Al-Quds al-Arabi
19 avril 2006
L'opération militaire martyre menée par un jeune palestinien de
20 ans, à Tel Aviv, appartenant au mouvement du Jihad Islamique,
fut une bombe extrêmement puissante dans une région enflammée.
Elle suscita une situation de panique et d'indécision dans la
plupart des capitales arabes et internationales.
C'est la sixième opération du genre, en moins d'un an. Son
importance est due à la réussite de son exécutant, et de son
mouvement, à percer toutes les défenses, les appareils de
renseignements, et l'état de siège extrême dans les milieux de
l'armée et des forces sécuritaires israéliennes.
Le mur de séparation raciste ne protège pas la capitale israélienne,
et la nombreuse armée des agents traîtres a échoué à percer
la cellule exécutante. Plus important encore, ce jeune
palestinien, simple, seul, affamé, est capable de prendre la
revanche pour ses martyrs, et de manière qui laisse un impact
aussi puissant, alors que toutes les mesures sécuritaires israéliennes,
dont sont fiers leurs responsables qui ne cessent de proclamer
l'efficacité et la précision, ont échoué.
Le gouvernement d'Ehud Olmert, en cours de formation, étudie la réponse
appropriée, et la façon appropriée, comme l'a dit son chef.
Voyons, que peut-il faire plus que n'ont fait tous les
gouvernements précédents, au cours des soixante années passées
?
Les forces de l'armée israélienne envahissent presque tous les
jours les villes de Cisjordanie et de Gaza, elles ont tué au
cours des dix derniers jours plus de 20 personnes, parmi elles des
enfants, et ont arrêté des centaines de militants
palestiniens.
Il ne reste plus qu'un seul choix : occuper de nouveau la bande de
Gaza et le reste des villes de la Cisjordanie, et ce faisant, Israël
apporte un service énorme au peuple palestinien et au mouvement
du Hamas, plus particulièrement, car il mettra fin au phénomène
illusoire qui s'appelle Autorité, avec ses deux têtes, et sauve
le gouvernement de Haniye de sa crise actuelle, financière et
politique.
Le gouvernement de Hamas ne peut dénoncer cette opération, car
il sera, très prochainement, forcé de faire appel à sa branche
armée pour exécuter une opération similaire en plein coeur des
villes israéliennes, car les pratiques et les positions israéliennes
et américaines le poussent à cela. Elles agissent pour faire échouer
le gouvernement, par tous les moyens. Lorsque les gouvernements échouent,
les ministres retournent à leurs fonctions, et nous ne pensons
pas que le mouvement Hamas va prendre sa retraite, s'il se trouve
contraint de quitter le pouvoir à cause du blocus et du refus
qu'il affronte actuellement.
L'administration américaine est responsable de la détérioration
de la situation dans les territoires occupés, car elle n'a jamais
eu un regard de bienveillance envers les martyrs de Palestine, et
notamment de ses enfants. Elle n'a pas écouté les appels du président
palestinien lui demandant d'intervenir pour faire cesser la série
d'assassinats menés par Israël. Elle a mentionné la dénonciation
par le président de l'opération mais lui a dirigé une dénonciation
des plus lourdes lorsque son délégué au conseil de sécurité
John Bolton a menacé d'utiliser le veto contre le projet d'un
communiqué, et non le projet d'une décision, au conseil de sécurité,
demandant à Israël de cesser son agression contre le peuple
palestinien.
M. Abbas a peut-être obtenu la satisfaction de la Maison Blanche
et de quelques gouvernements européens lorsqu'il a décrit l'opération
de Tel Aviv par le terme d'abject, il l'a dénoncée par les
termes les plus violents, mais il a perdu beaucoup dans les
milieux du peuple palestinien. Ce ne fut pas une surprise lorsque
plusieurs formations de la résistance lui ont réclamé de
s'excuser clairement pour le terme utilisé.
M. Abbas n'a sûrement pas été bien inspiré, car le terme
d'abject qu'il a utilisé pour décrire l'opération est absent de
tous les dictionnaires politiques, arabes ou étrangers. Nous ne
nous rappelons pas un dirigeant politique, grand ou petit, qui
l'ait utilisé ou utilisé ses synonymes, dans ce cadre ou un
autre.
