21 décembre 2005
Actuellement, en Palestine, les gens sont préoccupés par les
élections du conseil législatif, prévues au mois de
janvier prochain, si les promesses restent sincères. Tout le
monde s'en préoccupe, que ce soit l'Autorité ou les
organisations, les partis, les clans, les indépendants et les
autres, et même le mouvement du Jihad islamique, qui a déclaré
qu'il ne participerait à ce jeu politique, n'est pas à l'écart
de ces préoccupations, et il lui est réclamé
d'expliquer les raisons de son choix.
Avant d'entrer dans le coeur du sujet et d'expliquer
l'attitude du mouvement du Jihad, concernant les élections,
il est nécessaires de souligner deux points importants :
1 - Le terme "unanimité" a sans aucun doute un
pouvoir magique sur les gens, et notamment dans notre histoire
et notre culture. Lorsqu'on nous dit "l'unanimité
nationale" approuve la tenue des élections de l'Autorité,
en tant que projet et choix, dans lequel tout le monde s'intègre,
et que seul le Jihad reste en dehors de cette "unanimité",
il est naturel que les militants du Jihad se sentent, à première
vue, désorientés et encerclés. Mais nous devons être
certains que cette "unanimité" supposée n'est
qu'une étape du jeu visant à répandre une illusion,
voulant la transformer en réalité et la légitimer. Dans peu
de temps, tous réaliseront combien ils sont désorientés et
que cette "unanimité illusoire" autour de "la
démocratie palestinienne sous occupation" est le plus
grand mensonge dans notre vie, plutôt la dernière balle tirée
pour transformer ce mensonge commencé à Oslo en 1993,
en une réalité que nous devons croire et que nous devons
applaudir.
2 - Une décision pour participer ou non participer aux élections
de l'Autorité palestinienne n'est pas une décision ordinaire
que nous pouvons prendre facilement, comme le sont les élections
pour élire les conseils d'étudiants, ou les syndicats
professionnels. Il s'agit d'une décision politique et stratégique,
selon tous les critères, qui aura des conséquences dans
l'histoire de notre mouvement et de notre cause, quelle
qu'elle soit. Les prochaines élections, si elles se déroulent,
seront un événement décisif dans l'histoire du mouvement
national et la vie politique palestinienne. C'est pourquoi la
direction du mouvement a préféré ne pas se précipiter
avant d'analyser la situation et les rapides développements
sur la scène palestinienne et la région, en cette période
explosive et extrêmement complexe.
Quels sont les facteurs ayant conduit à notre décision
Le mouvement a finalement décidé de ne pas participer aux élections,
et nous expliquerons avec clarté et transparence les causes
de cette décision, ses limites, ses dimensions, ses conséquences,
pour finalement proposer ce qui correspond le mieux au cours
de cette période.
Concernant les causes de toute décision, il y a d'abord les
facteurs stables, puis les facteurs changeants.
Les facteurs stables (les constantes) :
Pour nous, le mouvement du Jihad, les facteurs stables sont
les constantes islamiques et nationales qui sont à la base de
notre action et notre lutte. Nous devons clarifier que nous ne
séparons pas les "constantes nationales" des
constantes islamiques, car le "national" qui
signifie l'appartenance et le rattachement à la Palestine
n'est pas en contradiction avec l'Islam, pour nous, mais en
fait partie. Et toutes les constantes qui ne prennent pas pour
point de départ la Palestine, dans la doctrine de la nation,
dans sa culture, son histoire, et toutes les données de son
existence, ne peuvent ni résister, ni se maintenir.
Donc, quelles sont ces constantes à partir desquelles nous
prenons nos décisions, nous définissons nos positions
politiques et notre lutte ?
L'approche et le cadre correct pour répondre à cette
question est que nous rappelons à tous que le mouvement du
Jihad islamique, depuis sa fondation et sa création par le
martyr dr. Fathi Shiqaqi s'est fixé trois axes ou trois bases
principales pour son projet : l'Islam en tant que cadre, la
Palestine toute la Palestine, en tant qu'objectif, et la
lutte en tant que moyen.
