11 avril 2006
www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3238797,00.html
Certaines
méthodes employées pour répondre aux attaques de roquettes ne
sont simplement pas ‘kosher’
C’est
le printemps en Israël. Les champs verdoyants, fleurissants,
remplissent la vue. Le soleil ajoute de l’éclat au tableau, avant
que la chaleur de l’été n’assèche tout.
Si
vous tendez l’oreille, vous pouvez entendre les sonorités du
printemps : le gazouillis des oiseaux, le bourdonnement des
moustiques, le bruit incessant de l’artillerie israélienne
faisant de la vie de Gazaouis innocents un enfer.
Tout
va bien, c’est le printemps ici. L’armée israélienne tire énormément,
c’est normal, des milliers d’obus en « terrains
ouverts » d’où sont tirés les roquettes Qassam. Bien sûr,
l’expression « terrains
ouverts » est… ouverte aux interprétations.
Conformément
aux nouvelles instructions, l’armée a « fortement
réduit la distance de sécurité de ses obus et, actuellement, ils
atterrissent très près de zones habitées à Gaza. »
Sécurité élastique
Qu’entend
l’armée israélienne par « sécurité » ?
C’est (très) élastique.
Par
exemple, l’ancien chef d’état-major, Moshe Ya’alon, a annoncé
que l’armée avait réduit sa distance de sécurité et inclurait
dorénavant les épouses de Palestiniens recherchés (si pas encore
leurs enfants). C’est ça, la distance de sécurité de l’armée
israélienne. A cela que ressemble le printemps.
Quelle
est, essentiellement, l’idée derrière cet assaut massif contre
des maisons de Gaza ? Il n’y a pas de lien direct avec les
roquettes Qassam.
Les
Qassams sont des roquettes rudimentaires. Elles peuvent être tirées
de n’importe où, même d’une arrière-cour. Elles ne sont pas
tirées en terrains ouverts et les tireurs n’ont pas besoin d’un
équipement de pointe ni d’une logistique compliquée.
Une
attaque de l’armée israélienne frappe presque toujours
l’innocent. La raison pour laquelle tous ces obus sont tirés est
psychologique. Ils sont censés donner aux Israéliens une douce
sensation pour le début de la fête de Pessah : « Vous
voyez, l’armée ne reste pas inactive. Bien au contraire, l’armée
fait usage de ce que les médias, admiratifs, appellent sa ‘poigne
de fer’ et elle porte de rudes coups à l’innocent. »
Psychologie sophistiquée
Mais,
plus important, les attaques visent aussi – veuillez prêter toute
votre attention à la psychologie sophistiquée en jeu ici – à
exercer une pression sur la population civile, qui exercera des
pressions sur les responsables de l’Autorité Palestinienne, qui
exercera des pressions sur les lanceurs de Qassams afin qu’ils
cessent leurs tirs. C’est comme dans la chanson de la petite chèvre,
à la fin de la Haggadah de Pessah.
Nous
avons déjà utilisé ce truc-là auparavant et cela a marché comme
un charme. Par exemple en 1996, lors de l’opération Raisins de la
Colère, où Israël a mis toute la pression sur la population
libanaise, ce qui a conduit à l’expulsion du Hezbollah, avec sa
proverbiale queue entre les jambes, hors du Liban.
Mouais.
Enfin, pas exactement. Mais ça reste une bonne idée.
Soit
dit en passant, le problème commence avec les attentats-suicides
qui, d’après l’armée israélienne, utilise la population
civile. Nous ne sommes pas comme eux, nous. Nous, on met juste la
« pression » sur les civils, comme ça ils mettront la
pression sur l’Autorité Palestinienne, comme ça elle mettra la
pression sur les gars des Qassams.
Ce
qui est particulièrement beau dans tout ça, c’est que nous
pensons que c’est comme ça que cela se fait dans le monde.
Compassion juive
Dimanche,
nous avons lu que l’armée menaçait « d’attraper »
les lanceurs de Qassam. Puis lundi, 1 200 obus plus tard, la
question a été mise de côté. Enfin, pas entièrement.
Vous
pouvez trouver un article, peut-être même une photo, dans Yediot
Aharonot, d’un chien du kibboutz Zikim qui est littéralement mort
de peur par l’échange de tirs. « Les
tirs de l’artillerie ont tué notre chien », hurlait le
titre. Qui a dit que les Juifs manquaient de compassion ?
Méthodes non kosher
Israël
se trouve dans une piètre situation vis-à-vis des Qassam.
Difficile de réagir face à une arme qui d’un côté, ne
constitue pas vraiment une menace existentielle, mais qui de
l’autre, ne peut être tolérée.
S’il
n’est pas facile de savoir quoi faire, il est très facile de
savoir ce qu’il ne faudrait pas faire. Nous ne pouvons pas prendre
un peuple innocent en otage. Nous ne pouvons pas les punir pour les
péchés des autres. Même pendant Pessah, il y a des méthodes qui
ne sont tout simplement pas ‘kosher’.
(Traduction
de l'anglais : Michel Ghys)
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