Palestine - Solidarité

   



Pour la 2e chaîne, il est déjà mort
Gideon Lévy

 

Haaretz, 7 octobre 2005

www.haaretz.co.il/hasite/pages/ShArtPE.jhtml?itemNo=632151

La vie d’un homme recherché, suspecté d’être un commandant du bras armé du Jihad Islamique, telle qu’Osama Braham en a fait le récit devant le tribunal militaire 

La veille des primaires du Likoud, Osama Braham est allé dormir tard. Bien qu’il se retrouvât avec une comparution au tribunal fixée pour le lendemain, Braham n’a pas fermé l’œil avant de connaître l’issue du vote et de savoir avec certitude qu’Ariel Sharon avait battu Benjamin Netanyahou. Braham était satisfait des résultats. Il n’aime pas Netanyahou : « Il est comme au cinéma. Sharon, lui, a ouvert une voie. Maintenant nous attendons Peres », a-t-il dit le lendemain, lors d’une interruption d’audience. Il s’intéresse beaucoup à ce qui se fait dans la société israélienne et il a quelques amis personnels en Israël qui suivent son procès avec inquiétude. Le phénomène est plutôt rare, s’agissant de quelqu'un que l’Etat déclare être un commandant haut placé du bras armé du Jihad Islamique. Braham n’a jamais caché avoir des amis israéliens, ni pendant le peu d’années où il circulait librement dans son village de Ramin, près de Naplouse, ni aujourd’hui où il se retrouve à nouveau en prison.

Dans la nouvelle prison, la prison de Shatta, où il a été transféré il y a quelques mois de la prison de Beer Sheva à laquelle il avait été transféré quelques mois auparavant de la prison de Hadarim, les conditions sont beaucoup plus dures. Il dit qu’à Shatta les conditions qui règnent sont « comme il y a mille ans ». Il sait de quoi il parle : c’est un détenu perpétuel. Sept ans pour appartenance au Fatah, encore six ans sans jugement (le record des détentions administratives) et maintenant déjà deux ans jusqu’au terme de la procédure contre lui. Cela fait cinq mois qu’il n’a pas vu ses deux petits enfants, nés alors qu’il était recherché ; son épouse et sa mère âgée et malade n’ont pas non plus été autorisées à lui rendre visite ces derniers mois. La semaine passée, au tribunal militaire du camp d’Ofer, il a réussi à voir son épouse de loin et à échanger quelques phrases.

Il comparait pour appartenance active à une association interdite, atteinte à la sécurité de la région, détention de matières explosives, trafic de matériel de combat et homicide (Bader Salman tué dans un « accident de travail »). Les charges qui pèsent contre lui s’appuient, pour l’essentiel, sur le témoignage d’un activiste du Front Populaire, Hassan Fatafta, qui l’a incriminé.

La semaine dernière, le tribunal a entendu le témoin de la défense, le Dr Anat Matar du département de philosophie de l’Université de Tel Aviv, ainsi que le témoin de la défense présenté par le tribunal comme « le surnommé Steve », qui a témoigné à huis clos et derrière un rideau. Quelques jours plus tôt, Braham avait lui-même apporté un témoignage qui mettait en lumière la vie traquée d’un homme recherché paraissant au-dessus de tout soupçon. Les propos reproduits ci-dessous tels qu’ils ont été tenus, mais avec les coupures qui s’imposaient, sont tirés du protocole du tribunal. Braham s’exprimait en arabe bien qu’il parle un très bon hébreu courant et le traducteur militaire a traduit ses paroles en hébreu. Le dossier porte le numéro 4372/03, tribunal militaire de Judée.

« Avant mon arrestation, j’ai été en détention administrative pendant six ans. C’est la plus longue période de détention administrative que quelqu'un ait encourue. Avant ma détention administrative, j’ai subi un interrogatoire très dur au cours duquel j’ai été hospitalisé trois fois. Après quoi, je n’ai pas été déclaré coupable et on m’a mis en détention administrative. Au cours de ma détention administrative, ils ont interrogé toutes les personnes qu’il a été possible d’interroger en six ans. Ils m’ont accusé d’être du Jihad Islamique. Pendant ces six ans, alors qu’ils ont interrogé à mon sujet tous ceux qui appartenaient au Jihad et qu’ils avaient arrêtés, aucun n’a mentionné mon nom. C’est la preuve que de ma vie je n’ai appartenu au Jihad en dépit du fait que la Sécurité générale [Shabak] prétend que je suis un commandant de cette organisation. Si je n’ai de lien avec personne du Jihad, alors à qui est-ce que je commande ? Aux fantômes ?

