Palestine - Solidarité

   



Amir Peretz : une nouvelle chance pour la gauche
Yossi Sarid*

 


http://www.haaretz.com/hasen/spages/644153.html
Ha¹aretz, 10 novembre 2005
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant


Surprise ? Pas vraiment. Comment peut-on être surpris par un échec de plus de Shimon Peres, l¹homme qui n¹a jamais raté une occasion de perdre ? Une révolution ? Oui, absolument. Qui aurait cru qu¹Amir Peretz, de Sderot, pouvait être sacré leader du Parti travailliste ?

Le ranch d¹Ariel Sharon est très proche de Sderot, mais la distance qui sépare les deux hommes est comme celle qu¹il y a entre le levant et le couchant. Et le soleil, comme chacun sait, se lève à l¹est et se couche à l¹ouest. Il est fort possible que l¹avènement de Peretz signifie le déclin de Sharon. De toute façon, Sharon a aujourd¹hui une opposition et, à long terme, une alternative. Le règne de Sharon n¹est plus de l¹ordre de la force suprême. Des rangs du deuxième parti en importance, un challenger est arrivé, enfin.

Ces dernières années, c¹était comme si les travaillistes avaient accepté de servir de cinquième roue au carrosse de Sharon. La vie politique du pays s¹est donc transformée en un grand bal masqué, où personne ne pouvait dire qui représentait quoi. (S) Au milieu de la nuit, alors que l¹on comptabilisait les votes, le bal s¹est brusquement terminé, les masques sont tombés, et maintenant, deux visions du monde s¹affrontent à visage découvert. L¹opinion peut faire la différence et décider de son choix.

Je connais Amir Peretz depuis de nombreuses années. Ses idées en politique étrangère sont à gauche, et cela remonte au temps où il fut l¹un des premiers à rejoindre Shalom Arshav (La Paix Maintenant). Cela n¹a pas été facile, il y a plus de 20 ans, de diriger une ville de développement du sud sans cacher ses penchants colombes. Amir Peretz l¹a fait, en dépit de toutes les difficultés.

Il n¹a jamais eu honte d¹être socialiste, terme qui, pour des raisons de superstition, est parfois remplacé par celui de "social-démocrate". Les démagogues et tous ceux qui profitent du système tombent à bras raccourcis sur les socialistes. Que veulent-ils, ces imbéciles (disent-ils) ? Que l¹on vive comme à Cuba ? Que l¹on en revienne aux temps de l¹URSS qui a fait honte à tout ce qui ressemble à du "socialisme réel" ? Amir n¹a pas peur des démagogues. Non, il ne veut pas que nous ressemblions à Cuba, ce pays pauvre et malheureux. Ce qu¹il veut, c¹est que nous soyons comme la Finlande, le Danemark, les Pays-Bas et d¹autres pays qui, contrairement à Israël, n¹ont pas déchiré leur filet de protection sociale et qui n¹ont pas ouvert de gouffres sociaux qui menacent de les avaler.

Il y a eu ici des tentatives, largement réussies, de persuader les gens que le choix était soi-disant clair et décisif : ou bien la voie carnivore de Benjamin Netanyahou ou de ses partenaires du Likoud et du Parti travailliste, ou bien une économie bolchevik. Peretz montre une troisième
voie : le monde entier n¹est pas une Amérique obsédée par la propriété ; il y a une alternative, et un socialiste d¹aujourd¹hui le sait bien. Ce qu¹il faut, c¹est choisir le bon modèle.

Si Shimon Peres l¹avait emporté, ce qui était aurait continué à être, avec les mêmes. Maintenant, l¹horizon s¹est éclairci, et il y a des signes d¹une nouvelle chance. Le programme politique et social d¹Amir Peretz est très semblable à celui du Meretz, et il est possible que cette similarité appelle une fusion. Il n¹y a aucune certitude que cette fusion soit électoralement payante, mais il n¹est pas certain non plus que l¹élection de Peretz le conduise directement au poste de Premier ministre aux prochaines élections, trop proches. Il faut considérer l¹élection de Peretz comme un
investissement à long terme. Entre temps, organisons l¹opposition, développons progressivement une alternative, et alors, le jour ne sera pas si lointain où le régime changera. Tôt ou tard, le peuple en aura assez de ce capitalisme avilissant qui rejette les enfants et les vieillards, et de cet " Etat juif " qui a perdu la tête et son c¦ur juif.

Aujourd¹hui, cela dépend avant tout de Peretz : aura-t-il la force nécessaire au sein d¹un parti déchiré et divisé qui dévore ses dirigeants, voudra-t-il créer un front pour sauver Israël ? L¹initiative est entre ses mains.


*Yossi Sarid, ancien ministre, ancien président du parti Meretz, est aujourd¹hui simple député depuis qu¹il a cédé sa place à Yossi Beilin.

 


 Source : La Paix Maintenant


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