Que pensez-vous de cette offensive israélienne
qui prend pour prétexte l’enlèvement d’un soldat israélien ?
Hind Khoury. Chaque fois qu’Israël n’obtient
pas ce qu’il veut il fait monter la tension. On a pu le voir ces
dernières semaines avec les assassinats ciblés, les punitions
collectives, les bombes sur Gaza. Puis ils sont passés au siège
total en Cisjordanie et à Gaza. L’offensive n’est pas que
militaire, il y a la construction du mur, la retenue des taxes
palestiniennes. Et bien sûr il y a les tueries organisées contre
des civils, contre des enfants. Ce sont des actes qui indiquent très
clairement que cet État torpille tous les efforts pour la paix et
notamment tous les efforts faits par le président Mahmoud Abbas.
Israël n’est intéressé que par sa politique unilatérale.
C’est une politique traditionnelle israélienne : prendre
du terrain et se débarrasser des Palestiniens. Surtout, Israël
se sert de tous les prétextes pour poursuivre cette politique. Le
Hamas n’est qu’un alibi. On sait bien que le peuple
palestinien tout entier est l’otage d’Israël.
Qu’est-il possible de faire pour arrêter cet
engrenage ?
Hind Khoury. Le président palestinien, des
membres du gouvernement, des personnalités de la société
palestinienne essaient de faire libérer le soldat israélien,
pour des raisons stratégiques. Nous sommes arrivés à cette
entente interne qui est très importante. On sait très bien que
ce sont ces efforts de paix qui, en réalité, menacent les Israéliens.
On essaie de contrôler les éléments de la résistance, mais
celle-ci est légitime. Avec tout ce qui se passe il n’est pas
étonnant que certains éléments utilisent des voies violentes.
Il faut la contrôler. Mais très franchement je ne sais pas si
l’on va y arriver avec cette violence développée par Israël.
Et je m’étonne du manque de réaction de l’UE face à cette
violence d’État.
Le problème numéro 1, c’est l’occupation. Si
l’occupation cesse, on peut avancer sur toutes les questions.
Mais malheureusement il est clair qu’Israël n’a pas la volonté
politique nécessaire pour arriver à cette paix. Nous
n’accepterons jamais cette occupation et cette violence. Il y
aura toujours une résistance...
Cette fois-ci il s’agit d’une attaque de la
part de la résistance contre une cible militaire, pas une cible
civile. Alors, pourquoi une telle attitude de la communauté
internationale ? Israël a le droit de se défendre mais pas
les Palestiniens ? Pensez-vous vraiment que les Palestiniens
menacent la sécurité d’Israël, un pays qui possède l’arme
nucléaire, l’une des armées les plus puissantes du monde ?
N’est-ce pas plutôt l’inverse ? N’est-ce pas Israël
qui menace les Palestiniens, leur existence même ? Il y a
deux poids deux mesures. La communauté internationale se sent
concerné par un soldat israélien et pas par tout un peuple dont
l’existence est menacée par l’occupation. N’est-ce pas la
responsabilité de la communauté internationale de réagir quand
nos femmes, nos jeunes, nos enfants sont assassinés tous les
jours par les Israéliens ? Finalement, la communauté
internationale soutient l’occupation. C’est incompréhensible.
Que faut-il attendre de l’accord passé, mardi
soir, entre les différentes factions palestiniennes ?
Hind Khoury. C’est un accord très important
puisqu’il parle de créer un État palestinien dans les frontières
de 1967, de circonscrire la résistance dans les territoires occupés
depuis 1967, de former un gouvernement d’unité nationale, de
reconnaître l’OLP comme seul représentant du peuple
palestinien et de reconnaître les accords passés. C’est un défi
aux Israéliens qui continuent à dire qu’il n’y a pas de
partenaire palestinien. Mais il faut qu’Israël reconnaisse les
droits des Palestiniens. Ce qu’il ne fait pas, pas plus qu’il
ne respecte les accords signés. Israël veut torpiller par avance
les résultats de cet accord.
Entretien réalisé par P. B.