Conversation avec Mariela Castro Espin
(3/4)
« Un pays comme
Cuba, une nation socialiste,
doit défendre l'égalité des droits pour
tous »
Salim
Lamrani
Dimanche 3 février
2013
Opera Mundi
http://operamundi.uol.com.br/...
Le Centre National d’Education Sexuelle
(CENESEX)
SL : Quand est-ce que le CENESEX a-t-il
vu le jour ?
MCE : L’histoire du CENESEX remonte à
1972 lorsque la Fédération des Femmes
Cubaines (FMC) a créé un groupe de
travail destiné à évaluer les
difficultés et recenser les
discriminations dont étaient victimes
les homosexuels et les lesbiennes.
Depuis 1976,
ce groupe de travail a le statut de
groupe assesseur auprès du Parlement
cubain, créé la même année. Le but était
d’influencer les législateurs sur ces
questions. C’était une idée de ma mère
Vilma Espín, fondatrice de la Fédération
des Femmes Cubaines.
Il était
difficile d’aborder à l’époque le thème
de l’homosexualité. On abordait la
thématique dans certains cours car
l’Association américaine de Psychiatrie,
en avance sur son temps, avait cessé de
considérer l’homosexualité comme une
pathologie en 1974. Il convient de
rappeler que l’Organisation mondiale de
la santé n’a cessé de considérer
l’homosexualité comme une maladie
mentale qu’en 1990 !
SL : Quelle stratégie a mis en place le
CENESEX ?
MCE : A partir du milieu des années
1970, le CENESEX a commencé à publier
des ouvrages d’auteurs de l’Allemagne de
l’Est, pays qui était également en
avance sur cette question, afin de
lutter contre les préjugés et les
discriminations. L’un de ces livres
L’homme et la femme dans l’intimité
de Sigfred Schnabel, publié en 1979, a
d’ailleurs été le best-seller de l’année
et affirmait que l’homosexualité n’était
pas une maladie. C’était la première
fois qu’une plume scientifique
démontrait à Cuba que l’homosexualité
n’était pas une maladie.
Mais cette
réalité ne convenait pas à beaucoup de
gens. D’ailleurs, dans une seconde
édition du livre, le chapitre en
question fut supprimé. Ma mère était
entrée dans une colère noire et je vous
garantis que l’éditeur a sans doute
passé le pire moment de sa vie. Il avait
supprimé le chapitre de manière
arbitraire, sans consultation.
Homophobe, il ne supportait pas l’idée
que l’homosexualité puisse être
considérée comme quelque chose de
naturel chez l’être humain, et de
surcroît, par un scientifique de
l’Allemagne de l’Est, communiste comme
nous. Ma mère, qui s’était efforcée de
trouver le financement nécessaire à la
publication de l’ouvrage, avait vu son
œuvre sabotée par le sectarisme et
l’homophobie d’un individu, avec un
pouvoir donné, incapable d’accepter
l’idée que les homosexuels puissent
bénéficier des mêmes droits que lui.
Le CENESEX a
poursuivi ses efforts pour aborder le
thème de l’homosexualité et débattre de
la question sans tabou. En 1989, suivant
le processus d’institutionnalisation
débuté dans les années 1970, le CENESEX
a été intégré au sein du Ministère de la
Santé Publique, afin de pouvoir recevoir
son budget de l’Etat, car la FMC est une
organisation non gouvernementale.
SL : Les résistances étaient-elles
fortes au niveau institutionnel ?
MCE : Les résistances étaient fortes. Au
début des années 1990, lorsque nous
avons sollicité le Ministère de
l’Education pour débattre de cette
question dans les écoles et les
Universités, on nous a imposé un refus
catégorique. En aucun cas, il n’était
possible d’évoquer le thème de
l’homosexualité avec les
haut-fonctionnaires du Ministère de
l’Education. Tout au plus ont-ils
accepté de travailler sur le programme
d’éducation sexuelle qui a été approuvé
en 1996, grâce à notre persévérance.
Nous avons établi un programme pour tous
les niveaux, de la maternelle au lycée.
A partir de ce document, le Ministère de
l’Education a élaboré son propre
programme.
SL : Quelle est la politique actuelle de
l’Etat cubain vis-à-vis de la diversité
sexuelle ?
MCE : Actuellement, grâce justement aux
initiatives du CENESEX, les choses sont
en train d’évoluer de manière positive.
