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Une fois de plus, "pas de
partenaire"
Uzi Benziman
[avec les événements de Gaza,
l¹adage "pas de partenaire" est plus que jamais à l¹ordre
du jour. Pourtant, comme le dit Benziman, le jour approche où les
Israéliens demanderont à leur gouvernement si cela est réellement
crédible]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/733430.html
Ha¹aretz, 2 juillet 2006
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Jeudi dernier, l¹Etat d¹Israël a produit une preuve éclatante
du vieil argument selon lequel il n¹a pas de partenaire chez les
dirigeants palestiniens pour mener un dialogue : il en a arrêté
un nombre important et les a physiquement écartés de leurs
fonctions. A partir d¹aujourd¹hui, il ne
peut y avoir aucun doute : Israël n¹a personne à qui parler à
Ramallah. Et si l¹enlèvement du caporal Gilad Shalit n¹est pas
réglé, alors, dans un futur proche, la moitié gazaouie de la
direction palestinienne ne sera plus accessible : d¹après le
plan israélien, elle sera l¹objet d¹assassinats ciblés.
Yasser Arafat a été le premier dirigeant palestinien avec lequel
le dialogue était impossible. Il était l¹archétype de l¹impureté,
le diable dont la raison d¹être était la destruction de l¹Etat
d¹Israël. Même une fois avoir gagné une reconnaissance suite
aux accords d¹Oslo, il a continué à être dépeint comme un
comploteur pervers qui cachait un poignard quand il serrait une
main. La version israélienne officielle, fondée sur un travail
de renseignement crédible et une savante analyse de personnalité,
était qu¹Arafat n¹avait pas renoncé à son intention de jeter
les Israéliens à la mer. Après l¹échec du sommet de Camp
David en 2000, on l¹a accusé d¹avoir soigneusement préparé
les organisations terroristes palestiniennes pour l¹Intifada
al-Aqsa. Quand l¹Intifada a éclaté, cela a confirmé le vieil
adage selon lequel il n¹y a personne à qui parler du côté
palestinien et que le dirigeant du peuple palestinien n¹était
rien d¹autre qu¹une brute violente et rusée travestie
provisoirement en homme d¹Etat.
Le successeur d¹Arafat, Mahmoud Abbas, a été classé dans la
catégorie des mauviettes. Le renseignement israélien concédait
que ses intentions étaient bonnes, mais il affirmait qu¹il était
sans pouvoir. Une fois de plus, la preuve était faite qu¹Israël
n¹avait pas de partenaire. Ismail Haniyeh, élu premier ministre
dans une élection qui avait reçu l¹assentiment d¹Israël, a été
considéré comme un lépreux qui doit être évité, même s¹il
est dépeint comme une marionnette dont les fils sont manipulés
par le maître terroriste Khaled Mesh¹al, dont le renseignement
israélien pense qu¹un seul mot de lui peut produire des événements
au sein de l¹Autorité palestinienne. Une fois de plus, personne
à qui parler.
Même si cela est vrai, même si Israël (comme l¹a dit Ehoud
Barak) est une villa dans une jungle infestée de prédateurs, il
n¹est pas exempt de se poser la question de savoir si sa
meilleure chance de survie réside dans la non-reconnaissance de
ses voisins, dans le fait de se les aliéner et de les humilier.
Le jour approche où la communauté internationale, et quelques
Israéliens aussi, vont se demander (et demander au gouvernement)
si l¹argument selon lequel les dirigeants palestiniens ne sont
pas aptes au dialogue est logique, efficace et crédible. Cette
attitude n¹est-elle pas aussi une prédiction qui se réalise à
force d¹être annoncée par Israël, le fruit d¹un préjugé, de
la bonne conscience et peut-être d¹intentions cachées ? Comment
le gouvernement espère-t-il établir des relations stables avec
les Palestiniens s¹il nie toute légitimité à leurs dirigeants
et n¹admet pas la souveraineté du peuple palestinien à être
dirigé par ses représentants élus ?
L¹arrestation de personnalités du Hamas est destinée à fournir
à Israël des atouts dans les négociations avec les ravisseurs
de Gilad Shalit. Pour qu¹Israël ne soit pas perçu comme un Etat
qui prend des otages, on justifie ces arrestations en disant que
le Hamas est une organisation terroriste, mais tout le monde sait
que dans la jungle, on est parfois conduit à se comporter comme
son voisin. Pourtant, les habitants de la villa seraient bien avisés
de regarder vers l¹avant : si les circonstances conduisent réellement
Israël à emprisonner ou à tuer les actuels dirigeants
palestiniens, cela permettra-t-il à un partenaire plus
confortable d¹émerger ? L¹humiliation grossière de la
direction palestinienne la rendra-t-elle plus conciliante ? Ehoud
Olmert espère que cette attitude, ivre de sa puissance, prouvera
son efficacité à long terme. Son objectif est d¹ôter les enlèvements
de la boîte à outils palestinienne. Mais cela pourrait aussi se
révéler un mauvais choix : à long terme, la politique d¹Olmert
peut aussi rendre les Palestiniens plus obstinés et unis, et
renforcer leurs rêves de vengeance.
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