.....
Si nous comparons ces constantes avec celles nationales avancées
par certains, nous ne trouvons en réalité rien qui contredise
les constantes islamiques que nous pouvons considérer
constantes ! Après la reconnaissance de l'Etat Juif et de son
droit à exister sur près de 80% de la terre de Palestine,
les questions partielles comme al-Quds, dans le sens étroit
de la partie orientale d'al-Quds, les colonies, l'eau, le
retour (de certains réfugiés vers les terres de 67), ou ce
qu'on appelle la solution finale, d'après Oslo, sont les
constantes palestiniennes du point de vue de l'Autorité et de
la direction de l'OLP... Aujourd'hui, après le départ de
Yasser Arafat, les idées de Clinton, comme disent certains,
sont considérées comme étant les constantes et sont le
maximum auquel aspire l'Autorité. Lorsque Bush déclare qu'il
n'est pas certain de la possibilité de fonder un
Etat palestinien (selon les visions américano-sionistes), au
cours de son mandat, le président de l'Autorité devient le
porte-parole officiel qui corrige les "erreurs" du
gouvernant de la Maison Blanche....
Pour nous, les constantes islamiques et nationales représentent
une ligne rouge d'action dans la cause palestinienne.
L'adoption de principe de ces constantes nous empêche
d'accepter ou de nous intégrer dans une démarche politique
contribuant à entériner le fait accompli que les parties
internationales, régionales et locales essaient d'étendre à
la présence de l'Etat Juif, et à détruire tous les projets
de résistance et de lutte pour la libération et récupérer
la Palestine.
Les facteurs changeants
Les constantes et les principes ne semblent plus être
suffisants, à ceux qui prétendent être réalistes et
rationnels, pour prendre une décision politique. Pour eux,
l'attachement aux constantes et aux principes est synonyme de
fermeture, d'idéalisme coupé de la réalité et ne tenant
pas compte des exigences de la paix et de la prospérité censées
couvrir les peuples de la région, depuis Madrid.
Quels sont donc les facteurs changeants qui nous amènent à
ne pas participer aux élections législatives ?
Deux sortes de facteurs sont en jeu, le premier concerne les
conditions locales, régionales et internationales, soit les
conditions objectives que nous vivons, et le second concerne
les conditons internes du mouvement du Jihad islamique.
Concernant les conditions objectives, toute lecture de la réalité
et du climat politique ne peut que montrer que nous vivons
l'une des phases les plus critiques de l'histoire de la
question palestinienne, si ce n'est la plus critique dans
l'histoire de la nation. Sur le plan international, un système
mondial unipolaire domine la plantète, où un seul Etat (les
Etats-Unis) domine la politique internationale et mène une
"croisade" contre l'Islam et les musulmans, considérant
que la bataille pour la sécurité d'Israël et la légitimité
de son existence, en tant que force centrale et dominatrice
dans la région, est sa propre bataille.
Sur le plan régional, nous assistons à un effondrement
arabe, jamais vu dans l'histoire arabe, où les Arabes délaissent
franchement la Palestine pour mettre leurs mains dans celles
d'Israël, pour participer à la "guerre contre les
forces obscures hostiles à la paix", signifiant par là
les mouvements de la résistance (en Palestine et le
Hezbollah) et les forces régionales qui leur sont alliés
(Iran et Syrie).
Localement, nous sommes face à une Autorité faible,
incapable, corrompue, dont le seul choix stratégique est de
faire appel aux Etats-Unis et à Israël, mais aussi des
formations politiques en conflit entre elles, qui n'ont pas de
stratégie unique, un peuple blessé, vivant entre l'enclume
de la pauvreté, le chômage et l'abandon arabe et le marteau
de la répression et de la sauvagerie israélienne
quotidienne.
