9 novembre 2005
"Les réflexions alambiquées et confuses du Premier ministre
comme du ministre de la Défense à propos de la participation
attendue du mouvement Hamas aux élections palestiniennes démontrent
que nous n’avons aucune diplomatie ni stratégie clairement définies."
D’un côté, Ariel Sharon annonce que « la participation de
l’organisation aux élections serait un point négatif, et que
nous y verrions un danger pour la poursuite du processus de paix ».
De l’autre, auprès des membres de la commission des Affaires étrangères
à la Knesset, il déclare avec insistance que « les élections
sont une question palestinienne interne que nous ne pouvons pas empêcher
».
D’un côté, il annonce qu’Israël prendra des mesures pour
faire obstacle à la participation du Hamas aux élections, et en
fait il se contente de dire que la participation du Hamas déterminera
seulement dans quelle mesure Israël coopérera avec l’Autorité
palestinienne.
Lors d’un récent voyage en Egypte, Shaul Mofas déclarait
qu’aucune organisation terroriste ne devait être autorisée à
participer à des élections pour les institutions palestiniennes,
mais lors d’une conversation avec la secrétaire d’Etat des USA
la semaine dernière à Washington, il changeait de position.
Que répondent Sharon et Mofaz à l’idée que le Hamas ne ferait
pas que reconnaître l’Autorité palestinienne mais pourrait
accepter d’adopter une ligne politique autre que la violence ?
Comment répondent-ils aux tentatives de Mahmoud Abbas pour que le
Hamas rejoigne son action politique et ainsi se donner un moyen
important de contrôle sur l’organisation qui a initié et porté
des attaques meurtrières ?
Les déclarations de Sharon et ses menaces pourraient s’admettre
s’il montrait des efforts pour négocier avec l’AP pour faire
avancer le processus de paix. Dans ce cas, il lui faudrait demander
à l’Autorité palestinienne de respecter ses engagements des
accords intermédiaires (accord d’Oslo B) et d’empêcher que
quiconque utilise la violence et prêche le racisme ne participe aux
élections. Mais, même ainsi, il lui faudrait peser ses déclarations,
étant donné qu’une contribution du Hamas peut amener à
stabiliser les territoires, comme ce fut le cas, ces derniers mois,
quand il était partie prenante à l’accalmie.
Sharon, dans sa logique de stratégie unilatérale, est censé
rester indifférent aux évolutions politiques dans l’AP. En tous
cas, il est convaincu qu’Abbas, avec qui il a rompu le contact,
n’est pas un partenaire digne d’intérêt. Alors, quelle
importance peuvent avoir les élections palestiniennes à ses yeux ?
quelle peut être la véritable nature de sa menace de limiter sa
coopération avec l’AP ? menace qu’il présente comme un
avertissement à l’attention de l’AP pour qu’elle ne coopère
pas avec le Hamas aux élections ?
C’est Washington qui a compris, avant Israël, combien ce serait
inutile d’empêcher la participation du Hamas aux élections et
les Américains ont fait comprendre cette position à Israël, voilà
ce qui explique la confusion actuelle. Cette confusion n’aurait pu
exister à ce point si le Premier ministre Sharon avait cru que le
processus de paix, et le processus de paix seul, assurerait la sécurité
qu’il espère, ou encore, s’il avait vraiment continué sur sa
lancée après le désengagement unilatéral de la Bande de Gaza.
Pour ces deux cas, Israël aurait intérêt à ce que les
organisations radicales coopèrent avec l’Autorité palestinienne
et lui reconnaissent une légitimité officielle - si ce n’est
pour la paix avec Israël, au moins pour renforcer son autorité sur
le public.
Mais quelqu’un qui esquive à la fois les négociations et toute
initiative diplomatique doit s’accrocher pour faire croire que la
présence du Hamas dans l’Autorité palestinienne pourrait causer
un retard dans le processus - un processus qui n’existe pas.
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