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« Israël empêche l’exercice de la démocratie »
24 janvier 2006


Entretien avec Hind Khouri, P. Barbancey
 
Future représentante de l’Autorité palestinienne en France (1), Hind Khoury évoque les élections et ses dossiers prioritaires.

P.B. Comment s’est déroulée la campagne électorale à Jérusalem ?

Hind Khoury :

Jérusalem est un endroit particulier. Ici, la campagne n’a pratiquement pas eu lieu parce que les Israéliens n’ont pas été très coopératifs. Le gouvernement israélien n’a donné son accord à la tenue du scrutin à Jérusalem que le 15 janvier ! Ce qui signifie que la campagne n’a pas excédé dix jours.

Ajoutons que si les Israéliens ont finalement accepté, les détails de l’accord sont très flous. De fait, les habitants de Jérusalem ne savent pas vraiment comment ça va se passer. Pour la campagne proprement dite, la police israélienne a arrêté tous les jours des candidat(e)s palestinien(ne)s. De même, ils empêchent les militants de coller les affiches en prétextant qu’il y a une vingtaine de panneaux électoraux. Pourquoi une vingtaine alors que dans le cadre des accords d’Oslo il est prévu trente-huit panneaux ? Finalement ils ont accepté vingt-cinq panneaux mais on ne sait pas où ils doivent être placés ni les démarches à effectuer pour les utiliser !

Paradoxalement, la seule promotion possible pour un candidat est d’être pris en photo ou filmé par les médias lorsqu’il est arrêté. Le monde occidental ne cesse de parler du manque de démocratie au Moyen-Orient mais lorsqu’on veut l’exercer c’est impossible.

P.B. Quelle est la situation des Palestiniens de Jérusalem-Est ?

Hind Khoury :

Prenons le logement. Il y a 10.000 unités construites sans permis parce que les autorités israéliennes refusent quasi systématiquement de donner un permis de construire aux Palestiniens. L’an dernier 152 maisons ont été détruites par la police israélienne.

Cette impossibilité de construire induit des situations extrêmes, surtout dans la vieille ville où les gens s’entassent et vivent dans de petits espaces. Pis, de nombreux Palestiniens vivaient en dehors de la ville à cause du manque de logements. Mais, à cause du mur, il leur faut revenir pour être près de leur travail.

Ceux qui continuent à vivre à l’extérieur du mur mettent des heures pour accéder à Jérusalem à cause des contrôles et des check-points. Les permissions sont données pour trois mois et sont difficilement renouvelables.

Conséquence, beaucoup d’écoles vont perdre leurs enseignants mais aussi des élèves. Les Israéliens tentent d’imposer la juridiction israélienne sur nos écoles et aussi sur nos hôpitaux. Il y a six grands hôpitaux, 68 % des employés viennent de la Cisjordanie, ils doivent avoir des permis et donc souvent ne viennent plus. De même, 80 % des malades viennent de la Cisjordanie mais maintenant ils ont de plus en plus de mal à accéder à ces établissements hospitaliers qui sont uniques.

La ville a passé une période très difficile du point de vue des expropriations de terrains, des destructions de maisons, de la construction du mur.

Les Palestiniens de Jérusalem-Est ne sont pas des citoyens, seulement des résidents. Il y a beaucoup de couples où l’un des deux a une carte d’identité de Cisjordanie et l’autre une carte de résident de Jérusalem. Maintenant ils ne peuvent plus vivre ensemble à Jérusalem.

Malgré toutes ces difficultés, les Palestiniens de Jérusalem ne disparaîtront pas. Donc il n’ y a pas d’autres solutions que de construire un Etat palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale.

P.B. Vous allez bientôt arriver en France. Quels seront les dossiers prioritaires ?

Hind Khoury :

D’abord je veux avoir de bonnes relations avec les organisations françaises pour continuer à faire passer le message que le peuple palestinien a le droit à un État souverain et indépendant pour mener une vie normale comme tous les peuples du monde et que, sans cela, il n’y aura pas de paix.

Ce peuple palestinien a besoin de Jérusalem-Est, actuellement occupé, qui est le centre culturel, religieux, économique des territoires palestiniens. Il n’y aura pas de solution sans Jérusalem.

L’Europe a beaucoup de sympathie pour la cause palestinienne. Elle admet le fait que Jérusalem-Est est un territoire occupé. Mais il n’y a pas assez d’actes pour que la situation change.

J’espère, avec les autres ambassadeurs palestiniens en Europe et auprès de l’Union européenne, pouvoir échanger avec ces gouvernements afin d’imposer des changements concrets ici.

Car si cette situation se poursuit elle générera toujours plus de violence ici, dans la région et affectera même l’Europe. On ne peut pas accepter un double standard. Les droits de l’homme s’appliquent aux Occidentaux mais pas aux Arabes, aux Palestiniens.

(1) Ex-ministre chargée de la question de Jérusalem . Entretien réalisé par P. B.

Pierre Barbancey, envoyé spécial à Jérusalem. Journal l’Humanité Rubrique International Article paru dans l’édition du 24 janvier 2006.


 Source : AFPS
 http://www.france-palestine.org/article3044.html


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