Dans de telles conditions, beaucoup pensent que le réalisme
incite à s'adapter à cette situation (se soumettre), à
plier face à la tempête et de prendre le train de "la démocratie
américaine" qui se dirige de la Maison Blanche pour
s'arrêter dans toutes les capitales et les pays devant être
arrangés et dont les cartes doivent être ordonnées de
nouveau, selon les intérêts des Etats-Unis et d'Israël.
Si nous voulons être plus proches de la réalité locale
palestinienne, et être plus clairs, il y a un climat de
pression qui contribue à élaborer une seule conviction
qui est que seules les élections sont le remède miracle et
la clef magique pour sortir de cette impasse, cette réalité,
cette corruption qui se répand dans toute la société. Nous
ne pouvons confirmer ou infirmer la justesse de cette opinion
que si nous examinons les conditions dans lesquelles les élections
vont se mener, et que nous exposerons plus loin.
Concernant les facteurs propres au mouvement du Jihad
islamique, ils se résument en : le poids de l'action du
mouvement, qui réclame une grande attention et qu'il faut préserver,
la guerre sioniste ouverte contre le mouvement dont les cadres
et dirigeants sont visés, partout ; l'encerclement régional
et international auquel est soumis le mouvement, qui limite
ses capacités d'actions dans le champ arabo-musulman, pour
assurer le soutien nécessaire à la lutte et à la résistance.
.... Tous ces facteurs et d'autres encore devraient plutôt
nous amener à participer aux élections, pour se protéger et
éviter de devenir la cible essentielle de l'alliance américano-sioniste.
La préservation du mouvement et de son projet bien que nécassaire
ne suffit pas à lui seul à définir une décision aussi
cruciale pour la cause et le peuple palestiniens. En réalité,
la décision juste doit être prise à partir des constantes
et des facteurs changeants, en essayant d'y trouver un équilibre.
Lorsque les constantes et les facteurs changeants poussent
vers une même direction, négative ou positive, il est facile
de prendre la décision juste, mais le problème se complique
lorsque les constantes sont en contradiction avec les facteurs
changeants, et agissent dans des directions opposées.
Il faut, dans ces cas, distinguer trois situations :
1 - S'aligner sur les constantes au détriment des conditions
objectives de l'heure. Certains appellent cette attitude
dogmatique et non réaliste, présentant de hauts risques.
2 - Mettre en avant les conditions changeantes au détriment
des constantes, cette attitude est appelée pragmatique, où
les intérêts priment sur les principes.
3 - Prendre les constantes et les conditions changeantes en
compte sur la base de l'attachement aux constantes, de
minimiser autant que possible les pertes dans les conditions
actuelles. C'est le choix traduisant un "réalisme de
principe", qui n'ignore pas la réalité tout en
s'attachant aux principes.
C'est la troisième, parmi ces trois alternatives, qui
permet de rassembler le constant et le changeant à la fois,
qui permet d'agir en étant sûr d'avoir réduit autant que
possible la marge d'erreur.
Un mouvement, de la taille et du poids du Jihad islamique, ne
peut fermer les yeux ni se boucher les oreilles sur ce qui se
passe autour de lui, mais ne peut choisir une des alternatives ou
choisir la voie de l'action politique, même favorable à ses
propres intérêts, au détriment des constantes.
La décision du mouvement de ne pas participer aux élections
législatives est une décision qui s'appuie sur les principes
et les intérêts communs, ou sur les constantes et les
conditions changeantes.
C'est ce que nous allons développer en expliquant les enjeux,
les significations et les dimensions politiques et stratégiques
des élections.