Le peuple palestinien n'a plus rien à perdre. Il ne vit pas dans
l'opulence pour craindre de la perdre à cause de la dernière opération,
tout comme les retraits israéliens des territoires occupés ne
sont pas en train de se mener pour que cette opération y mette un
terme. Ce peuple est en train de subir une guerre de famine
injuste, pour le punir d'avoir cru au mensonge de la démocratie
américaine, et d'avoir choisi ceux qui représentent réellement
ses intérêts et ses ambitions nationales, en votant dans des élections
dont le monde entier a loué la probité.
Le gouvernement de Hamas quittera le pouvoir, tôt ou tard, à
cause des pressions américaines et arabes, ou à cause d'une
nouvelle invasion israélienne. Mais ceux qui appellent au blocus
et qui affament le peuple palestinien ont-ils un plan alternatif,
un projet de paix réel qui donne au peuple palestinien l'espoir
d'un avenir meilleur ?
Personne ne soutient le meurtre de civils, quelle que soit leur
identité. Mais, et nos civils ? Ne sont-ils pas des humains ? Nos
enfants ne méritent-ils pas la vie, aussi ? Nos prisonniers qui
remplissent les prisons israéliennes ne méritent-ils pas un
regard bienveillant sur leur tragédie, due au comportement
barbare des geôliers israéliens ?
La définition occidentale officielle du terrorisme considère
qu'il s'agit le fait de tuer des civils non participant aux opérations
militaire. Si nous appliquons cette définition sur "Israël",
nous trouvons que c'est l'Etat qui pratique le plus le terrorisme
dans le monde. Il a tué, selon les statistiques officielles israéliennes,
près de 3600 civils palestiniens, le quart étant des enfants de
moins de 16 ans, contre 660 Israéliens, ce qui signifie que les
forces israéliennes ont tué 5 fois plus de Palestiniens que
toutes les opérations militaires menées par la résistance n'ont
tué d'Israéliens.
Nous nous étonnons de cette campagne occidentale contre les opérations
martyres, avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord, comme si le
meurtre au cours de ces opérations constitue un crime suprême,
inégalé et incomparable avec d'autres crimes, comme si le fait
d'assassiner les Palestiniens par les obus des chars, des avions,
ou par les balles des soldats israéliens devient un meurtre
autorisé et admis par les législations terrestres ou
divines et le traité des Nations-Unies.
Le message porté par cette opération aux dirigeants israéliens
et au monde occidental qui les soutiennent est clair, il dit en résumé que
les Israéliens ne jouiront pas de la sécurité tant que le
peuple palestinien en est privé.
Le fait d'affamer le peuple palestinien ne peut qu'allonger les
rangs des jeunes qui veulent suivre la voie de l'exécutant de la
dernière opération de Tel Aviv. L'ampleur de l'humiliation vécue
par ce peuple, à cause de la pratique des Israéliens et
l'hypocrisie occidentale, américaine surtout, a rendu vaine et
sans valeur la vie de tous ces jeunes.
Les élèves du monde entier souhaitent devenir ingénieurs, médecins,
savants, artistes ou aviateurs, sauf les Palestiniens. La seule
fonction qui leur est laissée est d'aller en martyr, pour défendre
leur dignité, ou pour venger leurs frères, leurs pères qui
furent tués par les balles des soldats israéliens, ou qui sont
enfermés depuis des années dans les prisons israéliennes.
Le peuple palestinien ne se soumettra pas, ne se soumettra pas. Il
a vécu des conditions encore plus difficiles qu'aujourd'hui, il a
mangé l'herbe de la terre, il a raffiné la manière de vaincre
la faim et de faire accepter la pauvreté à ses enfants, et j'en
fais partie, mais il est demeuré la tête haute, attaché à ses
constantes nationales entières.
Pour ces raisons, les campagnes pour affamer et encercler le
peuple palestinien, et le terrorisme mené par le monde contre lui
actuellement ne le fera pas plier, ni ne touchera sa fierté
nationale.
Traduit par Centre d'Information
sur la Résistance en Palestine
|