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Lorsque le ciel sème la mort
Azmi Bishara

 

Israël est un état terroriste. La logique diabolique de cet état est activement supportée par un autre état terroriste qui a à sa tête Georges Bush, un homme sadique et violent, très dangereux, entouré d’une bande de Machiavels froids et calculateurs adeptes du terrorisme d’état.

L’avion de combat est la quintessence de la civilisation moderne, la déesse moderne. Il est le produit collectif de toutes les sciences en même temps que la neutralisation de toutes les valeurs et morales.

En lui converge le laser, la micro-optique, la microélectronique et les hautes technologies en aérodynamique, tout ceci aboutissant au vol de précision, au guidage à un cheveu près, au ciblage mortel et à la destruction chirugicale.

Il est hygiénique et ultra-précis et ses usines, hangars et lieux d’assemblage sont aussi vastes et spacieux que des cathédrales. Ces avions ne sont fabriqué que dans les états les plus développés sur le plan industriel, et assemblés par de vastes corporations dont les employés vivent dans des sociétés se voulant égalitaires et perçoivent de hauts salaires. Ils ne peuvent être pilotés que par des individus hautement qualifiés.

Ils sont à la fois le produit d’un individualisme absolu et d’un travail collectif institutionnalisé. Les employés qui contribuent à sa fabrication appartiennent à des sociétés qui ont beaucoup de réalisations à leur actif ; ils sont une élite, le haut du panier, les élus, la nouvelle race aryenne.

Comme toute déesse d’une société consumériste, l’avion de combat à peine né est déjà obsolète ; un nouvel avion doit être produit toutes les deux ou trois années de façon à répondre à la demande, intégrant les dernières avancées technologiques et découvertes scientifiques de façon à conserver sa supériorité sur les dieux des autres pays.

L’avion de combat fait que l’immoral devient moral. Il plane au-dessus du bien et du mal, en déesse assoiffée de sacrifices. Le pilote ne voit pas le sang, il ne voit ni baïonnette ni balle perçer le corps de la victime. Il ne se salit pas car il n’a pas à ramper ni à voir les yeux de ses victimes. Il ne transgresse pas non plus le commandement qui lui dit de ne pas tuer. Tout ce qu’il a à faire est de presser sur un bouton longtemps à l’avance.

Toutes les victimes entendent le cri perçant du missile qui arrive. Puis le monde est secoué de toutes parts et tout bascule, sans même un balancement. Peut-être éprouvent-ils la douleur d’une crucifixion avant de sombrer dans le néant. Chacun est sans recours devant les avions de combat ; ni père ni mère ne peuvent protéger leur enfant. Les enfants sont réduits en pièces, ou enterrés sous les décombres des immeubles qui s’effondrent dans un gémissement fait de bruits de branches brisées. Les pierres, les planches de bois, les lambeaux d’acier s’écrasent sur des os humains et pulvérisent les crânes - le tout en un clin d’œil.

Cependant, tout ce qui peut être vu depuis le siège du pilote, c’est une légère colonne de fumée et un nuage de poussière. « Mission accomplie », dit le pilote à sa base, alors qu’il exécute un virage soigné dans les cieux, au-delà de toutes les morales. Puis il atterrit, saute en bas de l’avion et se dirige vers les baraquements, son casque sous le bras comme un motocycliste.

Il va prendre un café à la cafétéria, échange des plaisanteries avec les autres pilotes, avec le personnel féminin de la base et avec les mécaniciens qui vont faire en sorte que son avion soit prêt pour une nouvelle sortie mortelle. Puis il rentre chez lui. Sur son chemin il écoute de la musique, fait le pitre avec quelques enfants et, peut-être, engage une discussion politique. Il peut être sérieux, ou indifférent ou en colère. Il peut être de gauche ou de droite, être en faveur des droits du mouvement gay ou en opposition ; il se félicite peut-être d’être une colombe ou alors d’être un faucon enragé.