Les causes directes de notre refus de participer aux
élections
Les facteurs changeants poussant à participer ou non aux élections
législatives ne sont pas les mêmes, pour toutes les
organisations, qui s'appuient sur des considérations idéologiques
et des calculs politiques différents. Pour nous, le mouvement
du Jihad islamique, les causes qui nous ont amené à refuser
de participer aux élections en 1996 n'ont pas changé, sauf
vers le pire. Certains pensent que nous sommes en phase
terminale du conflit ou bien que ce dernier sera gelé pour
des dizaines d'années, après le retrait israélien de la
bande de Gaza, en attendant que Sharon, s'il réussit aux élections
au printemps prochain, définisse l'avenir, unilatéralement,
de la Cisjordanie. Nous considérons que la phase prochaine
est extrêmement grave, ce qui nous amène à refuser notre
participation aux élections législatives, pour les raisons
suivantes :
1 - les élections font partie du processus de règlement avec
l'Etat sioniste, et ce qui se nomme conseil législatif a été
fondé par les accords d'Olso, signés à Washington en 1995,
il est constitué de 88 membres (ensuite 132) et portait le
nom de conseil de l'Autorité, et non de conseil législatif,
tel qu'il fut plus tard nommé par l'Autorité pour éloigner
les doutes à son propos. Donc, le conseil législatif est le
produit d'Oslo, il est régi par le plafond d'Oslo, il est même
une des institutions fondées et conçues pour exécuter les
accords d'Oslo, ou l'autonomie limitée, comme l'ont décrite
les forces palestiniennes ayant refusé, à l'époque, les élections
de 1996.
2 - Justifiant leur participation, certaines des forces ayant
refusé d'y participer en 1996, disent que la période d'Olso
est fini, et que nous vivons actuellement des conditions différentes,
créées par l'Intifada et la résistance. Le slogan
"Oslo est mort" n'est pas nouveau, l'Autorité l'a
lancé lorsque les négociations devenaient difficiles avec
l'ennemi, avant même le déclenchement de l'Intifada. Mais il
est nouveau que les forces de la résistances l'adoptent,
non sur la base de l'affirmation que l'Intifada et la résistance
sont l'alternatives, mais pour justifier leur participation au
processus ou jeu politique dans la période où se prépare un
complot contre l'Intifada et la résistance.
Par conséquent, le discours sur la mort ou la fin d'Oslo fait
partie des obligations justifiant la participation à ce jeu
mais il est contraire à la réalité. Pendant les années de
l'Intifada, malgré toutes les pratiques de l'occupation,
l'Autorité n'a cessé d'affirmer qu'elle est attachée auix
accords d'Oslo et au processus de règlement. A toutes les étapes,
allant du rapport Mitchell jusqu'au plan de Tenet, aux accords
de Paris, de Taba, la Feuille de route et les accords de Wadi
Araba et de Sharm el-sheikh, et récemment les accords sur les
terminaux, l'Autorité n'est pas sortie des accords d'Oslo,
restant attachée au processus de règlement qu'elle a
pratiquement inauguré en 1993. A partir de là, toutes les
bases sur lesquelles se sont déroulées les élections de
1996, considérées contraires aux constantes nationales, sont
toujours là. S'il y a un changement, celui-ci est plutôt
vers le plus mauvais, où Israël a réoccupé les zones A et
B en Cisjordanie, ce qui indique l'élargissement de l'espace
occupé, ce qui veut dire que nous sommes toujours dans une
phase de libération nationale et non une phase de
construction d'un système politique stable, que tous doivent
intégrer et suivre.
3 - Les élections et la participation politique en tant que
partie de la "démocratie" louée par le monde
occidental et ses agents dans nos pays, supposent l'existence
d'un Etat indépendant et souverain, pouvant produire des
conditions de vie sociale, économique, politique, en toute
liberté. Or les élections palestiniennes se déroulent sous
l'occupation, qui poursuit une terreur et une répression
terrible, au quotidien, contre la terre et l'être humain. La
participation à la démocratie supposée dans le cadre de
l'occupation légitime la réalité de l'occupation et
constitue un précédent dangereux dans l'histoire des peuples
soumis à l'occupation et au colonialisme étranger..
Israël qui impose tous les jours une nouvelle réalité sur
le terrain et qui contrôle toutes les articulations du
mouvement ne peut accepter des élections si celles-ci
devaient changer la situation actuelle au profit du peuple
palestinien ou au profit de la résistance. L'état de
l'occupation a imposé ses conditions garantisssant sa sécurité
et ses intérêts, il a été décidé des élections qui se
comportent avec le possible à la manière israélienne.
