Quiconque examine de près les pratiques d'Israël, actuelles ou
historiques, peut réaliser l'ampleur de la duperie et du
mensonge tissés, tant dans la pratique que dans ses médias.
Nous n'aborderons pas ici en profondeur les manifestations
de la mentalité sioniste qui fabrique et invente les affaires
et les événements, tout en les manipulant selon
deux faces, le principal demeurant l'expression permanente de la
vision coloniale et raciste de cette entité et l'autre,
politique et médiatique, pour tromper et mener une propagande
mensongère.
Depuis les accords d'Oslo en 1993 et ses conséquences, les
applications et les accords partiaux, jusqu'au déclenchement
de l'Intifada actuelle, en 2000, nous percevons qu'Israël n'a
pas libéré les prisonniers, il a élargi les colonies de façon
hystérique, et a continué à contrôler les frontières et les
points de passage. Les agglomérations palestiniennes considérées
A sont devenues des cantons isolés, sans parler des questions
essentielles qui sont les réfugiés, al-Quds, l'Etat et la
mainmise sur les ressources, questions toujours reportées au
moment même où Israël affirme sans cesse son refus de les régler
selon les décisions internationales.
Avec tout cela, cet Etat de l'occupation a réussi à se faire
voir comme un "Etat de paix" et de montrer les
Palestiniens comme un élément soumis en permanence à un
examen de réussite ou d'échec selon son aptitude à la paix.
Israël, en tant qu'Etat de l'occupation et dominant tout,
serait l'élément stable et ce qui devrait changer serait l'état
des Palestiniens, à qui il est demandé de prouver qu'ils
acceptent les exigences de la paix ! Sinon, ils seront les
terroristes après qu'ils aient été un mouvement de libération
nationale appuyée par la légalité internationale.
Israël a reconnu un partenaire palestinien "pour la
paix" selon les accords d'Oslo, et lorsque la phase finale
de la période transitoire de ces accords, s'est rapprochée, en
mai 1999 et que les pourparlers de Arafat-Barak ont échoué à
Camp David, Israël retire progressivement sa reconnaissance de
ce partenaire qu'il avait reconnu ! et commence à inciter
l'opinion dans le monde entier contre les Palestiniens, prétendant
qu'il n'y a pas de partenaire pour la paix !! Israël voulait
que les accords d'Oslo et d'autres du même genre lui permettent
de créer une nouvelle situation qui lui soit favorable et qu'il
peut appeler paix ou règlement du conflit, en maintenant le
fond, sans règlement réel des questions principales du
conflit. Le prix qu'il était prêt à payer était de sortir de
quelques terres palestiniennes à forte densité de population,
tout en gardant les autres terres sous occupation. Que les
Palestiniens appellent cela tels qu'ils le veulent, Etat ou
empire ! quelle importance ? tant que la réalité est tout
autre et que cela a pu montrer Israël sous un jour agréable et
lui a assuré une place normale dans la région et le monde.
Après le déclenchement de l'Intifada palestinienne en 2000,
qui exprima l'attachement du peuple palestinien à ses droits
que la période d'Oslo n'a pas permis de récupérer, Israël a
continué à inciter contre le peuple palestinien et son
inaptitude à vouloir la paix. Ses chars et ses avions ont écrasé
tout ce qui était la conséquence des accords d'Oslo, tant
qu'elles ne servaient pas ses buts. Bien évidemment, Israël a
accusé le peuple palestinien et sa résistance de terrorisme,
profitant des développements de la situation internationale après
le 11 septembre 2001, de l'agression américaine proclamée
"guerre contre le terrorisme", l'occupation de
l'Afghanistan puis de l'Irak, le soutien illimité des
Etats-Unis à Israël, ce qui a suscité une légitimité américaine
à Israël dans sa guerre contre le peuple palestinien, qui prétend
qu'il n'y a pas de "partenaire pour la paix!" Le départ
de Yasser Arafat constitua une partie de cette politique
sioniste soutenue par les Etats-Unis.
Nous avons entendu récemment, après le démantèlement
par l'occupation de ses colonies à Gaza et son redéploiement, et
la capacité des médias sionistes à montrer le sacrifice et la
perte énormes concédés par les Israëliens pour la
"paix", le discours de Sharon devant l'assemblée générale
des Nations-Unies, dans une langue talmudique et épique
traduite dans un langage politique et pragmatique montrant Israël
en tant qu'Etat existant, ayant des droits et aimant la paix, manipulant
l'opinion en ce qui concerne ce redéploiement, qui est en
réalité la création d'une grande prison, encerclée de toutes
parts par terre, air et mer. Le résultat fut qu'Israël reçoit
des éloges du monde, il est récompensé par les régimes
arabes et musulmans qui accourent pour normaliser leurs
relations avec lui, sans pour autant qu'il y ait un changement
fondamental dans la nature de l'Etat d'Israël, en tant qu'Etat
de l'occupation.
Aujourd'hui, le refrain est de nouveau là, fredonné par le
ministre israélien de la guerre, affirmant qu'il n'y a pas de
partenaire palestinien pour la paix, ajoutant même : "la
paix avec la génération actuelle de Palestiniens est
impossible".
Cette parole est entièrement conforme à la vision sioniste
plus large, et avec la mentalité qui a produit et détruit les
accords d'Oslo, selon les intérêts du moment. Elle va dans le
sens de l'incitation ininterrompue contre le peuple palestinien
l'accusant d'être terroriste, et nourrit la propagande voulant
faire croire à un Etat extrêmement paisible et doux. Elle
s'inspire de tout cet héritage sioniste qui propage qu'Israël
est la victime et l'autre, le bourreau, pour gagner la sympathie
et tromper l'opinion, afin de pouvoir envisager un pas de plus
en avant, et ainsi de suite...
De quelle paix parlent-ils ? Serait-ce de la guerre civile
palestinienne ? qui réaliserait le rêve israélien sur
l'inaptitude des Palestiniens. Serait-ce la soumission à tout
ce qu'ils veulent imposer au peuple palestinien ? Là aussi, se
réaliserait le rêve israélien qui déclarerait qu'il y a un
"partenaire" ! Concrètement, où est et qu'est-ce que
cette paix voulue par Israël ? Depuis que ce long conflit
existe, tout en comprenant la mentalité et les buts réels du
sionisme, nous savons qu'Israël ne peut avancer vers une paix réelle,
avec ses nécessaires conséquences.
C'est pourquoi nous continuerons à affronter ses prétentions
à la paix, ses mensonges et ses tromperies, sauf si cet Etat décide
de tirer profit quelque peu des leçons de l'histoire.
*I'tiraf Rimawi, écrivain
palestinien vivant à Ramallah
Traduit par : Centre d'Information sur la
Résistance en Palestine