine occupée,
à cause des dangers de ce retrait
inconditionnel, comme il ne peut rester
sur place : il est suspendu dans la
boue, il est dans une impasse terrible
et nous devons attendre de voir ce qu’il
va faire. Mais ceci dépend évidemment de
la poursuite de la résistance.
A la fin de 1999, les
élections au poste de premier ministre
ont lieu dans l’entité israélienne,
mettant face à face Ehud Barak et
(Benyamin) Netanyahu, et tous les deux
promettent, en cas de réussite, de se
retirer du Liban. Ehud Barak fixe la
date au 7 juillet 2000, d’après mes
souvenirs. Les semaines et les mois sont
passés. Le climat dominant au Liban, en
Syrie et dans la région était qu’on
arrivera bientôt à cette date sans que
les Israéliens ne se retirent de la
bande frontalière occupée. Barak essaie,
par le biais des Américains et Européens
et autres Etats dans le monde, d’obtenir
des garanties, des dispositions
sécuritaires ou des accords sécuritaires
avec le gouvernement libanais ou le
président Hafez al-Assad, mais il
échoue. Le climat était que l’armée
d’occupation ne se retirerait pas, et
lorsque viendra le moment, il sera
facile à Ehud Barak de dire à son
peuple : je vous ai promis le retrait au
7 juillet, mais comme je n’ai pas obtenu
des garanties, ni des dispositions ou
conditions sécuritaires, le retrait est
dangereux, une grande faute stratégique
que je ne commettrai pas. Je ne vous le
cache pas, nous au Hezbollah, sur le
plan politique et militaire, nous étions
comme toutes les autres forces
politiques présentes dans le pays et
dans la région, nous avions adopté ce
point de vue.
Nous avions également
visité la république islamique et
rencontré son excellence l’imam
Khamena’i, et nous avons expliqué notre
point de vue sur les événements et les
prévisions. Mais son excellence l’imam
Khamena’i était d’un tout autre avis,
surprenant. Il dit, en présence de
plusieurs frères : « votre victoire au
Liban est très proche, elle est beaucoup
plus proche que vous ne le pensez, et
vous le verrez de vos propres yeux ».
Ceci n’était pas conforme à toutes les
analyses, données, lectures et
informations, et même au niveau des
informations, il n’y avait aucune
indication à ce moment sur les
préparatifs israéliens pour un retrait
du sud du Liban. Il dit aux frères :
« en rentrant au Liban, préparez-vous en
vue de cette réalisation, quel sera
votre discours politique, comment
allez-vous vous comporter en cas du
retrait israélien jusqu’aux
frontières ».
Nous sommes allés avec
une vision et sommes revenus avec une
autre, différente. C’est pourquoi nous
n’avions pas été surpris du retrait
subit le 25 mai, et nous nous étions
très bien préparés à nous comporter avec
la zone de la bande frontalière, les
collaborateurs, les populations de la
zone et le comportement avec la
frontière, lorsque nous y sommes
arrivés.
Pendant la guerre de
juillet, dès les premiers jours de cette
guerre qui fut une guerre mondiale au
niveau de la décision, arabe au niveau
du soutien et israélienne au niveau de
l’exécution, arabe dans le sens où
certains Etats arabes avaient adopté la
décision de la guerre, et où le but
consistait à détruire la résistance au
Liban. Vous avez tous été témoins de la
dureté et de la violence de l’attaque
israélienne, notamment les premiers
jours, où le fait d’évoquer la victoire,
ou même le salut ou l’échappatoire de
cette guerre sains et saufs, relevait
presque de la folie, car nous sommes
dans un mouvement de résistance dont les
moyens sont connus, et dans un petit
pays, contre lequel le monde entier a
comploté et lancé une guerre aussi dure
et impitoyable.