De ce fait, l'affirmation par certains que la participation
aux élections va renforcer la résistance et lui donner une légalité
et une reconnaissance officielle, n'est pas juste. Israël ne
permettra pas, dans tous les cas, à d'autres de définir les
règles du jeu. C'est pourquoi le gouvernement ennemi s'oppose
à la participation de certaines forces de la résistance à
ces élections, et c'est une opposition qui vient dans le
cadre des concessions, qui retrouve les points de vue américain
et occidental, sur le fait qu'il n'est pas possible de
rassembler la résistance (terrorisme) et la politique, de même
qu'il n'est pas possible de ne pas reconnaître Israël et de
revendiquer sa disparition d'un côté, et de participer au
parlement palestinien de l'autre. Donc, l'approbation américano-sioniste
pour intégrer toute formation palestinienne dans "la démocratie
palestinienne" exige deux points : la première est
le rejet " du terrorisme", comme cela s'est passé
avec Arafat et l'OLP, et l'abandon du choix de la résistance.
Il n'est ni autorisé ni accepté, du point de vue
sioniste et occidental, et même arabe officiel, pour la
plupart, que des membres de toute formation palestinienne
entrent au conseil législatif, portant des cartes de VIP,
passant aux barrages israéliens qui encerclent les gens, tout
en envoyant des gens mener des opérations de la résistance
contre les Israéliens, en tout lieu en Palestine. Ensuite,
que toute formation reconnaisse Israël et retire de ses écrits
l'appel à la disparition de cet Etat et la libération de
toute la Palestine. Et parce que la reconnaissance d'Israël
n'est pas possible et n'est pas à l'ordre du jour pour tout
mouvement islamique, par exemple, les Israéliens et les Américains
sont prêts à accepter toute "déclaration
officielle" qui se prononce pour un programme
provisoire sur la base d'un Etat palestinien dans les limites
de 1967, comme le programme provisoire de l'OLP, tant que le
but final (même si on l'appelle provisoire) serait de récupérer
les terres occupées en 1967.
Le silence fait sur le reste de la Palestine sur lequel s'est
installé l'Etat juif est une reconnaissance implicite d'Israël,
les Etats-Unis et les autres forces occidentales le considéreront
comme un tournant stratégique qui va contribuer à intégrer
certaines forces de l'Islam militant, qui représente le plus
grand danger sur l'avenir d'Israël dans la région.
4 - Certains disent que la participation aux élections législatives constitue une
approche pour participer ou avoir une influence sur la décision
palestinienne et terminer avec l'état d'individualisation du
pouvoir et de son parti (le Fateh). Mais nous demandons ici :
de quelle décision s'agit-il, à laquelle nous devons
participer ou que nous devons influer, et comment ?
Nous savons que la décision que le pouvoir individualise est
celui du règlement et des négociations avec Israël. Que
voulons-nous de l'Autorité à ce propos et comment
pouvons-nous y participer ou agir en fonction ? Trois
suppositions sont rattachées à cette question :
1 - que les forces de l'opposition gagnent la majorité des sièges,
et qu'il y ait une alternative à l'Autorité pour élaborer
une décision, cette "alternative" poursuit les négociations
avec Israël, avec plus de performance que l'Autorité.
2 - que la majorité de l'opposition annule la formation de
tout gouvernement négociant avec Israël, ce qui signifie
l'annulation du processus du règlement ou l'annonce de sa
suppression, comme a fait Nahas Pasha en Egypte en supprimant
l'accord de 1936 avec les Anglais.
3 - que les forces de l'opposition n'obtiennent pas la majorité
du conseil, la majorité demeurant favorable à l'équipe
d'Oslo qui poursuit et fait passer toutes les décisions
qu'elle souhaite.
