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TLAXCALA

Un peuple « élu » (par Dieu, certes, mais il y a ballottage.)
Jostein Gaarder

in Aftenposten (Norvège), 5 août 2006

[Jostein Gaarder est un éminent écrivain norvégien. Il est notamment l' auteur du best-seller « Le Monde de Sophie », dont vingt-cinq millions d' exemplaires ont été vendus dans le monde entier, en cinquante-trois langues.
Voir la réaction du Centre Simon Wiesenthal à la suite de cet article.]

[ « Israël appartient désormais à l'histoire. Nous ne reconnaissons plus l' Etat d'Israël. C'est une décision sans appel. L'Etat d'Israël a violé la reconnaissance du monde, et il n'obtiendra pas la paix tant qu'il ne déposera pas ses armes. L'Etat d'Israël, sous sa forme actuelle, appartient au passé », écrit Jostein Gaarder. ]

Il n'y aura pas d'appel. Il est temps de retenir une nouvelle leçon : nous ne reconnaissons plus l'Etat d'Israël. Nous n'avons pas reconnu le régime d' apartheid en Afrique du Sud, et nous n'avons pas non plus reconnu le régime des Taliban en Afghanistan. Puis il y eut beaucoup de gens qui ne reconnurent pas le régime de Saddam Hussein en Irak, ou l'épuration ethnique
perpétrée par les Serbes (sic ! ndt). Il faut nous habituer à cette idée : l'Etat d'Israël, sous sa forme historique, appartient désormais au passé.

Nous n'adhérons pas à la notion d'un peuple « élu de Dieu ». Le caprice de ce peuple nous fait marrer, mais nous pleurons devons ses méfaits. Se comporter en « peuple élu de Dieu », c'est être non seulement stupides et arrogants, mais c'est commettre un crime contre l'humanité. Cela s'appelle le racisme.


La tolérance a des limites

Notre patience atteint ses limites, et notre tolérance n'est pas infinie.
Nous ne croyons pas aux promesses divines en tant que prétextes pour occuper le territoire d'autrui et pratiquer la discrimination raciale. Nous avons laissé le Moyen Âge derrière nous. Ceux qui croient que le dieu [qui a créé] la flore, la faune et les galaxies aurait choisi un peuple, entre mille, pour en faire son chouchou et [lui] aurait remis ses idioties de tables, de buissons ardents et de permis de tuer nous font marrer, mais pas vraiment de gaîté de cour.

Nous appelons un massacreur de bébés « massacreur de bébés », et nous n' accepterons jamais qu'un peuple tel celui-ci ait reçu on ne sait trop quel mandat divin, ou même [simplement] historique, qui excuserait ses exactions.
Nous disons, simplement : toute forme d'apartheid, toute forme d'épuration ethnique et toute forme de frappe terroriste contre des civils, que ce soit par le Hamas, le Hizbullah ou l'Etat d'Israël sont honteux !


Un art de la guerre dénué de tout scrupule

Nous reconnaissons et nous assumons la profonde responsabilité de l'Europe dans le calvaire des juifs, avec notamment le harcèlement pitoyable, les pogromes et l'Holocauste dont ils ont été les victimes. Il était nécessaire, historiquement et moralement, que les juifs obtiennent leur propre pays.
Toutefois, l'Etat d'Israël, avec son art de la guerre dénué de tout scrupule et ses armes atroces, a massacré sa propre légitimité. Cet Etat a constamment violé le droit international, les conventions internationales et d'innombrables résolutions de l'Onu, dont il ne peut par conséquent plus escompter que cette organisation continuera à le protéger. Il a bombardé en tapis la reconnaissance du monde entier. Mais ne craignez plus ! Les Tribulations vont bientôt prendre fin. L'Etat d'Israël a désormais connu son Soweto.

Nous sommes aujourd'hui arrivés au bord de la chute d'eau. Impossible de retourner en arrière. L'Etat d'Israël a violé la reconnaissance mondiale, et il  ne connaîtra aucune paix, tant qu'il n'aura pas déposé les armes.


Sans aucune défense, dénudé y compris de sa peau

Puissent l'esprit et le logos faire tomber les murs d'apartheid d'Israël. L' Etat d'Israël n'existe pas. Il est aujourd'hui sans défense, il est dénué y compris de sa peau. Puisse maintenant le monde avoir pitié de la population civile ; car notre prophétie de désolation ne bien entendu nullement les civils en tant qu'individus.