Mais ceci n’est pas le critère déterminant pour qu’il puisse appuyer sur le bouton. Toutes ces pensées et tous ces critères perdent tout leur sens dans la religion du bombardier.

Les peuples du monde se divisent entre ceux qui disposent et ceux qui ne disposent pas de F-15 et F-16. Ceux qui en disposent se divisent aussi entre ceux qui les possèdent et ceux qui se trouvent sous leur férule. Les Arabes ne se situent pas seulement dans le camp de ceux qui n’en disposent pas, mais également dans le camp de ceux qui à l’occasion en tirent bénéfice.

Ces avions de combat sont omniprésents. Ils peuvent être visibles ou invisibles. Mais il n’y a aucun moyen d’échapper à leur venin ni aucun endroit où l’on puisse se cacher de leurs missiles. Les avions restent dans le ciel mais ses missiles vont descendre en piqué sur les passagers d’une voiture qui tente de fuir, ou d’un bus ou d’une ambulance, et ils vont percer les plafonds des bunkers et des abris jusqu’à ce qu’ils atteignent les corps tendres qui s’y trouvent. La chair humaine n’a aucune chance contre un missile envoyé par un avion de combat. Le corps est nu face à la déesse qui erre au paradis tandis que des bâtiments faits de pierres et renforcés de ciment s’écroulent devant elle.

Les avions provoquent des destructions massives, mais ils n’apportent pas de solution dans la bataille contre ceux qui ont le droit pour eux. Pour cela il faut que les fidèles de la déesse combattent au sol. Mais une fois que ceux qui appartiennent à cette civilisation commencent à combattre au sol, alors ils commencent à mourir et à pleurer.

Ce phénomène a produit une curieuse croyance, selon laquelle les soldats de cette civilisation ont le droit de tuer mais par contre que les autres n’ont pas ce droit, même dans une guerre. C’est pourquoi lorsqu’un de leurs soldats est frappé ils se retrouvent sonnés, et c’est pourquoi lorsque leur armée subit une défaite contre ceux qui sont du côté des faibles et des opprimés, ils prennent cela pour un affront au prestige de leur armée et de leur supériorité militaire.

Dans cette situation-là Israël retire discrètement ses troupes au sol et envoie ses F-16 afin de bombarder les emplacements « terroristes », qu’il s’agisse de maisons ou de villages. Ce comportement est lâche et vindicatif, bon pour ceux qui possèdent une force aérienne qui leur permette de se comporter en tyrans arrogants nés dans les cieux. Au sol, ce sont des êtres humains comme n’importe qui : exposés et fragiles. Mais dans les airs, avec la protection de leur déesse, ils peuvent tourner dans tous les sens, invisibles à l’œil nu mais certains que leur vacarme sera entendu lorsqu’ils passent au-dessus du sol, tirant tout l’avantage possible de la fragilité de ceux qui sont cloués au sol sans avions et même de ceux qui se sont réfugiés dans des trous dans la terre.

Ils se vengent non seulement parce qu’ils ont la volonté de le faire -- ils n’ont pas le monopole de la volonté -- mais parce que leur déesse fait en sorte que ce soit possible pour eux. [...]

Ce pouvoir destructeur les remplit de fierté... Le genre d’émotion qui précède la chute. La mort d’un enfant, de deux enfants, de trois ; la mort d’une femme ou de deux ; la destruction d’une ambulance -- Quand la force brutale contre des gens innocents devient-elle inacceptable ? Faut-il trente enfants ? Cinquante ? Devant les caméras ? Et combien lorsqu’il n’y a pas de caméra ? Où est le haut de l’échelle ? A ce propos, les caméras ne transmettent pas les odeurs de putréfaction venant des corps écrasés sous les décombres.