Si nous demandons aux forces voulant se présenter aux élections
lesquelles des alternatives veulent-elles, elles diront sans hésitation
que la première est impossible, qu'elles ne peuvent mener un
gouvernement négociant avec "l'ennemi sioniste" ou
considérer qu'elles puissent en faire partie (c'est
l'attitude proclamée jusqu'à présent), restent alors les
deux autres alternatives qui sont toutes les deux des impasses
et dont le prix serait très élevé.
Pour la seconde alternative, veulent-elles effectivement écarter
Oslo de façon démocratique ? Sont-elles prêtes pour ce
choix ? Ont-elles en vue les conséquences sur la scène
palestinienne et dans la région d'un tel choix ? Est-ce que
l'Occident autorisera-t-il cela ?
Il est évident que les forces voulant participer aux élections
réalisent parfaitement cela, et elles ont une réponse claire
et simple : nous ne voulons pas qu'une majorité au conseil écarte
le processus d'Oslo ! Reste alors la troisième alternative
possible, qui pose d'importantes questions : si le but n'est
pas d'avoir une majorité au conseil, comment pouvons-nous
participer à la décision ? Comment pouvons-nous influer sur
cette décision .? En fait, pourquoi participer, et quel en
est le but ?
La participation dans un conseil où la majorité est
favorable au processus d'Oslo est un cadeau gratuit
offert à toutes les parties du règlement. Elle légitime
toutes les décisions que prendront les gens d'Oslo, légitimité
dont ils ne rêvaient même pas. Tant que les autres forces
ont accepté les règles du "jeu démocratique" et
qu'elles n'ont pas obtenu la majorité dirigeant ou annulant
la décision, elles devraient se soumettre aux résultats et
accepter toute décision émanant de ce conseil, aussi
dangereux soient-ils. Ce qui signifie que ces forces seront
des témoins de ce processus, qu'elles protestent ou crient
contre telle ou telle décision ne servira à rien. Ceux qui
ont conçu le conseil au départ voulaient qu'il puisse parvenir
un jour à un tel niveau, et peu leur importe que le conseil
soit une scène de disputes, d'insultes, ou même de bagarres,
l'essentiel est qu'il en sorte des décisions, de facon
"démocratique", dans le sens qu'ils souhaitent.
5 - L'intégration des forces de la résistance à ce jeu
politique sous la couverture d'Oslo est une confiscation, avec
effet rétroactif, de toutes les critiques adressées au
processus d'Oslo et du règlement. Avant cette intégration,
on disait : le règlement n'exprime pas la volonté du peuple
palestinien, et le choix d'Oslo est le choix de la direction
de l'OLP qui n'a pas pris en compte l'opinion du peuple
palestinien, qui n'a pas respecté ses droits et des intérêts.
Mais maintenant on dira : "le processus politique va, démocratiquement,
selon la volonté du peuple palestinien représenté par
(toutes) ses forces dans le conseil législatif. Sans l'intégration
de ces nouvelles forces aux élections, personne ne pourra prétendre
que ce qui se passe exprime la volonté du peuple palestinien,
même si on nous dit que le conseil législatif est un conseil
élu, comme on le dit à propos du conseil actuel, car en fin
de compte, il ne représente qu'une seule partie de la
multitude politique palestinienne.
Hors de ce jeu électoral, le parti du pouvoir, le Fateh, était
en pleine force, au début du processus d'Olso, mais dans les
sondages, quoique nous pensons de ces sondages, il ne représentait
que 35% de la rue palestinienne, et actuellement, il représente
beaucoup moins, face à la montée des forces islamistes résistantes,
et l'intégration d'une grande partie du mouvement du Fateh
dans leurs formations militaires. Malgré les crises internes
du Fateh, la participation des forces de la résistance aux élections
politiques va aller dans le sens des intérêts du Fateh, s'il
réussit à organiser sa situation interne, car cette
participation renforce le choix du règlement au détriment de
la résistance, et confirme la justesse du choix du Fateh qui
a participé, seul, aux élections en 1996.
Aujourd'hui, les autres y participent, alors que les facteurs
qui les ont amenés à refuser les élections sont toujours là.