« Avant ma détention administrative, j’ai été emprisonné pendant sept ans, sous l’accusation de participation au Fatah. Je n’avais aucune activité. Durant ma détention administrative les gens de la Shabak m’ont parlé de me libérer ; ils me demandaient de quitter la région ; j’ai refusé. J’ai demandé qu’ils me libèrent et que je puisse mener une vie normale. Nous sommes arrivés à un accord à la Cour suprême ; j’ai demandé que la Cour suprême soit témoin de l’accord ; Monsieur Barak lui-même était au tribunal et l’accord stipule que je serai libéré, d’une manière normale, chez moi, qu’il m’est interdit de prendre part à quelque activité politique que ce soit, qu’il m’est interdit d’entrer en Israël et que je dois aller signer tous les quinze jours au DCO (Bureau de Coordination et de Liaison). Je suis allé signer tous les quinze jours. Ils m’ont pris une caution de 25 000 shekels puis, comme je m’en suis tenu aux conditions, ils me l’ont rendue.

« J’ai mené une vie normale. Je me suis marié et me suis investi dans trois domaines : j’ai poursuivi des études académiques, j’ai enseigné l’hébreu en un lieu qui m’appartient et j’ai travaillé dans l’immobilier. Pendant un moment j’ai été surchargé. Une année durant, il n’est pas arrivé que je sorte de chez moi le soir et la Shabak peut le voir et le démontrer puisque j’étais filé.

« Je sentais que la Shabak était derrière moi à chaque instant. J’ai restreint mes contacts sociaux, je n’allais pas chez les autres et je n’aimais pas qu’ils viennent chez moi. J’ai été surpris que, plus d’une fois, la Shabak ait essayé de me pousser à violer l’accord, afin de pouvoir m’arrêter ou me tuer. C’est prouvé : après trois mois, ils m’ont téléphoné pour que je quitte mon bureau de Naplouse et que je me rende en Israël. J’ai téléphoné à l’avocat Tawfik Bassoul et j’ai été surpris de m’entendre répondre en hébreu. J’ai pensé que c’était quelqu'un qui travaillait chez lui car à Nazareth, beaucoup parlent l’hébreu. Pendant la conversation, j’ai eu la conviction que je parlais avec la Shabak. Le type mentionnait des événements que personne ne connaissait en dehors de moi. Il m’a donné le numéro d’un nommé Haïm … qui m’a dit que si je voulais entrer en Israël, il pouvait me procurer un permis. Je lui ai dit que je ne voulais pas entrer en Israël. J’ai quitté mon bureau et je suis allé à la compagnie de téléphone pour vérifier si vraiment je m’étais trompé de numéro ou si j’avais parlé à Tawfik Bassoul. J’ai été surpris d’apprendre que j’avais été en contact avec son cabinet et que le numéro était le bon, mais la Shabak avait piraté le numéro.

« Ensuite j’ai habité à Naplouse et j’ai senti que la situation n’était pas normale. Je me suis mis à craindre qu’on n’attente à ma vie. La Shabak m’a envoyé le journaliste Yoram Binur, à mon bureau. Il m’a demandé si c’était ici le commandant de Naplouse. Je lui ai dit : "Vous me connaissez". Il m’a dit : "Désolé, j’avais oublié, je suis venu pour rencontrer le responsable de Naplouse, pour l’interviewer". Je lui ai dit : "Je suis prêt à être interviewé à titre personnel, n’essayez pas de me lier à une quelconque organisation", et il m’a répondu positivement. De toute l’interview, ils ont dit à huit heures du soir, à la télévision, que deux membres du Jihad avaient pris la fuite et "nous avons interviewé les responsables du Jihad à Gaza et en Cisjordanie". Pour Gaza, il a présenté Abdallah Shami puis j’ai eu la surprise d’être présenté moi aussi. Je lui ai immédiatement téléphoné, j’ai téléphoné à la station de télévision, ils me connaissent tous et j’ai dit que Yoram avait menti à mon sujet, que je m’étais exprimé à titre personnel, et ils se sont excusés".