Nous sommes considérés comme une
institution tertiaire de santé et nous
sommes chargés des thèmes qui concernent
sexualité ainsi que de conseiller le
monde politique. Désormais, les droits
des homosexuels et des personnes
transgenres sont davantage pris en
compte par le monde politique. Nous
sommes partis du raisonnement suivant :
ne rien faire pour les homosexuels était
en soi un acte politique. Il fallait
absolument mettre un terme à cela. Nous
avons donc proposé que soit mise en
place une politique explicite
d’attention envers les homosexuels et
une politique de lutte contre les
discriminations dont ils sont victimes.
Grâce au
dialogue permanent que nous avons
maintenu avec les législateurs et le
Parti Communiste, aujourd’hui, pour la
première fois dans l’histoire de la
Révolution, a intégré dans les documents
qui seront débattus à partir de janvier
2012 le thème de l’orientation sexuelle
comme motif de discrimination générale
contre laquelle il faut lutter et dont
la presse doit débattre désormais sans
tabou ni censure. Les homosexuels ne
doivent plus être exclus de l’armée, des
postes de direction, etc. Les
homosexuels doivent pouvoir participer à
la vie publique, comme tous les
citoyens, sans discrimination aucune.
La lutte contre l’homophobie
SL : Comment s’exprime actuellement
l’homophobie au sein de la société
cubaine, aussi bien au niveau
institutionnel que dans la vie
quotidienne ?
MCE : Nous devons reconnaitre qu’il y a
eu des changements positifs depuis la
mise en place des Journées contre
l’Homophobie qui se déroulent chaque 17
mai depuis 2007, suite à la proposition
d’un militant français qui s’appelle
Louis-Georges Tin. Il est également
engagé contre le racisme et tout type de
discrimination. Il a donc proposé que le
17 mai soit la Journée mondiale contre
l’homophobie, car le 17 mai 1990,
l’Organisation mondiale de la santé a
cessé de considérer l’homosexualité
comme une maladie mentale, c’est-à-dire
près de 20 ans après l’Association
américaine de psychiatrie.
SL : En France, l’homosexualité a été
dépénalisée en 1981.
MCE : A Cuba, ce processus de
dépénalisation a été effectué en 1979.
Mais, on n’a éliminé les dernières
références discriminatoires du code
pénal cubain qu’en 1997. La décision de
l’OMS de 1990 a eu une importance
symbolique très forte.
Au CENESEX,
nous n’étions pas convaincus de l’impact
des Gay Pride à Cuba. Nous pensions que
cela allait être perçu comme quelque
chose d’ostentatoire et d’agressif. Cela
aurait été contreproductif et aurait
provoqué davantage de rejet. Nous avons
donc décidé de célébrer cette Journée en
organisant plusieurs activités
culturelles et de nombreux débats au
centre de La Havane. L’initiative a été
un succès.
L’année suivante, nous avons
recherché des alliances auprès des
institutions telles que le Ministère de
la Culture. Le ministre Abel Prieto nous
a suggéré l’idée d’effectuer une semaine
d’activités au lieu d’un seul jour afin
de toucher et de sensibiliser davantage
la population.
SL : Ce fut une idée d’Abel Prieto ?
MCE : Effectivement. il a toujours été
réceptif à cette problématique. Nous
avons jugé l’idée excellente et l’avons
mise en œuvre. Qu’un ministre de
l’envergure de Prieto, qui est très
apprécié par les milieux intellectuels
et artistiques, nous fasse une telle
suggestion, c’était inespéré. Nous avons
donc bénéficié du soutien de l’Union
nationale des écrivains et artistes
cubains, l’UNEAC, ainsi que d’autres
organismes.
En 2008, nous
avons organisé la première Journée
Internationale contre l’Homophobie, qui
en réalité a duré une semaine. En 2009,
nous l’avons faite à Santiago de Cuba,
avec le soutien de toutes les autorités,
aussi bien le Parti que le Ministère de
l’Intérieur. Cela a été bénéfique à la
société cubaine. Il y a davantage de
débats sur ces questions au sein de la
population. C’est notre objectif. Nous
profitons de cela pour essayer
d’investir le champ médiatique, la
radio, la télévision et la presse
écrite. Avant, il n’y avait pas de débat
à ce sujet. Il y avait beaucoup
d’hostilité dans le discours vis-à-vis
des homosexuels. Nous avons noté un
changement profond en ce qui concerne
les attitudes et les préjugés. Mais il a
encore beaucoup de travail à faire avec
nos médias. Il est regrettable que la
presse internationale médiatise plus nos
activités que notre presse nationale.