De plus, Le Fateh, à qui il était reproché de faire des
concessions pour sa participation aux élections en 1996,
subit aujourd'hui des reproches lorsqu'il pense reporter
les élections ! Ces positions contradictoires chez certaines
forces de la résistance donnent à nouveau au Fateh, s'il réussit
à surmonter sa crise interne, tout le crédit qu'il avait
perdu au profit de ces forces, lors de l'Intifada. Le plus
important est qu'il fera perdre le crédit des forces de la résistance
qui participent aux élections, dans la voie du règlement
pour que finalement, on dise que ce qui se passe représente
une unanimité nationale, et la volonté du peuple
palestinien, et non plus celle d'une seule formation.
6 - La "démocratie" palestinienne louée par
les Américains, avant de l'être par les Palestiniens, n'est
pas un moyen de réaliser l'unité du peuple palestinien, ou
la construction d'une unanimité nationale réelle, mais c'est
un outil pour entériner une réalité de division et de démantèlement
du peuple palestinien, une marginalisation croissante de la
majeure partie du peuple, de la décision nationale. Les élections
politiques qui se déroulent en Cisjordanie et dans la bande
de Gaza, seulement, écarte plus des 2/3 du peuple
palestinien, qui se trouve en exil et les Palestiniens de 48.
Comment peut-on planifier un système politique palestinien et
l'adopter, pour qu'il décide de l'avenir du peuple et de la
cause palestinienne en écartant la majeure partie de ce
peuple ?
Admettons que l'Autorité palestinienne organise le vote des
Palestiniens présents en exil, qui est le Palestinien qui
aura droit au vote ? Sont-ils de la Cisjordanie et de la bande
de Gaza, ou bien cela inclut-il tous les Palestiniens ? Si la
participation n'est pas due à la décision de l'individu et sa
liberté de choix, mais dépend des conditions et exigences
israéliennes, qui régissent l'accord d'Oslo, cela
signifie que cette prétendue démocratie n'est qu'un mensonge
qui va à l'encontre des conditions les plus simples de la démocratie
occidentale, qui est la liberté.
Si les élections dans la démocratie se font sur la base de
la citoyenneté, que signifie le fait de priver 2/3 du peuple
palestinien de la participation à des élections politiques
pour élire leurs représentants ? Cela ne signifie-t-il pas
ne pas reconnaître le statut de Palestiniens à tous ces
Palestiniens ?
A la lumière de tout ceci, ces élections ne sont qu'un outil
ou un moyen pour administrer les affaires des gens en
Cisjordanie et dans la bande de Gaza, c'est aussi une opération
pour définir qui est palestinien. Dans les meilleurs des cas,
le système politique en vue, par ces élections, ne concerne
pas tous les Palestiniens, et c'est une conséquence naturelle
de l'acception précédente dans le cadre du règlement que la
Palestine n'est pas à tous les Palestiniens ou que toute la
Palestine n'est pas aux Palestiniens !
Nous nous étonnons de voir comment des forces de la résistance
peuvent s'intégrer dans les institutions de l'Autorité et
lui accorder une légalité qui lui permette de déterminer
le sort du reste du peuple palestinien, qu'elle décide de
leur droit au retour à leurs terres et à leurs propriétés
en Palestine, sans les consulter ou écouter leurs points de
vue ?
7 - La précipitation palestinienne à participer aux élections
transmet des messages erronés sur la réalité du peuple
palestinien et de ses souffrances, sous l'occupation. Tout en
adaptant les élections au programme américain en imposant
"la démocratie de l'occupant", tel que c'est le cas
en Irak, ces élections représentent un prétexte pour les régimes
arabes et musulmans, qui se sont démis de tout
engagement envers la Palestine, pour courir après et se jeter
dans les bras d'Israël. A tel point qu'on a entendu un écrivain
arabe demandant à son gouvernement (Koweit) de normaliser
rapidement les relations avec "le frère Israël".
