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L’armée
n’octroie, chaque mois, que 60 permis d’entrer en Cisjordanie
« pour besoins humanitaires »
L’armée
de défense d’Israël n’accorde chaque mois l’entrée dans les
territoires de l’Autorité Palestinienne qu’à une soixantaine
de Palestiniens de Jérusalem-Est – sur une population de deux à
trois cent mille personnes, qui a des liens ramifiés – familiaux,
économiques et d’études – avec les habitants des villes de
Cisjordanie.
Une
seule personne est responsable de l’octroi des permis d’entrée :
une femme officier chargée des requêtes de la population au
commandement central. Toute demande est examinée quant au fond par
le commandant de la région. Les Palestiniens habitants de Jérusalem
ne sont pas autorisés à entrer sur le territoire de l’Autorité
Palestinienne depuis octobre 2000, lorsque le général commandant
la région centrale a émis une ordonnance interdisant l’entrée
des Israéliens en Territoires A. Le critère sur lequel on
s’appuie pour l’octroi des permis, c’est le « cas
humanitaire ». Le bureau de l’officier chargé des requêtes
de la population a fait savoir à la députée Zehava Galon que les
études universitaires n’étaient pas considérées comme une nécessité
humanitaire et que dès lors, il n’était pas délivré de permis
d’entrée aux Palestiniens de Jérusalem qui étaient inscrits
dans une des universités de Cisjordanie. Cela touche
essentiellement des étudiants inscrits à l’Université Américaine
de Jénine et à l’Université A-Najah de Naplouse (qui possède
une antenne à Tulkarem). Le bureau du député Ahmed Tibi a tenté
d’intervenir auprès des services de la Défense pour que des Jérusalémites
soient autorisés à étudier à Jénine et à Naplouse, mais il
s’est heurté à un rejet de ces demandes spécifiques.
Le
nombre très faible de permis d’entrer en Cisjordanie – et ce
point est mentionné dans la réponse du porte-parole de l’armée
israélienne aux questions de Haaretz, cette semaine – ne nous
apprend pas combien de Palestiniens de Jérusalem entre
effectivement dans les villes de Cisjordanie. Les liens des Jérusalémites
avec les villes de Ramallah, Bethlehem et Hébron sont particulièrement
étroits. Dans les services de la Défense, on est parfaitement
conscient des milliers de Jérusalémites qui entre chaque jour à
Ramallah sans permis et en passant par des barrages de l’armée de
défense d’Israël – et cela alors qu’officiellement, l’armée
de défense d’Israël dit explicitement que l’ordonnance du général
s’applique aussi à l’entrée dans Ramallah. En janvier de cette
année, des soldats du barrage de Qalandiya ont essayé d’empêcher
l’entrée de Jérusalémites avec leur voiture dans Ramallah, et
après diverses protestations venant de députés et de délégations
diplomatiques, la chose a été arrêtée. Néanmoins l’entrée
dans Bethlehem, via le barrage de Bethlehem situé au nord du
tombeau de Rachel, est interdite aux Jérusalémites non détenteurs
d’un permis. C’est pourquoi les Jérusalémites ont l’habitude
d’entrer dans Bethlehem par un autre chemin, par des accès qui ne
sont pas encore contrôlés par l’armée de défense d’Israël
ou qui n’ont pas encore été barrés par le mur de séparation.
Lorsque l’armée de défense d’Israël place des barrages aux
entrées d’Hébron, les soldats interdisent aux Jérusalémites
l’accès à cette ville-là également. Selon les témoignages
d’habitants de Jérusalem, les soldats ne sont pas en mesure de
leur dire à qui ils doivent s’adresser pour introduire une
demande de permis d’entrer.
L’interdiction
visant les Jérusalémites d’entrer en territoires A s’avère
substantielle principalement dans des villes comme Naplouse,
Tulkarem, Qalqiliya et Jénine – barrées par des barrages de
l’armée de défense d’Israël davantage que d’autres villes.
Les
étudiants palestiniens de Jérusalem-Est qui sont inscrits dans les
universités de Jénine et de Naplouse et qui ont décidé de ne pas
renoncer, doivent par conséquent entrer clandestinement pour aller
suivre leurs études. Ils se voient empêchés de rendre régulièrement
visite à leur famille, leurs parents ne peuvent leur rendre visite
et ils s’exposent à de longs retards ou à un rapport de police
aux barrages, à leur sortie.
(Traduction
de l'hébreu : Michel Ghys)
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