SL : Désormais, il y a même des séries
télévisées qui traitent de cette
question.
MCE : Il y a d’abord eu
Cara oculta a la luna qui a traité
de cette question et qui a suscité le
débat. Désormais, il y a plusieurs
telenovelas qui traitent de la
diversité sexuelle, qui est une réalité
sociétale, de manière beaucoup plus
franche et elles sont de grande qualité.
Elles dignifient la figure de
l'homosexuel et lui donnent la parole.
Les premiers feuilletons traitant de ce
sujet étaient de qualité plutôt
médiocre. Désormais, ils sont
extrêmement bien faits.
SL : Le CENESEX dispose désormais d’un
espace d’expression beaucoup plus large.
MCE : Effectivement, mais il ne faut pas
croire que cela a été facile. Nous avons
dû batailler ferme pour avoir accès aux
médias nationaux. Nous disposons
également d’une revue de sexologie, dont
nous publions trois numéros par an, et
que nous distribuons dans les
bibliothèques. Elle est tirée à 8 000
exemplaires. Quelque 2 000 exemplaires
sont pour le ministère de l’Education,
et nous en distribuons 6 000. Nous la
faisons parvenir aux ministres, aux
dirigeants du Parti ainsi qu’aux députés
de l’Assemblée nationale, afin de les
sensibiliser. Notre entreprise est
couronnée de succès. Les derniers
numéros sont également disponibles sur
notre site Internet. Le Fonds de
population des Nations unies finance
l’impression. Tous nos collaborateurs
sont des bénévoles et ne sont donc pas
rémunérés pour leurs articles. Notre
revue est fréquemment utilisée par des
médecins et des chercheurs.
SL : L’impact est donc plutôt positif.
MCE : Oui, et c’est un motif de
satisfaction, même si nous sommes
conscients qu’il reste encore du travail
à faire. Nous avons noté un changement
depuis la célébration de la première
Journée contre l’homophobie. Les
critiques et les commentaires sont
beaucoup moins virulents et les préjugés
s’estompent peu à peu, même si nous ne
sommes pas encore parvenus à les
éliminer de façon définitive. La
population s’approprie même le langage
scientifique relatif à cette
problématique et analyse le thème d’un
point de vue différent.
SL : Le Cenesex dispose également d’un
Conseil juridique.
MCE : Nous avons effectivement créé un
Conseil juridique pour défendre les
personnes victimes d’atteinte à leurs
droits fondamentaux, en raison de leur
orientation sexuelle. Nous leur offrons
notre soutien et nous les accompagnons
dans leurs démarches juridiques. Etant
donné que nous ne disposons pas d’une
antenne juridique dans chaque province,
nous informons directement les juges
municipaux, provinciaux et du Tribunal
suprême, afin qu’ils s’occupent de ce
type d’affaire.
SL : Quels sont les cas les plus
fréquents d’expression homophobe ?
MCE : Les cas les plus fréquents qui
parviennent à nos services sont des
discriminations au sein du monde
professionnel, avec une atteinte au
droit du travail. Certains voient leur
carrière ralentie ou stoppée en raison
du comportement homophobe de leur
hiérarchie. Il y a également des
conflits familiaux. Certaines familles
rejettent l’un des leurs en raison de
son orientation sexuelle.
Il y a
également une discrimination à l’égard
des transsexuels de la part de la
police. C’est un cas intéressant car
nous avons pu évaluer notre efficacité à
ce sujet. Il y avait beaucoup de
harcèlement de la part des forces de
l’ordre, avec des contrôles d’identité
répétitifs, etc.
SL : Y a-t-il eu des cas de violence
policière ?
MCE : Il n’y a pas eu de violence
physique, car la police n’ose pas aller
jusque là, mais un harcèlement constant,
oui, et des arrestations arbitraires
également. En effet, lors de la
discussion souvent animée, la police
brandissait l’argument de « l’outrage à
fonctionnaire de police » et mettait la
personne en garde à vue pendant quelques
heures.