Le courant actuel de la normalisation avec Israël, qui s'est
manifesté dans les attitudes des gouvernements du Pakistan,
de la Tunisie, du Maroc, de Qatar et du Bahrayn et d'autres, dû
au simple fait du retrait israélien de la bande de Gaza, va
être encouragé au moment des élections palestiniennes prévues,
qui vont donner l'illusion mensongère que les Palestiniens
ont repris leurs terres et leurs droits et qu'ils vivent en
toute sécurité et stabilité dans un système plus démocratique
que plusieurs Etats de la région, comme l'affirment les
parrains de cette démocratie dans le monde. Non seulement
cette comparaison erronée cache le visage cruel de
l'occupation, mais l'embellit et le légitime, faisant porter
au peuple palestinien la responsabilité des crimes sionistes
qui sont commis tous les jours.
8 - Certaines forces voulant participer aux élections du
conseil législatif font la comparaison avec la participation
du Hezbollah au parlement libanais et récemment au
gouvernement, dans le but de protéger la résistance et
affirmer sa légitimité. Mais cette comparaison n'a pas lieu
d'être, car la situation libanaise est totalement différente
de la situation en Palestine. Au Liban existe un Etat
souverain, un système politique indépendant, et l'Etat n'est
pas contre la résistance libanaise, le gouvernement n'a pas
signé un accord avec une partie quelconque l'obligeant à
agir contre la résistance. Le pouvoir tient sa légitimité
du peuple libanais et non d'accords comme Oslo. Le le Liban,
avant la libération (Etat, gouvernement et peuple) était
unanime sur la légitimité de la résistance, et personne n'a
posé comme condition au Hezbollah d'abandonner la résistance,
que ce soit en cachette ou en public. Ce qui signifie que la
participation politique n'a pas réclamé du Hezbollah des
concenssions liées à la résistance, pour tenir compte des
engagements du pouvoir libanais avec une partie quelconque,
comme c'est le cas pour l'Autorité palestinienne. En
Palestine, les forces de la résistance se dirigeant vers le
conseil législatif ne seront pas lavées des accusations de
"terrorisme" et légitimées pour entrer entièrement
dans les institutions de l'Autorité et du système politique,
né des accords avec l'ennemi, que si elles abandonnent la résistance
selon la Feuille de route, selon les engagements de l'Autorité
envers l'administration américaine et Israël. Ce qui
signifie que l'équation posée en Palestine, contrairement à
la situation libanaise, est un marchandage de la légitimité
de la résistance par la légitimité de la participation
politique issue d'Oslo.
Si nous contrarions la situation et supposons que tout
le Liban est occupé (comme la Palestine) et seuls les Hameaux
de Shabaa sont libérés, et à moitié, le Hezbollah, ou tout
autre groupe au Liban, peut-il discuter de la légimité
de la résistance ou peut-il avoir un tout autre projet que
celui de la lutte ou de la libération ?
9 - Les forces voulant participer aux élections relient leur
participation au désir de réforme et de lutte contre la
corruption, considérés comme une demande populaire. La
question qui se pose est : pourquoi le conseil législatif n'a
pas mené cette réforme et n'a pas combattu la corruption pendant
ces dix dernières années ? Les entraves qui ont empêché
ces réformes, qu'elles soient liées à la situation interne
palestinienne, ou à l'occupation, sont-elles encore là ou
sont-elles devenues pires ?
La relation entre le conseil législatif et le président de
l'Autorité, ou le gouvernement, ou le mouvement Fateh, n'a
pas été modifiée et ne se modifiera pas, sauf si les
nouvelles forces décident de tout bouleverser et de mettre
fin à la domination du Fateh sur le conseil, ce qui est loin
d'être envisagé, au regard des tentatives menées par
ces forces pour rassurer le Fateh. Sur le plan interne aussi,
il ne semble pas qu'il y ait accord sur le rôle du conseil,
dans la rue palestinienne. L'Autorité voudrait en faire en
premier lieu un instrument pour légitimer le règlement et
toutes ses décisions politiques.
Traduit par : Centre
d'Information sur la Résistance
en Palestine