Hind Khoury, qui remplace désormais à Paris Leïla
Shahid à la tête de la délégation générale de Palestine,
donnait hier sa première conférence de presse. Très souriante,
d’une voix douce, et dans un français encore un peu hésitant,
elle s’est prêtée avec gentillesse au jeu des questions-réponses.
D’emblée, elle a mis l’accent sur la
situation tragique de son peuple. « Qu’en sera-t-il demain
du peuple palestinien ? » a-t-elle demandé en pointant
les intentions du nouveau premier ministre israélien, Ehud Olmert,
« de couper la Cisjordanie en morceaux et de pratiquer de
nouvelles annexions avec un mur qui s’empare de nos terres les
plus fertiles, de nos nappes aquifères, à l’ouest et dans la
vallée du Jourdain. »
Rejetant cette politique unilatérale qui ne peut
mener selon elle « qu’au désespoir et à la violence »,
elle a lancé un appel à une reprise rapide des négociations de
paix. « Le principal problème, c’est l’occupation. Si
Israël accepte d’en parler, on peut facilement trouver une
solution en un an, le président Abbas, président de l’OLP, y
est prêt », a-t-elle affirmé.
À propos de la méfiance que suscite le
gouvernement du Hamas dans la communauté internationale, elle a répété
que ce mouvement, depuis sa victoire électorale, multipliait
« les indications positives montrant qu’il se rapproche
des positions de l’OLP » (1). « Il doit tenir compte
de la volonté de paix exprimée, dans les sondages, par 75 % des
Palestiniens, a-t-elle ajouté. Donnez-lui sa chance et
accordez-lui le temps de faire ses preuves. Vous lui demandez de
reconnaître Israël, mais il faut aussi exiger la réciprocité :
qu’Israël reconnaisse notre droit à un État libre et viable. »
Elle a surtout souligné les effets
catastrophiques d’une coupure de l’aide internationale.
« Sans cette aide, a-t-elle dit, les institutions
construites avec votre argent vont s’effondrer et le risque de
violence augmentera. »
Quant à la perspective d’une auto-dissolution
de l’Autorité palestinienne, dont la menace est agitée par
certains parlementaires du Fatah face à l’intransigeance d’Israël,
elle a estimé que c’était « une possibilité dont le
peuple palestinien parle ouvertement depuis quelque temps. Si l’Autorité
palestinienne est privée des moyens de faire face à ses
responsabilités, il sera naturel de mettre Israël, puissance
occupante, face aux siennes ».
Hind Khoury a indiqué qu’elle avait, le matin même,
téléphoné à son successeur, le ministre chargé des Affaires
de Jérusalem, après son arrestation par les autorités israéliennes.
Elle a souligné la gravité de la nouvelle législation qui vise
à couper totalement les Palestiniens de Cisjordanie de la ville
de Jérusalem-Est.
(1) Le premier ministre palestinien, Ismaïl
Haniyeh, a déclaré hier que le président Abbas était « libre
de négocier avec Israël ». Mardi, son ministre des
Affaires étrangère avait fait savoir à l’ONU qu’il était
favorable à la solution de deux États.
Françoise Germain-Robin