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‘Il n’y a pas de partenaire’ et autres clichés
Idan Landau



Ynet (Yediot Aharonot), 29 janvier 2006

www.ynet.co.il/articles/0,7340,L-3207460,00.html


Chaque partenaire qui avait la possibilité d’être un partenaire a été disqualifié en tant que partenaire parce que les gouvernements israéliens, fondamentalement, n’ont jamais été des partenaires pour la paix

« Seule une démocratisation au sein de l’Autorité Palestinienne amènera la paix ». Autrement dit : nous ne signons pas d’accord de paix avec des états ou des organismes non démocratiques. Voyez : nous avons signé avec l’Egypte et la Jordanie qui sont, comme on sait, c’est-à-dire… Soit.

« Nous ne permettrons pas au Hamas de participer aux élections palestiniennes ». Autrement dit : nous n’autoriserons pas une démocratisation au sein de l’Autorité Palestinienne, car seule une démocratisation amènerait la paix et, comme on sait, nous sommes opposés, c’est-à-dire… Soit.

« Le Hamas n’est pas un partenaire pour la paix ». Autrement dit, le Hamas est l’unique partenaire pour la paix et dès lors, il n’est pas un partenaire. Depuis l’écrasement de l’Autorité Palestinienne – félicitations à l’armée israélienne et aux corrompus du Fatah – le Hamas est le principal mouvement populaire parmi les Palestiniens. Et depuis la semaine passée, il est aussi le représentant politique de la majorité palestinienne. Autrement dit : l’unique partenaire pour la paix. C’est précisément pour ça qu’Israël s’obstine à dire que ce n’est pas un partenaire. Chaque partenaire qui avait la possibilité d’être un partenaire a été disqualifié en tant que partenaire précisément parce que les gouvernements israéliens, fondamentalement, n’ont jamais été des partenaires pour la paix. Et malgré cela, ils recherchent en permanence un nouveau partenaire : pour l’occupation, pour les blocs de colonies, pour les barrages.

« Nous ne mènerons pas de négociations avec une organisation terroriste ». Autrement dit : bien sûr que nous mènerons des négociations avec une organisation terroriste. Nous l’avons fait avec l’OLP, nous l’avons fait avec le Hezbollah et nous le ferons aussi avec le Hamas. Mais pourquoi se presser ? Nous n’avons pas l’habitude de parler avec des terroristes avant qu’ils aient fait coulé notre sang et nous le leur. Que passent quelques bonnes années, que les meilleurs de nos fils et des leurs se fassent tuer et alors nous envisagerons de parler avec eux. Il n’y a pas de prix trop élevé pour notre arrogance.

« Nous ignorerons un gouvernement Hamas ». Et les rapports sur les avant-postes, et les rapports sur la pauvreté, et le déclin de l’enseignement, et la crise du système de soins de santé et de la protection sociale ; nous ignorerons tout ça et nous fermerons les yeux fort fort fort, et pouf ! le monde sera de nouveau cet endroit rose et sucré qu’il était dans notre enfance.

« Vous ne pouvez pas être un partenaire pour la paix si votre mouvement dispose d’une branche militaire » (Georges Bush à propos du Hamas). Autrement dit : Israël ne peut être un partenaire pour la paix tant qu’il dispose d’une branche armée (l’armée de défense d’Israël). Pareil pour les Etats-Unis et tout autre état. Choisissez : une armée ou la paix. Pas les deux.

« Il ne s’agit pas d’un incident innocent ». Ainsi s’est exprimée l’armée israélienne à propos de Ayah Alsatal. Qui est Ayah Alsatal ? Tout simplement une fillette palestinienne de 7 (ou 9) ans. Ayah Alsatal est-elle une organisation terroriste ? Peut-être. Qui peut savoir ? Si elle n’était pas une organisation terroriste, pourquoi se baladait-elle jeudi soir avec un grand cartable sur le dos, près de la clôture du barrage de Kissoufim ? C’est quoi cette fillette et ce cartable ? Depuis quand des enfants portent-ils des cartables ? « Il ne s’agit pas d’un incident innocent ». Ayah a-t-elle crié « Aïe ! » quand la balle l’a atteinte ? Peut-être, qui sait ? Mais sûrement pas les soldats de l’armée israélienne qui ont tiré sur elle dans l’obscurité. La procédure, c’est la procédure. Et puis quelle idée, Ayah, de te faire tuer justement le jour où le Hamas gagne aux élections ? Quelle malheureuse synchronisation. Tu as eu droit à un misérable petit titre en page 18. Oh, Ayah Ayah. Tu ne seras plus une partenaire.

* Idan Landau est professeur (de linguistique) à l’Université Ben Gourion, dans le Néguev  

(Traduction de l'hébreu : Michel Ghys)


 Source : Michel Ghys


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