Nous souhaitons le bien au peuple d'Israël, rien d'autre que le bien. Mais nous nous réservons le droit de ne pas manger d'oranges provenant de Jaffa aussi longtemps qu'elles auront un goût de sang et qu'elles seront empoisonnées. On s'est abstenu, durant quelques années, de déguster les
raisins bleus de l'apartheid, et nous avons survécu.


Ils célèbrent leurs triomphes

Nous ne pensons pas qu'Israël se lamente autant pour les quarante enfants libanais tués qu'il le fait au sujet des quarante années passées dans le désert, voici trois mille ans. Nous relevons que beaucoup d'Israéliens célèbrent ce genre de triomphes de la même manière qu'ils fêtèrent jadis les plaies [envoyées par le] Seigneur en guise de « punition méritée » du peuple d'Egypte (dans ce récit, le Seigneur Dieu d'Israël s'avère un sadique insatiable.) Nous nous interrogeons : la plupart des Israéliens pensent-ils vraiment qu'une vie israélienne vaut plus que quarante vies palestiniennes, ou libanaises ?
En effet, nous avons vu les photos de petites filles israéliennes inscrivant des messages de haine sur les bombes qui allaient être déversées sur les populations civiles du Liban et de la Palestine. Ces petites filles israéliennes ne sont pas mignonnes, quand elles ont les yeux brillants de haine sadique en pensant à la mort et à la torture que déverse leur pays de l'autre côté des deux fronts.


Représailles et vengeances sanglantes

Nous ne reconnaissons pas le discours de l'Etat d'Israël. Nous ne reconnaissons pas la spirale des représailles et des vengeance sanglantes dans la lignée de l'adage « oeil pour oeil, et dent pour dent ». Nous ne reconnaissons pas le principe de dix ou mille yeux arabes pour un oeil
israélien. Nous ne reconnaissons pas les punitions collectives, ni l' éclaircissement des populations en guise d'armes politiques. Deux mille ans se sont écoulés, depuis qu'un rabbin juif a critiqué la doctrine archaïque «oeil pour oeil, et dent pour dent ».


Ce rabbin juif a dit : « Faites à autrui ce que vous voudriez qu'ils vous fît. » Nous en reconnaissons pas un Etat fondé sur des principes anti-humanistes et sur les ruines d'une religion archaïque nationaliste et belliqueuse. Ou, comme l'a dit Albert Schweitzer : « L'humanitarisme
consiste à ne jamais sacrifier un être humain pour une quelconque cause. »


Compassion et pardon

Nous ne reconnaissons pas l'antique Royaume de David comme modèle pour la carte du Moyen-Orient au vingt-et-unième siècle. Le rabbin évoqué plus haut a affirmé, voici deux mille ans, que le Royaume de Dieu n'est pas la restauration manu militari du Royaume de David ; le Royaume de Dieu est en nous, et au milieu de nous. Le Royaume de Dieu est compassion et pardon.
Deux mille ans ont passé, depuis que le rabbin juif a désarmé et totalement humanisé la vieille rhétorique guerrière. Mais, déjà de son temps, les premiers terroristes sionistes étaient agissants.


Israël n'écoute pas

Depuis deux mille ans, nous avons révisé l'abécédaire de l'humanisme, mais Israël n'écoute pas. Ce ne sont pas les Pharisiens, qui ont aidé cet homme abandonné au bord du chemin, après avoir été la victime de voleurs. Non. C' était un Samaritain. Aujourd'hui, nous dirions : un Palestinien. Nous sommes hommes, en premier. Ce n'est qu'en second lieu que nous sommes chrétiens, musulmans, ou juifs. Mais, comme l'a dit notre rabbin juif : « Mais si vous n'honorez que vos frères, alors, que faites-vous de plus (de mieux) que les autres ? » Nous n'acceptons pas que l'on kidnappe des soldats. Mais nous n' acceptons pas, non plus, la déportation de populations entières ou l' enlèvement de parlementaires démocratiquement élus et de ministres.

