On s’en souvent, aux Etats-unis, deux
universitaires de renom avaient brisé un tabou en parlant de la
pression du lobby juif et des conséquences jugées désastreuses,
sur la politique extérieure des Etats-unis. Cette fois, ce sont
des universitaires britanniques qui jettent un regard extrêmement
critique mais qui se veut lucide dans le même temps, sur cette
réalité, mettant justement en cause le comportement des
intellectuels israéliens.
Aussi, le Natfhe, principal syndicat de
l’enseignement supérieur britannique, a appelé ses membres
à « envisager le boycottage »
des universitaires israéliens qui ne se démarqueraient pas de
la « politique d’apartheid » d’Israël,
a-t-on appris auprès de l’organisation. Rien de moins. Une
motion en ce sens a été votée lundi soir par les quelque 200
délégués du syndicat réunis pour leur conférence annuelle
à Blackpool (nord-est), avec 106 voix pour, 71 contre et 21
abstentions, a précisé un porte-parole de l’organisation qui
regroupe quelque 69 000 membres.
La motion dénonce « les
politiques persistantes d’apartheid en Israël, dont la
construction d’un mur d’exclusion et des pratiques éducatives
discriminatoires ». Elle invite « les
membres à envisager l’opportunité de boycotter ceux qui ne
se démarquent pas publiquement de telles politiques »,
qu’il s’agisse « d’individus ou
d’institutions éducatives ». Il s’agit simplement
d’un « conseil », a toutefois précisé le
porte-parole Trevor Phillips, et les membres du syndicat sont
invités à agir « selon leur conscience »,
en fonction des gens avec lesquels ils travaillent. « S’ils
pensent que les gens avec lesquels ils travaillent ne font rien,
ou résistent à tout ce qui pourrait améliorer la situation
(en Palestine), alors ils devraient suivre leur conscience et se
demander si un boycottage améliorerait la situation. »
L’ultimatum israélien
Bien entendu, Israël a très vite réagi à
cette analyse qui passe au peigne fin le régime israélien. Son
ambassadeur en Grande-Bretagne a ainsi parlé de cas « flagrant
de discrimination ». Le gouvernement britannique a également
réagi par la voix de son secrétaire aux Affaires étrangères,
Lord Triesman, pour qui de tels boycottages sont « contreproductifs
et rétrogrades ».
Déjà l’an dernier, un syndicat universitaire
britannique, l’Association britannique des professeurs d’Université
(AUT), avait provoqué un tollé en avril en décidant de
boycotter deux universités, celle de Haïfa et celle de Bar
Ilan près de Tel Aviv, aux motifs qu’elles violaient la
liberté des enseignants sur le dossier palestinien.
Mais c’est là, un dossier bien volumineux
avec cette violation des Conventions internationales dans les
cas d’occupation interdisant notamment toute modification
ethnique, démographique ou géographique.
Et le cas des trois députés palestiniens d’El
Qods menacés d’exil par Israël s’ils ne renonçaient pas
à leur mandat, s’inscrit dans ce cadre. Israël a convoqué
lundi ces officiels du Hamas au commissariat de police où ils
se sont vu remettre un ordre du ministre de l’Intérieur Roni
Bar, les sommant de renoncer à leurs fonctions sous 30 jours
faute de quoi leurs cartes de résident à El Qods leur seront
retirées. Cette mesure vise le ministre pour les Affaires d’El
Qods Khaled Abou Arafeh et les députés Mohammad Abou Teir,
Ahmad Attoun et Mohammad Totah, qui habitent tous à El Qods-est
occupée et annexée par Israël en 1967. Ils sont membres du
Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël.
L’Etat hébreu interdit toute activité
politique palestinienne dans ce secteur, que les Palestiniens
voient comme la capitale de l’Etat auquel ils aspirent. « Nous
ne démissionnerons jamais », a affirmé M. Totah.
« C’est une décision illégale. Ils ne
peuvent pas nous retirer nos cartes d’identité, simplement
parce que nous sommes des membres du Conseil législatif
palestinien. » Il s’est élevé contre le
non-respect par Israël des résultats des élections législatives
palestiniennes, après que ce pays eu donné son feu vert à
leur tenue. « Personne ne s’était opposé
lorsque nous avons participé aux élections. La police israélienne
a même protégé les bureaux de vote », a fait valoir
M. Totah. « Nous avons été élus
lors d’un scrutin libre et équitable et la volonté du peuple
doit être respectée », a-t-il ajouté.
M. Abou Arafeh a dénoncé l’ultimatum
israélien comme « un nouveau crime commis
par l’occupant qui fait fi de toutes les résolution
internationales et les accords qu’il a lui même signés ».
« Nous rejetons catégoriquement les menaces de nous
retirer la résidence et de nous éloigner de notre terre, nos
familles et nos maisons », a-t-il ajouté. Un autre
gros problème est ainsi soulevé. Il n’est pas nouveau,
puisque l’occupant israélien a contraint à l’exil des
milliers de Palestiniens. Cela avait alors suscité de bien
faibles échos, ou tout juste des réactions de circonstance,
mais sans le moindre prolongement. C’est cela l’apartheid.
C’est aussi cela le terrorisme d’Etat.