J’ai reçu un message
verbal, transmis par un ami, jusqu’à la
banlieue sud, alors que les immeubles
s’effondraient du fait des bombardements
israéliens, un message verbal de
plusieurs pages, mais je me limiterai à
certaines phrases qui correspondent à
notre propos. L’imam Khamena’i dit dans
ce message verbal : « frères, cette
guerre est semblable à celle de Khandaq,
la guerre des coalisés, lorsque Quraysh
a rassemblé ses forces, avec les juifs
de Médine, les tribus et les clans, et
ont encerclé le messager de Dieu et ses
compagnons dans Médine, avec la décision
de déraciner la présence de ce groupe
croyant. Cette guerre est semblable à
l’autre. La peur s’installera, et vous
aurez des suspicions envers Dieu, mais
comptez sur Dieu, je vous le dis, vous
serez certainement victorieux. Cela se
passait aux premiers jours. Vous serez
certainement victorieux, et même plus,
je vous dis : lorsque cette guerre se
terminera par votre victoire, vous
deviendrez une force que ne peut
affronter aucune autre. Qui pouvait
s’attendre ou parvenir à une conclusion
de ce genre, et notamment au cours des
premiers jours de la guerre ?
Après les événements du
11 septembre, et c’est l’avant-dernier
témoignage, et la décision de
l’administration américaine de lancer
une guerre contre l’Afghanistan. Nous
étions encore aux prémices, le début de
la guerre contre l’Afghanistan et
l’arrivée de la flotte et des forces
américaines, la menace d’occupation de
l’Irak, après l’achèvement de
l’Afghanistan.
Vous vous rappelez à
cette étape, comment les esprits, les
cœurs et les raisons furent secoués, et
beaucoup ont cru que notre région
entrait dans le siècle américain, dans
la suprématie et la domination
américaines directes, et que cette
domination demeurerait dans notre région
pour une centaine ou deux cent ans, et
certains ont comparé l’invasion ou la
nouvelle guerre américaine aux croisades
faisant
le parallèle entre les deux périodes et
parlant de cent ou deux cent ans
d’occupation.
J’étais alors en visite
dans la république islamique et j’ai eu
l’honneur de rencontrer l’imam Khamena’i,
et lui ai demandé son avis.
Là, nous parlons de
l’Iran, d’un individu qui habite en
Iran, qui est un dirigeant iranien,
responsable de l’Iran. Les Américains
arrivent pour attaquer l’Afghanistan,
son voisin, et l’Irak, son voisin
également, les flottes et les bases
militaires l’entourent de tous côtés.
Nous n’avons pas demandé à un analyste,
penseur ou chercheur politique, ou à un
centre de recherches, mais à un
dirigeant dont la vision servira à
prendre des décisions et à définir une
politique. Il me dit le contraire de ce
qui était largement diffusé dans la
région.
A cette époque, beaucoup
de gouvernements et de forces politiques
commençaient à réfléchir sur la manière
dont ils s’arrangeraient avec les
Américains, comment ils s’adresseraient
à eux et trouveraient une solution avec
eux, et même certains responsables de la
république islamique – c’est ce qui fut
dit par le sayyed dirigeant au mois de
ramadan, et si son excellence ne l’avait
pas dit, il n’aurait pas été acceptable
que je le dise – même certains
responsables de la république islamique
venaient à lui et disaient : ce sont les
nouvelles données et nous devons trouver
une issue ou des arrangements avec
l’administration américaine. Mais il
refusa absolument, sur la base d’une
vision stratégique de la réalité, du
présent et de l’avenir. Il me dit ce
jour-là, lorsque je lui avais posé la
question et lui avais dit : il y a un
climat d’inquiétude dans la région, et
nous-mêmes sommes inquiets. Il me dit :
dis aux frères de ne pas s’inquiéter,
les Etats-Unis sont arrivé au sommet, au
faîte, c’est le début de la chute.
Lorsqu’ils viennent en Afghanistan et en
Irak, ils se précipitent vers le fond,
c’est le début de la fin des Etats-Unis
et du projet américain dans notre
région. Il vous faut vous comporter sur
cette base. Ces paroles s’appuient sur
une lecture et des données.
J’ai cependant posé la
question : comment est-ce possible ?