(Yoram Binur : « Je suis allé interviewer Osama Braham. Tout le monde savait qu’il avait été emprisonné parce qu’on pensait qu’il appartenait au Jihad Islamique, mais il m’intéressait comme ancien détenu administratif. On connaît la position critique qui est la mienne à l’égard des détentions administratives. Je serais bien surpris d’avoir dit qu’il occupait au Jihad un poste de commandement élevé. Quant à ses propos selon lesquels j’aurais été envoyé par la Shabak: je peux comprendre que les Palestiniens soupçonnent tout journaliste israélien de leur être envoyé par la Shabak mais, pour autant que je sache, je n’ai pas été choisi par la Shabak»).

« A l’époque où je signais au DCO, les gens de la Shabak ont établi un barrage dans mon village. Un officier de la Shabak m’a pris et m’a dit : "Je sais que vous travaillez et que vous étudiez et on est content, vous ne nous dérangez pas et nous ne vous dérangeons pas". Mais j’ai été surpris que quand l’Intifada a éclaté, dans les deux mois qui ont suivi, on ait essayé d’attenter à ma vie. On avait décidé de me liquider sans jugement.

« J’avais un ami qui comptait beaucoup pour moi, Saad Al-Harouf, on était comme des frères, il était ingénieur. Il avait un magasin de vêtements. Quand je n’étais pas au travail, j’étais chez lui au magasin… C’était pendant le Ramadan et nous avons commencé à prendre le repas de rupture du jeûne. Je suis parti en ville avec mon beau-frère et nous avons rejoint Saad dans son magasin. Il avait apporté des gâteaux et nous nous sommes installés. Puis je suis rentré à la maison car j’avais des invités. Alors que j’étais avec ma belle-mère, mon épouse, sa sœur et son beau-frère, j’ai été surpris de recevoir, à 23 h 40, un coup de téléphone de Saad qui m’a dit qu’il avait un ami dont la voiture était coincée à Bourine et qu’on devrait passer le prendre. Ma belle-mère m’a dit : "Quoi ? Tu vas sortir maintenant, en pleine nuit ?" Je lui ai dit : "C’est Saad et je n’aime pas dire non".

« Saad était devant chez moi avec sa voiture, il était en costume. Il m’a dit de rentrer chez moi et de ne pas aller avec eux de nuit "parce que la Sécurité a des soupçons contre toi et si quelqu'un te voit à pareille heure, va savoir ce qu’ils iraient faire". Je suis rentré et Saad et Khalil, mon beau-frère, sont partis. Cinq minutes plus tard, ma belle-sœur a demandé de téléphoner parce qu’ils tardaient, d’autant que Bourine est à deux minutes de Naplouse. J’ai téléphoné à Saad et il m’a dit : "Nous ne sommes pas encore arrivés, nous nous sommes égarés". J’ai retéléphoné deux minutes plus tard et il m’a dit : "Vous allez nous rendre fous. Arrêtez. On va revenir". Après cinq minutes, ma belle-sœur m’a demandé de retéléphoner mais Saad n’a pas répondu, ni une première fois ni les autres fois. J’ai pensé qu’il était fâché contre moi. La quatrième fois, on m’a répondu en hébreu. J’ai demandé : "Saad ?". On m’a dit "Non" en hébreu puis on a coupé. J’ai réessayé d’appeler mais le téléphone était coupé.

« J’ai eu peur qu’ils aient eu un accident de voiture et j’ai téléphoné à tous les hôpitaux mais on m’a dit qu’il n’y avait eu aucun accident. J’ai téléphoné au Croissant Rouge et ils m’ont dit qu’on avait fait sauter une voiture près de Bourine et qu’il y avait deux morts et un blessé. A minuit exactement – j’ai l’habitude d’écouter la 2e chaîne [Reshet Bet] à la radio – j’ai été surpris que la première chose qu’ils ont dite c’est : "nous avons éliminé Osama Braham, commandant du Jihad Islamique, alors qu’il partait commettre un attentat". J’ai téléphoné au Dr Anat Matar, à Tel Aviv, à la députée Zehava Galon et à mon avocat, Tamar Peleg. Je leur ai demandé s’ils avaient entendu. Ils m’ont dit que oui. Je leur ai dit : "Je suis chez moi, je n’ai pas été tué ni rien". J’ai téléphoné à l’Autorité Palestinienne et ils m’ont dit de ne pas sortir de chez moi.