Nous reconnaissons l'Etat d'Israël de 1948. Pas celui de 1967. C'est l'Etat d'Israël lui-même, qui ne reconnaît pas, qui ne respecte pas, qui ne se conforme pas à l'Etat internationalement reconnu qu'est l'Israël de 1948. Israël veut plus - plus d'eau, et plus de terres. Pour obtenir cela, il en est qui envisage, avec l'assistance de Dieu, prétendent-ils, une solution finale au « problème palestinien ». « Les Palestiniens disposent déjà de si nombreux pays », ont osé arguer certains hommes politiques israéliens ; « or nous, nous n'en avons qu'un. »


Les Etats-Unis, ou le monde entier ?

Ou, comme le dit le principal protecteur de l'Etat d'Israël : « Puisse Dieu continuer à bénir l'Amérique ! ». Une petite fille remarqua ceci. Elle alla voir sa mère et lui demanda : « Pourquoi le Président termine toujours ses discours en disant : « Que Dieu bénisse l'Amérique ! » ? Pourquoi ne dit-il pas : « Que Dieu bénisse le monde ! » ? »

Et puis, il y avait aussi un poète norvégien qui avait laissé échapper ce cri du cour apparemment enfantin : « Pourquoi l'Humanité est-elle si lente à progresser ? » C'est ce même poète qui a écrit magnifiquement sur le thème de l'Homme juif et de la Femme juive. Mais il a rejeté la notion du peuple élu de Dieu. Personnellement, il aimait se qualifier lui-même de musulman.


Sérénité et miséricorde

Nous ne reconnaissons pas l'Etat d'Israël. Pas aujourd'hui, pas en écrivant ceci, pas à l'heure du deuil et de l'affliction. Si la nation israélienne toute entière doit un jour tomber, victime de ses propres procédés, et si une partie de sa population doit fuir ses territoires occupés vers une nouvelle diaspora, alors, nous dirons : « Puissent leurs nouveaux pays demeurer sereins et faire montre de miséricorde à leur égard. C'est un crime éternel, sans aucune circonstances atténuantes, que de porter la main sur un des réfugiés apatrides.

Paix et libre circulation, pour les évacués, pour les civils ne bénéficiant plus de la protection d'un Etat. Ne tirez pas sur les fugitifs ! Ne les prenez pas pour cibles ! Ils sont désormais totalement vulnérables - comme des escargots sans coquille. Ils sont vulnérables, comme les lentes caravanes des réfugiés palestiniens et libanais, aussi désarmés que les femmes, les enfants et les vieillards de Cana, de Gaza, de Sabra et de Chatila. Donnez un abri aux réfugiés israéliens ; donnez-leur du lait et du miel !

Qu'aucun enfant israélien ne paie [les crimes de l'Etat sioniste] de sa vie.
Car trop d'enfants et de civils ont d'ores et déjà été assassinés.


= = = = = =

Une lettre ouverte du Centre Wiesenthal au peuple de Norvège, publiée dans le quotidien Aftenposten, paraissant à Oslo
http://www.wiesenthal.com/site/apps/nl/content2.asp?c=fwLYKnN8LzH&b=245494&c
t=2869779

[Le directeur des relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Dr. Shimon Samuels, a adressé une « Lettre ouverte à la Norvège » en réponse à la tribune publiée le 5 août par le quotidien d'Oslo Aftenposten par Jostein Gaarder, sous le titre : « Le peuple élu de Dieu » [God's Chosen People]]


Jostein Gaarder, auteur du chef-d'ouvre littéraire « Le Monde de Sophie » est tombé sérieusement malade, soit de malveillance, soit, peut-être de la maladie d'Alzheimer, voire des deux à la fois.

Bien que fort des traductions de son best-seller en cinquante-trois langues, et ses vingt-six millions d'exemplaires vendus, beaucoup de ses lecteurs vont regretter la perte de clairvoyance, de cohérence dont souffre actuellement Gaarder, mais, sans doute plus encore, le fait qu'il ait été recruté par les forces de l'obscurité.

Son article publié par votre quotidien le 5 courant a étalé sa connaissance superficielle de la Bible et la paranoïa judéophobique qui hante ses cauchemars. Nous appelons le peuple norvégien à fustiger son message. Obsédé par les juifs, en leur qualité de « peuple élu », Gaarder régurgite la définition antisémite classique de cette définition en la présentant comme « arrogante et dominatrice ».