Qu’est-ce qui l’annonce ?
Il dit : lorsque le
projet américain est incapable, ou que
les Etats-Unis sont incapables et ne
peuvent protéger leurs intérêts à partir
de régimes qui leur sont inféodés dans
la région, et qu’ils ne peuvent plus se
contenter des armées, des bases et des
flottes qui se trouvent dans la région,
et qu’ils sont contraints de venir avec
leurs bases et leurs flottes de toutes
les régions du monde, vers cette région,
c’est une preuve d’incapacité et non de
force. Deuxièmement, cela confirme
l’ignorance des gouverneurs et des
décideurs aux Etats-Unis à propos des
peuples de la région qui refusent les
occupations, la suprématie et la
domination, et qui appartiennent à une
culture, une histoire de lutte et de
résistance. C’est pourquoi lorsque les
Américains arrivent ici, ils plongeront
dans la boue et chercheront un moyen
pour s’enfuir. C’est pourquoi ce qui se
passe ne doit pas faire peur, mais
animer l’espoir, un grand espoir quant à
la phase de la libération de la nation
contre la domination des puissants.
Ici, l’homme ne peut en
réalité que s’arrêter devant l’aspect
lumineux et important de la direction de
l’imam, que peu connaissent. Je peux
vous dire qu’au cours de la décennie
passée, notre nation et notre région ont
affronté la guerre la plus dure,
probablement, dans son histoire, les
Etats-Unis et leurs alliés occidentaux
sont les maîtres du monde, avec toutes
leurs forces militaire, sécuritaire et
informationnelle, avec tous leurs moyens
médiatiques, techniques, financiers et
économiques, avec toutes leurs guerres
psychologiques, ils sont venus pour
dominer cette région, occuper nos pays,
pour faire tomber le reste des régimes
du refus et les mouvements de la
résistance. Ce fut clairement le projet
de George Bush, ils voulaient instaurer
un nouveau Moyen-Orient. L’imam
Khamena’i fut le dirigeant de cette
confrontation, dans la plus grave, la
plus puissante et la plus difficile des
guerres, qui réclame une grand part de
raison, beaucoup de sagesse, une grande
expérience, un énorme courage, et
jusqu’à présent, il n’est pas possible
de dévoiler de nombreux aspects de ce
rôle joué par cette magnifique
direction.
Je termine par le
dernier témoignage, concernant
« Israël ». Son excellence l’imam
Khamena’i considère – et je parle ici de
séances internes et non de discours -,
mais c’est ce qu’il dit dans les
discours, qu’Israël, cette entité, va
disparaître. C’est sa ferme conviction.
Il pense que la disparition d’Israël
n’est pas lointaine, il la voit proche,
et pense que le règlement ne parviendra
à rien.
Tout ce qui se passe
autour de la Palestine et dans notre
région, que ce soit au niveau du
processus des négociations, des acquis,
victoires des mouvements de la
résistance au Liban et en Palestine, ou
au niveau de la dernière révolte du
peuple palestinien hors des territoires
occupés, confirme que (le peuple
palestinien) possède une volonté
inébranlable dans la résistance. Soit,
après plus de 60 ans,ni la douleur, ni
les catastrophes ni les malheurs qui ont
accompagné ce peuple ne l’ont pas poussé
au désespoir ni à la démoralisation. Des
dirigeants politiques sont certes
démoralisés, mais cette génération de
jeunes qui entend parler de la Nakba et
de la Naksa mais qui a vécu l’étape des
victoires, cette génération confirme que
nous sommes devant des générations du
peuple palestinien qui vivent un espoir
puissant, un enthousiasme formidable et
puissant pour le retour à la terre.
