Communiqué
La parabole du pasteur Niemöller
UJFP
Vendredi 24 novembre 2017
Gérard Filoche a fait un faux pas, il
est le premier à le reconnaître en
retirant immédiatement une caricature
antisémite et complotiste trop vite
retweetée. Il s’est immédiatement excusé
de cette erreur. Mais c’est sans compter
avec l’offensive du moment. Dézinguer
tout ce qui peut l’être avec tous les
arguments (fielleux) possibles et toutes
les campagnes de diabolisation de ce
qu’il faut abattre : les représentants
de l’antiracisme politique, tout
particulièrement ceux d’entre eux qui
revendiquent l’auto-organisation, les
antisionistes, les antilibéraux, tout ce
qui caractérise notre camp contre
l’offensive néo conservatrice...Et qui
caractérise aussi les néocons qui nous
attaquent : ultralibéraux, sionistes et
racistes.
La particularité de l’affaire Filoche
est qu’elle se joue à l’intérieur du
parti socialiste notamment où certains
réclament son exclusion, et qu’en ce
sens elle ne peut manquer d’en évoquer
une autre, celle de Moshe Machover, né à
Tel Aviv cofondateur du Matzpen, parti
antisioniste israélien exclu du Labour
party anglais pour antisémitisme. Bien
sûr la taille et la santé du parti
anglais défie ce qui reste du groupe PS
français aujourd’hui. D’ailleurs après
une rude bataille, il a été réintégré.
Mais le fond de l’affaire et le
« mouvement » sont très semblables ;
dans les deux cas il s’agit d’éradiquer
ce qui porte dans le PS la voix de
l’antilibéralisme et de la critique
d’Israël. L’arme est la même : une
accusation d’antisémitisme qui ne vise
par ailleurs en aucune manière à
combattre réellement le racisme. Or les
deux hommes sont au-dessus de tout
soupçon, même si le Français a trébuché,
rien ne permet dans le parcours du
fondateur de SOS racisme, de rattacher
Filoche à l’antisémitisme. De même on a
fait dire aux textes de l’Anglais
Machover ce qu’ils ne disaient pas pour
mieux l’attaquer, en assimilant sa
critique de l’idéologie et des crimes de
l’État israélien à de l’antisémitisme.
Tous les moyens sont bons, fausses
lectures, cabales, erreurs guettées à la
loupe, déformation de propos, et
s’exercent quotidiennement dans la
presse et chez les commentateurs
français aussi. Il faut en tous cas se
souvenir que le sionisme n’est pas le
fait de l’extrême droite au pouvoir en
Israël aujourd’hui, et qu’il a d’abord
été soutenu par l’internationale
socialiste et le PS.
Il s’agit bien,
comme le dit un autre socialiste, de
faire rendre gorge, et d’exclure du
débat public Plenel et Médiapart,
Bouteldja et le PIR, Filoche dans un
Parti socialiste dont Boniface a déjà dû
subir les foudres, Obono mise au pas
dans une France Insoumise qui prête
allégeance à la LICRA ; on assiste à un
véritable nettoyage politique !
C’est une bataille
qui vise notre camp politique tout
entier. Celui de la résistance
d’aujourd’hui et de demain, au racisme,
au libéralisme, au sionisme. Un camp
dont les membres doivent tous être
protégés, sans considération de ce qui
ne peut que relever d’un débat interne
et bienveillant, et qui ne survivrait
pas aux solidarités sélectives.
Évidemment nous sommes solidaires de
Plenel, de Boniface, de Filoche, de
Morin, et de tous ceux qui sont attaqués
aujourd’hui parce que porteurs d’une
critique du monde libéral et d’un autre
projet, de la défense des Musulmans
attaqués, de la défense des
Palestiniens.
Si nous nous
avisions d’exclure de cette solidarité
nos camarades des groupes antiracistes,
musulmans ou du PIR, des personnalités
racisées comme Danièle Obono ou
diabolisées comme Houria Bouteldja, cela
signifierait de fait que nous adoptons
l’agenda raciste et racisant de nos
adversaires.Et cela signerait l’arrêt de
mort de la constitution si nécessaire du
camp de la résistance. (Quel meilleur
exemple pour illustrer le terme de "racisé"
que le parcours médiatique de Danièle
Obono, élue de la république qui n’a
cessé d’être interpellée sur et renvoyée
à sa condition de noire et d’immigrée !)
Nous espérons que
toutes celles et ceux qui comprennent
l’enjeu de ne pas marcher dans la
combine clivante de l’adversaire et de
faire front, solidaires de tous, vont
très rapidement exprimer clairement
cette solidarité. Ce qui nous semble
être le seul moyen d’éviter que la
parabole du pasteur Martin Niemöller ne
s’applique à nous-même :
« Quand les nazis
sont venus chercher les communistes, je
n’ai rien dit, je n’étais pas
communiste.
Quand ils ont enfermé les
sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je
n’étais pas social-démocrate.
Quand ils sont venus chercher les
syndicalistes, je n’ai rien dit, je
n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus me chercher, il ne
restait plus personne pour protester. »
Le Bureau national
de l’UJFP, le 21 novembre 2017
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