« Saad est mort sur le coup, mon beau-frère a été grièvement blessé et s’est retrouvé paralysé pendant six mois. Il a perdu un rein, l’intestin grêle et la vésicule biliaire. Il m’a raconté : "Nous sommes arrivés à la voiture de l’ami de Saad. Quand on s’est arrêté, il y avait là un certain nombre de soldats qui ont commencé à tirer dans notre direction. Des soldats sont venus avec la Shabak. Ils ont demandé : "Qui êtes-vous ?" Ils lui ont demandé : "Vous êtes Osama Braham ?". Il leur a dit : "Non, je suis son beau-frère". Ils ont vu qu’il n’avait pas d’armes et ils l’ont laissé emmener à l’hôpital. Maintenant l’ami de Saad, je ne sais pas si c’est un brave type ou un espion. Si je reprends ses mots, il a raconté : "Les gens de la Shabak m’ont obligé à téléphoner à Saad, sur son portable, et à lui dire que j’étais coincé avec ma voiture à Bourine".

« Quand à minuit, ils ont dit, à la radio, qu’ils m’avaient liquidé, j’ai compris que ma vie était en danger, surtout après qu’ils aient annoncé à l’Autorité que je voulais commettre un attentat. Le lendemain, je suis sorti de la maison sans dire à mon épouse où j’allais. J’avais de l’argent à la banque, 40 000 dollars, je les ai retirés et je suis allé à Ramallah. Personne ne savait où j’étais, ni ma femme, ni mes enfants, personne de la famille et je n’ai pas utilisé le téléphone. J’ai passé une année entière à l’intérieur d’une maison, ne sortant que le soir pour aller chercher à manger et revenir. Je suis connu à Ramallah, alors je craignais que l’Autorité ne me repère et ne m’arrête. La tentative d’attentat contre moi datait du 15 décembre 2000 et deux jours plus tard j’étais à Ramallah alors que ma famille me croyait à Naplouse.

« Un an et demi plus tard, j’ai fait venir mon épouse à Ramallah, en suivant un parcours difficile pour n’être pas suivi. Elle a été avec moi pendant un an et demi sans voir la famille à laquelle nous ne téléphonions pas et qui ne nous téléphonait pas. Trois années passées comme en prison, même mes petits enfants, je ne les laissais pas aller chez les voisins. Mes enfants croyaient que je m’appelais Mouafak, pour qu’ils ne puissent pas m’identifier. La sœur de mon épouse habitait Ramallah et elle ne savait même pas que nous étions là. Pour que (les voisins) pensent que je partais travailler, je sortais tous les jours deux heures mais je restais dans la voiture. J’achetais le journal et je restais assis deux heures dans la voiture. Je n’avais de contact avec personne à Ramallah. Je me disais : il suffirait qu’un seul sache, se mette à parler et ils m’attraperaient. Pendant trois ans, je ne me suis pas rendu dans le centre de la ville, je vivais seulement en périphérie. J’habitais dans un quartier chic, tous des chrétiens qui n’aiment pas la politique, pour que personne ne se rende compte que j’étais recherché.

« Un jour que je roulais en voiture, j’ai vu un jeune homme sous un arbre et je l’ai tout de suite reconnu : il avait été avec moi en détention administrative. Je me suis arrêté et je lui ai dit de monter. Il était surpris. Je lui ai demandé de ne dire à personne que j’étais à Ramallah. Il m’a demandé si j’avais besoin d’argent ou d’un logement. Je lui ai dit que je n’avais besoin de rien. Il est descendu cent mètres plus loin parce que je ne sortais pas du quartier ou j’habitais et je ne pouvais dès lors pas l’amener là où il voulait aller. Il est descendu de la voiture et on est parti chacun de notre côté. Son nom est Hassan Fatafta.