Il est difficile de fixer précisément à quel point exactement le verre tombe de la main d’un responsable Arabe ou occidental lorsqu’il fixe son écran de télévision. Quelle image d’enfants mourant va jusqu’à lui ? Est-ce que sa bouche laisse échapper son amuse-gueule en même temps que son verre tombe à terre ? A-t-il un hoquet devant son assiette ? Pense-t-il alors qu’il aurait dû écouter ses conseillers plus tôt et appeler à un cessez-le-feu immédiat ? Pousse-t-il un soupir devant l’horreur des crimes commis par Israël, ou bien se sent-il désespéré devant la folie israélienne qui lui fait perdre encore une autre occasion ?

Israël s’est construit en prenant des civils pour cible

En 1948, il les a pris pour cible en les déplaçant de force et en volant leur terre. Il a frappé des villages entiers supposés héberger des bases de feddayins -- des combattants de la résistance. La « stratégie » était basée sur deux principes : le besoin de dissuader les civils d’apporter leur appui à la résistance, ce qui signifie réprimer toute expression politique ou sociale, et le besoin d’assouvir la soif israélienne de revanche.

L’unité 101 conduite par Ariel Sharon au début des années 1950 était le fer de lance de ces deux principes. Cette unité a attaqué des villages, fait sauter les maisons et abattu ses habitants. Parmi les fruits les plus connus de cette philosophie se trouvent les massacres de Qubya, Nahalin et Al-Bureij dans ces mêmes années, et les massacres de Jabalya, Beit Hanoun, Al-Shajaiya, Qasba à Naplouse, et Jénine ces dernières années.

Pour atteindre ces objectifs, Israël avait besoin de bouchers, même s’il les qualifiait de « guerriers légendaires ». C’était une approche manuelle. Cela n’impliquait pas des F-16. Pour cette besogne il fallait juste des enfants gâtés appartenant à la bonne religion et avec le coeur penchant du côté du style de vie consumériste américain.

Israël frappe délibérement les civils au liban. Son objectif est de punir quiconque a pu soutenir la résistance, de déplacer les civils vers le nord de façon à aggraver les tensions inter-communautaires dans le pays et à assouvir sa soif barbare de revanche. L’attaque en cours, dans toute sa férocité et avec toutes ses victimes innocentes, a été planifiée longtemps à l’avance, avec une perversité qui défit l’imagination.

Israël est un état terroriste

La logique diabolique de cet état est activement supportée par un autre état terroriste qui a à sa tête Georges Bush, un homme sadique et violent, très dangereux, entouré d’une bande de Machiavels froids et calculateurs adeptes du terrorisme d’état.

Ils sont absolument persuadés que les civils qui ne disposent pas de leurs propres avions de combat sont tellement bas dans l’échelle de l’aptitude à survivre que s’ils meurent c’est de leur propre faute, que c’est le résultat de leur propre manque de réalisme.

Cette logique possède un défaut qui la rend impardonnable, une malédiction qui va hanter cette civilisation, une mise en accusation permanente de sa domination du ciel : comment peut-on s’attendre à ce que des enfants soient « réalistes » ? Comment quiconque pourrait-il les blâmer de leur propre mort ?

Ce n’est pas juste de réciter les prières des enfants morts comme s’il s’agissait de héros, et c’est honteux d’exposer leurs corps à la vue de tous. Ces enfants n’étaient pas des guerriers. Ils ne faisait pas partie de la résistance. Ils ne sont pas morts pour apporter une victoire à d’autres qui sont vivants et n’ont pas à exposer leur vie en première ligne. Ces enfants sont morts car ils n’ont pas pu s’échapper à temps ou parce qu’ils n’ont pas réussi à se cacher des avions. Ce sont les victimes de cette civilisation barbare et criminelle des avions de combat.

Leurs meurtriers doivent rendre des comptes et la résistance contre l’agression doit avoir notre soutien

Azmi Bishara
4 août 2006 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2006/806...
traduction : Claude Zurbach

 

 


Source : CCIPPP
http://www.protection-palestine.org/article.php3?id_article=3274


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