En 2004, nous
avons commencé à nous occuper
sérieusement de ce type de
discrimination, suite à une réunion avec
un groupe de travestis. Ensemble, nous
avons donc mis en place une stratégie
globale afin d’améliorer l’image de
cette communauté. Nous avons travaillé
sur la prévention du SIDA et nous les
avons formés en tant que militants des
droits sexuels. Nous avons présenté ce
projet au Parti communiste, lequel a
facilité le dialogue avec la police et
tout a changé. Désormais, la police est
beaucoup plus respectueuse.
SL : Que se passe-t-il quand le dialogue
est infructueux ?
MCE : Dans ce cas, nous réglons nos
différends devant les tribunaux. Le cas
de Paquito par exemple a été porté en
justice.
SL : De quoi s’agit-il ?
MCE : Paquito est un journaliste qui a
été victime de discrimination de la part
des forces de l’ordre et a porté
l’affaire en justice. Il avait reçu une
amende pour s’être donné rendez-vous
avec son compagnon dans un parc et il
avait été accusé d’exhibitionnisme. Le
tribunal a finalement annulé l’amende.
SL : Toutes les affaires ont la même fin
heureuse ?
MCE : Ce n’est pas toujours le cas. Le
problème est que nous sommes tous égaux
devant la loi, mais pas devant les
juges. Nous avons eu un autre cas où la
victime est tombée sur un juge de
confession chrétienne qui a appliqué son
homophobie religieuse et qui a été
condamné.
SL : Justement, il y a également eu des
tensions avec l’Eglise.
MCE : Comme la plupart des institutions
religieuses, l’Eglise est très
conservatrice vis-à-vis de la diversité
sexuelle. Il y a eu des
incompréhensions, mais je dois dire que
là également, le Parti a facilité le
dialogue et a calmé les esprits. Le
Département des affaires religieuses du
Parti a joué un rôle extrêmement
positif.
SL : Et pour ce qui est de la presse
nationale ?
MCE : Pour ce qui est de notre relation
avec les médias, le Département
idéologique du Parti a joué un rôle non
négligeable dans l’obtention d’un espace
d’expression au niveau national. Le
dialogue est très fructueux et parvient
à résoudre de nombreuses contradictions
et incompréhensions.
SL : Rencontrez-vous des résistances au
sein des institutions ?
MCE : Parfois oui, malheureusement.
Notre Ministère des affaires étrangères
souffre encore d’homophobie. Par
exemple, nous avions appris que Cuba
comptait s’abstenir lors du vote de
décembre 2008 sur la résolution en
faveur de la dépénalisation universelle
de l’homosexualité. Nous sommes donc
allés au Ministère pour dialoguer avec
le ministre pour lui dire que la
politique étrangère devait refléter la
politique nationale. Un pays comme Cuba,
une nation socialiste, doit défendre
l’égalité des droits pour tous. C’est
essentiel. Nous avons reçu un nombre
incalculable de courriers nous disant :
« Comment est-ce possible que Cuba
n’adhère pas à une telle résolution ? ».
Et nous partagions leur indignation.
Mais notre travail a porté ses fruits
car Cuba a voté en faveur de la
déclaration de la dépénalisation
universelle de l’homosexualité en
décembre 2008.
SL : Quelles sont les autres
institutions qui font preuve de
résistance ?
MCE : Il y a également beaucoup de
résistance de la part du Ministère de
l’éducation et du Ministère de la
Justice. Néanmoins, nous avons signé un
accord avec le Ministère de
l’Enseignement supérieur pour réaliser
un travail d’éducation sexuelle et de
promotion de la santé sexuelle- qui
inclut la problématique d’identité de
genre et du droit à la diversité – dans
toutes les universités du pays. Nous
travaillons également dans les Ecoles de
médecine et nous offrons une formation
d’éducation sexuelle, basée sur les
principes de l’Organisation mondiale de
la santé à laquelle nous appartenons, et
qui font partie des Objectif du
Millénaire.
Nous
aimerions également que la Fédération
estudiantine universitaire (FEU) et
l’Union des jeunes communistes (UJC)
participent davantage à nos activités.
SL: Et le Ministère de l’Intérieur?
MCE : Contrairement à ce que l’on
pourrait supposer, notre relation est
excellente avec le Ministère de
l’Intérieur, comme elle l’est avec le
Parti, qui a publiquement appelé à
lutter contre la discrimination basée
sur l’orientation sexuelle. C’est
d’ailleurs le rôle du Parti d’être à
l’avant-garde et de défendre les idées
progressistes et émancipatrices. Nous
avons également le soutien des
gouvernements locaux.
