Najd est le village palestinien sur lequel fut implantée la
colonie de Sderot après son occupation par les bandes sionistes
entre le 13 mai et le 9 juillet 1948.
Le village de Najd a été complètement rasé, et ses habitants
subirent ce que l'on appelle communément aujourd'hui un
nettoyage ethnique.
Les réfugiés de Najd sont probablement allés vers le sud et
l'ouest, vers ce que l'on nomme aujourd'hui la bande de Gaza,
rejoindre les centaines de milliers de réfugiés qui furent parqués
par la bonne conscience occidentale dans des camps de fortune.
Aujourd'hui, les réfugiés de Najd et des autres villages et
villes palestiniens ayant subi le nettoyage ethnique bombardent la
colonie Sderot, construite sur leurs terres et leur village.
La colonie Sderot, appelée aujourd'hui ville de Sderot par ceux
qui ont assimilé et légalisé l'occupation sioniste de la terre
palestinienne, accueille des émigrés juifs ou prétendus juifs
venant de toutes les parties de la terre, pour la construction
d'un Etat Juif et pour les Juifs, l'Etat d'Israël.
Elle accueille entre autres, comme la ville de Beer Saba' appelée
Beersheva par les sionistes, des émigrés pauvres, des émigrés
importés de pays pauvres, pour peupler une terre à la place de
ses habitants autochtones, qui sont, eux, refoulés vers les extrêmes.
Elle accueille les Juifs d'Ethiopie, juifs noirs, pauvres, mais
dont les privilèges en tant que Juifs dépassent de loin tout ce
que les Palestiniens de 48, pourtant considérés comme citoyens
de cet Etat colonial, peuvent prétendre revendiquer.
Ces colons venus d'autres cieux habitent l'ancien village de Najd,
se considèrent comme chez eux, pallient au racisme anti-noir de
la société qui les a importés en déversant leur haine sur les
Palestiniens, dont la simple présence à leurs côtés représente
une menace.
Aujourd'hui, d'autres localités palestiniennes dans le Naqab et
en Galilée sont menacées par cet afflux de nouveaux colons
pauvres. l'Etat colonial et ses diverses institutions ont lancé
une vaste campagne dans le but de susciter une nouvelle vague
d'immigration juive ou prétendument juive, pour installer ces
nouveaux colons sur les terres palestiniennes qu'ils continuent à
rafler, au détriment des "citoyens" palestiniens, dans
le Naqab notamment.
Qu'ils soient fortunés ou pauvres, les colons sont des colons.
Ils font partie de l'institution coloniale sioniste. Dès leur
arrivée, leur mentalité a été façonnée par la haine des
Palestiniens, par leurs droits en tant que Juifs sur cette terre
qui n'est pas la leur, et ils portent en eux et défendent le
projet exterminateur du peuple palestinien.
Il peut arriver que des individus, parmi cette masse de colons,
fassent un choix contraire : refuser les agissements "extrêmes"
de leurs dirigeants, lutter contre l'institution considérée
comme non démocratique, ou même injuste, ou même coloniale. Ils
peuvent rejoindre les mouvements israéliens opposés à la
guerre, à l'occupation, ou même à la colonisation. Le choix reste
individuel et collectif. Mais quand ils rejoignent le camp de la
justice, ils ne pourront pas se plaindre des bombes qui leur
tombent dessus tant qu'ils restent à Sderot, car ils savent que
Najd a été rasée pour qu'ils y soient installés et que ce sont
les habitants de tous les Najd qui ont pris les armes afin d'y
retourner.
Les bombardements des agglomérations juives dans l'Etat d'Israël
ne sont pas futiles, quoi qu'en pensent les stratèges
parisiens, même si la portée des fusées ne peut faire que des dégâts
légers, le plus souvent. Car la stratégie de la résistance
palestinienne, même si elle a des difficultés ces temps-ci,
consiste à susciter un ras-le-bol et un sentiment d'insécurité
parmi les habitants de ces agglomérations. Je ne pense pas que
les armes portées par les résistants vietnamiens faisaient plus
de dégâts mais c'est la logique d'une guerre non
conventionnelle, de la guerre populaire, qui vise à accentuer la
pression sur les localités limitrophes, en général pauvres,
comme celles du nord de la Palestine, à l'époque où la résistance
palestinienne bombardait, à partir de ses bases au sud-Liban, les
colonies de Kiryat Shmone et les autres.
Condamner les actions militaires de la résistance palestinienne
sur la colonie-ville de Sderot relève plus d'un choix politique
que de considérations morales. Il ne suffit pas d'avancer les
aspects de civils, pauvres, noirs, et tout ce qui s'ensuit pour prétendre
juger selon la morale. Même ces aspects sont politiques. Le choix
est plutôt celui-ci : l'Etat colonial d'Israël est-il légitime
ou non ? Faut-il soutenir totalement ou partiellement la lutte du
peuple palestinien pour recouvrer ses droits nationaux et légitimes
?
A partir des réponses, brèves ou longues, que l'on donne, découlent
nos condamnations, nos approbations, nos silences et nos actions.
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