Ce que dit l’imam
Khamena’i à propos d’Israël peut être
compris en toute simplicité, lorsque
nous considérons le recul des forces
américaines dans la région et de la
domination américaine dans le monde,
lorsque nous considérons que l’évolution
de la situation va dans l’intérêt du
projet de la résistance et du refus de
la domination, dans la région, que nous
considérons le désespoir dans le
parcours des négociations. Nous voyons
clairement, dans le regard des jeunes
palestiniens, des jeunes arabes, des
jeunes musulmans, cette disposition au
sacrifice, comme nous voyons la
décrépitude, la faiblesse et l’absence
de dirigeants et de chefs historiques en
« Israël », nous évaluons l’expérience
de la guerre de juillet et de la guerre
de Gaza. Nous pensons que l’imam
Khamena’i juge qu’Israël va disparaître,
dans un avenir très proche, si Dieu le
veut. Cette vision exacte s’appuie,
- je ne parlerai pas de la
dimension immatérielle dans cette
conception et ces prévisions-, elle
s’appuie sur la solidité et l’exactitude
des règles et des bases de la pensée de
l’imam Khamena’i et de sa pensée
politique, sur une lecture juste de la
réalité, et également sur le courage de
l’imam dirigeant. Considérez ! Même s’il
y avait des règles correctes de pensée
et une lecture juste de la réalité, mais
que la personne est lâche et peureuse,
elle changera les règles de la pensée et
la réalité au profit d’une position
faible et chancelante et d’abandon. Le
courage de ce dirigeant, et bien sûr, la
sollicitude divine, et c’est la promesse
divine aux combattants : « ceux qui
combattent pour Nous, Nous leur
indiquons Notre voie, et Dieu est du
côté des bienfaiteurs ». Nous percevons
le phénomène d’une direction consciente
et savante, qui lit même hors de ce qui
s’appelle unanimité des esprits
politiques, des analystes, des centres
de recherche et des prévisions
ordinaires.
Aujourd’hui, en
inaugurant ce congrès, nous devons à
nouveau nous lever, avec vénération,
respect et estime, devant les
Palestiniens, et notamment ces jeunes
combattants, résistants, courageux et
vaillants, les Palestiniens et Syriens
qui se sont massés à la frontière du
Golan syrien occupé, insistant à être
présents et à participer, à défier et
affronter ; devant les dizaines de
martyrs et les centaines de blessés, qui
sont tombés, dans un éloquent message de
détermination et de résolution,
caractéristiques présentes dans cette
nation. Dévoilant à nouveau la vérité de
l’administration américaine et des
gouvernements occidentaux, notamment
l’américain, qui visent à confisquer les
révolutions arabes et à tromper les
esprits de la jeunesse arabe. Ce nouveau
sang qui a coulé a dévoilé cette
administration, sa position, les bases
sur lesquelles elle s’appuie,
lorsqu’elle déclare son engagement
absolu aux côtés d’Israël, comme l’ont
dit Obama et le congrès américain, qui
avait applaudi Netanyahu quelques jours
plus tôt. L’administration américaine a
même déclaré que ce qui s’est passé
hier, à la frontière, est une
« auto-défense légitime », c’est-à-dire
qu’il n’y a ni dénonciation, ni regret,
mais un encouragement à Israël : « que
Dieu te bénisse ».
Ce sont les Etats-Unis
qui nous parlent des droits de l’homme,
de la dignité et de la liberté. Ce sang
pur qui a coulé hier est un nouveau
témoignage qui consolide la conscience
politique et historique, amorcée et
consolidée par l’imam Khomeyni et
ensuite, son excellence l’imam Khamena’i.
Ce sont quelques
témoignages relatifs à une dimension de
la personnalité de cet imam. Lorsque
nous parlons d’un dirigeant sage,
courageux, qui préside et réfléchit,
nous nous basons sur cette réalité, qui
est bien moins que ce que nous
connaissons et dont nous pouvons parler.
J’espère que votre
congrès parviendra à assumer une partie
du devoir dû par les ulémas de cette
nation, par ses élites, ses penseurs et
intellectuels, le devoir de faire
connaître ses personnalités et ses
dirigeants, surtout en cette période de
grandes séditions.
Que Dieu vous accorde la
réussite. Paix, miséricorde et
bénédictions de Dieu sur vous.
(Traduction Fadwa Nassar)
Le dossier Hezbollah
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