Des rivalités de pouvoir
Barah Mikaïl
On
assiste à une escalade de la violence entre le Hamas et le Fatah
à Gaza et en Cisjordanie. Comment la crise peut-elle se résoudre
?
On voit mal comment la
crise pourrait se débloquer, car il y a, entre les deux
parties, des rivalités de pouvoir.
Le Hamas, fort de sa
victoire aux législatives de janvier, peut s'attaquer à ses prérogatives
par la voie des urnes.
Le Fatah est le parti
historique des territoires palestiniens. Il a mal digéré sa défaite
aux législatives, mais il constate que le Hamas n'est pas en
position de force: le parti islamiste est boycotté par les
Etats-Unis, les pays européens et Israël.
L'assise du Fatah est plus
forte que celle du Hamas, il est bien ancré dans les
territoires palestiniens, notamment par ses services de sécurité.
La situation ne se débloquera
pas tant que le seul enjeu restera le pouvoir, à moins qu'ils
ne décident de s'entendre pour constituer un gouvernement
d'union nationale.
Le président
de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a décidé
d'organiser, le 26 juillet, un référendum sur un document
reconnaissant implicitement Israël. Le Hamas rejette cette
consultation. Quelles seront les conséquences en cas d'annulation
?
Il faut se demander
quelles seraient les modalités de cette annulation. Elle
passerait forcément par la voie parlementaire.
Ce serait une mauvaise
chose. L'organisation de ce référendum laisserait les
Palestiniens exprimer leurs aspirations effectives, dans ce
climat de tensions entre le Fatah et le Hamas. La consultation
permettrait de savoir ce que pensent les Palestiniens des deux
questions les plus importantes: de la reconnaissance de l'Etat
d'Israël et des violences dans les territoires.
L'erreur du Hamas est de
repousser ad vitam aeternam la consultation de la population.
L'annulation du référendum
ne ferait que prolonger la crise, pour ne pas dire l'aggraver.
Quel
regard porte Israël sur ces affrontements ?
Israël donne l'impression
d'être détaché des évolutions inter-palestiniennes. Il y a
eu très peu de déclarations israéliennes, très peu de réactions
à la situation.
Pourtant certaines actions
d'Israël peuvent contribuer à complexifier la donne.
Le bombardement sur une
plage de Gaza, vendredi, n'a pu qu'encourager la radicalisation
du Hamas et de l'opinion dans les territoires palestiniens.
Si les Israéliens
devaient entreprendre un pas pour débloquer la situation, ce
serait de montrer qu'ils sont prêts à reprendre les négociations.
Tant qu'une issue politique au règlement de la question israélo-palestinienne
reste écartée, les Palestiniens procèderont au recentrement
sur leurs problèmes internes.
Barah Mikaïl par
Julie Coste / Le Nouvel Obs.com / 13 juin 2006
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