« Six mois plus tard – je lis toujours les journaux – j’ai lu que Hassan Fatafta avait été arrêté. Je n’ai pas accordé trop de poids à cela car il est du Front Populaire. Après un temps, il m’est revenu que Hassan Fatafta m’incriminait. Je suis allé voir son épouse, je lui apporté de la viande parce que son mari était détenu. Elle a été surprise et elle m’a dit que Hassan m’avait accusé. J’ai demandé : de quoi ? Et elle m’a dit qu’il avait dit que je lui avais donné une grenade. Je lui ai dit : "Je ne lui en ai pas donné" et elle m’a dit : "Je sais". Elle m’a dit : "Le mieux serait que vous alliez voir l’avocat de Hassan". Je lui ai dépêché un ami à qui il a dit que Hassan m’accusait de lui avoir donné quatre charges explosives, une ceinture d’explosifs et un produit chimique.

« Je suis allé tout droit à l’Autorité Palestinienne – puisqu’il y avait coordination entre elle et Israël – au bureau de Mohammed Dahlan qui était le Ministre de l’Intérieur. Son assistant était avec moi en prison, c’est un ami à moi et il est responsable des forces spéciales. Je leur ai dit que Fatafta m’incriminait, que tout ça n’était pas vrai et que je leur demandais, même via Dahlan qui avait des contacts avec les Israéliens, de dire que toutes les accusations de Fatafta étaient fausses, et cela afin qu’ils n’aient pas un prétexte pour essayer une nouvelle fois d’attenter à ma vie.

« Il y a beaucoup de questions que j’aimerais poser. J’ai rencontré Hassan une demi-minute, il appartient au Front Populaire. Je n’appartiens à aucune organisation. Comment pourrait-il me demander des charges explosives ? Comment est-il possible que Hassan dise que le lendemain je lui ai apporté une ceinture d’explosifs ?

« Quand ils m’ont arrêté, la Shabak s’est mise à chanter. Ils ont dit : "On t’a attrapé". Ils ont dit : "Tout est prêt". Je leur ai dit : "Je sais que Fatafta m’a mis en cause, faites-le moi rencontrer cinq minutes et je résous le problème. Ils ont dit que ça ne les intéressait pas. Pendant cinq jours, ils ne m’ont pas laissé dormir et ils ne m’ont pas interrogé, seulement des paroles vides. Je suis convaincu qu’ils savent à 100% que je ne lui ai pas apporté (d’explosifs) mais ils m’ont dit : "Tu as chuté".

« Ils m’ont placé en cellule d’isolement pendant 60 jours, sans la moindre question. Le premier jour d’interrogatoire, ils m’ont dit que ma femme et mes enfants avaient été tués. Ils m’ont fait voir la photo d’un ami à moi, Bader, qui venait à la maison, et ils ont dit : il a été tué avec ta femme et tes enfants. Après 65 jours, quand mon avocate m’a rendu visite, je lui ai demandé des nouvelles de mes enfants. Je ne savais pas s’ils étaient vivants.

« Quand j’ai rencontré Hassan sur le chemin du tribunal, je lui ai demandé : "Pourquoi m’as-tu accusé ?" Il m’a dit : "On m’a mis sous pression pendant l’interrogatoire et j’étais dans un état grave, ils m’interrogeaient sur les amis qui étaient avec moi, ils voulaient que je t’implique. Tu m’es venu à l’esprit parce que je t’avais rencontré à Ramallah" » (Fatafta a déjà témoigné au tribunal : il est revenu sur son témoignage livré lors de l’interrogatoire et a été déclaré témoin malveillant).

A l’audience suivante qui s’est tenue au tribunal mardi passé, l’avocate de la défense, Ahlam Haddad, a présenté un document tiré du dossier d’enquête où ne figure que ces seuls mots :

« Objet : Hassan Fatafta.

Le susnommé a été interrogé sous défense de nécessité et par conséquent des moyens ont été appliqués pour son interrogatoire.

Cordialement,

le surnommé Steve, chef du département enquêteurs, Judée et Jérusalem ».

(Traduction de l'hébreu : Michel Ghys)


Source : Michel Ghys


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