SL : Quels sont vos principaux soutiens
institutionnels ?
MCE :
Le Ministère de la culture et le
Ministère de la santé sont de grands
alliés de notre cause, qui est une cause
nationale, de tous les Cubains, et même
universelle : celle des mêmes droits
pour tous. Nous avons également le
soutien de la Fédération des femmes
cubaines, comme toujours, de l’Union
nationale des écrivains et artistes de
Cuba (UNEAC), l’Union des juristes de
Cuba, etc. Nous disposons également
d’une meilleure relation avec le
Ministère des affaires étrangères.
En revanche,
nous pourrions renforcer nos liens avec
le Ministère du Tourisme. Nous avons mis
en place des cours d’éducation sexuelle,
ainsi que des cours de prévention d’abus
sexuel sur les mineurs. Au niveau des
fonctionnaires, la réception est plutôt
bonne. La résistance vient plutôt des
dirigeants de ce ministère. On a même
essayé de nous barrer la route, mais
nous avons pu bénéficier du soutien des
gouvernements locaux et les tentatives
ont échoué, car le pouvoir est entre les
mains de ces derniers et non entre
celles du Ministère du Tourisme.
SL : A quel type d’obstacles en
provenance du Ministère du Tourisme
avez-vous fait face.
MCE : Par exemple, nous avions prévu une
activité au Tropicana et nous nous
sommes heurtés à l’hostilité du
Ministère du Tourisme. Néanmoins, le
secrétaire local du Parti ainsi que les
élus locaux sont venus à la rescousse et
l’activité a finalement eu lieu.
L’échange a été très virulent et nous
avons eu gain de cause.
SL : La société cubaine est-elle encore
homophobe.
MCE : La société cubaine est toujours
homophobe mais beaucoup moins qu’avant.
Désormais, il est difficile de
revendiquer son homophobie car cela est
considéré comme une attitude
réactionnaire, donc
contre-révolutionnaire. L’homophobie
n’est pas une question de génération
mais de mentalité et de culture. Le
dialogue et la réflexion sont
fondamentaux pour lutter contre
l’homophobie.
SL : Quels sont vos motifs de
satisfaction ?
MCE : L’homophobie, si elle n’a pas
complètement disparue, a beaucoup reculé
dans notre pays. Nous avons reçu des
témoignages magnifiques de familles qui
avaient rejeté l’un des leurs en raison
de son orientation sexuelle et qui ont
fini par accepter sa diversité grâce à
notre travail d’éducation. Nous avons
également obtenu de nombreux témoignages
de personnes homophobes qui ont réussi à
se débarrasser de leurs préjugés, et qui
expriment leurs regrets pour leur
attitude passée et le mal qu’elles ont
causé à autrui. Nous avons même des
Cubains de l’émigration, des Etats-Unis
et du Canada, qui viennent participer à
nos activités et qui repartent avec une
vision de Cuba complètement différente.
Certains sont tellement surpris qu’ils
m’ont déclaré que si le mariage
homosexuel était légalisé, ils
reviendraient s’installer à Cuba. Notre
travail porte ses fruits et c’est une
grande satisfaction.
A Santiago,
lors de la journée nationale contre
l’homophobie, l’accueil a été
magnifique. Tout le monde s’est mis en
quatre pour que cette fête soit un
succès. Il y avait un monde fou à la
conga. C’est un moment inoubliable.
A suivre :
-« La lutte pour l’égalité et contre
toutes les injustices est un devoir
universel qui doit concerner l’ensemble
des citoyens » (4/4)
Docteur ès Etudes Ibériques et
Latino-américaines de l’Université Paris
Sorbonne-Paris IV, Salim Lamrani est
Maître de conférences à l’Université de
la Réunion, et
journaliste, spécialiste des relations
entre Cuba et les Etats-Unis.
Son dernier ouvrage s’intitule
État de siège. Les sanctions économiques
des Etats-Unis contre Cuba, Paris,
Éditions Estrella, 2011 (prologue de
Wayne S. Smith et préface de Paul
Estrade).
Contact :
lamranisalim@yahoo.fr ;
Salim.Lamrani@univ-reunion.fr
Page Facebook :
https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel
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