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Israël,
bastion avancé de la civilisation contre la barbarie !!!
Rudolf Bkouche
Du sionisme
originel, il ne reste qu'une chose : l'Etat juif prôné par Herzl
est devenu le bastion avancé de la civilisation contre la barbarie. Si
l'argument du bastion exprimé par Herzl n'était peut-être qu'un
argument de circonstance pour convaincre les puissances de l'époque
de soutenir la création d'un Etat juif en Palestine (et pour
Herzl les Juifs sont essentiellement les juifs européens), la création
de l'Etat d'Israël a atteint cet objectif et c'est le seul
objectif atteint. Quat au havre de paix pour les Juifs prôné par
Herzl, il est mort dès lors que le mouvement sioniste a décidé
de construire son Etat en Palestine, nonobstant le fait que la
Palestine était peuplée. Une fois cette décision prise, le
mouvement sioniste ne pouvait que conduire à la conquête de la
terre palestinienne et à l'expulsion de ses habitants.
L'histoire de l'Etat
d'Israël est jalonné de guerre, guerre que ses thuriféraires présentent
comme des guerres de défense depuis la guerre dite d'indépendance
de 194 jusqu'aux guerres d'aujourd'hui. Et pourtant ces guerres ne
sont que la continuation de la guerre de 1948 pour accroître la
part de terre palestinienne occupée par l'Etat d'Israël. La
colonisation des terres occupées depuis 1967 n'est pas, comme une
certaine bonne conscience de la "gauche sioniste" se
complaît à le dire, le fait de quelques minorités extrémistes
plus ou moins religieuses mais une politique d'Etat qui a permis
à de nombreux Israéliens de s'établir dans ces colonies, que ce
soit pour des raisons idéologiques ou simplement pour des rasons
économiques, les divers gouvernements israéliens favorisant l'établissement
dans les colonies. Sans oublier la colonisation intérieure qui se
pratique à l'intérieur de la ligne verte (la frontière de 1948)
à l'encontre des Palestiniens citoyens d'Israël, ainsi au Negev
ou en Galilée.
S'il y eut une
initiative de paix, celle-ci revient aux Palestiniens qui
acceptaient en 1988 le principe de la coexistence de deux Etats
autour de la frontière de 1948 laissant aux Israéliens 78% du
territoire palestinien. "La paix contre les territoires"
pourrait-on dire. Mais l'Etat d'Israël n'a jamais voulu entendre
cet appel et ses alliés occidentaux n'ont su que brocarder Arafat
qui était à l'origine de cette initiative. Quant aux divers
initiatives qui ont été prises depuis, elles étaient autant de
leurres qui avaient pour seul but de renforcer l'hégémonie israélienne
sur le territoire palestinien, que ce soit les Accords d'Oslo ou
que ce soit la "feuille de route", les Palestiniens
apparaissant comme les agresseurs auxquels on demandait de faire
les concessions nécessaires pour aboutir à la paix comme s'ils
étaient les seules responsables de l'occupation
de leur pays. Mais il semble que la question est moins d'aboutir
à la paix que de montrer au monde que si celle-ci ne peut se
faire, la faute en incombe aux Palestiniens.
Le dernier grand
leurre fut le "désengagement de Gaza" qui fit passer
Sharon pour un homme de paix. Gaza, une fois débarrassé des
colons israéliens, devenait une prison pour ses habitants, enfermé
entre ses frontières terrestres et la mer contrôlée par la
marine israélienne. Et comme l'ont montré les derniers événements,
il devient plus facile pour l'armée israélienne d'intervenir sur
le territoire débarrassé des colons juifs et l'on peut détruire
plus facilement l'infrastructure du pays.
Et les alliés
occidentaux d'Israël, européens et américains, oublient
facilement que la question essentielle est celle de l'occupation
et du refus de reconnaître les droits des Palestiniens.
L'hypocrisie est apparue au grand jour avec l'arrêt des
subventions à l'Autorité Palestinienne sous le prétexte qu'aux
élections du Parlement Palestinien, les plus démocratiques dans
le monde arabe nous a-t-on expliqué, les élus n'étaient pas les
bons et que le gouvernement issu de ces élections ne
reconnaissait pas l'Etat d'Israël, ne renonçait pas à la
violence et ne respectait pas les Accords d'Oslo. On oubliait
ainsi que l'Etat d'Israël n'a jamais reconnu le droit à un Etat
palestinien, n'a jamais cessé l'occupation avec toutes les
violences qu'elle implique, des cheiks points aux assassinats ciblés
et à la déstructuration de la société palestinienne, et a
oublié depuis longtemps les Accords d'Oslo qui leur étaient
pourtant favorables.
Il a suffi d'une
opération de la Résistance palestinienne pour que le
gouvernement israélien déclenche une opération militaire contre
Gaza conduisant à des meurtres de civils et à la destruction des
infrastructures vitales (électricité et eau) du pays. Devant
cette intervention militaire, les alliés occidentaux n'ont su que
déclarer le droit de l'Etat d'Israël à se défendre tout en
demandant que la riposte ne soit pas disproportionnée. Qu'est-ce
que cela veut dire ? que l'on ne parle pas d'occupation et que
l'on condamne toute action de résistance, en contrepartie on
demande à Israël de ne pas tuer trop de Palestiniens.
Pourquoi une telle
attitude occidentale, y compris de ceux des Européens qui se déclaraient
soucieux du sort des Palestiniens. C'est parce que Israël est un
Etat occidental, qu'il est, pour reprendre le langage de Herzl, le
bastion de la civilisation contre la barbarie dans la grande
guerre que certains veulent définir comme le choc des
civilisations. Si guerre il y a au Moyen-Orient, le responsable ne
peut être ce bastion de l'Occident qui peut se permettre en toute
impunité de bafouer le droit international. Les Palestiniens ont
le malheur d'être les victimes de ce bastion et tout au plus les
bonnes âmes de l'Occident leur offrent leur compassion et leur
demandent d'accepter les exigences de leur oppresseurs pour que
tout rentre dans l'ordre.
Après Gaza le
Liban. Prenant prétexte d'une opération militaire du Hezbollah,
le gouvernement israélien décide d'attaquer le Liban, de
bombarder villes et ports, faisant de nombreuses victimes civiles,
et de mettre en place un blocus du pays. Ici encore que font les
alliés occidentaux ? ils déplorent. On peut alors voir la différence
de traitement, toujours à propos du Liban, envers la Syrie et
Israël. Lorsque la Syrie intervient au Liban, la "communauté
internationale" intervient et montre qu'elle sait obliger la
Syrie à obéir, mais lorsque le bastion israélien intervient au
Liban, on se contente de déplorer. Aucune mesure de rétorsion
contre un Etat qui, parce qu'il appartient à la famille
occidentale, peut tout se permettre.
Civilisation
contre barbarie dit-on ! oui si l'on reconnaît que toute
civilisation comporte sa part de barbarie, et la civilisation
occidentale comporte sa part de barbarie, que ce soit la barbarie
coloniale, la barbarie européenne au cours des deux guerres
mondiales du XXème siècle, ou la barbarie à l'encontre de ceux
qui ne veulent pas se plier aux exigences de l'Occident. Et l'Etat
d'Israël, bastion avancé de la civilisation occidentale,
participe pleinement de cette barbarie.
Comme le dit
Benjamin
"Car il n'est pas de témoignage de
culture qui ne soit en même temps un témoignage de
barbarie."
Rudolf Bkouche
membre du Bureau
National de l'UJFP.
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