"La semaine dernière, quelques jours après avoir été élu
à la tête du Parti travailliste, Amir Peretz - avec les députés
Yuli Tamir et Ilana Cohen - a soumis à la Knesset un nouveau projet
de loi pour « l’évacuation volontaire de résidents de la
Judée et de la Samarie (partie nord de la Cisjordanie) ».
Ce projet de loi prévoit que, si au moins 60 % des
résidents d’une communauté implantée en Cisjordanie expriment
leur accord pour être évacués, le gouvernement pourra procéder
à son évacuation dans un délai maximum de 6 mois après qu’ils
en aient fait la demande. Une autre clause octroie à cette
communauté le bénéfice de l’accord pour des compensations, tel
que défini par la loi sur le désengagement de la Bande de Gaza et
des colonies du nord de la Cisjordanie.
Selon les promoteurs de cette législation, le plan
de désengagement a constitué un exemple concret des capacités de
l’Etat à proposer un système convenable de compensations pour
les résidents évacués de leurs maisons. Le projet de loi,
disent-ils, va créer un cadre raisonnable et adapté pour une évacuation
progressive dans le temps, sans qu’il n’y ait contrainte des résidents
à quitter provisoirement leur logement, alors qu’ils percevaient
des subventions importantes.
Dans le même temps, un sondage du mouvement Bayit
Echad (« Une Maison ») réalisé samedi, montre que 25 %
des colons de Cisjordanie sont prêts à percevoir cette
compensation pour quitter les colonies où ils vivent actuellement.
Ce mouvement, dirigé par les députés Avshalom Vilan du
Meretz-Yahad et Colette Avital du Labor, présente une initiative
pour l’évacuation unilatérale des colonies à un niveau
individuel. La proposition que ces deux députés vont présenter à
la Knesset cette semaine veut sensibiliser les colons qui étaient
attirés pour s’établir dans les territoires occupés, en leur
donnant une alternative de logement à l’intérieur de la Ligne
verte (côté israélien).
La loi Peretz prévoit que ces incitations à une évacuation
volontaire et continue des citoyens israéliens installés en
Cisjordanie permettront au plan de désengagement de réussir, avec
l’intention d’aller à des accords définitifs. Peretz et ses
collègues voient la loi comme un « tournant irréversible »
vers un processus d’évacuation supplémentaire, même,
apparemment, à l’égard des colonies qui refuseraient d’être
évacuées. Ils disent que ce projet aidera « à surmonter les
obstacles qui voudraient nous fermer la route vers de futurs accords
définitifs. »
Comme le précise le projet de loi, la décision de
Peretz d’adopter le concept de désengagement du Premier ministre,
Ariel Sharon, et de l’appliquer en Cisjordanie n’est pas une
alternative à des négociations pour une accord final, mais une
avancée dans le cadre d’une initiative politique plus ambitieuse
et plus globale. Malgré les critiques que lui ont opposées
certains de ses amis, Peretz ne s’est pas rétracté après sa déclaration
de loyauté aux accords d’Oslo. On voit, par conséquent, qu’il
est bien déterminé, si les résultats des élections le lui
permettent, à faire tous les efforts pour résoudre le conflit par
le dialogue. Tout de même, sa décision précipitée à adopter le
projet de loi fondé sur un processus unilatéral est le signe que
le candidat travailliste au poste de Premier ministre n’est pas
opposé à des processus unilatéraux - processus pratiques,
probablement, pour aider la région à avancer vers un accord global
dans le futur.
Le projet de loi ne sera sans doute pas prêt pour
être présenté pendant la session actuelle de la Knesset. Ceci
garantit que, dans la nouvelle assemblée de la Knesset, le Parti
travailliste - qu’il soit au gouvernement ou dans l’opposition -
soutiendra chaque initiative permettant à Israël de poursuivre
l’évacuation des territoires de Cisjordanie, avec les
Palestiniens comme associés pour un accord de paix global, et même
sans eux.
Edito Ha’aretz
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