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Ha'aretz, 26 septembre 2005
Hier, pour la première fois depuis des années, le Likoud a
manifesté les signes d'un parti au pouvoir au bord de l'implosion.
Les milliers de membres du comité central réunis à Tel-Aviv qui
arpentent les allées semblent avoir rencontré le spectre de la défaite
aux élections. Le combat que Benjamin Netanyahou a imposé au président
du parti [Ariel Sharon] déchire le Likoud et monte les membres les
uns contre les autres, en véritables ennemis. Au cours de la réunion
du comité central, on s'est insulté et accusé de détruire le
parti.
Lorsque plusieurs centaines de membres du comité central ont quitté
la salle à l'entame du discours d'Ariel Sharon, Nehemia Lahav n'en
crut pas ses yeux. En 42 ans, jamais il n'avait vu une telle haine.
"J'ai participé à des réunions du comité central et assisté
à bien des batailles, mais je n'avais jamais vu une chose
pareille, dit-il.
Il fut un temps où Lahav était fier d'être membre du Likoud.
Hier, l'ancien maire de Hadera avait honte. "Je pense qu'il
faut que le Likoud soit écrasé aux prochaines élections,
dit-il. Le parti s'est usé au gouvernement, et pour se
purifier, il doit tomber.
Avec tout le bruit dans la salle, les orateurs avaient du mal à
s'entendre parler. "Est-ce cela, le Likoud, demandait
David Uzana devant le chaos provoqué par les cris et les injures.
Venu de Zar'it, un moshav sur la frontière nord, pour soutenir
Sharon, il avait du mal à supporter la vue du premier ministre
assis sur les marches, faisant le dos rond sous les insultes de
centaines de délégués. "Ce n'est pas mon Likoud,
conclut-il.
Il était clair depuis le début que cette réunion serait un combat
sans merci entre Sharon et Netanyahou. L'atmosphère était électrique,
en grande partie à cause de colons évacués de Gaza venus se
venger de leur évacuation et qui hurlaient des insultes à
quiconque osait soutenir Sharon. J'espère que tu seras expulsé
de chez toi!", a hurlé une évacuée enceinte en direction de
Mikha Gabbaï de Kiryat Gat, partisan de Sharon. "Je veux que
tu ressentes ce que nous avons ressenti après que ton premier
ministre nous a expulsés de chez nous. Excusez-moi,
madame", répondit Gabbaï, mais je suis au Likoud parce
que c'est un parti centriste partisan du compromis diplomatique. Si
vous voulez toute la Terre d'Israël, vous n'avez rien à faire ici.
Nous ne sommes pas l'extrême droite.
Shaoul Goldstein, président du conseil régional du Goush Etzion,
ne faisait pas mystère de l'objectif que recherchent les colons :
"nous voulons renverser Sharon, le plus vite possible et en
grand", dit-il.
/...
Alors que les partisans de Sharon insistent pour dire que le résultat
du vote d'aujourd'hui est encore incertain, ceux de Netanyahou
affirment que les dés sont jetés. Sharon va perdre et les
primaires du parti vont être avancées.
"Sharon est tombé, dit Shmouel Slavin, ancien directeur
général du ministère des Finances. "Malheureusement, il a
cessé d'être à l'écoute des sentiments du public.
"La bataille est terminée", opine un autre opposant à
Sharon, le député Mikhael Ratzon. "La plupart des membres du
Likoud comprennent aujourd'hui que pour survivre, nous devons en
revenir au Likoud d'origine. A mon avis, Sharon est fini".
Même après la fin du meeting, certains membres continuaient à
s'accuser mutuellement d'avoir coupé le micro du premier ministre.
Les partisans de Sharon se consolaient à l'idée que cet acte de
sabotage aiderait leur candidat à vaincre son rival.
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