"Comme il
fallait s’y attendre, Israël entend dicter aux Palestiniens la
marche à suivre en ce qui concerne les personnes et organisations
appelées à prendre en charge leurs affaires, jusqu’au mode
d’emploi, avec bien entendu des limites que la simple morale réprouve."
Comment parler de souveraineté et dé démocratie, quand Israël
entend s’arroger le droit de dire qui des Palestiniens est éligible.
Il n’y a rien de tout cela.
Les dirigeants israéliens ont, en effet, proclamé ce week-end
qu’ils entendaient empêcher la participation du Hamas aux
prochaines élections législatives de crainte que le principal
mouvement islamique palestinien réalise un bon score ou
l’emporte, comme le laissent apparaître certaines de ses
performances à l’occasion des élections municipales du printemps
dernier. Le Hamas a réalisé de très bons scores face au Fatah, le
mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas que l’on disait
intouchable, dans une série de municipales ces derniers mois.
Selon les sondages, ce mouvement devrait confirmer sa percée lors
de sa première participation aux législatives prévues le 25
janvier. Et pourtant, les dirigeants palestiniens tiennent
absolument à ce que le Hamas devienne un parti politique et que par
conséquent il renonce - c’est du moins leur espoir - à la lutte
armée comme c’est le cas actuellement.
C’est Israël cette fois qui admet qu’un mouvement tel que le
Hamas a des chances de faire un bon score voire même de
l’emporter. Tel est l’aveu de son ministre des Affaires étrangères,
Sylvan Shalom, qui demande à ce qu’il soit interdit de
participation, tout en n’hésitant pas à recourir au mensonge. «
Les accords d’autonomie conclus en 1993 avec l’OLP stipulent
noir sur blanc qu’aucune organisation appelant à la destruction
d’Israël ne pourra participer aux élections organisées par l’Autorité
palestinienne », a souligné en ce sens le chef de la diplomatie
interrogé de New York par la radio publique.
M. Peres feint d’oublier que son Premier ministre, Ariel Sharon, a
lui-même décrété au soir de son élection en février 2001, la
mort de ces accords, et qu’ensuite Hamas n’appelle plus à la
destruction d’Israël, comme l’avait déclaré son fondateur le
défunt cheikh Ahmed Yassine dans une de ses rares interviews avant
son assassinat par Israël.
Dans le cadre de cette campagne internationale, le Premier ministre,
Ariel Sharon, qui se trouve aussi à New York, a pour sa part promis
qu’Israël suspendrait sa coopération à l’organisation des élections,
si le Hamas y participait. « Nous ferons tous les efforts pour ne
pas les aider » si le Hamas participe, selon des déclarations de
M. Sharon rapportées samedi par le New York Times. « Je ne pense
pas qu’ils puissent tenir des élections sans notre aide »,
a-t-il ajouté.
Selon le quotidien, M. Sharon a expliqué qu’Israël pourrait
notamment refuser de lever des barrages routiers, pour rendre
difficile ou impossible la participation au scrutin de certains
Palestiniens, comme ceux de Jérusalem-est. Ces déclarations font
suite à une rencontre, mercredi, entre Ariel Sharon et le président
américain George W. Bush, en marge de l’assemblée générale de
l’Onu. « J’ai dit de la manière la plus claire possible que
nous sommes omplètement opposés à la participation du Hamas à
ces élections, aussi longtemps qu’ils n’auront pas déposé
leurs armes », a déclaré M. Sharon.
Selon un membre de l’entourage du Premier ministre, les
conseillers de M. Sharon craignent que le Hamas recueille « 40% des
voix, ce qui nous ramènerait dix ans en arrière », ce qui est déjà
le cas avec Ariel Sharon au pouvoir. Ce qui ne veut pas dire que les
travaillistes auraient fait mieux. Ils entretenaient l’illusion
tout en verrouillant le processus d’Oslo qu’ils avaient signé
avec les Palestiniens.
Les responsables palestiniens et du Hamas ont dénoncé avec
virulence les menaces de M. Sharon. « Ces déclarations justifient
notre décision de prendre part au scrutin. Elles illustrent le véritable
visage de l’occupation israélienne qui dénie à notre peuple une
vie pacifique et démocratique », a affirmé le porte-parole du
Hamas, Sami Abou Zuhri. « Ces déclarations constituent une
tentative pour provoquer des problèmes internes pour le peuple
palestinien, c’est pourquoi, nous disons à l’Autorité
palestinienne de respecter la date des élections », a ajouté ce
responsable.
Dans un communiqué, le ministère palestinien de l’Intérieur a
pour sa part affirmé qu’il s’agit « d’une ingérence
inacceptable dans les affaires intérieures palestiniennes qui va à
l’encontre de la démocratie ». « La participation de tous est
garantie aux termes de la loi », a également souligné le ministère
de l’Intérieur.
Les pressions peuvent provenir d’autres parties comme les
Etats-Unis pour qui, Hamas est une organisation terroriste, alors
que pour l’Autorité palestinienne, c’est un mouvement de résistance.
De nouvelles batailles sont donc à venir pour empêcher la
satisfaction des droits nationaux du peuple palestinien.
T. Hocine - El Watan
19 Septembre 2005 El Watan - http://www.elwatan.com/2005-09-19/2...
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