Je me souviens de ce dicton, dans mon enfance : « Quelle idée, de la part de Dieu, de choisir les juifs ! », et de son répons : « Pas si étonnant que ça, que les juifs aient choisi Dieu ! ». Cette auto-affirmation est certes dérangeante, pour les tyrans, car, en tant que voix s'élevant pour défendre la liberté, la diversité et la conscience, les juifs, en tant que témoins, ont été une « lumière pour les nations » à travers les siècles. Non pas en revendiquant détenir la vérité absolue, mais en tant que système d'alarme important, ou précoce, car ce qui commence par s'en prendre aux juifs est souvent un baromètre pour la condition humaine.

Quand d'autres [que les juifs] ne voient pas la lumière, comme en 1933, avec l'hitlérisme, ou actuellement, avec le terrorisme jihadiste fanatique, la plaie nous entraîne - tous - dans l'abîme.

L'antisémite [patatrac ! ndt] croit que le salut viendra de l'extinction de la lumière juive. Pour Gaarder, le « Bon Samaritain » n'est pas un « Pharisien » (mot codé signifiant juif ), mais un « Palestinien », exactement de la même manière que, pour d'autres, le terrorisme du Hizbullah est
présenté comme faisant partie intégrante de l'éventail politique libanais.

Gaarder va encore plus loin que ne l'avait encore jamais fait aucun antisémite contemporain : « Sans défense, dépouillé même de sa peau. Si la nation israélienne toute entière doit un jour tomber, victime de ses propres procédés, et si une partie de sa population doit fuir ses territoires occupés vers une nouvelle diaspora alors, nous dirons : « Puissent leurs nouveaux pays demeurer sereins et faire montre de miséricorde à leur égard.
C'est un crime éternel, sans aucune circonstances atténuantes, que de porter la main sur un des réfugiés apatrides.

Paix et libre circulation, pour les évacués, pour les civils ne bénéficiant plus de la protection d'un Etat. Ne tirez pas sur les fugitifs ! Ne les prenez pas pour cibles ! Ils sont désormais totalement vulnérables - comme des escargots sans coquille ! [.] [omission significative de l'allusion aux
Palestiniens et aux Libanais ! ndt] . Donnez un abri aux réfugiés israéliens; donnez-leur du lait et du miel ! »

Gaarder aspire à éteindre la lumière de la souveraineté juive et à ce que l' errance juive éternelle recommence, au détriment des Européens - cette fois-ci, différence : on donnera aux juifs entraînés dans les marches de la mort « du lait et du miel ».

J'imagine que la Norvège n'aspire nullement à se rendre complice de ce remake du « Gotterdamerung ».

Gaarder affirme que « les Israéliens . célébraient les plaies envoyées par le Seigneur comme une « punition méritée » contre le peuple égyptien ». Ile ne connaît rien à la liturgie juive. Quotidiennement, nos prières commémorent dans la peine l'engloutissement de l'armée de Pharaon par la Mer Rouge, cette armée qui poursuivait les réfugiés israélites afin de les égorger.

De même, nous pleurons les victimes libanaises du Hizbullah [sic !], qu'il exploite brutalement comme boucliers humains [re-sic !], et nous déplorons une guerre imposée à Israël par les [noirs] desseins de l'Iran.

Gaarder conclut : « Qu'aucun enfant israélien ne paie de sa vie » ce même article où il dresse le décor en vue de l'extermination de tous les enfants israéliens.

Nous ne nous abaisserons pas à faire plaisir à Gaarder et à ceux avec lesquels il recherche l'apaisement. La souveraineté juive est a fait son retour dans l'histoire. Le juif errant appartient au passé, tout comme Gaarder et ses semblables sont désormais du passé.

Nous attendons que les Norvégiens honnêtes vont élever la voix pour condamner catégoriquement Gaarder, conscients qu'ils sont que le sort des juifs est un signal d'alarme pour l'ensemble de l'humanité.

Très respectueusement
Dr. Shimon Samuels
Directeur des Relations internationales

 

Traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (www.tlaxcala.es). Cette traduction est en Copyleft.

 

 


Source : Silvia Cattori


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